mercredi 31 janvier 2007

Olymel : La CSN lance un appel au premier ministre du Québec

Communiqué

La CSN lance un appel au premier ministre du Québec
Le gouvernement doit intervenir dans la crise profonde qui secoue le secteur porcin


La présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, estime qu'il est urgent que le gouvernement du Québec intervienne pour trouver une issue à la crise du secteur porcin. La décision d'Olymel de fermer son usine de Vallée-Jonction, en plus de celles déjà annoncées à Saint-Simon et Saint-Valérien, mène directement à une aggravation de cette crise. Les emplois qui sont en jeu, tant chez les producteurs que du côté des travailleurs de la transformation, rendent les décisions unilatérales d'Olymel d'autant plus incompréhensibles. "J'appelle le premier ministre à convoquer l'ensemble des acteurs de l'industrie porcine pour trouver rapidement des solutions qui les mettraient tous à contribution en vue de sauver une activité économique qui génère 3 milliards de dollars annuellement dans l'économie québécoise et assure 28 000 emplois."

Le type de démarche unilatérale qu'Olymel a voulu imposer dans le cas de l'usine de Vallée-Jonction ne sera jamais la voie vers l'établissement d'un partenariat sérieux. "Les problèmes que rencontre ce secteur sont multiples et les solutions passent par des actions diverses touchant notamment la productivité, l'approvisionnement, les coûts de main-d'oeuvre, etc. Pour relever un secteur en crise, comme celui du porc, on ne peut tabler que sur les seules exigences d'un de ses protagonistes qui n'a ciblé que les coûts de main-d'oeuvre, même si cet acteur y occupe une place prépondérante", soutient-elle. La CSN joint sa voix à celle de l'UPA pour inviter le gouvernement à intervenir avant que les dégâts, pour l'économie du Québec, ne deviennent irréparables.

Mardi, les travailleurs de Vallée-Jonction ont rejeté massivement les demandes d'Olymel. Ils ont toutefois donné à l'unanimité un mandat à leur comité exécutif. Les travailleurs par cette résolution, tout en reconnaissant les difficultés du secteur, on indiqué leur volonté de faire partie de la solution et de participer à la résolution de la crise. Ils ont aussi signifié que la gestion par ultimatum, tel qu'elle est pratiquée par Olymel, est un échec. La CSN croit désormais incontournable l'intervention gouvernementale et la contribution de tous les acteurs.

Source photo: CSN

Les retraités de l'Etat interpellent les syndicats

La principale association de retraités du secteur public a profité du lancement aujourd'hui d'une tournée d'assemblées publiques pour interpeller publiquement les syndicats du secteur public. L'Association québécoise des retraité(e)s des secteurs public et parapublic (AQRP) demande en effet aux principaux syndicats des secteurs public et parapublic québécois d'inclure le maintien et l'amélioration du niveau de vie des personnes retraitées dans leurs revendications.

Selon l'association, un tel geste serait non seulement une preuve de solidarité à l'endroit des personnes retraitées, mais également de responsabilité à l'endroit des travailleurs actuels qui prendront éventuellement leur retraite. L'association tient à rappeler que ces mêmes syndicats avaient refusés de participer en octobre à une table ronde sur cet enjeu. Une déclaration avait alors été adoptée notamment que la mise en place de moyens destinés à maintenir le niveau de vie et les acquis des personnes retraitées et aînées doit se faire dans une perspective d'équité entre les générations, entre les sexes et entre les personnes disposant de tranches de revenus différentes.

Vote de grève unanime dans 25 CPE de Montréal et Laval

Mardi soir, les syndiquées CSN de 25 Centre de la petite-enfance (CPE) de Montréal et Laval ont voté à 100% en faveur d'un plan d'action incluant 6 journées de grève d'ici le 31 mars. L'introduction d'un nouveau poste "d'aide-éducatrice" est au coeur du conflit qui les oppose à l'Association patronale des CPE (un regroupement patronal dissident et ultra-minoritaire dans le milieu).

Aide-éducatrice?

La catégorie "aide-éducatrice" a été créée par le ministère lors de la récente réforme tant décriée. Théoriquement, il s'agit d'une personne qui remplacerait l'éducatrice pour de courtes périodes (accueil, fermeture, diner, sieste, etc.). Pour Véronique Lapierre, présidente du syndicat, cette proposition est innacceptable : "ces moments de routine représentent près de 70 % de notre journée de travail !"

De plus, le syndicat assimile cette nouvelle catégorie d'emploi à du cheap labor. En effet, alors qu'une éducatrice est payée 18,73$ de l'heure, l'aide-éducatrice ne recevrait que 13,82$. On comprend que ces femmes qui se sont battues si longtemps pour que leur travail soit reconnu à sa juste valeur ne veulent rien savoir de voir se créer une deuxième classe de travailleuses. C'est un peu comme si les patrons venaient rechercher par la bande ce qu'ils ont été forcés de donner suite au réglement sur l'équité salariale.

Notons au passage que ce refus de la catégorie "aide-éducatrice" est largement partagé dans le milieu. L'Association québécoise des CPE (l'autre association patronale, qui regroupe quelque 75% des CPE) recommande à ses membres de ne pas créer ce nouveau poste.

Travailleuses pénalisées

La convention collective est échue depuis 2003. Le syndicat et l’Association patronale des centres de la petite enfance (APCPE) sont en conciliation depuis l’automne dernier. Outre la question de l'aide-éducatrice, les travailleuses sont pénalisées parce que les administrations refusent de leur verser une augmentation de salaire de 2%, négociée au niveau national, à laquelle elles ont droit depuis le 1er avril 2006. Bref, rien pour mettre les employées dans de bonnes dispositions...

Depuis octobre, les éducatrices de ces CPE ont usé de divers moyens de pression : signature de pétition, port de t-shirts noirs, information distribuée aux parents. La première journée de grève est prévue pour lundi prochain, 5 février 2007.

Source photo : CSN

mardi 30 janvier 2007

Olymel : fermera, fermera pas?

Incroyable mais vrai : mardi les syndiqué-es de l'usine de Vallée Jonction d'Olymel ont rejeté une fois de plus dans un vote secret (à 97%) les demandes de concession de la compagnie. Réuni à Montréal, en soirée, le conseil d'administration a décidé de mettre sa menace à exécution : des avis de fermeture seront expédiés dès demain.


La contre-proposition syndicale
La proposition soumise par le comité exécutif du syndicat pour relancer les négociations fixe les paramètres suivants :
  • Prolonger le délai de fermeture jusqu’au 13 février 2007 ;

  • Maintenir les clauses normatives n’ayant aucune incidence monétaire, notamment les règles d’ancienneté ;

  • Négocier avec Olymel une entente salariale acceptable pour les membres du syndicat, mais qui tient compte des difficultés financières réelles, temporaires et conjoncturelles de l’entreprise ;

  • Soumettre à l’assemblée générale toute proposition qui ferait l’objet d’une entente conforme et respectueuse des paramètres fixés par l’assemblée générale ;

  • Continuer de travailler à trouver une solution à la situation des travailleuses et des travailleurs d’Olymel de Saint-Simon et de Vallée Jonction dans un format à convenir.

Source: CSN
Arrogance patronale

Le communiqué envoyé par la compagnie tente de faire passer les syndiqué-es pour des imbéciles heureux. Titré : "Olymel considère que les travailleurs de l'usine de Vallée-Jonction ont fait le choix de fermer leur établissement", le communiqué joue la surprise. "Le résultat du vote tenu cet après midi est d'autant plus surprenant qu'il avait été annoncé clairement dès samedi dernier que le refus d'accepter ces nouvelles conditions, absolument nécessaires au retour à la rentabilité de l'usine, entraînerait sa fermeture définitive et la perte de tous les emplois" a dit Réjean
Nadeau, PDG d'Olymel.

La compagnie se donne même le droit de faire la morale aux syndiqué-es. "Une usine qui perd 50 millions en trois ans, ne peut poursuivre ses opérations sans devoir un jour faire face à la réalité. Il nous apparaît incompréhensible que les travailleurs de l'usine d'Olymel à Vallée-Jonction ne l'aient pas reconnu" a déclaré Lucien Bouchard, l'ex-politicien que se paie Olymel comme porte-parole. Suivent une série de mensonges sur la volonté de négocier et de discutter d'Olymel qui se serait heurté à une fin de non-recevoir du syndicat et sur le fait que les coupures de salaire sont de l'ordre de 50$ par paie. Selon le syndicat, les concessions qu’exigent Olymel équivalent dans les faits à une perte de 6,05 $ sur le taux horaire global (salaire et avantages sociaux), soit 240 $ par semaine pour chaque salarié, et non pas 50 $ par semaine.

Le conseil d'administration d'Olymel choisi donc d'ignorer le fait que les syndiqué-es réuni en assemblée générale ont également adopté à l'unanimité une proposition pour tenter une ultime négociation. Le chat sort du sac : il n'a jamais été question de dialogue et de discussion, les offres de la compagnie sont à prendre ou à laisser.

Fermera, fermera pas?

À cette étape-ci, il est difficile de dire ce qui se passera. Le syndicat a décidé de faire directement appel au propriétaire d'Olymel, la Coopérative fédérée de Québec, pour relancer la négociation. Le syndicat veut en arriver à une entente d’ici la prochaine rencontre de la Coopérative fédérée, soit le 13 février. Je ne sais pas jusqu'à quel point la Coop peut forcer le C.A. d'Olymel à revenir sur sa décision.

Par ailleurs, mardi après-midi les autorités politiques provinciales (par la bouche du Ministre du travail et du Ministre de l'agriculture) ont exortés les parties à négocier. De plus, la Fédération des producteurs de porcs (dont le président se présente pour les libéraux aux prochaines élections) et l'UPA ont réservés leur réplique pour mercredi. Le politique n'a pas dit son dernier mot et dieu sait que le politique pèse lourd en agriculture et singulièrement dans la Coopérative fédérée (y'a beaucoup de fonds publics là dedans). Sans parler de l'UPA qui, si je ne m'abuse, contrôle plus ou moins la Coop. Si les producteurs de boeuf ont été capables de forcer un propriétaire à leur vendre son abatoir pour une bouchée de pain, je serais surpris que les producteurs de porcs se laissent faire facilement.

Il s'agit d'un dossier à suivre...

Cent ans de solidarité


Le 11 juillet 1931, l’Action catholique* fait sa « une » avec le 25ème anniversaire de la Fraternité nationale et catholique des employés de tramways. Autres temps, autres mœurs, aujourd’hui plus personne ne s’intéresse à ça. En octobre dernier, le Syndicat des employés du transport public du Québec Métropolitain fêtait son centième anniversaire. 100 ans, il me semble que ce n’est pas rien dans notre histoire sociale! Silence radio dans les médias...

Des débuts timides

C’est en 1864 que débute, bien timidement, le transport en commun à Québec : il y avait 6 chars, de 12 à 24 passagers (selon que l’on soit l’été ou l’hiver), tiré par des chevaux. Les conditions de travail ne sont pas de tout repos : les journées durent quinze heures et commencent à cinq heure du matin. La paie est mauvaise : 8$ par semaines pour 6 jours de travail. À l’époque, il est rigoureusement interdit de se syndiquer et on pouvait finir en prison si on se risquait à faire la grève.

Les premiers tramways électriques (8) rentrent en fonction le 20 juillet 1897 pour compléter les 6 chars hypomobiles. Il y a à cette époque une cinquantaine d’employés qui gagnent 1,50$ par jour pour des journées de 12 heures. Depuis 1872, les travailleurs ont le droit de se syndiquer mais il faudra attendre 1906 pour que soit fondé la Fraternité nationale et catholique des employés de tramways. Ça prendra 14 ans à l’employeur pour reconnaître officiellement le syndicat (en 1920) et il ne le fera que pour écarter les syndicats internationaux qui échappaient à l’emprise de l’Église et qui étaient jugés plus combatifs.

