lundi 30 avril 2007

Notre histoire : le Premier mai !

  • Origines du Premier mai
  • Le premier ‘Premier mai’ montréalais
  • Renaissance du Premier mai au Québec


Origines du Premier mai

Aux origines du Premier mai se trouve la lutte pour la journée de huit heures aux Etats-Unis. En 1884, ça fait une paie!, les syndicats américains se donnent deux ans pour obtenir la journée de huit heures faute de quoi ils promettent la grève générale. La date butoir du 1er mai est choisie parce qu'elle marque le début d'une nouvelle année financière dans beaucoup d'entreprises. Au 1er mai 1886, plus de 200 000 syndiqué-es ont réussi à arracher la journée de 8 heures. Un mouvement de grève générale, suivi par 340 000 personnes, est lancé pour étendre le gain dans les autres entreprises. Il s'agit de l'un des premiers mouvements revendicatif offensif à voir le jour en Amérique.

À Chicago, le centre ouvrier le plus radical des Etats-Unis, la situation dégénère. Dans la journée du 3 mai la répression patronale s'abat sur les grévistes : la police ouvre le feu et fait 6 morts et de nombreux blessés. Un appel est lancé pour une manifestation de protestation le 4 mai au soir. Cette manifestation, qui regrouppe 3 000 personnes, se déroule pacifiquement. Ce n'est qu'à la toute fin, alors qu'il ne reste plus qu'un milier de personnes que la police charge la foule. Dans la confusion, une bombe éclate dans les rangs policiers, faisant 8 morts et 60 blessés (...du côté des manifestant-es ont a jamais connu le nombre exact de morts et l'on parle de plus de 200 blessés). La police accuse les anarchistes d'avoir fait le coup, les grévistes, eux, penchent plutôt vers la thèse de l'agent provocateur. Reste que l'auteur de l'attentat ne fut jamais connu.

Malgré l'absence de preuve, la justice trouva huit leaders ouvriers, huit anarchistes, responsables. Responsables d'avoir organisés la grève, d'avoir prôné la révolution, donc d'avoir contribué à créer un climat encourageant les attentats. Au bout du compte, August Spies, Albert Parsons, George Engel et Adolph Fischer furent pendus, Louis Lingg se suicida en prison et Michael Schwab, Oscar Neebe et Samuel Fielden y croupirent de longues années (condamnés à perpétuité). C'est pour commémorer cette lutte et pour que ce crime ne tombe pas dans l'oubli que, 3 ans plus tard, la Deuxième Internationale décréta que dorénavant le 1er mai serait une journée internationale de manifestations pour la journée de huit heures. Cette tradition s’est maintenue jusqu’à aujourd’hui, malgré l’obtention depuis longtemps de la journée de huit heures (...quoi que, comme le souligne Richard Saint-Pierre dans un très beau texte publié dans le dernier numéro de la revue À Babord, le temps de travail a recommencé à augmenter).

Le premier ‘Premier mai’ montréalais

Contrairement à ce que laisse sous-entendre une certaine littérature syndicale, il y a maintenant plus de 100 ans que l’on souligne le Premier mai au Québec. Non, le premier ‘Premier mai’ québécois n’a pas eu lieu en 1973 mais en... 1906. L’initiative en revient à un groupe d’inspiration socialiste libertaire, le cercle « Aide Mutuelle », composé principalement de travailleurs et de travailleuses d’origine juive, mais aussi de quelques immigrants irlandais. La manifestation fut planifiée minitieusement pendant plusieurs mois mais elle faillit ne pas avoir lieu : les militant-es d'origine juive craignent que leurs camarades francophones et anglophones ne se désistent à la dernière minute en les laissant manifester seul-es dans les rues de Montréal. C'est finalement un membre du cercle « Aide Mutuelle », le poète Jack Dorman, qui servit de pont entre les différents groupes linguistiques, permettant à chacun d'eux de compter sur l'appui des autres. Des socialistes et des libertaires francophones, dont Albert Saint-Martin (une sorte de Michel Chartrand d’avant-guerre), se joignent à la manif.

Les commentateurs étaient incrédules face à cette première manifestation de gauche à Montréal. La veille du défilé, le chroniqueur ouvrier du journal La Patrie doute fortement du succès de celui-ci : « Les gens ont hâte de voir quelle figure vont faire les socialistes à cette première manifestation qu’ils organisent ici à l’occasion de la fête du 1er mai. On se demande également s’ils déploieront le drapeau rouge en tête de leur procession. (...) La procession se composera croyons-nous, presqu’exclusivement d’étrangers, de juifs russes notamment. »

La manifestation est finalement un succès. La Patrie le reconnaît d’ailleurs quand elle écrit : « la manifestation socialiste d’hier soir a été imposante et par le nombre de manifestants et par l’enthousiasme qui n’a cessé de régner dans les rangs de la longue procession (...). Autant que nous avons pu en juger, les personnes qui portaient hier soir les couleurs du socialisme, l’insigne rouge, étaient au nombre de 5 à 600 (...). Quand le drapeau rouge fit claquer ses plis à la tête de la procession, des hourras formidables l’accueillirent. Les socialistes batirent des mains et la musique italienne joua l’air de l’hymne L’Internationale. MM Dorman et Albert Saint-Martin, les organisateurs de la démonstration, ayant donné le signal du départ, un millier de personnes se mirent en marche à la suite du drapeau rouge sur lequel était inscrit en lettres blanches ses mots : « Travailleurs du monde, unissons-nous! ». » Devant l’Université, les manifestant-es lancent les slogans « A bas la calotte! » et « Vive l’anarchie », des étudiants veulent leur faire un mauvais parti mais la police s’interpose.

Malgré les injonctions du chroniqueur de La Patrie, qui avait prédit que « pas une seule des unions professionnelles locales, affiliées aux unions internationales, ne prendra part à cette manifestation si toutefois elle a lieu », il y eut même des grévistes à ce premier Premier mai au Québec. En effet, toujours selon La Patrie, les employés de la « Bargain Clothing Co » s’étaient « mis en grève parce que le propriétaire avait refusé de leur donner congé le 1er mai et de signer un contrat pour la diminution des heures de travail. »

À leur arrivée au Champ de Mars, Jack Dorman prend la parole pour dénoncer « le pouvoir des despotes », tout en prédisant « le triomphe du socialisme dans tout l'univers ». Il encourage les participant-e-s à manifester leur solidarité avec trois membres de la Western Federation of Miners accusés du meurtre du gouverneur de l'Idaho. Une quête s'organise séance tenante parmi les manifestant-e-s et rapporte la somme de 8 $. Albert Saint-Martin, quant à lui, déclara en français, en anglais et en esperanto, que le drapeau rouge est le drapeau des nations, que c’est celui qui « brisera les fers de l’opprimé et qui anéantira les tyrans ».

Cette première célébration du 1er mai marque le début d’une tradition à Montréal. Chaque année, des centaines, voire des milliers de personnes (comme en 1914) défileront dans les rues de Montréal malgré la répression qui s'abat progressivement sur eux. Le clergé catholique cherche par tous les moyens à interdire toute autre démonstration. Cet appel sera entendu par des étudiants de l'université. Ceux-ci iront par dizaines attaquer les manifestant-e-s réuni-e-s au Champ de Mars le 1er mai 1907 avant que le rassemblement ne soit finalement dispersé par les charges répétées de policiers à cheval. Le même scénario se reproduira pendant plusieurs années sans pour autant freiner l'ardeur des militant-e-s socialistes, communistes et anarchistes qui poursuivent néanmoins leurs activités jusqu’à la veille de la Deuxième guerre mondiale.

Renaissance du Premier mai au Québec

Ce n’est q’au début des années 1960, une fois l’essentiel de la répression anti-communiste passée, que des militant-es politiques vont recommencer timidement à souligner le premier mai à Montréal. Au début des années 1970, toutefois, la donne change du tout au tout. Dans la foulée du front commun de 1972, le Conseil central de Montréal de la CSN (alors sous la présidence de Michel Chartrand) propose d’organiser un Premier mai pour exiger la libération des présidents de la CSN, de la FTQ et de la CEQ alors en prison. Plus de 30 000 syndiqué-es participeront à cette première édition de ce qui deviendra le traditionnel Premier mai syndical que nous connaissons aujourd’hui.

