mardi 10 avril 2007

Construction : la nouvelle « alliance syndicale » conclue 3 ententes de principe

La nouvelle « alliance syndicale », composée des syndicats « internationaux », de la CSD et de la CSN, vient de conclure 3 ententes de principe dans l’industrie de la construction. La FTQ-Construction, qui est exclue des négociations pour la première fois de son histoire, attendait « l’alliance » avec une brique et un fanal. Alors que les uns crient « mission accomplie! », les autres crient à la trahison. N’étant pas spécialiste des conventions de la construction, je ne peux que noter les « divergences d’opinion »…

Des augmentations de salaires…

Les ententes de principes signées ne concernent à peu près que les clauses salariales, le « tronc commun » à tous les secteurs devant être réglé plus tard. Les représentants de « l’alliance » vantent leurs ententes de principe en soulignant que les accords prévoient des augmentations de salaire plus importantes que l’inflation. Ils ont aussi réussi à obtenir le temps supplémentaire payé « temps double » (au lieu de « temps et demi ») à la Baie James et sur les « chantiers éloignés », de mêmes que diverses améliorations spécifiques (comme un rattrapage pour les manœuvres dans le secteur industriel, institutionnel et commercial). Selon eux, la négociation a été « axée sur les besoins des travailleurs ». « Ce sont tous les travailleurs qui en sortent gagnants. Ensemble, nous avons fait la preuve qu'il était possible de conduire à bien des négociations tout en respectant les différences propres à chacune des organisations syndicales. C'est la victoire du pluralisme », affirme Ted McLaren, vice-président de la CSN-Construction.

…À quel prix?

Du côté de la FTQ-Construction, on donne un autre son de cloche complètement. Pour l’instant, seul le secteur du génie civil est sorti publiquement sur les ententes de principe mais c’est pour tonner. Selon la FTQ-Construction, « l’alliance s’est effondré devant la partie patronale ». La FTQ-Construction analyse que « n’ayant pas l’expérience, l’expertise et le rapport de force voulu pour bien représenter les travailleurs de la construction à la table de négociation, l’Alliance syndicale s’est couchée devant les représentants patronaux ».

La FTQ-Construction affirme que l’augmentation de salaire obtenue est chiche. Alors que, lors de la dernière négociation, la FTQ-Construction avait obtenu 15,5%, « l’alliance » n’obtient que 12%. Et encore, précise la FTQ-Construction, il s’agit de 11,5% parce que « l’alliance » confond prime et salaire.

La FTQ-Construction critique aussi l’obtention du temps supplémentaire payé « temps double » sur les chantiers éloignés. En excluant le temps de transport sur les chantiers du temps de travail, ce sont les travailleurs qui financent le « temps double » selon la FTQ-Construction.

Allongement du temps de travail?

Là où la FTQ-Construction sort réellement de ses gonds c’est sur la question du temps de travail. Désormais, écrit la FTQ-Construction, sur les chantiers éloignés, «le temps supplémentaire n’est pas libre et volontaire», selon les termes même de l’entente de principe. De plus, la troisième pause n’est prise que si le salarié fait plus de 10 heures par jour.

Le représentant de la FTQ est furax : « Il n’y a pas de mot assez dur pour qualifier cette partie de l’entente. Alors que la journée de 8 heures a été obtenue de haute lutte afin de mettre un terme aux abus causés par des horaires de travail abusifs, voilà que l’Alliance offre aux employeurs une première étape visant à abolir la journée de 8 heures. Comment la CSN et la CSD ont-elles pu permettre que leur secteur de construction nous fasse retourner 100 ans en arrière? »



Pour vous faire votre idée par vous même :
Le communiqué de l’alliance
Le communiqué de la FTQ

1 commentaire:

jean-pierre a dit...

C'est normal que la FTQ fasse ce ramdam. La CSN et la CSD ont fait pareil lors des dernières négos dont elles étaient exclues. Faut savoir que l'alliance a invité les locaux FTQ majoritaires dans leur métier, comme les électriciens, à déposer leurs demandes aux tables de négos, ce qui est parfaitement inédit et la FTQ a refusé. On peut comprendre les raisons stratégiques qui ont motivé ce choix. Maintenant la FTQ est bien obligée de dénoncer cette entente négociée par les autres. Pis c'est bien évident que les électriciens cette fois-ci peuvent pas en sortir grands gagnants. Mais faut se rappeler que trois ans plus tôt, alors que la FTQ menait le bal, elle avait elle-même concédé d'importants reculs au régime de retraite et sur l'emploi régional ce qui avait frustré la CSN et la CSD. Ainsi va la vie qui va.

L'entente de l'alliance est très bien reçue dans le champ par les membres CSN, CSD et Inter, c'est malheureusement tout ce qui compte dans le contexte légal de la négociation de la construction. Parlez en aux arpenteurs dont le travail absolument névralgiques sur le chantier est enfin vraiment reconnu comme un métier à part entière avec le salaire qui va avec. La FTQ ne s'est jamais occupée d'eux.

La FTQ sent le tapis lui glisser sous les pieds, voyant qu'elle pourrait perdre non seulement le monopole de la négo mais aussi son rôle prépondérant dans le placement des travailleurs dans l'industrie. C'est le placement qui lui a permis de conserver son 44 % des travailleurs malgré des pratiques syndicales d'intimidation d'un autre temps. Pour ceux qui n'y connaissent rien, en gros, la FTQ s'arrange avec le boss pour avoir le monopole du placement sur le chantier pour les métiers ou elle est majoritaire puis place ses membres ce qui a pour conséquence qu'un électricien qui veut travailler n'a pas vraiment le choix de rester à la FTQ malgré un pluralisme syndical qu'on voit rarement dans d'autres secteurs.

La FTQ devrait profiter des prochaines années pour assainir ses pratiques. Y'a pas grand dossier sur lesquels on voit la CSN faire front avec la CSD et un indépendant et surtout casn la FTQ. Dans la plupart des secteurs ou les deux sont présents la CSN et la FTQ cherchent à se rejoindre parce que ce sont les deux grandes centrales privé/public. Mais dans l,industrie de la construction, l'opposition au syndicalisme de bras de la FTQ a poussé carrément les trois autres joueurs à s'unir dans un mariage qui semblait au départ quasiment contre-nature à cause des cultures syndicales très difgférentes mais qui ça se révèle finalement très productif. La CSN la CSD et l'Inter parlent déjà de la ronde de négo 2010. Faudra que la FTQ-Construction change, sinon sa traversée du désert pourrait être longue.