À l’époque la Fraternité n’est vraiment pas combative. En fait, elle est sous la coupe de l’Église et d’une idéologie corporatiste (au sens premier du terme) qui prône la bonne entente entre patrons et ouvriers. La lutte de classe, c’est pour les communistes athées, pas pour les bons ouvriers catholiques. Les représentants des patrons et de l’Église sont donc invités à prendre la parole durant les événements organisés par le syndicat (incluant des pélerinages à la fin des années 1940!).

En 1938, le premier autobus fait son apparition à Québec. Les jours du tramway sont maintenant comptés. En 1948, c’est fini, le dernier tramway rentre au garage. On s’inquiétait peu à l’époque du prix à payer pour passer d’une technologie à l’autre. C’était le « progrès »... Abandonner le tramway a coûté 4,1 millions (sans compter la perte nette que constitue le remisage des tramways). Je ne serais pas surpris que, toute proportion gardée, ça nous coûte à peu près la même chose à réintroduire! Sans commentaire…

Révolution tranquille

Avant même le début de la « révolution tranquille » le syndicalisme catholique québécois fait l’expérience des limites de la théorie sociale de l’Église. De grandes grèves secouent la Confédération des travailleurs catholiques du Canada (CTCC) à laquelle adhère la Fraternité. Grève de l’amiante en 1949, grève de Louiseville en 1952, grève de Murdochville en 1957, grève de Radio-Canada en 1959, autant de coups de tonnerres annonciateurs de temps nouveaux…

En 1960, le temps s’accélère. Le premier gouvernement Lesage est élu, c’est le début de la « Révolution tranquille ». Dans la foulée les syndicats demandent, en 1965, la municipalisation du transport public à Québec. En 1968, Québec vit sa première grève (une semaine) des chauffeurs d’autobus. Pas fou, ils veulent une clause de sécurité d’emploi en cas de vente ou de fusion de la compagnie. Ils ont eu raison puisqu’un an plus tard la loi créant la CTCUQ (ancêtre du RTC) était votée. Du coup, 7 compagnies privées sont expropriées et fusionnées. Les grands gagnants sont les usagers : les trajets et les tarifs sont uniformisés et dorénavant les gens n’ont plus qu’à payer une seule fois. C’est le début du transport en commun moderne à Québec, une vraie petite révolution. Au passage le syndicat des chauffeurs a gagné une bien plus grande force de frappe.

Combativité syndicale

La combativité presque légendaire des chauffeurs d’autobus s’est construite tout au long des années 1970 qui ont été ponctuées de plusieurs grèves très dures. En 1971, suite à une grève d’un mois, le syndicat gagne la semaine de 40 heures, 3 semaines de vacances après 3 ans de service, la cogestion du fonds de pension et le droit de participer au choix de l’assureur. En 1974, nouvelle grève de 49 jours pour améliorer la convention. C’est un match nul. De temps à autre, les chauffeurs n’hésitent pas à mener des grèves sauvage comme le 1er février 1977.

La plus longue grève de l’histoire du transport en commun à Québec a toutefois eu lieu en 1979. À l’époque, comme aujourd’hui d’ailleurs, la mode est à la précarité sensé tout régler. L’employeur veut introduire des chauffeurs à temps partiel et le syndicat ne veut rien savoir. C’est la grève. Et elle sera longue, tellement longue que la CTCUQ a le temps de constuire un nouveau garage! Neuf mois de grève qui se sont soldé par une victoire des chauffeurs. Mais à quel prix? C’est de là que date leur mauvaise réputation et leur mauvaise presse dans les médias. À partir de ce moment, les syndiqués ne peuvent plus compter que sur eux-même et leur rapport de force : fini la solidarité du public.

Pour conclure

Au fil des ans, les chauffeurs d’autobus ont gagnés leur place dans la classe moyenne et se sont doté de conditions de travail décentes. Depuis 30 ans, ils font face à une offensive patronale pour leur enlever ce qu’ils ont. Depuis la grève de 1979, la première a avoir été causée par une demande de concession, les seules négociations qui se sont déroulées sans conflits furent celles où l’employeur ne voulait pas faire de vague (avec Québec 84 ou plus récemment avant le 400ème). Autrement, à chaque fois il y a eu demande de concession et à chaque fois il y a eu résistance des chauffeurs et grève.

Dans une ville normale un syndicat avec une telle feuille de route servirait d’exemple et serait une fierté, mais pas à Québec. Ici la combativité et la solidarité c’est suspect. Et chaque syndicat se retrouve dans la position peu enviable de la forteresse assiégée.

Source illustrations : 1906-1006, 100 ans de solidarité, SETPQ, Québec 2006.


*L’Action catholique fut un quotidien conservateur qui s’est éteint en 1973.

Dialogue de sourd

Il n'y a rien de pire que celui qui ne veut pas entendre. Hier, réagissant à une sortie de la CSN sur la pénurie d'infirmières à l'hôpital Sainte-Justine, le Ministre de la santé et des services sociaux a déclaré que "la solution ne passe pas uniquement par un rehaussement des salaires et des conditions de travail". Y'a comme un léger problème, les infirmières n'ont à peu près pas parlé de salaire dans leur conférence de presse!

Voici les propositions du syndicat pour régler le problème :

- Accorder des mesures particulières d'attraction pour faciliter le recrutement et la rétention des infirmières dans un établissement comme Sainte-Justine.

- Etablir des ententes régionales avec les hôpitaux pour que les soins courants de pédiatrie ne soient pas orientés vers Sainte-Justine.

- Faire une campagne auprès des étudiantes infirmières leur faisant valoir l'extraordinaire potentiel de valorisation et de développement professionnel qu'apporte une carrière dans un hôpital comme Sainte-Justine.

Rappelons qu'il manque actuellement 168 infirmières à l'hôpital Sainte-Justine. C'est à peu près 15% du staff qui manque à l'appel. Évidemment, l'hôpital ne fait pas 15% moins d'intervention, les infirmières en poste doivent plutôt compenser en faisant du temps supplémentaire.

* * *

Commentaire éditorial : On s'entend qu'actuellement infirmière c'est une job de fou qui demande presqu'une vocation (comme toutes les jobs du secteur de la santé). Il manque 1500 infirmières à la grandeur du Québec. C'est un vrai cercle vicieux. Tant qu'il va manquer d'infirmières, celles en poste vont faire des heures de malade... Et la profession aura de la difficulté à attirer des jeunes. Le salaire c'est pas tout mais peut-être que si ça payait vraiment bien, il y aurait moyen d'attirer plus de monde malgré la dureté des conditions de travail?

La CSQ s'oppose à un dégel des frais de scolarité

Contrairement à ce que pourrait laisser entendre une certaine couverture médiatique, il n'y a pas que les associations étudiantes qui s'opposent à un dégel des frais de scolarité. En effet, de nombreux syndicats sont également contre (certain, comme la CSN allant même jusqu'à prôner la gratuité). Cette semaine, la CSQ est sortie en force sur cette question.

Cri d'alarme

La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) se dit très préoccupée par le sous-financement chronique qui accable les réseaux des cégeps et des universités. Selon la CSQ, les solutions proposées pour y faire face (dégel ou déreglementation des frais) risquent de compromettre l'accessibilité aux études supérieures et d'avoir de graves conséquences sur l'endettement étudiant.

Le syndicat interpelle dont les deux palliers de gouvernement sur l'urgence de réinvestir en éducation et d'assumer leurs responsabilités. « Les transferts fédéraux en éducation au Québec sont nettement insuffisants et le gouvernement Harper doit s’exécuter dans les meilleurs délais pour corriger le tir. Mais Ottawa n’est pas le seul responsable de la problématique actuelle de sous-financement et nous tenons à rappeler au gouvernement Charest que les sommes injectées récemment en enseignement supérieur sont plus qu’insuffisantes pour le maintien et le développement du réseau collégial. Ces montants ne tiennent d’ailleurs aucunement compte de la situation difficile vécue par plusieurs cégeps en région », a déclaré Diane Charlebois, la vice-présidente de la CSQ.

Le dégel n'est pas une solution

Dans la dernière semaine, de nombreux intervenants se sont prononcé pour un dégel des frais de scolarité afin de faire face au sous-financement. L'Université Concordia est même allée jusqu'à revendiquer une déréglementation des droits de scolarité afin d’améliorer la situation financière des établissements. Voilà qui ressemble fort à une abdication devant la difficulté d'obtenir un réinvestissement gouvernemental. Toutes les universités ne sont pas dupe, ainsi l’Université de Sherbrooke a fait savoir qu’elle s’oppose à un dégel des frais de scolarité jugeant qu’il vaut mieux tenir d’abord un débat sur le financement public de l’éducation.

« Plusieurs études et statistiques démontrent clairement les effets pervers des hausses de frais de scolarité sur la poursuite d’études universitaires pour les jeunes les moins nantis, ainsi que ceux de la classe moyenne. L’éducation n’est pas une simple marchandise qu’on offre uniquement à ceux qui en ont les moyens. C’est un droit auquel tous les jeunes doivent avoir accès et il est de la responsabilité des gouvernements de faire en sorte qu’il puisse en être ainsi », a rappelé Mme Charlebois.

La porte-parole syndicale soutient que si l’on veut éviter que le Québec retourne 40 ans en arrière, en adoptant des propositions qui auraient pour effet de discriminer les jeunes en fonction de leurs revenus, la solution réside dans un financement public adéquat du réseau collégial et universitaire.

dimanche 28 janvier 2007

Olymel poursuit son chantage ; Les syndiqué-es se réunissent mardi

Olymel poursuit son chantage. Faute d'entente de principe, une offre finale (et unilatérale) a été soumise samedi au syndicat. Le président du syndicat, Gino Provencher se dit déçu de l'issue des pourparlers. "Malgré quelques modifications, la deuxième offre globale reste loin de nos attentes", a-t-il déploré dans un communiqué.

Concrètement, Olymel exige toujours une baisse de sa masse salariale de plus de 30% mais elle a "réaménagée son offre" pour, dit-elle, "réduire l'impact sur le chèque de paye". Selon les chiffres du communiqué de la compagnie, le coût horaire global payé par Olymel, qui est présentement de 28.43$, passerait à 22.38$ (N.B.: ces chiffres comptent le salaire mais aussi les avantages sociaux et les charges fiscales de la compagnie).

L'offre finale était une fois de plus accompagnée d'un ultimatum: "Nous avons demandé aux représentants du syndicat de soumettre cette nouvelle proposition aux travailleurs pour décision avant mardi le 30 janvier 2007 à 16H00. Les employés font donc face à un choix clair : soit accepter les conditions de sauvetage de l'usine, soit les rejeter et décider ainsi de sa fermeture définitive.", d'affirmer le président-directeur général d'Olymel, M. Réjean Nadeau.

En réponse, le Syndicat des travailleurs d'Olymel de Vallée-Jonction tiendra une assemblée générale, le mardi 30 janvier à 13 heures à Tring-Jonction. Les travailleurs seront appelés à se prononcer, au scrutin secret, sur la proposition de la direction de l'entreprise. D'ici à l'assemblée générale, les militant-es du syndicat vont rencontrer les travailleurs pour les informer des démarches qui ont été faites pendant la période de conciliation, ils approfondiront l'examen de la proposition d'Olymel et prépareront l'assemblée de mardi. Aucune autre déclaration de la part du syndicat ne sera émise avant la tenue de cette assemblée.