Qu’on n’aille pas croire que les révolutionnaires des Premiers mai d’hier sont absent-es de ces « nouveaux » Premier mai syndicaux. Au contraire! Le 1er mai 1973 sort le premier numéro d’un nouveau journal, En lutte!, animé par l’ex-felquiste Charles Gagnon. C’est le début du mouvement marxiste-léniniste qui sera si puissant quelques années plus tard (allant jusqu’à regroupper plus de 5 000 personnes à la queue des cortèges syndicaux). Les anarchistes aussi, quoi qu’avec un peu de retard, se manifesteront rapidement. Ainsi, le 1er mai 1976 paraît le premier numéro d’un journal anarchiste : La Nuit. L’idée du journal, qui se sort qu’une fois par année!, est d’aller titiller les rouges, dont les cortèges du Premier mai sont la principale démonstration de force, mais aussi les nationalistes (le titre au complet du journal est « La Nuit où il n’y aura plus de maître du tout », un pied de nez au quotidien indépendantiste Le Jour, dont le slogan était « Le Jour où nous serons maîtres chez-nous »).









Source :

Origine du premier mai - Article de Wikipedia et l’article de Richard Saint-Pierre « Albert Parsons et l’origine de la fête du 1er mai – Dans le sommeil de nos os » dans le no 19 d’À Babord.

Premier mai au Québec - Le 1er mai au Québec : 100 ans de luttes! et Albert Saint-Martin, militant d’avant-garde (par Claude Larivière).


Mise-à-jour - Je viens de voir une référence à une manifestation du premier mai ayant regroupée 15 000 ouvriers à Montréal en... 1891. C'était dans "Le travailleur québécois et le syndicalisme" de Richard Desrosiers et Denis Héroux, publié chez les Presses de l'Université du Québec en 1973. Faudrait que je vérifie...

Sont jamais content (sic!)

Le Front de défense des non-syndiqué-e-s (FDNS), un lobby regroupant une trentaine de groupes populaires et de syndicats, se plaint encore la bouche pleine. Voilà que ces dignes représentants de notre go-goche nationale ne sont pas content du gros trente sous (comme on disait dans le temps) que notre gouvernement veut leur donner à compter de demain. À les entendre, il serait impossible de sortir de la pauvreté même avec la hausse proposée du salaire minimum. Non mais qu'est-ce qu'ils veulent cette bande de poilus? La faillite de toutes nos belles PME et la fuite des cies étrangères (comme McDo) qui créé de l'emploi dans notre belle province? Le salaire minimum à 10$ de l'heure, non mais, tu parles d'une folie! Heille! Le Québec c'est pas l'Ontario... Faudrait couper un peu plus le BS pour rendre ça encore moins attrayant, ça leur passerait le goût de revendiquer!

[En passant, c'est de l'ironie... J'ai eu le malheur de lire en diagonale J-Jacques Samson au café samedi dernier, ça m'a donné des idées]

Cliquez pour lire le communiqué du FDNS.

Vote de grève massif à la SIQ

COMMUNIQUÉ SCFP:

Les employés de la Société immobilière du Québec (SIQ), affiliés au SCFP, ont voté à 96 % en faveur d’un mandat de grève à exercer au moment jugé opportun. Le résultat a été dévoilé au terme d’une tournée régionale qui a permis d’exposer à l’ensemble des 435 syndiqués les blocages rencontrés à la table de négociation.

Évidemment, le président du syndicat était fier de l’appui reçu des membres. «Nous sommes très heureux de la confiance qui nous est accordée par nos confrères et consœurs. Avec ce mandat fort, on va être en mesure de faire bouger les choses. Le message à l’employeur est sans équivoque : nous sommes mobilisés, sérieux et son immobilisme n’est plus acceptable», a lancé Serge Genest, président du SCFP 2929.

La convention collective du syndicat des employés de la SIQ est échue depuis décembre 2003, et une trentaine de rencontres de négociation ont déjà eu lieu entre les parties. Les points de litige concernent principalement les clauses salariales, la sous-traitance et la vie syndicale.

La SIQ est l’organisme qui assume la gestion et l’entretien du parc immobilier du gouvernement du Québec, soit plus d’un millier de bâtiments répartis sur tout le territoire québécois.

Même la CSD...

On as-tu chialé contre la maudite CSN qui ne voulait pas faire entendre raison aux ploucs d'Olymel qui s'entêtaient à voter contre le charcutage de leurs conditions de travail... Ah, ça ne pouvait qu'être la faute de la méchante CSN. On sait bien, un autre syndicat plus pragmatique aurait accepté de bon coeur les généreuses propositions patronales... Il va peut-être falloir que certains idéologues révisent leurs petit cathéchisme néolibéral. En effet, même la CSD se refuse au même genre de coupe sombre dans les salaires de ses membres. Finalement, c'est peut-être tout simplement la classe ouvrière qui n'a rien compris?

[Ok, on a compris que s'était de l'ironie...]

Le travail tue… encore

En 2006, 206 personnes ont perdues leur vie à la gagner au Québec. Heureusement, c’est un peu moins qu’en 2005 (223 morts, un record) mais c’est néanmoins alarmant. En fait, selon les syndicats, la mortalité au travail est en hausse constante depuis deux décennies.

Samedi dernier, c’était le « jour de deuil national » (et international), une journée mise sur pied pour parler de santé et sécurité au travail. « En 1984, lorsque le Jour de deuil national a été décrété, les commissions des accidents du travail de tout le Canada avaient reconnu 744 morts au travail, a rappelé Paul Moist, le président pan-canadien du SCFP. En 2005, il y en avait 1097. Aussi horribles que soient ces statistiques, la réalité est encore pire, parce que de nombreuses maladies professionnelles ne sont pas reconnues par les commissions des accidents du travail.»

Pour Henri Massé, il y a deux poids, deux mesures dans notre société. « Le Québec ne peut certainement pas pavoiser lorsqu’on y constate un taux de 6,43 morts par tranche de 100 000 travailleurs contre un taux d’homicide de 2,16 par tranche de 100 000 de population » a dit-il dit lors d’un rassemblement de la FTQ à Montréal. « Ces morts de travailleurs ne font pas souvent la manchette mais elles n’en sont pas moins violentes avec des conséquences dramatiques pour les familles et l’entourage », a ajouté le président de la FTQ.

« Oui on peut et on doit parler sérieusement d’augmentation substantielle des amendes, d’accroître le nombre d’inspecteurs de la CSST, de poursuites criminelles contre les employeurs fautifs. Mais par dessus tout, ça prend une volonté politique à Québec pour que les mécanismes de prévention, la mise sur pied de comités de santé et sécurité, la nomination d’un représentant à la prévention, pourtant prévus dans la loi depuis 1979, s’appliquent à tous les travailleurs sans exception. Aujourd’hui encore, en 2007, quelque 85 % des travailleurs n’y ont pas droit. On peut carrément parler d’un régime de santé et sécurité du travail à deux vitesses. Et la CSST ne peut se cacher derrière le laxisme du gouvernement, elle dispose de pouvoirs d’intervention qu’elle pourrait utiliser plus souvent », a indiqué Henri Massé.

Les oubliés de 1967

« Je m’en voudrais enfin de ne pas rappeler que ce 28 avril, il y a 40 ans, c’était bien sûr l’ouverture au grand public de l’Exposition universelle de Montréal, mais c’était également l’aboutissement d’un chantier qui a coûté la vie à 10 travailleurs, sans compter les 12 décès sur le chantier du métro. De cela aussi, il faut se rappeler 40 ans plus tard », a fait valoir M. Massé.

Selon l’ACNOR (Association canadienne de normalisation), en septembre 2006, le Canada se classe parmi les pires pays du monde industrialisé au chapitre de la santé-sécurité avec un taux de sept morts par tranche de 100 000 travailleurs. Il se classe au 5ème rang des taux les plus élevés de l’OCDE, devancé seulement par la Corée, le Mexique, le Portugal et la Turquie.


Illustration : un montage que j’ai fait l’an passé pour la revue libertaire Ruptures.

dimanche 29 avril 2007

À signaler - Cahier spécial Travail du Devoir

Une fois par année, la fin-de-semaine précédant le 1er mai, Le Devoir publie un cahier spécial sur le syndicalisme. C'est l'occasion d'un portrait du mouvement ouvrier québécois et des enjeux auxquels il fait face. C'est aussi l'occasion d'entendre parler d'autres groupes que les traditionnels FTQ et CSN. Dans ce numéro, par exemple, on traite de la CSD et de la FISA, deux groupes beaucoup moins "médiatiques" que les autres.

Au sommaire :

À signaler - Le vrai danger : l’information spectacle



En marge des enjeux du conflit en cours au Journal de Québec, le blogue À gauche de l'écran signale ce matin un texte des plus intéressants de Pierre Vennat (à l'époque journaliste à La Presse, aujourd'hui retraité) sur l'évolution des médias québécois.

Dans le cadre d'un colloque sur les médias et la démocratie (en 2002), le journaliste était appelé à prononcer une conférence lors de laquelle il affirmait que le vrai danger qui guette les médias c'est l'information spectacle. Le journaliste vétéran, il a commencé sa carrière à La Presse en 1959, souligne que les pressions politiques sur les journalistes étaient bien pire lorsque les grands médias étaient la propriété de familles bourgeoises plutôt que de grands conglomérats économiques comme aujourd'hui. Les grands conflits sur l'autonomie professionnelle des journalistes se sont d'ailleurs menés à une autre époque (dans les années 1960-70). Aujourd'hui, ce qui menace la qualité de l'information ce n'est plus d'avoir le patron au dessus de l'épaule mais le représentant du département de marketing. C'est ce dernier, armé de ses rapports de "focus groups" sur ce que le peuple veut lire, qui détermine aujourd'hui la "ligne" d'un média!

À partir de son expérience personnelle à La Presse, Vennat fait le tour des changements qui sont intervenus dans les médias depuis une trentaine d'années et qui ont accompagné le glissement vers l'information spectacle. Comme tout cela a été fait dans le contexte d'une course aux profits, donc d'une course à l'audience, le journaliste se demande si, en quelque part, nous n'avons pas, comme société, les médias que nous méritons. Il termine sur une injonction tonitruante : vous voulez de la qualité : exigez-la. Et boycottez ceux qui ne vous la donnent pas!

À lire (format pdf) : Le vrai danger : l’information spectacle

samedi 28 avril 2007

À signaler - Un lock-out pour les actionnaires

Le Soleil n'a pas voulu toucher au dossier de la convergence et des enjeux de fond derrière le conflit au Journal de Québec dans ses pages régulières... Sauf que quelqu'un a eu la bonne idée de solliciter l'opinion du prof de l'Université d'Ottawa Marc-François Bernier, un ex du Journal qui y sévissait en même temps que François Bourque. Ça donne le texte "Un lock-out pour les actionnaires" publié ce matin (uniquement dans la version papier, bizarrement -> M-à-j Finalement, l'opinion a été mise en ligne lundi matin).

Avouons que la situation est légèrement "particulière" : voilà un grand journal qui demande à un intellectuel de se prononcer sur une question. Sauf qu'au lieu de faire une entrevue, on lui ouvre la page opinion... M'enfin.

MISE-À-JOUR - Un sympathique précaire de l'info a eu la bonne idée de retaper le texte et de le diffuser sur diverses listes électronique, le voici donc :

Le Soleil, samedi 28 avril 2007
Analyse
Un lock-out pour les actionnaires


Marc-François Bernier, coordonnateur du programme de journalisme de l'Université d'Ottawa*

Au risque de simplifier à outrance, je résumerais ainsi le lock-out préparé de longue date qui s'est abattu sur les journalistes du Journal de Québec la fin de semaine dernière. Il a comme objectif primordial de maximiser la convergence pour satisfaire les actionnaires et non pas celui d'améliorer la qualité et la diversité de l'information.

La convergence des médias, c'est essentiellement de pouvoir diffuser des textes, des images et du son sur un même support informatique grâce à la numérisation. Elle est une véritable révolution qui transforme profondément et rapidement les façons de faire du journalisme et l'industrie des médias.

À cause de la convergence - ou grâce à elle selon le point de vue - les habitudes de fréquentation des médias sont en mutation. Ainsi, les jeunes lisent peu le journal et il faut les rejoindre autrement pour intéresser les annonceurs. Internet est plus attrayant et interactif que les médias traditionnels. Quant à la publicité, elle se déplace sur d'autres supports que le journal quotidien payant ou la station de télévision généraliste comme TVA. Il y a aussi les journaux gratuits qui se multiplient et la concurrence qui est plus forte que jamais.

Le profit maximal

Quebecor a donc de bonnes raisons de réagir aux changements qui frappent tous les médias d'information. Bien rares sont les journalistes qui nient cette réalité. Il faut modifier les façons de faire révolues. Mais on peut questionner la sagesse et la pertinence de provoquer un conflit de travail pour arriver le plus vite possible à de tels résultats. On peut même croire que ce n'est pas pour améliorer la qualité et la diversité de l'information que Quebecor bouscule ses employés. La principale raison est la recherche du profit maximal à court terme, pour plaire aux actionnaires.

Plusieurs chercheurs soutiennent que, depuis le début des années 80, les médias d'information ont négligé leurs fonctions démocratiques et l'intérêt public pour devenir des entreprises très rentables. Surtout lorsque leurs actions se transigent sur les marchés publics de Toronto et de New York. C'est le mode de propriété des médias et la pression des marchés qui favorisent l'implantation accélérée de stratégies de convergence.

Cela a des effets concrets, et parfois douloureux, sur l'organisation du travail des journalistes qui doivent être plus productifs, non pas en termes de qualité de l'information (celle qui est vraie et sert l'intérêt public notamment), mais en termes de volumes de nouvelles et de reportages produits rapidement, adaptés et diffusés sur plusieurs plates-formes (journal, Internet, télévision, baladodiffusion, radio, téléphones cellulaires, etc.). Cela favorise souvent les reportages triviaux et spectaculaires, au détriment de l'enquête sérieuse, de la vérification rigoureuse ou de l'équité.

En soi, la convergence n'est pas nécessairement une menace pour la démocratie. Au contraire, on pourrait soutenir qu'elle permet plus que jamais la diffusion de l'information à des publics de plus en plus différents et mobiles. Mais elle doit se faire dans le respect de l'intégrité du journalisme.

Or, la convergence à la sauce Quebecor est un mélange plus ou moins subtil de journalisme, de publicité, de messages de persuasion, d'autopromotion et d'autocensure. On l'a vu ces derniers mois quand aucun de ses journalistes n'a critiqué ou dénoncé la faiblesse des reportages portant sur la qualité de l'eau des piscines publiques de Montréal ou encore relevé les failles méthodologiques du sondage sur le prétendu racisme des Québécois.

Pourtant, les journalistes de Quebecor sont souvent excellents, contrairement à ce que croient ceux qui les méprisent et portent le deuil d'un âge d'or du journalisme qui n'a jamais existé. Mais ces journalistes sont à la fois des professionnels qui tentent de résister aux pressions de leurs patrons et des employés obligés de s'y soumettre.

De plus, cette convergence est imposée au sein d'une entreprise de presse dont le poids est déterminant au Québec en raison de la très grande concentration de la propriété des médias. Cela permet à Quebecor d'imposer dans le débat public les enjeux qui favorisent ses tirages et ses cotes d'écoute (faits divers, criminalité, racisme, immigration, spectacles, sports, etc.) et de faire le promotion de ses intérêts d'affaires (artistes, disques, spectacles, livres, magazines, etc.). Il devient alors impossible d'échapper aux messages qui saturent le Québec.