* * *

Commentaire éditorial : J'ai lu une foule de commentaires depuis deux semaines. La plupart était très méprisant envers les syndiqué-es. Je veux juste dire qu'ils ont mon appui (pour ce que ça vaut...). C'est quand même fort que dans toute cette histoire on blâme les victimes. Personne ne semble réaliser qu'Olymel prend ses travailleurs et toute une région en otage. La compagnie agit carrément en bandit de grand chemin...

On entend souvent dire que les syndicats ont trop de pouvoir ou alors qu'ils ne sont plus nécessaire aujourd'hui. Il me semble que nous avons ici à la fois une illustration flagrante de l'absolue nécessité des syndicats et de leur relative impuissance. Les travailleurs d'Olymel sont fiers et à date ils se sont tenu debout, mais ils n'en sont pas moins à la merci de patrons intransigeants. Comme les gens de Goodyear, de General Motor, de Domtar et de beaucoup trop d'autres entreprises. Nous sommes bien peu de chose face au capitalisme triomphant.

Et une raison de plus de faire la révolution, une...

Une injustice de moins

La Presse annonce que finalement, à la toute fin de son mandat, le gouvernement libéral va remplir une de ses promesses sur le front de la lutte à la pauvreté. En effet, à partir du 1er juillet, la gratuité des médicaments sera étendue à toutes les personnes assistées sociales sans discrimination (les personnes ayant des contraintes sévère à l'emploi avaient déjà la gratuité). Au total, 245 000 personnes démunies sont touchées par cette mesure.

C'est le (très progressiste) Parti Québécois qui, en 1997, avait décidé que les assistés sociaux devaient assumer eux-mêmes l'achat de médicaments. Depuis, les prestataires d'aide sociale sans contraintes graves à l'emploi doivent faire une contribution maximale d'environ 16,66 $ par mois à la Régie de l'assurance maladie du Québec. C'est tout près de 200 $ par année.

Ça fait donc 10 ans que les groupes populaires se battent sur cette question (c'est une des revendications de toutes les manifs contre la pauvreté). En 2002, Jean Charest avait promis de rétablir la gratuité. Il en a mis du temps, mais tout semble indiquer qu'en juillet 2007 se sera chose faite (2 ans après avoir rétabli la gratuité pour certaines catégories de personnes).

Bien sûr, c'est une mesure électoraliste (au moins c'est pas une promesse électorale!). Bien sûr, ça vise, entre autre, à dorer la pilule pour faire passer une politique du médicament qui servira surtout à enrichir les compagnies pharmaceutique. Mais c'est une victoire quand même. C'est une injustice de moins. Reste maintenant à (entre autre) gagner la pleine indexation des prestations, la fin de la saisie des pensions alimentaires, le barème plancher et le revenu de citoyenneté, etc.

Spéciale dédicace aux camarades des ADDS de Québec et de la Rive-sud (Association de défense des droits sociaux), de ROSE du NORD (Regroupement des femmes sans-emploi du Nord de Québec), du Collectif pour un Québec sans pauvreté et à touTEs les militantEs des groupes du Front commun des personnes assistées sociales. Une preuve supplémentaire que la persévérance peut payer. Chapeau.

samedi 27 janvier 2007

Vers une grève au Casino de Montréal?

Jeudi soir les employé-es du Casino de Montréal ont voté à 99,5 % pour l’exercice de moyens de pression pouvant aller jusqu’à la grève générale. Selon le syndicat (affilié au SCFP), le principal point de désaccord porte sur les horraires des employé-es. Le syndicat représente 625 employés réguliers du Casino et 200 occasionnels. La convention collective des croupiers est échue depuis le 31 décembre dernier et une vingtaine de rencontres ont déjà eu lieu entre les parties.

vendredi 26 janvier 2007

Froid entre le P.Q. et syndicats: des journalistes continuent de creuser

Denis Lessard, dans La Presse, annonce que "Le PQ bat de l'aile gauche". Le journaliste de Gesca suit essentiellement la même trame narative que moi (voir " Syndicalisme et Parti Québecois : il y a comme un froid...") à la différence près (et elle est de taille!) que lui s'est donné la peine d'aller faire des entrevues. Son papier est intéressant mais si j'étais lui, ou ses lecteurs, je prendrais les déclarations des membres du SPQ-Libre avec un grain de sel.

Pour rester polis, disons que le SPQ-Libre a eu autant de succès dans le mouvement syndical que dans le P.Q.... Ce sont certes des syndicalistes mais, à part quelques cas comme le président du local 301 ou le directeur québécois des TCA, ce sont surtout des gens qui ont été évincés de leurs organisations syndicales. Marc Laviolette, par exemple, est peut-être l'ex-président de la CSN mais il ne faudrait pas oublier que c'est l'un des rare président sortant à avoir été contesté ouvertement par une membre de son exécutif et à avoir été battu aux élections. De plus, des "sources généralement bien informées" m'ont dit que "le camarade Laviolette" n'avait pas consulté ses collaborateurs de la CSN et ses appuis avant de se lancer dans l'aventure du SPQ-Libre (certains de ces mêmes collaborateurs et appuis ont plutôt choisi de s'investir à Québec solidaire). Le même commentaire vaut d'ailleurs pour Monique Richard, qui fut l'une des tête d'affiche du SPQ-Libre avant de devenir présidente du P.Q.; dans une autre vie elle a été battue aux élections dans son syndicat et est devenue une "ex-présidente de la CSQ"... Et pour Vivian Barbot, qui était au SPQ-Libre avant de devenir députée du bloc; elle vient de la CSN mais elle a eu l'honneur d'être la première présidente de la FFQ a avoir été contestée, et battue, en plus de 50 ans.

* * *

Oh, maintenant que j'y pense, dans la liste des escarmouches syndicats/chef du P.Q., il ne faudrait pas oublier l'épisode de la nationalisation de l'énergie éolienne. Qui pensez-vous qui a popularisé l'idée de nationaliser l'éolien? Les syndicats d'Hydro-Québec évidemment (affiliés à la FTQ). Qui a mené la bataille dans le P.Q. pour faire adopter cette position? Le SPQ-Libre. D'après vous, qui (à part les membres) a reçu comme une gifle le désaveux de Boisclair sur cette question?...

* * *

Il y a aussi le chroniqueur Michel C. Auger, du Soleil, qui dans son blogue traite de la question (voir "Boisclair à l'écoute..."). Son analyse est intéressante, il écris notamment: "Non seulement, les centrales syndicales n’ont pas l’impression d’être écoutées par M. Boiclair, mais elles ont l’impression de ne même pas avoir pu faire valoir les idées qu’elles voudraient que le PQ intègre à sa plateforme électorale". Pour M. Auger "c’est un malaise beaucoup plus profond qu’une simple montée de lait à la suite d’une déclaration malheureuse de M. Boisclair sur les «rencontres bien arrosées» entre ses prédécesseurs et les leaders syndicaux".

Beurk!

Ce n'est pas parce qu'on est syndiqué qu'on a nécessairement beaucoup de jugeotte et qu'on est doté de compassion et de compréhension. Ainsi, je viens d'apprendre que le syndicat CSN des gardiens de pénitenciers (i.e. les screws) demande l'autorisation de poursuivre le service correctionnel canadien parce que ce dernier refuse de leur garantir un environnement sans fumée. Autrement dit, les screws veulent que les détenus n'aient plus le droit de fumer en dedans... Sans commentaire!

La présidente du syndicat congédiée

(Communiqué)La charité chrétienne n’est plus ce qu’elle était. Visiblement agacé par la combativité et l’aplomb de la nouvelle présidente du syndicat, le gestionnaire de la résidence de la Congrégation des frères des écoles chrétiennes, Robert Taillon, l’a tout bonnement mise à la porte. Il lui a remis sa lettre de congédiement vendredi dernier, en présence du conseiller du SCFP et de la présidente par intérim.

Line Tremblay, une préposée aux bénéficiaires de bientôt sept ans d’ancienneté à cette résidence privée se retrouve donc au chômage. Elle contestera bien sûr la décision de son employeur. Un grief sera déposé sous peu, de même qu’une plainte à la Commission des relations du travail pour congédiement pour activités syndicales.

Élue en juin dernier, Line Tremblay a tout de suite cherché à insuffler un dynamisme nouveau à son syndicat, ce qui a déplu au gestionnaire habitué à d’autres pratiques. Dès l’automne, on lui a imposé plusieurs mesures disciplinaires, toutes contestées par le syndicat. Aujourd’hui, elle est renvoyée sous prétexte qu’elle ne respecte pas son plan de travail et que des collègues se sont plaints de son rendement et de son inefficacité.

Chose étonnante, le gestionnaire a signifié le congédiement le mardi, mais a maintenu la salariée à l’horaire encore trois jours, lui demandant même de faire du temps supplémentaire, et ce, malgré sa supposée incompétence. Plus étonnant encore, quand il a informé les syndiqués du renvoi, Robert Taillon leur a conseillé d’être plus prudents à l’avenir dans le choix de leurs représentants syndicaux.


Source: SCFP

jeudi 25 janvier 2007

Le Journal de Québec suspend cinq syndiqués

Lu dans Le Soleil:

Le Journal de Québec suspend cinq syndiqués
Alain Bouchard
Le Soleil


Le Journal de Québec vient de suspendre cinq travailleurs syndiqués de son soutien informatique, quelques heures à peine avant que l'exercice du droit de grève et de lock-out ne devienne légal, à compter d'hier, au sein de l'entreprise.

Ces techniciens en informatique sont suspendus jusqu'à nouvel ordre pour avoir présumément accédé à des données confidentielles de l'employeur. Les avocats syndicaux ont été immédiatement saisis du dossier, a indiqué hier au Soleil Denis Bolduc, porte-parole des 250 employés actuellement en négociations.

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D'autres précisions dans Le Soleil de ce matin :

Le jeudi 25 janvier 2007
Quebecor accuse les cinq syndiqués suspendus d'avoir tripoté l'informatique
Alain Bouchard
Le Soleil

Les cinq travailleurs syndiqués suspendus cette semaine par le Journal de Québec, en cours de négociations, l’ont été pour avoir tripoté les fonctions informatiques du quotidien, affirme leur employeur, Quebecor.

Ces techniciens en informatique « ont modifié les pratiques informatiques habituelles, pour faire en sorte qu’en cas de conflit de travail, le Journal ait de graves ennuis à publier », déclare Luc Lavoie, porte-parole de l’entreprise.

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Contestez votre hausse de loyer !

C'est pas syndical mais c'est un message d'intérêt public : vous avez légalement le droit de contester une hausse de loyer sans devoir quitter votre logement. Tous les regroupements de locataires conseillent d'ailleurs de contester toute hausse de loyer abusive. (Ce document du RCLALQ explique comment ça marche)

Comment juger si votre proprio en demande trop?

La Régie du logement a publié des indices d'augmentation hier. Pour les logements chauffés par les locataires, le taux suggéré est de 0,8 %. Dans le cas des logements dont le chauffage est assumé par les propriétaires, il est de 1,1 % pour ceux chauffés à l'électricité, de 0,4 % pour ceux chauffés au gaz et de 1,4 % pour les logements chauffés au mazout. Il s'agit là des indices de base qui ne tiennent pas compte des augmentations de taxes et d'éventuels travaux effectués dans l'année.

Dans le doute, je vous conseille très fortement de consulter votre comité logement ou votre association de locataires.

mercredi 24 janvier 2007

Manifestation des syndicats du transport scolaire de la CSN

Devant les multiples problèmes rencontrés dans le transport scolaire, les syndicats CSN réclament du gouvernement du Québec un financement adéquat du secteur et l’instauration d’une politique nationale de sécurité et de discipline. Profitant d’une rencontre syndicale pour faire le point sur la situation et l’adoption d’un plan d’action, les représentants des syndicats CSN dans le transport scolaire ont manifesté devant le bureau du député de Trois-Rivières, M. André Gabias, pour lui rappeler qu’ils attendent toujours sa réponse à l’appui qu’ils lui ont sollicité lorsqu’ils l’ont rencontré en décembre.