L'enjeu réel

Pour l'instant, les questions de la qualité et de la diversité de l'information n'ont pas encore été invoquées publiquement par les parties qui s'affrontent sur la semaine de travail, la souplesse des conventions collectives, le salaire moyen des journalistes, la délocalisation des annonces classées en faveur de l'Ontario, etc.

Espérons que les enjeux journalistiques liés à la stratégie de convergence de Quebecor vont reprendre la place réelle qu'ils méritent dans le débat public. Ce lock-out va bien au-delà des conditions de travail des employés et des profits anticipés par les actionnaires. Il faudrait bien parler, un jour, du grand détournement de la mission démocratique du journalisme afin de satisfaire des intérêts d'affaires. Cela concerne la majorité des médias d'information, mais est encore plus flagrant au sein de l'empire Quebecor.

* L'auteur a travaillé comme journaliste au "Journal de Québec" de 1986 à 2000. À l'invitation du "Soleil", l'auteur analyse certains enjeux liés au lock-out décrété par Quebecor.

Contruction : ça commence à brasser

Lu sur Tetoine's Palace

Incident isolé ou début d’une réaction en chaîne ?

Il fallait s’y attendre.

Les tensions syndicales commencent (ou recommencent, ou se poursuivent) suite aux négociations dans le secteur de la construction.

Un chantier d’Hydro-Québec fermé au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Plus de détails ici.

S’agit t-il d’un incident isolé ou du début d’une réaction en chaîne sur les chantiers ? Ce dossier demeure certainement à suivre.

Lire la suite sur le blogue d'Antoine.

vendredi 27 avril 2007

Flashback : les bâtisseurs oubliés d'Expo 67

(Aujourd'hui le site de la FTQ fait sa 'une' avec la chronique historique du dernier numéro du Monde ouvrier. Je me suis permis de reprendre le texte ici (en l'agrémentant de certains des illustrations tirés du pdf du journal).

Montréal commémore le 40e anniversaire d’Expo 67
Expo 67 : les bâtisseurs oubliés


C’est avec la Chambre de commerce du Montréal métropolitain que la ville de Montréal s’est associée pour l’organisation des festivités marquant le 40e anniversaire d’Expo 67. On parle d’un grand festival des cultures, d’un héritage, d’un point tournant dans l’histoire de Montréal… Mais ceux et celles qui l’ont bâtie cette « Terre des Hommes », avec leur sueur et même leur sang, les a-t-on encore oubliés?

Un chantier hors du commun

À six mois de l’ouverture, environ 6 000 travailleurs s’affairaient sur le chantier de l’Expo. Le Monde ouvrier leur rend visite en mars 1967. Les ouvriers rencontrés sur le chantier d’Habitat 67 y travaillent depuis 34 jours, à raison de 10 heures par jour, sans aucune journée de repos! Le record historique du plus faible taux de chômage au Québec, soit 4,1 %, fut enregistré en 1966, en grande partie à cause des travaux sur le site de l’Expo.

Mais déjà, le Monde ouvrier d’alors s’interroge : quand l’Expo ouvrira ses portes, « est-ce qu’on se rappellera encore, à ce moment, les hommes qui ont édifié, jour après jour, nuit après nuit, chacune des parties de la « Terre des Hommes »? Qui s’en rappellera quarante ans après…?

Et quels travaux!

En dix mois, pour agrandir les deux îles sur le fleuve Saint-Laurent, il fallut transporter 15 millions de tonnes de terre et de roche. Les deux plus puissants dragueurs au monde excavèrent 6 825 000 tonnes du lit du fleuve. Le reste fut transporté par camions des excavations du métro de Montréal.

Il a fallu voir à l’érection, entre autres, de 847 édifices, 27 ponts, 51 milles de routes ou de chemins piétonniers, 23 milles d’égoûts et de tuyaux d’écoulement, 107 milles de canalisation pour l’eau, le gaz, l’électricité et l’éclairage. Il fallait aussi installer ou aménager des espaces de stationnement pour plus de 24 000 véhicules, 14 950 acres de gazon, 898 000 arbustes, plantes et bulbes, 256 piscines, fontaines et sculptures, des bancs pouvant asseoir 6 200 personnes, 4 330 bacs à déchets et 6 150 fixtures d’éclairage extérieur!

L’apport du mouvement syndical

En éditorial, dans sa livraison de juin 1967, Le Monde ouvrier, brosse le portrait de la situation :

« Il y a cinq ans, quand le maire Jean Drapeau entreprit d’obtenir pour Montréal l’Exposition universelle de 1967, c’est dans l’enthousiasme et l’unanimité que le syndicalisme métropolitain, FTQ comme CSN, prit l’engagement d’éviter toute grève depuis la mise en chantier jusqu’au démantèlement de la Terre des hommes. (…) Il importe de se rappeler que la renonciation à la grève constituait alors une condition essentielle à la venue ici de l’Expo 67, que sans elle il n’y aurait pas eu d’Exposition universelle, du moins pas à Montréal. »

« C’est pourquoi, en retour de leur renonciation à l’exercice du droit de grève, les syndiqués ont alors exigé et obtenu des garanties formelles visant à protéger les travailleurs de l’Expo contre toute forme d’exploitation. C’est ainsi qu’on a mis au point un mécanisme d’arbitrage des différends sur les salaires et les conditions de travail, de même que sur les conflits de juridiction entre la FTQ et la CSN, ou entre affiliés des deux centrales. »

Pas une mince tâche qui attendait l’ex-conseiller juridique de l’Association de la Construction de Montréal devenu directeur des relations de travail à la Compagnie canadienne de l’Exposition universelle de Montréal, Me Jean Cournoyer, futur ministre du Travail, d’abord dans un gouvernement de l’Union Nationale, puis du Parti libéral.

« D’ailleurs, si l’Expo 67 est une réussite et fait la joie de tous, ce n’est certainement pas aux employeurs qu’on le doit. On connaît leur réticence à commanditer des pavillons; on connaît moins et même pas du tout, leur intransigeance stupide et dangereuse au sein de l’organisme créé par l’Expo pour veiller à l’application de la convention collective de travail. Nous estimons que les travailleurs peuvent être fiers de s’être imposés librement certaines contraintes commandées par le sens de l’hospitalité, plutôt que de s’être faits asséner des lois extraordinaires comme les propriétaires d’hôtels et d’appartements ». (On fait référence ici au « scandale de Logexpo », alors que des touristes furent inscrits dans des motels inexistants ou insalubres et que l’hypothèse de la corruption fut publiquement soulevée et vertement dénoncée dans Le Monde ouvrier).

Une « EXPO » pour l’élite?

Le Monde ouvrier se fait le porte-parole des travailleurs visités sur le chantier. On vient d’annoncer qu’on présenterait, durant l’Expo, un visage immaculé de la ville, sans chantiers. Devra-t-on aller travailleur en dehors de la ville, peut-être dans d’autres provinces? Mais il y a plus frustrant.

« Les actuels bâtisseurs de la « Terre des Hommes » ont la conviction que les meilleures parts ne seront pas pour eux. Ils ont l’impression qu’il faudra dépenser beaucoup d’argent pour pouvoir assister aux meilleurs spectacles, pour dîner dans les meilleurs restaurants de l’Expo. Eux qui ont bâti l’Expo devront se contenter de participer à ce qui est gratuit, à ce que l’on réserve aux humbles de la terre. La frustration perce dans leur propos. Ils acceptent mal qu’une élite, toujours une élite, se réserve des spectacles pour fins gourmets des yeux parce que tout est basé sur la capacité de payer. Ils auraient souhaité, et n’ont-ils pas raison, venir visiter une « Terre des Hommes » où tous les hommes, du moins pendant six mois, auraient été sur le même pied, riches comme moins riches. »

28 avril 1967- 28 avril 2007

Inaugurée par « l’élite » des dignitaires la veille, c’est le 28 avril 1967 que s’ouvrent les guichets pour le grand public. Pendant 185 jours, plus de 50 millions de visiteurs visiteront l’Expo, qui clôturera ses activités le 29 octobre.

Le 4 septembre, c’est la Fête du Travail. Place des Nations, 10 000 travailleurs et travailleuses assistent à un spectacle de Gilles Vigneault et de Pauline Julien.

On peut y voir Donald McDonald, représentant le CTC et la CISL, Marcel Pepin de la CSN, Louis Laberge et Gérard Rancourt de la FTQ.

On couronne, pour une des dernières fois, « Miss Étiquette syndicale », la consoeur Pauline Goulet, de l’Union du Tabac, représentante du Conseil du Travail de Montréal.

Mais un autre événement est beaucoup moins festif. On dépose deux couronnes de fleurs en l’honneur des 10 ouvriers tués lors de la construction de l’Expo, victimes d’accidents du travail, ceux-là doublement oubliés parmi tous les travailleurs et les travailleuses qui ont permis la réalisation d’Expo 67.

Le syndicalisme a été présent à chaque instant de cette réalisation.

Alors, pour nous, les oubliés du 40e, pourquoi ne pas consacrer une pensée toute spéciale, le 28 avril prochain, Journée commémorative des victimes des accidents du travail, à ces dix travailleurs morts au combat, comme Saint-Exupéry, l’inspirateur de la « Terre des Hommes ». Et tant pis pour l’élite amnésique de 2007, nous les fils des bâtisseurs de 1967 nous en rappellerons.

Le Vieux Gustave

Source: Le Monde ouvrier

La convergence, angle mort des médias

Il ne s'est trouvé aucun journaliste (ou alors aucun patron de presse) pour reprendre l'analyse du président de la CSQ sur les enjeux du conflit au Journal de Québec. Pourtant, le communiqué avait été envoyé sur CNW-Telbec en bonne et due forme. Rien, niet, nada, silence radio. C'est space... La convergence, angle mort des médias?

Le Front commun à Hamad : "Dit pardon mononcle..."

Sam Hamad, le nouveau Ministre de l'emploi et de la solidarité sociale (sic!), a demandé récemment une rencontre avec les représentant-es du Front commun des personnes assistées sociales du Québec (FCPASQ). Invitation qui laisse de glace (ce sont leurs mots) les dit représentant-es.

Moins d'une semaine après sa nomination, Sam Hamad a attisé les préjugés en affirmant lundi dernier, dans le Journal de Québec, que "les BS qui n'ont pas de contraintes sévères à l'emploi ne sont pas intéressés à aller travailler actuellement. Ils ont tout...". C'est suite à ces propos irresponsables que le ministre a sollicité une rencontre avec le FCPASQ...

"Le ministre Hamad veut nous rencontrer? Suite aux propos qu'il a tenu sur les personnes assistées sociales, c'est hors de question!" s'est exclamée Nicole Jetté, porte-parole du Front commun. "Avant que le FCPASQ soit intéressé à le rencontrer, le ministre devra démontrer une attitude de respect envers les personnes assistées sociales". Pour ce faire, le regroupement national exige une rétractation publique de la part du ministre Hamad et un engagement formel d'entreprendre une campagne nationale pour lutter contre les préjugés dont est la cible les personnes assistées sociales.

D'habitude, j'avoue que je ne tripe pas fort sur le Front commun et son approche dite conscientisante sauf que là je suis sans voix. Que voilà une réponse fière et digne! Je ne suis pas sûr que ça fasse beaucoup avancer la cause mais, vraiment, chapeau! Non mais quel culot...

jeudi 26 avril 2007

MédiaMatin Québec ne sera pas bâillonné

Quebecor est débouté en cours supérieure, les lock-outés continuent de publier leur journal et dénoncent l'intimidation patronale.

COMMUNIQUÉ du SCFP - Les lockoutés du Journal de Québec persistent et signent. Les mises en demeure de Quebecor et la demande d’injonction les intimant de cesser la publication du MédiaMatin Québec les laissent de marbre. Ils ont d’ailleurs eu gain de cause cet après-midi lorsque la demande d’injonction provisoire de Quebecor a été rejetée par la Cour supérieure. Déterminés à poursuivre leur moyen de pression et rassurés sur la légalité et la légitimité de leur action, les membres du SCFP continueront donc à éditer, tous les matins de la semaine, le nouveau journal gratuit de la Capitale. «Nous ne sommes pas étonnés outre mesure par cette tentative de nous bâillonner. Cependant, la manœuvre ne brille pas par sa subtilité. On cherche à nous intimider même si nous sommes dans notre bon droit. Cela ne nous inquiète pas du tout, au contraire on y voit une bonne nouvelle, c’est la démonstration que notre moyen de pression fonctionne. Notre réponse à leur lock-out leur fait mal. C’est tout», affirme Denis Bolduc, porte-parole des lockoutés.

Dans sa demande, l’employeur prétend que les syndiqués, en préparant et publiant un journal concurrent, ont commis un acte de déloyauté. Quebecor suppose également que la préparation de ce quotidien aurait empêché les comités de négociation syndicaux de jouer leur rôle avec diligence. Des allégations qui n’impressionnent guère les représentants syndicaux. «Doit-on rappeler que c’est l’employeur qui nous a mis à la rue pour tenter de nous forcer à accepter des reculs dans nos conditions de travail? Doit-on souligner à nouveau que nous n’avions pris aucun vote de grève avant que Quebecor ne provoque le conflit? Nous avons toujours négocié de bonne foi et cherché un compromis raisonnable. Pour ce qui est du moyen de pression choisi par nos membres, il est légal et ce n’est pas Quebecor qui va dicter notre ligne d’action», lance Denis Bolduc.

Les syndicats soulignent que les spécialistes en relations du travail qui se sont prononcés sur la question depuis hier vont dans le même sens que les avocats du SCFP. Rappelons que notre régime de relations du travail au Québec est basé sur des pressions économiques réciproques lors de conflits de travail. Mettre des employés en lock-out représente une pression économique exercée par l’employeur; effectuer des moyens de pression qui peuvent infléchir la rentabilité de l’entreprise constituent une réponse légitime et prévue pour les syndiqués.

«Nous avons trouvé un moyen de pression original, pacifique, efficace et apprécié de la population. Nous allons tout mettre en œuvre pour poursuivre cette action tant qu’un règlement acceptable ne sera pas obtenu», de conclure Denis Bolduc.

Les quelque 280 salariés travaillant au Journal de Québec, une division de Corporation Sun Media, sont représentés par quatre syndicats (Bureau, Imprimerie, Rédaction, et Représentants publicitaires), tous affiliés au Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP-FTQ). Seul le syndicat des représentants publicitaires en est venu à une entente avec l’employeur, entente adoptée par une courte majorité de 54,5%. Tirant à 104,000 exemplaires en semaine et à 127 000 le samedi, le Journal de Québec est le premier quotidien de la Capitale nationale.

En plus des employés du Journal de Québec, le SCFP compte 7000 membres dans les communications au Québec et est présent dans plusieurs autres secteurs, notamment la santé et les services sociaux, les universités, l'éducation, les transports urbain et aérien, les sociétés d'Etat et organismes publics québécois, l'hydroélectricité et les municipalités. Avec près de 100 000 membres, le SCFP reste le plus important affilié de la FTQ qui, elle-même, est la plus imposante centrale syndicale au Québec avec 500 000 membres.


Un commentaire du blogueur : Il me semble que la loyauté, ça marche dans les deux sens... Quelle espèce de loyauté à l'entreprise doit-on quand on se fait mettre en lock-out. Par ailleurs, selon le communiqué, Quebecor suppose également que la préparation de ce quotidien aurait empêché les comités de négociation syndicaux de jouer leur rôle avec diligence. Ouain, pis la mise sur pied d'une salle de presse parallèle à Toronto, l'embauche de cadres supplémentaires et de 200 gardiens de sécurité à Québec, les démarches pour faire imprimer le journal en Ontario, etc. Toutes les démarches entreprises par Quebecor pour sortir le Journal de Québec malgré tout, tout ça donc n'aurait-il pas empêché les comités de négociation patronaux de jouer leur rôle avec diligence?