Source et photo : CSN (Lire le communiqué)

Grève au Centre communautaire juridique

La cinquantaine d’employé-es du Centre communautaire juridique Laurentides – Lanaudière ont débrayé-es deux heures mercredi après-midi. D’autres arrêts de travail, de même que la grève illimitée, sont à l’ordre du jour.

Parmi les enjeux, la partie patronale veut « négocier » à partir des paramètres imposés aux employés de l’État par la loi 142 et récupérer les frais d’arbitrage à 50 %, ce à quoi s’objecte le Syndicat. « Les négociations achoppent seulement pour le Centre communautaire juridique de Laurentides – Lanaudière et celui de la Côte-Nord, explique Jacques Bouchard, président régional du SFPQ, ailleurs c’est réglé. »

Les grévistes sont sans convention collective depuis le 30 juin 2003. Un processus de médiation est en cours au ministère du Travail. « Toutefois, malgré deux séances de négociation, rien n’avance », relate France Vigneault, présidente locale du Syndicat.

Les centres communautaires juridiques sont des organismes à but non lucratif, subventionnés en grande partie par l’État, afin de rendre accessibles les services d’aide juridique. Le Centre communautaire juridique Laurentides – Lanaudière compte 10 bureaux, dont les principaux points de service sont à St-Jérôme (460, rue Labelle) et à Joliette (92 Place Bourget Nord).

Source : SFPQ

mardi 23 janvier 2007

Syndicalisme et Parti Québecois : il y a comme un froid...

« Je vais vous donner un scoop : le prochain gouvernement du Québec sera néolibéral » -Louis Roy, premier vice-président de la CSN, lors d’une AG du FRAPRU

J’avais relevé avant les fêtes que, fait rarissime, la FTQ avait ouvertement critiqué le Parti Québecois dans un communiqué. Depuis quelques jours, ça se précise : il y a comme un froid entre le P.Q. d’André Boisclair et le syndicalisme québécois.

Dans un texte publié lundi en « une » de La Presse, Denis Lessard, nous apprend que le nouveau chef du P.Q. toise de haut les différents groupes de pression qu’il rencontre à titre de chef de l’opposition. On se souvient que le chef du P.Q. avait déclaré peu de temps après son élection qu’il ne voulait pas « fédérer les mécontents » et qu’il avait envoyé promené la CSN quand cette dernière lui avait demandé s’il retirerait la loi 142 (qui décrète les conditions du travail des employé-es du secteur public pour des siècles et des siècles, amen). Outre la CSN, Lessard nous apprend que Boisclair c’est payé le luxe de se mettre à dos la FTQ. Le journaliste de La Presse écrit : « ces «alliés naturels» se font moins nombreux; l'automne dernier, une rencontre du chef péquiste avec tout le gratin de la FTQ a été carrément glaciale ».

Le même jour, Pierre Dubuc (le directeur de l’Aut’Journal), publiait sur Internet une entrevue avec Réjean Parent, le président de la CSQ, dans laquelle ce dernier a des mots très dur envers le P.Q.. Le chef du P.Q. a envoyé promener les syndicaliste sur les ondes de TVA, durant le téléjournal. «Il y a peut-être de la nostalgie de cette époque où les leaders syndicaux étaient copain-copain et passaient leur soirée autour de repas arrosés avec les dirigeants politiques», déclarait le chef péquiste au journaliste de TVA. «Les temps ont changé. Le Parti Québécois n’est pas là pour perpétuer le statu quo. Que le milieu syndical se le tienne pour dit», ajoutait André Boisclair en affirmant qu’il n’était pas «le porte-parole de groupes particuliers».

Le président de la CSQ réplique, cinglant: « c’est le discours de L’illusion tranquille, c’est le discours des Lucides, c’est le discours de l’Institut économique de Montréal,c’est le discours des scribouilleurs de Power Corporation à l’effet que la société québécoise serait victime d’immobilisme et que la cause principale en est le mouvement syndical et son soi-disant copinage avec les leaders péquistes. »

« S’il faut ressortir la liste des lois anti-syndicales adoptées par le Parti Québécois, nous le ferons. On verra que ce fut un drôle de copinage », ajoute-t-il.

À la CSN, sans être aussi catégorique, la présidente n’avait pas de bons mots pour André Boisclair dans son bilan de fin d’année. Dans son communiqué, Claudette Carbonneau mettait carrément André Boisclair dans le même sac que Stéphane Dion! Elle écrivait : « La CSN sera impitoyable avec Stéphane Dion comme avec tous les autres leaders politiques qui aspirent à prendre le pouvoir, dont André Boisclair au Québec. Ils devront exposer leur projet politique et faire preuve d’ouverture, de renouvellement, de progressisme et de transparence ».

Le P.Q. a besoin du mouvement syndical (et non l’inverse)

« Où M. Boisclair pense-t-il aller chercher ses votes?, demande Réjean Parent au directeur de l’Aut’Journal. Ce n’est pas parce que nous contestons vivement le gouvernement Charest qu’il doit prendre le vote des syndiqués pour acquis. Il y a d’autres candidats progressistes ».

« Il se pourrait également que nos membres ne se rendent tout simplement pas voter s’ils ne se reconnaissent pas dans les programmes et les équipes qui leur seront proposés. André Boisclair devrait se rappeler que son parti a perdu les dernières élections à cause du fort taux d’absentéisme », de préciser M. Parent.

L’Aut’Journal nous rappelle à ce sujet qu’aux élections de 2003, le Parti libéral a obtenu 17 500 votes votes de moins qu’à l’élection précédente, mais que c’est la clientèle péquiste qui a permis sa victoire en faisant l’élection buissonnière. Le PQ récoltait en effet 475 500 moins de votes qu’en 1998. Le taux d’abstention était le plus élevé depuis 1927.

Reste à savoir comment tout ça va évoluer mais disons que, pour l’instant, ça regarde mal. Françoise David disait hier, dans une entrevue à Presse toi à gauche !, « Si la tendance se maintient, malheureusement, le Parti libéral va gagner par défaut et ça n’a rien à voir avec QS. Pourquoi il va gagner par défaut ? Parce que le Parti québécois, dirigé par monsieur Boisclair, n’arrive pas du tout, mais vraiment pas du tout, à frapper l’imagination, à apporter des propositions qui touchent les gens au Québec et qui apportent des réponses aux questions qu’ils se posent ». J’ai bien peur qu’elle ait raison...

* * *

Juste une petite note éditoriale au final : Pierre Dubuc est le fondateur (et secrétaire) d'un club politique au P.Q.: Syndicalistes et progressistes pour un Québec libre. Je me demande combien de temps ça va lui prendre encore pour réaliser... qu'il perd son temps.

Une belle page du Journal du lock-out

Réal Asselin, mécanicien en lock-out du Journal de Montréal et webmestre du Journal du lock-out, publiait hier une très belle réflexion qu'il a accepté que je partage avec vous.

À qui appartient l’avenir?
22 janvier 2007

Ne dit-on pas que l’avenir appartient à ceux qui… à ceux qui quoi? qui se lèvent tôt? Qu’est-ce que ça veut dire, ceux qui se lèvent tôt? Et c’est quoi, tôt? Et je remarque que nous passons notre vie à dire n’importe quoi sans même savoir ce que ça veut dire. On appelle cela des clichés. En effet, c’est quoi, tôt, pour des travailleurs de nuit? Voudrait-on, par des proverbes et des dictons, nous rayer de la liste des grands possesseurs de demain, dès le départ? Voudrait-on nous contraindre à prendre notre trou et y rester?

J’ai donc réfléchi longuement sur le sujet pour en venir chaque fois à cette conclusion que l’avenir devrait appartenir à tous autant que nous sommes, sans exception. Alors, pourquoi nous imbiber de pareilles conneries? Pour cacher la vérité? Pour cacher que ce n’est pas vrai que nous sommes tous égaux à la naissance que nous avons tous les mêmes chances devant la vie?

Mais je sais que l’avenir appartient à ceux qui restent humains, à tous ceux qui se lèveront contre l’arbitraire, à tous ceux qui se battront pour avoir le droit de respirer le même air que tous. Et, comme ça, je préfère prétendre que demain sera toujours à celui qui se bat, parce que, chose certaine, demain n’appartiendra jamais à celui qui fait confiance à la suffisance hypocrite de ceux qui se croient détenteurs de la « vérité » et qui agissent afin que cette « vérité » serve leurs seules poches.

Et il n’en tient qu’à nous pour que l’avenir n’appartienne pas à ces fats… car celui qui se lève tôt, à bien y penser, est celui qui prend son courage à deux mains chaque jour de sa vie.

Olymel – le médiateur jette la serviette

Dans un communiqué envoyé mardi, la CSN nous apprend que Jean Poirier, le médiateur nommé par le gouvernement, laisse tomber sa tentative de conciliation.

En effet, après avoir rencontré séparément le syndicat et la direction d’Olymel, M. Poirier en est venu à la conclusion qu’il n’y avait aucune ouverture du côté de la compagnie. Samedi matin, le médiateur a informé la partie syndicale que, selon-lui, Olymel ne bougera pas de sa demande de couper 30% dans la masse salariale. Dans le contexte, il est donc inutile de tenter d’ouvrir des discussions.

Les faits semblent donner raison au médiateur. Samedi, avant même de rencontrer à nouveau le conciliateur pour connaître le résultat de son approche avec le syndicat, la direction d'Olymel a expédié, par messager, une lettre à tous les employés pour les inciter à revenir sur leur décision. Pour le syndicat, c'est une autre illustration de l'approche unilatérale d'Olymel qui fait fi du fonctionnement démocratique que se sont donné les travailleurs.

Selon Gino Provencher, président du syndicat, la situation ressemble de plus en plus à une impasse. « En rejetant deux fois à plus de 99 % les demandes d'Olymel, les travailleurs ont été clairs. Il n'est pas question de revenir une troisième fois devant notre assemblée générale avec des offres identiques ou à peine maquillées. Olymel veut tout, sans offrir de garantie, sans indiquer comment il procédera pour relancer l'entreprise. », déplore le représentant syndical.

Alors qu’on demande aux ouvriers de faire tous les sacrifices, il n’est jamais question des autres options qui s’offrent à la compagnie. Par exemple, Claude Corbeil, le président de la Fédération des producteurs de porcs, disait la semaine dernière que « si on compare l’entreprise à ses compétiteurs étrangers, le travail sur deux quarts, l’automatisation des usines et la transformation du produit sont des facteurs qui permettent à ces derniers une meilleure performance. »(cité dans Le Soleil du 17 janvier).

L’instransigeance d’Olymel, qui tente de faire porter l’odieux d’une fermeture éventuelle au syndicat, ressemble de plus en plus à de l’entêtement et, n’ayons pas peur des mots, de l’arrogance. La compagnie aimerait bien nous faire croire que la seule voie pour sortir de la crise que subit l’industrie est de baisser ses coûts de production en sabrant dans les salaires. Il est de plus en plus clair qu’elle table sur un anti-syndicalisme latent et sur le fatalisme du public.

CPE de Matane - Grève générale dans moins de 24 heures

Communiqué de la CSN :

CPE de Matane - Grève générale dans moins de 24 heures

À moins de 24 heures du déclenchement de la grève générale au CPE de Matane, la présidente du Conseil central du Bas Saint-Laurent, Raymonde Robinson, et le vice-président de la Fédération de la santé et des services sociaux, Jeff Begley, ont lancé un appel à la direction de ce centre de la petite enfance pour qu’elle reconduise l’actuelle convention collective jusqu’en mars 2010.