* * *

MISE-À-JOUR - Selon les médias, ce n'est que la demande d'injonction qui a été rejetée, les syndiqués et les patrons se verront en cour le 4 mai prochain pour trancher le fond de l'histoire. Le Soleil a publié le texte le plus complet sur le sujet (À lire ici).

Quebecor : Nouveaux développements

Selon les quotidiens Gesca de ce matin, Quebecor fait tout pour forcer ses collaborateurs à continuer de collaborer contre leur gré à la publication du Journal de Québec malgré le lock-out. Contrairement à des informations diffusées hier, Quebecor n'a finalement pas accepté d'accomoder Mme Payette en ne publiant pas sa chronique du Journal de Montréal dans le Journal de Québec. « Si on n’est pas capable de me dire que ma chronique reste dans le Journal de Montréal, qu’elle ne s’en va pas au Journal de Québec, je n’ai pas d’autre choix que de ne pas envoyer de chronique », a déclaré au Soleil Mme Payette. Elle ne sait pas si elle reviendra au Journal de Montréal après le conflit. Pour l'instant, elle semble bien être la seule à avoir pris cette décision.

Du côté des journalistes syndiqués du Journal de Montréal, ils ont décidés de faire grève de signature lors d'une assemblée générale hier. « On était extrêmement mal à l’aise avec notre statut apparent de briseur de grève (...) Il est ressorti que tout le monde considérait que leur conflit était un peu le nôtre et qu’on allait aussi mettre l’épaule à la roue », a expliqué au Soleil la présidente du Syndicat des employés de l’information du Journal de Montréal, Chantale Léveillée. Un grief a également été déposé pour faire respecter une clause de la convention collective qui donnerait, selon l'interprétation syndicale, le droit aux journalistes de ne pas voir leur travail utilisé dans un autre média en grève.

Autre développement, le Bloc Québécois a annoncé qu'il ne donnerait plus d'entrevue au Journal de Québec tant que le lock-out durerait. Le Bloc rappele que c'est une position traditionnelle du parti qui avait fait la même chose pendant le lock-out à Radio-Canada.

Je me demandais comment serait accueilli le conflit dans une région de plus en plus à droite et de plus en plus antisyndicale. Il semble bien qu'en renonçant au piquetage et en lançant un quotidien alternatif, les syndiqués du Journal de Québec aient désamorcé toutes les critiques de leurs collègues populistes. Ainsi, tous les grands noms de droite de la radio de la capitale (les Jeff Fillion, André Arthur et cie) ont salué l'initiative des lock-outés. Que voilà des gens responsables ont-ils tous criés en coeur. Les syndiqués ont réussi avec leur quotidien alternatif à se démarquer de l'image traditionnelle du syndiqué chialeux et gueulard et ont conservé une image de professionnels fiers et autonomes alors que de l'autre côté la cie a l'air du grand méchant qui se construit un camp retranché avec ses barricades et ses 200 agents de sécurité. Un coup de génie psychologique.

D'ailleurs, la situation semble déplaire souverainement à Quebecor qui aurait envoyé hier des mises-en-demeure à ses syndiqués les enjoignant à cesser immédiatement de publier leur quotidien alternatif. On se demande bien ce qu'on peut leur reprocher mais bon... Faut croire qu'ils ont touchés une corde sensible !

MISE-À-JOUR - Pat Lagacé en sortie une bonne sur son blogue : L'arrogance à un visage (à propos de Luc Lavoie, porte-parole de Quebecor).

Rivière-Rouge : un projet de relance pour le centre de tri

Une coalition d'élus, de résidents et de syndiqués a déposé hier un projet de relance pour le centre de tri de Rivière-Rouge. L'idée de base est de créer une coopérative environnementale qui miserait sur l’intégration d’une offre de service complète pour le traitement des matières résiduelles domestiques, industrielles, commerciales et institutionnelles (ICI) de la MRC Antoine-Labelle. Cette approche permettrait de "rentabiliser" le centre de tri et d'atteindre les objectifs de Québec en matière de réduction des matières résiduelles. Rappelons que le centre de tri avait été fermé sauvagement en décembre et qu'encore récemment le préfet de la MRC s'en lavait les mains.

Plus de détails sur le projet dans un communiqué de la coalition.

À lire également:
Y'en a qui savent pas vivre...
Braderie de biens publics à Rivière-Rouge

N.B.: Dans le nouveau jargon bureaucratico-vert, matière résiduelle = déchet.

Manif durant l'innauguration du métro à Laval

Les journalistes s'attendaient à une perturbation de l'innauguration du métro de Laval par les syndiqués du transport en commun, finalement ce furent les cols-bleus qui ont manifestés... Il y a un diaporama sur le site du SCFP.

Ag des grévistes de 25 CPE de Montréal et Laval

La CSN nous informe que les travailleuses de 25 CPE de Montréal et Laval seront en assemblée générale ce matin afin de voter sur une nouvelle entente intervenue la nuit dernière entre leur syndicat et l'Association patronale des CPE.

Il y a quelque mois ces syndiquées s'étaient opposées frontalement à la volonté de la partie patronale d'introduire un nouveau titre d'emploi dans la convention collective, celui d'aide éducatrice. Après une escalade de moyens de pression (6 jours de grève répartis sur 3 semaines) et face à la menace d'une grève générale illimitée, une entente avait été conclue. Curieusement, des différences majeures sont apparues quant à l'interprétation respective du syndicat et de la partie patronale au moment de traduire cette entente en convention collective. Devant une nouvelle impasse, le syndicat est retourné devant ses membres pour récupérer un mandat de grève. Après conciliation, une nouvelle entente est intervenue cette nuit. Espérons que cette fois soit la bonne.

Les CPE touchés par la grève sont :

A Montréal :

Am Stram Gram, Au Galop et Au Galop 2, Bécassine, Bilbo et Bilbo 2, Bille de verre, Château des neiges et P'tits flocons, Chatouille, Chez-nous chez-vous 1 et 2, Copains d'abord, Du Dolmen et Du Dolmen 2, Duluth, Flûte enchantée, Graffiti, Mini-fée et Installation Minime, des Roseraies, Soleil du quartier, Sourithèque et Lapin lièvre

A Laval :

Du Manoir, Marmaille et Marmaille 2 de Laval, Sainte Rose

MISE-À-JOUR - Selon Radio-Canada les syndiquées auraient acceptées l'entente à 90%. Normalement, si la partie patronale ne fait pas faux bond, le service devrait être rétabli dès demain dans les 25 CPE.

mercredi 25 avril 2007

Les enjeux du conflit au Journal de Québec (selon la CSQ)

J'attendais impatiemment que quelqu'un se donne la peine d'expliquer les enjeux sous-jacents au conflit qui oppose Quebecor à ses syndiqué-es du Journal de Québec. À ma grande surprise, l'analyse tant attendue est venue d'ailleurs.... du président de la CSQ (!?).

La CSQ solidaire

La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) tenait à saluer le lancement du premier quotidien gratuit de la Capitale, le journal MédiaMatin Québec, produit par les 280 salariés en lock-out du Journal de Québec et à assurer les syndiqué-es de la solidarité de ses membres. Mais le syndicat voulait surtout dénoncer ce qu'il considère comme les risques dangereux, pour la libre circulation des idées, que représentent les orientations convergentes de l'empire Quebecor.

Des enjeux globaux

Le président de la CSQ, M. Réjean Parent, soutient que la lutte qui oppose les travailleuses et les travailleurs du Journal de Québec à leur employeur, dépasse le conflit de travail traditionnel et interpelle l'ensemble de la population québécoise.

"Un empire ne décrète pas aussi sauvagement un lock-out contre ses employés sous prétexte de rentabilité lorsque l'entreprise fait des profits d'un demi-million $ par semaine et d'environ 26 millions $ par année" s'exclame le président de la CSQ. Le syndicaliste enseignant se dit convaincu que les enjeux qui se dessinent derrière le conflit de travail au Journal de Québec vont bien au-delà de simples questions de rentabilité pour un empire dont la voracité semble sans limite.

La CSQ croit qu'il faut voir une autre intention, cachée, qui elle nous concerne tous. Cette intention pour la centrale syndicale c'est la volonté de pousser encore plus loin la logique de la concentration des médias pour en arriver à abattre les cloisons entre les salles de rédaction des diverses entreprises médiatiques de l'empire, afin que le travail d'un seul journaliste finisse par servir à l'ensemble du groupe.

"Après avoir mis la main sur une grande part des médias écrits au Québec et du Groupe TVA, en promettant de respecter l'indépendance des salles de rédaction de ses divers médias, Quebecor renie maintenant ses engagements et enclenche, avec le lock-out au Journal de Québec, son grand coup de force visant à asservir ses journalistes aux seuls intérêts économiques de son empire. La population doit manifester son opposition à une telle manoeuvre qui dépasse largement les simples intérêts économiques d'un groupe de presse. Les entreprises de presse ont un devoir fondamental à l'égard du droit du public à l'information et il est clair que les visées de Quebecor enfreignent ce devoir et menacent le respect de ce droit", explique M. Réjean Parent.

Menace pour le droit à l'information

M. Parent soupçonne les grands patrons de Quebecor d'avoir oublié la raison d'être première de médias d'information. "Les entreprises médiatiques ne sont pas des entreprises comme les autres. Leur raison d'être n'est pas la simple fabrication d'un produit à des fins de vente et de profitabilité. Elles ont également un devoir social, celui d'informer, qu'elles ne peuvent éviter. Et j'ajouterais de bien informer. Malheureusement, il semble bien que certains personnes chez Quebecor ont tendance à oublier cette mission de leurs entreprises, pour ne les voir que comme des machines à fabriquer de l'argent sans autre égard", déplore M. Réjean Parent.

La convergence façon Quebecor menace le droit à l'information selon le président de la CSQ. "Si l'empire Quebecor parvenait à ses fins, cela signifierait que l'on réduirait, du jour au lendemain, les sources d'information comme une peau de chagrin. Ce qui est inacceptable parce que par le fait même, on viendrait de porter un dur coup à la qualité et à la diversité de l'information offerte à notre population", prévient le président de la CSQ.

Par ricochet, c'est une certaine conception du débat démocratique qui est menacé. "Des sources d'information moins nombreuses ont un impact direct sur la qualité du débat démocratique au sein d'une société. Les citoyennes et les citoyens du Québec doivent donc s'opposer à une trop grande polyvalence des journalistes des médias propriété de Quebecor parce que cela desservirait le droit du public de recevoir une information de qualité", soutient le dirigeant syndical.

Mauvais pour les régions (en plus!)

Le président de la CSQ appuie également le combat des employés du Journal de Québec contre une plus grande concentration de l'empire Quebecor à cause des graves conséquences économiques que cela entraîne dans les régions où sont établis les médias de Quebecor. "Ce n'est pas normal qu'un empire quel qu'il soit dont l'enrichissement dépend de l'ensemble des régions du Québec, dont la Capitale, fasse tout ce qu'il peut pour réduire sa présence dans ces mêmes régions en rapatriant le plus possible ses activités dans un même lieu, au détriment de la santé économique de ces régions et des gens qui y vivent. Une telle approche ressemble plus à du vampirisme économique des régions par un empire qu'à un sain apport à l'activité économique d'une communauté", n'hésite pas à dire M. Réjean Parent.

Appel à la mobilisation

La CSQ lance un appel à tous : leaders, journalistes, syndiqué-es, quidams. M. Réjean Parent interpelle d'abord les leaders au Québec, provenant de tous les milieux, à se sentir concernés par ce qui se passe au Journal de Québec et à prendre position dans le dossier. Il s'adresse particulièrement à l'ensemble des députés siégeant au Parlement, membres du gouvernement, du parti au pouvoir ou des partis de l'opposition. Dans un deuxième temps, le président exhorte l'ensemble des journalistes de l'empire Quebecor, et particulièrement ceux à l'emploi du Journal de Montréal, à soutenir leurs collègues du Journal de Québec et à avoir le courage de résister aux ambitions inquiétantes de leur employeur, au nom de ce droit du public à l'information qu'ils disent tous servir.

"Pour ma part, je tiens à assurer les travailleuses et les travailleurs du Journal de Québec qu'ils peuvent compter sur la solidarité de la Centrale des syndicats du Québec et de ses 175 000 membres. La CSQ profitera de ses diverses instances pour encourager les travailleuses et les travailleurs qu'elle représente, dont ses milliers de membres dans la région de Québec, à soutenir le nouveau journal MédiaMatin Québec et ses artisans dans le combat qu'ils osent livrer et dont l'issue nous affectera tous", conclut le président de la CSQ, M. Réjean Parent.

* * *

Au Québec, outre quelques groupes isolés et une poignée de profs d'université, il y a trois grandes organisations représentatives du milieu médiatique qui auraient pu expliquer les enjeux du conflit : la Fédération nationale des communications (CSN, la moitié des syndiqué-es des médias), le SCFP (FTQ, l'autre moitié) et la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ). On attend toujours. Devant le silence des principaux acteurs, c'est donc le syndicat historique des profs du primaire et du secondaire, la CSQ, par la voix de son président Réjean Parent qui s'est mouillé le premier. Un prof, donc, qui vient nous expliquer pourquoi le conflit nous concerne tous et toutes et pourquoi il faut soutenir les lock-outés. Les journalistes passent leur vie à écrire, analyser, commenter mais quand finalement il y a un conflit qui les concerne directement, ça prend un outsider pour venir dire tout haut ce qu'ils se disent entre-eux dans leurs congrès et leurs publications internes. J'ai mon voyage...

* * *

MISE-À-JOUR - Le trésorier de la FPJQ me fait remarquer que la Fédération, qui regroupe journaliste cadres et journalistes syndiqués, n'intervient jamais dans les conflits de travail.

Exposition à Trois-Rivières du caricaturiste du SCFP

Via scfp.qc.ca:

Exposition de notre caricaturiste, Pat

Notre caricature Pat (Patrick Desharnais) expose plusieurs de ses oeuvres au musée Pierre-Boucher de Trois-Rivières. Parmi ces oeuvres se trouvent une cinquantaine de caricatures réalisées pour le compte du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP).

L'exposition a commencé dimanche dernier et se poursuivra jusqu'au 27 mai. Elle comporte aussi une volet éducatif. On pourra apprécier comment Pat créé et utilisent les nouvelles technologies pour assembler toutes les composantes de ses caricatures souvent mordantes.


Pour un aperçu des oeuvres de Pat, cliquez ici.

Argentine : Un professeur trouve la mort lors d’une manifestation

COMMUNIQUÉ Bruxelles, le 25 avril 2007 (CSI en ligne) : La répression policière sévit encore dans certaines provinces d’Argentine. Le professeur Carlos Fuentalba en a été la victime en participant à une manifestation des enseignants à Neuquén le 4 avril dernier. Il est mort après avoir reçu une bombe lacrymogène sur le crâne, une bombe qui a vraisemblablement été tiré à deux mètres de distance.

La manifestation enseignante, organisée début avril, avait pour but de réclamer une augmentation de salaire qui avait été approuvée au niveau national mais qui n’est toujours pas appliquée à Neuquén. La Confédération syndicale Internationale (CSI) a vivement protesté contre ces méthodes policières brutales. Dans une lettre adressée aux autorités du pays , l’internationale syndicale appelle le gouvernement argentin à prendre les mesures nécessaires pour que le système scolaire argentin puisse fonctionner le mieux possible et retrouver son prestige perdu, tant au niveau des infrastructures que des conditions de travail.

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Premier mai à Québec




Rassemblement syndical

Les syndicats se réunissent de 12h à 13 sur le terrain du parlement.