Les salaires et les autres clauses à incidence pécuniaire ne font pas l’objet du litige entre les parties. Celles-ci ont été réglées dans le cadre d’une négociation nationale, au printemps 2006, lors la ratification d’une entente.

lundi 22 janvier 2007

Appel à tous et toutes!

Bonjour,

Je cherche la une du Journal de Montréal (ou du Journal de Québec, c'est kif-kif) le matin où ils disaient "59% des québécois sont racistes". C'est pour un montage. L'idéal serait un jpeg à 300 dpi. Si jamais quelqu'un y a accès, merci de me l'envoyer à surleslignes@yahoo.ca.

Solidairement


Nicolas

Les déclarations de Boisclair font bondir le président de la CSQ

Reçu ce matin (via l'Aut'Courriel) :

Réjean Parent était furieux. Le président de la CSQ venait de prendre connaissance des déclarations d’André Boisclair sur les syndicats aux Nouvelles TVA du vendredi 12 janvier.

«Il y a peut-être de la nostalgie de cette époque où les leaders syndicaux étaient copain-copain et passaient leur soirée autour de repas arrosés avec les dirigeants politiques», déclarait le chef péquiste au journaliste de TVA. «Les temps ont changé. Le Parti Québécois n’est pas là pour perpétuer le statu quo. Que le milieu syndical se le tienne pour dit», ajoutait André Boisclair en affirmant qu’il n’était pas «le porte-parole de groupes particuliers».

« Où M. Boisclair pense-t-il aller chercher ses votes?, demande Réjean Parent. Ce n’est pas parce que nous contestons vivement le gouvernement Charest qu’il doit prendre le vote des syndiqués pour acquis. Il y a d’autres candidats progressistes ».

« Il se pourrait également que nos membres ne se rendent tout simplement pas voter s’ils ne se reconnaissent pas dans les programmes et les équipes qui leur seront proposés. André Boisclair devrait se rappeler que son parti a perdu les dernières élections à cause du fort taux d’absentéisme », de préciser M. Parent.

On se souviendra qu’aux élections de 2003, le Parti libéral a obtenu 17 500 votes votes de moins qu’à l’élection précédente, mais que c’est la clientèle péquiste qui a permis sa victoire en faisant l’élection buissonnière. Le PQ récoltait en effet 475 500 moins de votes qu’en 1998. Le taux d’abstention était le plus élevé depuis 1927.

Le discours de l’Illusion tranquille (...)

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Fermer des hôpitaux pour économiser : une imposture

(SCFP) Ça paraît simple, mais ça ne fonctionne pas! À première vue, on pourrait croire que fermer des lits ou des hôpitaux permet de réaliser des économies. Cependant, après avoir analysé cette solution, mise en place dans plusieurs villes et États américains, le professeur Alan Sager, du Boston University School of Public Health, conclut que c’est un mythe. Dans la plupart des cas, les coûts ont continué de grimper et les services à la population ont diminué.

Le professeur Sager a présenté les résultats de son étude le 15 janvier dernier, lors d’un point de presse organisé pour défendre l’avenir du Centre hospitalier Lachine et sauvegarder son mandat communautaire. On sait que l’Agence montréalaise souhaite depuis des mois transformer l’institution en clinique ambulatoire ce qui entraînerait, entre autres, la fermeture du département des soins intensifs et la fin de l’hôpital tel qu’on le connaît.

En fait, selon Alan Sager, il y a une compétition inéquitable entre les hôpitaux universitaires et les hôpitaux communautaires. Les premiers sont beaucoup plus coûteux, souvent moins efficaces, mais la plupart du temps, ce sont les seconds qui font les frais des coupures budgétaires. Dans le cas de Montréal, selon lui, on peut faire un rapprochement entre la construction – à coup de centaines de millions – des deux futurs CHUM, et les compressions exigées un peu partout, notamment à Lachine. Avec, dans toute la région, une pénurie de lits aux soins intensifs et des urgences qui débordent, le professeur se demande pourquoi l’Agence montréalaise a décidé de couper ces services à la population du sud-ouest de la métropole.

Lire la suite sur le site du SCFP...

Le financement public des écoles privées remet en question l'égalité des chances

Tombé sur ce communiqué ce matin (via le site du SFPQ) :

Montréal, le 17 janvier 2007 - En cette Semaine de l'école publique, le Comité intersyndical du Montréal métropolitain (CIMM) considère qu'il faudra plus qu'une campagne de promotion pour sauver l'école publique et que, devant l'ampleur des défis auxquels elle est confrontée, il est plus que temps que l'on arrête la concurrence déloyale faite par l'école privée subventionnée par l'État.

Après le Rapport Parent des années 60, les États généraux sur l'éducation des années 90 ont réaffirmé le principe de l'égalité des chances. Mais notre réseau scolaire se stratifie de plus en plus en fonction du revenu des parents, les plus fortunés envoyant leurs enfants au secteur privé. Au secondaire, plus d'un élève sur cinq fréquente l'école privée. Dans la région de Montréal, c'est près d'un élève sur trois! Une situation inacceptable.

Bien évidemment, les écoles privées se retrouvent, année après année, en tête de palmarès en vertu du principe " sélectionnez les meilleurs élèves, vous aurez les meilleures écoles ". Mais ce retour à une école élitiste a un effet dévastateur sur l'ensemble du réseau au moment où le déclin démographique frappe la clientèle des écoles publiques.

Le pourcentage d'élèves qui obtiennent leur diplôme de secondaire 5 est en régression pour les jeunes ayant moins de 20 ans. Au cours des neuf dernières années, le taux de diplomation a chuté de 73,4 % à 70,4 %. C'est un recul d'autant plus considérable que les États généraux sur l'éducation de 1996 prévoyaient un taux de diplomation de 85 % pour 2010.

Les classes ordinaires de nos écoles publiques produisent plus de décrocheurs, parce qu'elles perdent leurs meilleurs éléments au profit des écoles privées et qu'elles se retrouvent, par voie de conséquence, avec un taux trop élevé d'élèves en difficulté.

Cette désarticulation de notre système d'enseignement est rendue possible par le généreux financement public des écoles privées. L'État québécois verse aux écoles privées une subvention équivalant à 60 % de la subvention moyenne par élève au public, à laquelle s'ajoutent des subventions indirectes par le jeu des déductions fiscales.

C'est une situation unique en Amérique du Nord. Par exemple, ni les États-Unis ni l'Ontario ne versent de subventions aux écoles privées.

Nous devons, de toute urgence, revoir toute la question du financement public des écoles privées. Pouvons-nous comme société laisser se déstructurer et se démembrer notre système d'éducation? Devons-nous accepter, à l'époque de l'économie du savoir, que 30 % de nos jeunes se dirigent vers le marché du travail sans même avoir en poche un diplôme d'études secondaires?

Le 10 mars 2005, une coalition historique, regroupant les commissions scolaires, les syndicats d'enseignement, les directions d'école, les cadres scolaires et les associations de parents, demandait de mettre carrément fin au financement public des écoles privées. Le CIMM estime le message toujours aussi pertinent aujourd'hui.

Le CIMM est composé des organisations suivantes : Conseil régional FTQ du Montréal métropolitain (FTQ), Conseil central du Montréal métropolitain (CSN), Centrale des syndicats démocratiques (CSD), Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), Alliance des professeures et professeurs de Montréal (FAE), Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ), Syndicat des professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ), Syndicat de l'enseignement de la région de Laval (FAE), Syndicat de l'enseignement de l'Ouest de Montréal (FAE), Syndicat de l'enseignement de Champlain (CSQ). Le CIMM représente plus de 400 000 travailleuses et travailleurs syndiqués de la grande région de Montréal.

dimanche 21 janvier 2007

Celle qui se bat peut perdre, celui qui ne se bat a déjà tout perdu

Elles(*) sont 11 pour s’occuper à temps plein de 65 personnes âgées autonomes et semi-autonomes. C’est-à-dire pour donner les bains, surveiller les résident-es qui ont des troubles cognitifs, ranger les chambres et s’occuper de l’entretien en général, faire la bouffe, accompagner ceux et celles qui en ont besoin à la salle à manger et les servir, distribuer les médicaments, accueillir les visiteurs et répondre au téléphone. Elles travaillent aux Résidences Portland en Estrie et elles sont en grève depuis le 27 novembre dernier.

Elles veulent le respect et faire reconnaître que « travailler auprès de nos aînés mérite d'être valorisé ». Actuellement le salaire d’une préposée aux résident-es est de 10$ de l’heure. Les syndiquées des Résidences Portland voudraient une rémunération de base de 11 $ l'heure ou, si elle est atteinte, une augmentation minimum de 15 %. Même si on ne peut définitivement pas invoquer la concurrence chinoise dans ce cas, les propriétaires de cette résidence à but lucratif exigent des concessions et une baisse de conditions de travail. D’où la grève.

Se battre ensemble

Ce qu’il y a de particulier dans le cas des Résidences Portland c’est que la lutte s’inscrit dans une stratégie concertée des syndicats CSN du secteurs des résidences privées pour personnes âgées. Il y a deux ans, la Fédération de la santé et des services sociaux de la CSN a en effet lancé une campagne ayant pour thème : « Travailler auprès de nos aînés mérite d'être valorisé ».

Les syndiquées d'une cinquantaine de centres d'hébergement privés à but lucratif dénoncent avec cette campagne les piètres conditions de travail et les bas salaires qui sévissent dans ce secteur en pleine expansion (on compte près de 80 000 personnes âgées réparties dans 2200 établissements privés au Québec). Concrètement, les revenus de la très grande majorité des employé-es aux soins, dans les services alimentaires, à l'accueil et à la sécurité de même qu'à l'entretien ménager avoisinent le salaire minimum, très loin derrière ceux du secteur public. La rémunération des préposé-es aux bénéficiaires, par exemple, est inférieure de 40 % à ce qui est versé dans le réseau public. Cet écart est tout aussi grand chez les infirmières auxiliaires, à qui on demande une scolarité additionnelle et d'appartenir à un ordre professionnel. Quant aux jours fériés, aux congés de maladie et aux vacances, ils reflètent davantage les normes minimales du travail que ce que l'on retrouve dans le secteur public comme dans le secteur privé syndiqué en général. Enfin, les primes de soir, de nuit et de fin de semaine ainsi que les régimes de retraite et les régimes d'assurance collective sont à toutes fins utiles inexistants.


« Les employé-es œuvrant dans ces établissements qui accueillent de quelques résidents à des centaines sont aux prises avec des salaires de misère et des conditions de travail très difficiles qui ne sont pas sans rappeler celles qui prévalaient dans la santé et les services sociaux, il y a une trentaine d'années », explique Paolo St-Gelais, représentant du comité de négociation FSSS-CSN. Afin de changer les choses, les syndiquées ont adoptés plate-forme de base. Elles revendiquent une amélioration de leurs conditions de travail et un relèvement significatif de leurs salaires, soit une rémunération de base de 11 $ l'heure ou, si elle est atteinte, une augmentation minimum de 15 %. Des rencontres ont eu lieu pour adopter une stratégie et des plans d’action régionaux.

Une stratégie payante

À mi-course, on peut affirmer que la stratégie de négociation regroupée porte fruit. En effet, plusieurs syndicats régionaux ont réussi à imposer la plate-forme dans leurs négociations (c’est le cas du Saguenay-Lac-Saint-Jean, du Cœur-du-Québec, de Québec-Chaudière-Appalaches, de Montréal et des Laurentides). Alors que le gouvernement veut fermer des milliers de lits en soins de longue durée pour les refiler au privé, les syndiquées de ce secteur n’ont pas le choix de s’organiser si elles ne veulent pas être les dindons de la farce…

Il est encourageant de constater que malgré une très faible présence syndicale (environ 5%), les travailleuses peuvent développer des stratégies et faire des gains dans le privé. Espérons que les gains obtenus encouragerons d’autres groupes à se syndiquer et que les syndicats pourront s’imposer pour civiliser le secteur.

=====
(*)Comme les personnes qui travaillent dans cette industrie sont très majoritairement des femmes, j’ai choisi de parler d’elles au féminin (il va sans dire que mon féminin inclus le masculin sans discrimination…).

Photo: CSN

vendredi 19 janvier 2007

Montréal: La CSDM s'attaque aux règles d'ancienneté des profs

Le Devoir de ce matin nous apprend que la Commission scolaire de Montréal (CSDM) voudrait «assouplir» (casser?) la convention collective des profs pour pouvoir, notamment, stabiliser ses classes. Selon Le Devoir, un jeu de chaises musicales s'opère en début d'année, faisant défiler devant les élèves deux, trois et parfois quatre professeurs. «Ce que nous demandons au syndicat, c'est: "Êtes-vous capables de mettre en veilleuse la règle d'ancienneté quand les élèves sont en classe et que l'année est commencée?», a expliqué hier la présidente de la CSDM, Diane De Courcy, lors d'un passage au Devoir.

Le quotidien explique:

[la] pratique [actuelle] (...) consiste à attendre que les enfants soient tous bien en classe, à la rentrée scolaire, de manière à faire un décompte réel de la clientèle bel et bien inscrite. En fonction du nombre d'élèves par école, le jeu des déplacements commence alors: un établissement comptant un surplus d'enseignants doit replacer ses profs ailleurs, selon des règles d'ancienneté.

Les postes mis en disponibilité sont alors affichés et les professeurs s'y inscrivent. C'est toutefois la règle d'ancienneté qui détermine l'attribution des postes. «Un simple congé de maladie dans une école peut provoquer un jeu de chaises musicales qui touche trois ou quatre profs et autant d'écoles», explique Mme Pothier. «Il faut qu'on arrive à s'entendre pour que la stabilité du personnel supplante la sacro-sainte règle d'ancienneté», ajoute Diane De Courcy [la présidente de la commission scolaire]. Lire l'article au complet...


Le syndicat n'est évidemment pas d'accord. Le dernier numéro du Bulletin d'information syndicale (le BIS) titre en une : «Bienvenue au royaume de l'arbitraire». Pour Pierre St-Germain, président de l'Alliance des profs de Montréal, «le texte que nous avons reçu n’est pas acceptable».

Dans une autre texte, Alain Marois, vice-président du syndicat, constate «qu’un gouffre sépare les deux parties et que ces négociations seront longues et ardues». Pour M. Marois:
«la CSDM s’inspire tout à fait de la philosophie qui a animé le gouvernement lors des dernières négociations du secteur public. Elle semble vouloir s’inscrire en droite ligne avec le projet de déstructurer la convention collective pour en rendre inapplicable des pans entiers. Selon sa vision, les conditions de travail des enseignantes et des enseignants doivent être subordonnées à son plan stratégique.


Un dossier à suivre...

jeudi 18 janvier 2007

Les syndicats à Bouchard: trop facile de n'exiger que des concessions

18 janvier 2007 - 17h01
Presse Canadienne
Lia Lévesque
Montréal

Ce n'est pas en demandant de rouvrir les conventions collectives que les employeurs québécois parviendront à combattre la concurrence asiatique, préviennent la FTQ, la CSN et la CSD.

Les trois centrales syndicales ont répliqué, jeudi, à l'ancien premier ministre Lucien Bouchard qui avait évoqué une nécessaire «mutation» dans les relations de travail, à cause de la concurrence asiatique.

Devant des étudiants en droit de l'Université de Montréal, mercredi soir, l'ancien premier ministre du Québec avait dit croire que le phénomène des employeurs qui demandent de rouvrir les conventions collectives pour abaisser leurs coûts — et affronter ainsi la concurrence chinoise — ira croissant.

M. Bouchard a aussi soutenu que la dynamique voulant que les syndicats considèrent comme des acquis toutes les clauses de leur convention collective et cherchent simplement à les bonifier devra changer. Les employeurs formuleront à leur tour des demandes à leurs syndicats, ne serait-ce que pour survivre et affronter la concurrence, a-t-il prédit.

«On ne peut pas uniquement lancer des appels à des concessions, des concessions, des concessions, comme si tout se jouait strictement sur le terrain de la rémunération, parce que là, c'est mission impossible», a riposté la présidente de la CSN Claudette Carbonneau, en entrevue. Elle souligne que le salaire moyen en Chine est de 64 cents l'heure et qu'il sera donc impossible de le concurrencer ici.

«On ne peut surtout pas nous présenter que l'avenir va être fait de concessions, de concessions et uniquement de concessions. Je me demande quelle serait la réaction des entrepreneurs québécois si on leur disait: à l'avenir, il n'y a plus de profits, vous devrez continuellement réduire les dividendes et les profits», ironise Mme Carbonneau.

Pas la solution

A la FTQ, le président Henri Massé tient le même discours. «La solution n'est pas dans les coupures de salaires. Si c'est au niveau des conditions de travail qu'on veut faire la concurrence aux Chinois, ça va être une spirale à la baisse qui n'aura plus d'allure.»

M. Massé plaide pour que les entreprises investissent dans le renouvellement de l'équipement, dans l'innovation et dans la formation de la main-d'oeuvre pour affronter cette concurrence asiatique. Il affirme avoir vu, dans le secteur des pâtes et papier, de la machinerie qui date des années 1940.

Quand l'économie allait bien et que le dollar canadien n'était pas si élevé, plusieurs entreprises n'ont pas investi dans le renouvellement de leur parc technologique. Aujourd'hui, avec la valeur du dollar si élevée, M. Massé se dit [très nerveux] pour le secteur manufacturier québécois. Et il ne voit pas pourquoi ce serait seulement les travailleurs qui devraient en payer le prix, en acceptant de rouvrir leurs conventions collectives.

Vieux discours

A la CSD, le président François Vaudreuil croit qu'il y a bel et bien augmentation du nombre de demandes de réouvertures de conventions collectives. Il vient de le constater dans plusieurs scieries.

M. Vaudreuil rejette toutefois la dynamique des relations de travail telle que dépeinte par M. Bouchard, voulant que les syndicats ne fassent que demander à améliorer leurs conditions de travail.

«Des messages de cet ordre-là, malheureusement, ça peut laisser transparaître une vieille conception du syndicalisme qui est biaisée et qui ne correspond en rien à la réalité. Depuis deux décennies à peu près, les syndicats ont abandonné le contestation systématique pour accepter d'élargir leurs responsabilités, de déborder le cadre des conditions de travail et négocier l'organisation du travail avec tout ce que ça comporte», réplique-t-il.

Lui aussi prévient les employeurs que s'ils demandent aux travailleurs de s'adapter, voire de rouvrir leurs conventions collectives pour abaisser les coûts, ils devront faire leur part, en faisant preuve de plus de transparence en matière d'information économique.

Oaxaca - La CSQ et la FNEEQ-CSN interviennent en faveur du respect des droits de l’homme

Reçu ce communiqué ce matin:



La CSQ et la FNEEQ-CSN interviennent en faveur du respect des droits de l’homme

La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN) profitent du passage à Montréal de deux représentantes du Syndicat national des travailleurs de l’éducation du Mexique – section 22 (SNTE) pour renouveler leur appui à la lutte syndicale et populaire qui est en cours à Oaxaca au Mexique afin d’améliorer les conditions d’enseignement dans ce coin du monde.

Le secrétaire-trésorier de la CSQ, M. Alain Pélissier, et le président de la FNEEQ, M. Ronald Cameron, ont tenu une conférence de presse en compagnie de M. Enrique Rueda, de Mme Raquel Eufemia Cruz Manzano, enseignante dans l’État d’Oaxaca au Mexique, respectivement secrétaire général et secrétaire aux affaires syndicales de la section 22 du Syndicat de l’enseignement SNTE, et de Mme Georgina Tecla Yalin, représentante de la coordination mexicaine de la Coalition trinationale en défense de l’éducation publique.

Il faut rappeler qu’au mois de mai 2006, la section 22 du SNTE a établi un campement dans le centre historique de la ville d’Oaxaca, au sud-ouest du Mexique, pour faire entendre ses revendications au gouverneur Ulises Ruiz. Les demandes des enseignantes et des enseignants consistaient en une augmentation de salaire, plus de ressources matérielles et financières, ainsi que le refus de la réforme de l’éducation. Il faut préciser que les salaires des enseignantes et des enseignants de cette région comptent parmi les plus bas au Mexique.

Intervention d’une brigade enseignante internationale

En peu de temps, la lutte syndicale enseignante a été rejointe par l’Assemblée populaire des peuples d’Oaxaca (APPO) qui regroupe des organisations sociales, des ouvrières et des ouvriers, des paysannes et des paysans. L’APPO représente les citoyens les plus pauvres de cette région du Mexique qui vivent avec moins de trois dollars par jour. La grève s’est rapidement transformée en soulèvement dont la revendication principale consistait en la démission du gouverneur Ruiz. Pour leur part, les autorités locales et fédérales mexicaines ont réagi au soulèvement populaire par une démonstration de force. Au cours de l’été, plusieurs affrontements ont eu lieu entre les grévistes et les forces de l’ordre, entraînant l’incarcération de militantes et de militants politiques et causant la mort de dizaines de personnes, dont plusieurs enseignants.

Au mois de décembre dernier, des représentants de la CSQ et de la FNEEQ ont fait partie d’une brigade enseignante internationale pour participer au Forum international des enseignantes et des enseignants en solidarité avec le peuple d’Oaxaca. Cette brigade regroupait des organisations syndicales canadiennes et latino-américaines.

Messages au président du Mexique

La CSQ et la FNEEQ soulignent donc qu’elles suivent de près la situation à Oaxaca au Mexique et tiennent à attirer l’attention de la population sur les conditions difficiles que vivent les enseignantes et les enseignants de même que la population.

Les deux organisations se sont d’ailleurs adressées au président du Mexique afin de lui exprimer leurs préoccupations et demander le respect des droits humain de la population d’Oaxaca.

Le 4 décembre dernier, le président de la CSQ, M. Réjean Parent, a écrit au président du Mexique, M. Felipe Calderon Hinojosa, afin de lui demander que la police mette fin à ses actes d’intimidation et de s’assurer que les droits humains de la population, particulièrement des personnes emprisonnées, soient respectés.

Quant à la FNEEQ-SN, c’est le 15 juin 2006 qu’elle acheminait un message au président de l’époque, Vicente Fox Quesada, lui exprimant ses inquiétudes en regard de la situation et lui demandant de négocier avec les syndicats des enseignantes et des enseignants d’Oaxaca et de respecter l’autonomie et la démocratie sociale.

La CSQ et la FNEEQ-CSN se sentent très solidaires de la lutte que ces enseignantes et ces enseignants mexicains ont le courage de livrer et dénoncent la dure oppression qu’ils subissent pour avoir osé exprimer des revendications très légitimes », soutiennent le secrétaire-trésorier de la CSQ, M. Alain Pélissier, et le président de la FNEEQ-CSN, M. Ronald Cameron.

Appui de l’Internationale de l’Éducation

Par ailleurs, membres de l’Internationale de l’Éducation (IE), la CSQ et la FNEEQ-CSN entendent intervenir auprès des syndicats membres et partenaires de cette organisation qui représente plus de 30 millions d’enseignants et de travailleurs de l’éducation à travers le monde pour les sensibiliser à la situation qui prévaut à Oaxaca.

« L’Internationale de l’Éducation est la voix du secteur de l’éducation sur le plan mondial et, à ce titre, elle se porte à la défense des droits de tous les enseignants et de tous les étudiants qu’ils éduquent. Je vais donc me faire un devoir de m’assurer que cette voix se fait entendre au nom de nos collègues enseignants de la région d’Oaxaca au Mexique pour exiger le respect de leurs droits humains et défendre leur droit à la négociation pour améliorer leurs conditions de travail », précise M. Pélissier qui est membre du Bureau exécutif de l’IE.

La FNEEQ dénonce la répression policière

Pour sa part, le président de la FNEEQ, M. Ronald Cameron, affirme qu’il est absolument inadmissible qu’un État dit démocratique use d’une telle répression à l’égard de ses propres citoyennes et citoyens.

« L’intervention de la police fédérale à Oaxaca s’est soldée par une vingtaine de morts, une soixantaine de disparus et plus de deux cents arrestations impliquant la torture. On a même procédé à l’arrestation d’enseignantes et d’enseignants dans les écoles, au beau milieu d’un cours, pour les enfermer dans des prisons à l’autre bout du pays. C’est une façon de faire digne des pires dictatures et nous appelons les gouvernements du Québec et du Canada à intervenir auprès du gouvernement du Mexique pour l’exhorter à respecter les droits humains de sa population », déclare M. Ronald Cameron.

Une conférence publique importante

D’autre part, M. Pélissier et M. Cameron ont tenu à saluer la présence à la conférence de presse de Mmes Cruz Manzano et Tecla Yalin qui sont au Québec dans le cadre d’une tournée d’information. Les deux représentantes de la population mexicaine prononceront d’ailleurs ce soir une conférence, organisée par le Centre international de solidarité ouvrière (CISO) et l’Observatoire des Amériques, à compter de 19 h 30 au Pavillon Hubert-Aquin de l’UQAM, local AM050, sous le thème Mexique-Oaxaca, la lutte syndicale et populaire continue.

« Nous invitons la population à participer nombreuse à cet événement. C’est une excellente occasion d’entendre de la bouche même de témoins une description de la situation difficile que traverse la population d’Oaxaca et une opportunité d’exprimer notre solidarité à son égard », affirment unanimement le secrétaire-trésorier de la CSQ et le président de la FNEEQ.

La CSQ et la FNEEQ-CSN sont membres du CISO.

Mentionnons également qu’une assemblée publique aura lieu à Québec, le vendredi 19 janvier, au 320, rue Saint-Joseph Est, à 19 h 30.

À signaler - Solidarnosc : une résilience historique!

Normand Brouillet, de la CSN, a participé au congrès de Solidarnosc en septembre 2006. Il en ramène un rapport intitulé Une résilience historique qui fourmille d'informations sur la situation des syndicats et sur la vie polonaise en général. (Merci à Perspectives CSN d'avoir signalé ce texte). Le voici :

Solidarnosc et la Pologne d'aujourd'hui
Une résilience historique!


Assister au XXe Congrès de NSZZ Solidarnosc en cette fin septembre 2006, à Szczecin — à moins de deux heures de train de Berlin — tout au nord-ouest de la Pologne, réserve des émotions certaines et quelques étonnements.

Dans un centre des congrès qui n’est pas sans rappeler nos salles de réunion d’il y a trois ou quatre décennies, prendre contact avec ces 300 délégué-es du congrès, très majoritairement de sexe masculin et d’âge moyen, qui portent le flambeau de la première organisation syndicale libre de toute l’Europe de l’Est ayant vu le jour au début des années 1980 et ayant fait reculer le pouvoir politique non seulement polonais, mais aussi soviétique, impose le respect et la reconnaissance. Solidarnosc compte aujourd’hui près de 650 000 membres dans une Pologne dont la population totale atteint près de 40 millions de personnes.

On sait la Pologne encore très catholique, on connaît l’histoire de son clergé qui a su appuyer les organisations syndicales dans les épreuves de force historiques du début des années 1980. Mais pour des partisans d’un syndicalisme laïc comme les Suédois, les Français, les Anglais, nous, les Québécois, et beaucoup d’autres, il était spectaculaire de voir quatre ou cinq évêques, vêtus comme il se doit, participer à la cérémonie d’ouverture solennelle de ce congrès et de le faire de manière sobre, mais bien évidente aux yeux de tous. L’étonnement franchit un autre cran quand le premier discours de cette cérémonie d’ouverture est prononcé par le président de la République de Pologne, M. Lech Kaczynski.

Cet actuel président de la République est un ancien vice-président de Solidarnosc, alors que le parti politique qui l’a porté au pouvoir, Droit et Justice, s’avère être clairement une formation conservatrice de droite. Ajoutons que, dans le but de former un gouvernement stable, cet ancien syndicaliste a conclu un « pacte de stabilité » avec la Ligue des familles polonaises (extrême droite catholique) et le parti Autodéfense (populiste).

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mercredi 17 janvier 2007

Olymel - Le Soleil étire la sauce

Ce matin, Le Soleil titre en Une: "OLYMEL - Une invitation soudaine à la négociation". Le quotidien annonce en grande pompe, comme si c'était une nouvelle, que la direction de la compagnie invite les représentants syndicaux de l'usine de Vallée-Jonction à s'asseoir pour discuter.

L'arnaque? Les discussions doivent se faire dans le cadre des paramètres définis par la compagnie: "Il s'agit toujours, d'après le porte-parole cité par Le Soleil, d'une diminution de la rémunération globale de 30%". De plus, l'offre de "négocier" ne s'adresse qu'au syndicat de Vallée-Jonction (au diable Saint-Simon!).

Tout cela peut sembler "nouveau" au lecteur du Soleil puisque la veille il n'était question que de l'ultimatum de la compagnie. Or, il n'y a pas de nouveau dans le dossier. Je donnais déjà cette information lundi soir sur ce blogue. Est-ce que j'ai des contacts privilégiés avec la direction d'Olymel pour être ainsi dans "le secret des dieux"? Non, je me suis tout simplement donné la peine de lire le communiqué d'Olymel. Tout y était. Dès lundi soir.

* * *

Remarquez, c'est tant mieux pour la pigiste (c'est ça que ça veut dire "collaboration spéciale") qui a pu caser deux papiers d'affilés dans les pages du quotidien. D'ailleurs, peut-être que s'ils payaient un peu plus que 50$ du feuillet, ce genre de chose n'arriverait pas au Soleil? Ça leur apprendra à traiter leurs précaires comme de la merde...

mardi 16 janvier 2007

Si tu t'occupe pas de politique...

"Si tu t'occupe pas de politique, c'est la politique qui va s'occuper de toi" - Michel Chartrand

Les membres du Secrétariat inter-syndical des services publics (le SFPQ, le SPGQ, la FIQ et la CSQ, regroupant à eux quatre un peu moins de la moitié des employé-es du secteur public provincial) lancent une "tournée d'information et mobilisation" de 12 assemblées publiques pour "défendre les services publics" à la veille de probables élections provinciales. Par la même occasion les syndicalistes lancent une plate-forme et annoncent qu'ils vont interpeller les candidats de tous les partis (en leur demandant entre autre d'abolir la loi 142 et la directive qui ne fait remplacer qu'un départ à la retraite sur deux).

Et les médias de reprendre en coeur la "nouvelle". "Des syndicats du secteur public s'engagent dans la campagne électorale" (PC), "Les syndicats au front" (Radio-Canada), "Les syndicats se rallient contre le gouvernement" (TVA), etc.

Premièrement, il me semble qu'il n'y a pas là de "nouvelle". Comme s'ils ne faisaient pas sensiblement la même chose à chaque élection (bon ok, c'est un peu plus grandiose cette fois mais disons que le gouvernement Charest y est aller fort depuis 4 ans).

Deuxièmement, il n'y a pas un journaliste pour soulever que le SISP n'a pas exactement inventé le bouton à quatre trous. Interpeller les candidats et essayer de les forcer à prendre position, tous les mouvements sociaux font ça. Le SISP n'est même pas le premier regroupement du secteur public à se lancer dans la bataille et à choisir d'organiser des assemblées publiques. Ça fait juste quatre mois que la CSN est elle aussi en tournée d'assemblées publiques (une centaine en tout!). Évidemment, ça les journalistes ne s'en souviennent plus... Pour faire les liens et avoir un peu de mémoire, ça prendrait du staff affecté en permanence au mouvement syndical.

lundi 15 janvier 2007

Ultimatum d'Olymel

La direction d'Olymel a répliqué aux assemblées syndicales d'en fin de semaine par un ultimatum : les syndiqué-es doivent changer d'avis d'ici au 28 janvier sinon c'est l'usine qui ferme.

Dans un communiqué émis aujourd'hui, la direction d'Olymel s'est déclarée "extrêment déçue du résultat du vote des employés" (tiens donc!). Olymel croit dur comme fer que "les concessions demandées à ses travailleurs sont absolument nécessaires". D'ailleurs, la compagnie est prête à négocier... mais "à l'intérieur des paramètres que nous avons proposés après une analyse sérieuse des conditions nécessaires à un retour à la rentabilité" indique Réjean Nadeau, le président-directeur général d'Olymel (un chausson avec ça?).

Le PDG d'Olymel est très clair: "au-delà du 28 janvier 2007, nous devrons nous en remettre aux réalités financières incontournables et devant un refus du syndicat, la direction se verra forcée de recommander la cessation des activités à l'usine de Vallée-Jonction".

Finalement, Olymel est fermé à toute négociation regrouppée impliquant le syndicat de l’usine de Saint-Simon-de-Bagot. Le communiqué patronal est également très clair à ce sujet: "les propositions qui ont été présentées aux représentants syndicaux de l'usine de Vallée-Jonction le 8 janvier dernier ne s'appliquent qu'à cet établissement. Ces propositions ne concernent absolument pas les installations du complexe de St-Simon-de-Bagot et de St-Valérien-de-Milton dont la fermeture aura lieu le 30 mars prochain. C'est donc avec le syndicat des employés de l'usine de Vallée-Jonction que l'employeur entend poursuivre les pourparlers déjà entamés".

Les représentants syndicaux feront le point demain

Les représentants des syndicats des travailleurs des usines d’Olymel de Vallée-Jonction et de Saint-Simon et la direction de la Fédération du commerce (CSN) se rencontreront mercredi. À la suite de la position qu’Olymel a rendue public par voie de communiqué de presse, ils feront le point sur la situation.

Vers un lock-out au Journal de Québec ?

Dès le 24 janvier, Quebecor sera en position légale pour décréter un lock-out au Journal de Québec, même si peu de séances de négociation ont eu lieu jusqu'à maintenant. Un conflit au Journal de Québec amènerait tout de même des situations cocasses... J'imagine d'ici les journalistes de ce quotidien populiste faire appel à la solidarité. Tiens, je me demande, J-J Samson est-il cadre ou syndiqué? Me semble qu'une photo de lui avec une pancarte de la FTQ vaudrait son pesant d'or...

Selon La Presse les demandes de Quebecor seraient assez corsée au Journal de Québec. En effet, selon des sources proches du conflit, les demandes patronales déposées le 1er décembre comprennent le passage de la semaine de travail de quatre à cinq jours, et de 32 à 37,5 heures. Il serait aussi question de sous-traiter le service des petites annonces. (Lire l'article de La Presse. Ce blogue parle aussi des plans de la direction pour établir une rédaction en exil...).

La situation au Journal n'est pas habituelle. Traditionnellement, ce sont les syndicats représentant les 250 employé-es qui déposent en premier leur projet de convention collective. Or, cette année l'employeur a pris les syndiqué-es de court en déposant ses demandes dès la première séance de négociation (le 1er décembre dernier).

De plus, tout semble indiquer que Quebecor se prépare à un conflit. Fin septembre, quelques jours avant la date limite pour être considérés comme des scabs, 14 nouveaux cadres ont été embauchés par le Journal. À la mi-décembre, La Presse rendait public un courriel émanant d’Anne-Marie Cadieux, ancienne rédactrice en chef du quotidien gratuit 24 heures et aujourd’hui responsable du contenu rédactionnel des hebdos du groupe Quebecor. Dans ce courriel, la dame indiquait que la compagnie était à la recherche de pigistes prêt à s'exiler à Toronto pour créer une sorte de rédaction en exil, le temps du conflit (rappelons que Quebecor possède un quotidien dans cette ville et que lors d'un précédant conflit la compagnie avait fait imprimer le Journal de Montréal en Ontario pour contourner la loi anti-scabs).

À l'heure où Quebecor ferme des imprimeries centenaires (à Beauceville), où elle est en conflit ouvert avec les pressiers de son navire amiral (le Journal de Montréal) et en conflit larvé avec deux de ses syndicats de journalistes (à TVA et au JdeM), je crois que les salarié-es du Journal de Québec ont raison de s'inquiéter...

* * *

Je vous parle de ça aujourd'hui, même si c'est une "vieille nouvelle", parce que Radio-Canada a fait un topo là dessus. Je ne peux cependant m'empêcher de noter que, si je me fie au communiqué des syndicats du Journal, la vénérable institution publique a fait non pas une mais deux erreurs de dates dans son topo... Y'aurait-il des lacunes au chapitre de la contre-vérification des faits?

Communiqué - Rejet massif des demandes d’Olymel et appel à la négociation

Vallée-Jonction - Réunis en assemblée générale dimanche, les travailleurs de l’usine d’abattage et de découpe de porc Olymel de Vallée-jonction ont rejeté à 99,3 % la demande de réouverture de leur convention collective que l’entreprise leur a faite la semaine dernière. Olymel qui, en cas de refus, menaçait de fermer l’usine voulait ainsi récupérer 38 % de la masse salariale soit 13 millions par année. Les travailleurs ont également entériné à bulletin secret et dans une proportion 98 % une proposition visant à ouvrir des négociations sur la base de leur convention collective actuelle afin d’assurer la pérennité et le développement de leur usine. Le syndicat de l’usine de Saint-Simon-de-Bagot, dont Olymel a annoncé la fermeture, avait adopté la même proposition la veille. Les deux syndicats souhaitent ainsi engager des échanges sérieux avec l’entreprise.

« Jusqu’ici la compagnie a fonctionné par ultimatum et à coup de menaces. Nous, on veut éviter la fermeture de l’usine mais pas au prix de reculer de 20 ans, c’est le message clair que notre assemblée a voulu lancer à Olymel », a indiqué Gino Provencher président du syndicat. « Si nous avions accepté leur projet de convention ça nous aurait pris dix ans pour retrouver nos salaires actuels », a-t-il ajouté.

Les reculs majeurs qu’Olymel demandait à ses employés touchaient non seulement les clauses pécuniaires mais aussi, entre autres, l’organisation du travail, les quarts de travail et l’application de l’ancienneté. L’entreprise exigeait aussi que la convention ait une durée de 10 ans.

Source: CSN

À visiter: Dossier "Fermeture d'usine chez Olymel"

Une soirée Relations sur le syndicalisme

À signaler, l'équipe du Centre justice et foi, qui publie la revue Relations, organise une soirée sur le syndicalisme. Les soirées Relations (tout comme la revue) sont toujours intéressantes. Ne soyez surtout pas rebutés par le caractère chrétien de la patente, ces gens là sont bien souvent plus pertinent et bien plus à gauche que nombre de groupes laïques...

Lundi 22 janvier 2007
Quel syndicalisme pour un monde du travail en mutation?

Depuis une vingtaine d'années, le taux de syndicalisation est en baisse dans de nombreux pays. Au Québec, nous nous en sortons plutôt bien, avec un taux qui avoisine encore les 40%. Mais il y a plus que les chiffres. Qu'advient-il du syndicalisme comme mouvement social axé sur l'action politique des salariés? Avec la multiplication des emplois atypiques, l'exercice du droit d'association et du droit à la négociation collective est-il devenu une chasse gardée? Y a-t-il des remises en cause de l'action syndicale pour assurer le renforcement d'un pouvoir collectif critique dans la société?Nous aborderons ces questions avec:

Mona-Josée Gagnon, professeure au Département de sociologie de l'Université de Montréal, ex-syndicaliste, chercheure associée au Centre de recherche interuniversitaire sur la mondialisation et le travail (CRIMT);

Gregor Murray, directeur du CRIMT et professeur à l'École de relations industrielles de l'Université de Montréal;

Guylaine Vallée, professeure à l'École de relations industrielles de l'Université de Montréal, membre du CRIMT et chercheure associée au Centre de recherche en droit public.

Lundi 22 janvier 2007, de 19 h à 21 h 30
Centre Justice et Foi (Maison Bellarmin)
25, rue Jarry Ouest, Montréal
(métro Jarry ou De Castelnau / stationnement à l'arrière)
Contribution volontaire: 5$

dimanche 14 janvier 2007

Un travail chez Olymel : La réalité du travailleur

Pour mémoire, extrait d'un texte publié cet été sur La tribu du verbe :

(...)

Travailler chez Olymel, ce n'est surtout pas une partie de plaisir. À l'humidité et au froid toute la journée, souvent avec des mouvements et des postures qui se définissent mal ergonomiquement. Il faut comprendre que notre salaire, qui s'établit en moyenne autour de 20 $ de l'heure, comprend une prime de risque. Un risque qui est en lien avec notre type de travail.

Il n'y a pas beaucoup de personnes qui sont prêtes à travailler dans des conditions pareilles, et ce malgré le salaire. D'ailleurs, il y a toujours des postes non-comblés dans plusieurs usines d'Olymel. Pour 10 personnes qui viennent essayer l'emploi, très peu demeurent à l'emploi.

En restant debout toute une journée, les pieds dans l'eau, devant un convoyeur à effectuer un travail manuel de chaîne répétitif, la majorité des travailleurs en ressort avec des lésions professionnelles et des limitations physiques qui ont aussi une influence sur notre qualité de vie à l'extérieur de l'usine. Avec un dossier de ce type-là à la CSST, les travailleurs d'Olymel à Saint-Simon auront bien du mal à se retrouver un emploi ailleurs et nous en sommes très conscient.

(...)


>Lire le témoignage au complet

Olymel : c'est non

Les réseaux de télé (LCN, Radio-Canada) nous apprennent que l'assemblée des syndiqué-es d'Olymel à Vallée-Jonction, en Beauce, a rejetée à 99% la demande de l'employeur. 735 salarié-es (sur 1100) ont participés à cette importante réunion syndicale.

Olymel demandait une réduction de salaire d'à peu près 40% à ses salarié-es. La cie menaçait de fermer son usine de Beauce en cas de refus des synqiqué-es. Rappelons que c'est la deuxième fois que les travailleurs et les travailleuses d'Olymel à Vallée-Jonction rejettent les "offres" patronales.

L'industrie porcine est actuellement en crise. Il semble qu'Olymel perd quelque 50 millions de dollars par années (150 millions en 3 ans). Lucien Bouchard, le "négociateur" recruté par Olymel, estime que l'industrie porcine au Québec n'est plus viable en raison d'une multitude de facteurs, dont le taux de change, la petitesse des abattoirs québécois et les mécanismes de mise en marché. Au lieu d'investir dans ces équipements pour augmenter sa productivité, l'industrie veut refiler la facture de sa propre turpitude aux quelques 4000 salarié-es qui la font tourner. Casser les conditions de travail des gens, que voilà une proposition d'avenir! Est-ce là la lucidité?

Il faudra attendre un peu avant de connaître le plan d'action syndical. Notons que deux usines affiliés à la CSN sont maintenant menacées de fermeture.

En mémoire de l'un de leurs collègues

Le sur Le Journal du lock-out:

Une deuxième croix plantée en souvenir de Michel Lavoie

13 janvier 2007

Une croix sera de nouveau plantée en souvenir de M. Michel Lavoie devant le siège social du Journal de Montréal sur la rue Frontenac à Montréal dans les prochaines heures.

M. Lavoie est ce pressier qui a choisi de terminer sa vie le 2 janvier dernier à son domicile de Laval. Il a travaillé pour l’imprimerie Dumont (maintenant Quebecor) à compter de 1963 et au Journal à partir de 1979. Il s’agissait d’un vétéran de l’impression respecté et apprécié par ses pairs.

« Ceci n’est pas une vendetta, mais je peux vous dire que Michel a travaillé toute sa vie avec loyauté et respect pour son employeur et avec ses collègues de travail. Les événements des derniers mois l’ont blessé et humilié. Serait-ce la raison de sa grande détresse et de son geste désespéré? demande Diane Lavoie, la veuve de Michel Lavoie. Cette histoire n’est pas terminée; je donnerai un sens à son geste qui ne restera pas vain. Je ne sais pas encore comment ni quand, mais mon vœu le plus cher est d’humaniser cet impitoyable monde du travail, termine-t-elle. »

Une première croix a été plantée le 10 janvier dernier, mais des employés du Journal l’auraient enlevé quelques heures plus tard.

Rappelons qu’un conflit de travail oppose la Direction du Journal de Montréal à ses pressiers affiliés à la Section locale 41M des Teamsters. Ce conflit dure depuis 7 mois puisque la grève qu’ont déclenchée les 120 pressiers le 4 juin dernier s’est muée en lock-out en octobre.

« Nous avons planté une croix devant le Journal de Montréal sur la partie publique du terrain, de préciser Michel Côté, président de la Section locale 41M des Teamsters. Nous jugeons indécent et irrespectueux que le Journal ait envoyé des gens pour enlever ce symbole. Cela démontre une fois de plus à quel point la Direction méprise ses employés. On a qu’à regarder le climat de travail dans l’entreprise pour se convaincre que l’avenir est fort sombre pour tous les employés où qu’ils soient.»

Michel Lavoie a été exposé le dimanche 7 janvier dernier à Laval. Plusieurs centaines de personnes sont venues lui rendre un dernier et vibrant hommage.

Des renseignements sont également disponibles sur le site de la Section locale 41M des Teamsters.

samedi 13 janvier 2007

Rire jaune

Hier, Jean Charest annonçait en grande pompe l'agrandissement du Centre de santé et services sociaux (ex-CLSC) du Lac des-Deux-Montagnes. Les syndiqué-es de l'endroit ont alors envoyés un communiqué annonçant que « les employé-es ont en grande partie financé, à même leurs chèques de paie, l’agrandissement de leur établissement ». Comment? La CSN aurait-elle poussé l'aliénation partenariale jusqu'à embarquer dans une souscription pour financer les travaux? Non, en fait, le syndicat a tout simplement choisi le cynisme pour accueillir le premier ministre. « Il est facile pour monsieur Charest de venir jouer au Père Noël en annonçant des agrandissements financés à même le gel de nos salaires et le tout en période préélectorale. C’est vraiment indécent de sa part ! » a déclarée la présidente du syndicat, madame Johanne Chartrand.

On se rappellera qu’en adoptant, sous le bâillon, la loi 142 décrétant les conditions de travail des salarié-e-s du réseau de la santé et des services sociaux, monsieur Charest et son gouvernement ont du même coup gelé les salaires pour une période de deux ans.