Soirée cabaret des libertaires

Pour le Premier Mai – Journée internationale des travailleuses et des travailleurs – le collectif de la Page Noire vous invite une soirée-cabaret soulignant l’esprit de résistance au capitalisme et le désir de révolution.

Musique, poésie, politique... et plus encore!

Avec la participation de Guernica, Filon d'or, DJ Silteplait et plusieurs autres.

Mardi le 1er mai à partir de 19h00
Au Café-Bar l’Agitée, 251 Dorchester (Québec)
Contribution volontaire à l’entrée

Catastrophe pour catastrophe, on devrait s'occuper de la crise manufacturière maintenant pense le CTC

On a tous entendu parler du scénario catastrophe advenant l'application stricte du protocole de Kyoto. Le gouvernement fédéral anticipe la perte de 250 000 jobs industrielles bien payées, ce qu'il présente comme une crise à venir. On a bien rigolé tant la ficelle était grosse. Ken Georgetti, lui, a avalé de travers. C'est qu'il y a trois semaines, M. Georgetti, qui est président du Congrès du travail du Canada (CTC, l'équivalent pan-canadien de la FTQ), rencontrait des poids lourds du gouvernement Harper pour leur parler d'une crise similaire qui se déroule en ce moment même... sans réussir à obtenir une réaction des politiciens conservateurs.

« Je suis atterré d’entendre le Ministre de l’environnement décrire la perte hypothétique de 250 000 emplois avec de bons salaires dans les secteurs manufacturiers, forestiers et de production primaire comme étant une crise à venir. Parce que, il y a trois semaines le même nombre d’emplois perdus ne méritait aucune inquiétude de la part du gouvernement, » a déclaré le président du CTC, avant de préciser que « le 28 mars, avec les chefs des plus grands syndicats du secteur privé du Canada, j’ai rencontré le Premier ministre, le Ministre des finances, le Ministre de l’industrie et le Ministre du travail à propos du fait que depuis novembre 2002 le pays a souffert une perte nette de plus de 250 000 emplois dans le secteur manufacturier. Ils reconnaissent qu’ils ont vu les mêmes chiffres mais qu’eux n’estiment pas qu’il s’agit d’une crise. »

Selon Statistique Canada, les victimes de délocalisations, de rationalisations et autres fermetures d'usines qui se sont retrouvé un emploi, ne l'ont fait qu'au prix d'une perte de revenu de 25% en moyenne. Selon les syndicats, cela représente une perte annuelle de 10 000 $ environ pour un travailleur typique du secteur manufacturier. Si on additionne l'ensemble des victimes de la crise manufacturière, c'est plus 2,5 milliards de salaires de moins dans les poches de cette section de la classe ouvrière.

« Les Canadiens et les Canadiennes subissent des pertes massives d’emplois maintenant. Plutôt que de s’énerver sur des pertes hypothétiques qui seraient causées par des choix politiques qu’il refuse, le gouvernement devrait concentrer ses efforts sur les vraies pertes d’emplois réelles et commencer à revoir ses propres choix politiques en matière d’accords de commerce international, d’investissements, de taxations et de formations de la main-d’oeuvre » dit M. Georgetti.

Le CTC milite activement pour un plan d’action pour protéger les emplois et soutenir la création d’emplois qui payent de bons salaires.

Silence radio

Ma chronique radio du mercredi matin sur les ondes de CKIA va prendre une pause (c'était la dernière ce matin). Pas que je suis tanné, c'est simplement que Denys Duchesne --l'animateur du matin-- quitte la station après deux ans de bons et loyaux services. Pour l'instant, la direction générale de CKIA pédale dans la choucroute pour lui trouver un-e remplaçant-e (le candidat retenu s'est désisté). Quand ce sera fait, cette personne décidera ce qu'elle garde de la formule des Matins branchés et si elle rappelle, ou pas, les chroniqueurs. Moi je veux bien continuer mais ça dépend de la personne retenue, du style de la nouvelle émission du matin et, bien sur, de si cette personne veut de moi ou pas... Il n'est pas exclu, non plus, que je me relance dans une "vraie" émission hebdo d'une heure. À suivre. En attendant, ce blogue reste évidemment ouvert.

Quebecor rit jaune

Selon les médias, Quebecor aurait accueilli avec ironie la publication d'un quotidien gratuit par l'Union des syndicats du Journal de Québec dans le cadre du lock-out de son quotidien de Québec. Selon Le Devoir (et d'autres journaux), Luc Lavoie, le porte-parole de la multinationale aurait déclaré «C'est un nouveau concurrent. Je serais curieux de savoir s'ils travaillent quatre jours, ou cinq, ou six...» Plus tard dans la journée, le monsieur était toutefois un peu moins humoristique. Au Soleil, Luc Lavoie a affirmé que Quebecor avait demandé à ses avocats de vérifier la légalité de l'opération des syndiqué-es. Questionné sur ses blagues du matin, le porte-parole a avoué avoir mal évalué la situation. «À ce moment-là, a-t-il dit, je n’avais pas vu que c’était un journal de 24 pages couleur.»

Dur de dire quelle prise légale Quebecor peut avoir sur ses syndiqué-es (est-ce que le devoir de loyauté à l'entreprise s'applique quand votre patron vous a mis en lock-out?). Une rumeur de licenciement collectif circule, et Quebecor en serait bien capable, mais il est loin d'être sur que ça tiendrait la route à la Commission des relation de travail (à moins que la multinationale veule mettre la clé dans la porte!). Devant la difficulté d'exercer un rapport de force traditionnel (le Journal de Québec est publié malgré tout) le lancement d'un quotidien gratuit a le mérite de rétablir quelque peu l'équilibre.

Payette se retire

Par ailleurs, la chroniqueuse Lise Payette a prouvé qu'il était encore possible d'avoir des principes. Elle a en effet obtenu l'assurance que sa chronique dans le Journal de Montréal ne soit pas publiée dans le Journal de Québec produit par des scabs. «J’ai appris jeune qu’on ne franchit pas une ligne de piquetage», a-t-elle mentionné au Soleil. Mme Payette a souligné avec un certain amusement qu’il «est quand même étonnant de vivre à une époque où la technologie fait en sorte qu’on se questionne sur nos principes. Franchir une ligne de piquetage par ordinateur, c’est la même maudite affaire.» Notons que la question est doublement virtuelle dans la mesure ou concrètement les syndiqué-es de Québec ne font pas de piquetage, occupés qu'ils sont à produire et distribuer leur quotidien gratuit.

Évidemment, si Quebecor se montre compréhensif pour ses 'personalités', il l'est un peu moins pour ses journalistes syndiqué-es du Journal de Montréal qui eux non plus de veulent pas franchir virtuellement les lignes de piquetage de leurs collègues de Québec. Le syndicat de Montréal en est réduit à suggérer à ses membres de ne pas signer leurs textes et à déposer des griefs (un geste purement symbolique pour l'instant mais qui pourrait avoir son importance si le conflit s'éternise). Reste à voir ce que ferons les autres chroniqueurs vedettes.

mardi 24 avril 2007

À signaler - La jalousie

Dans le sillage du lock-out au Journal de Québec, Patrick Lagacé y va d'une montée de lait contre la gang de réac's qui passent leur temps à chialer contre les salaires et les conditions de travail des autres (surtout si les autres en question sont syndiqués et en conflits). À lire ici.

Juste une chose, il y a plus que la jalousie dans sa dimension envie. Je suis persuadé qu'il y a aussi une certaine jalousie face à du monde qui ont l'opportunité de se tenir collectivement debout alors que la majorité d'entre nous est forcé de prendre individuellement son trou face au patron. Sans parler d'un certain mépris, voir d'une haine de certaines catégories sociales.

Déception !

Déception ! Il n'y a pas d'autres mots. Ce matin les lock-outés du Journal de Québec sortaient un journal gratuit. MédiaMatin Québec, c'est le nom du journal, doit, selon le communiqué du SCFP, sortir du lundi au vendredi et "couvrir l’ensemble de l’actualité, [avec] une place centrale aux nouvelles de la Capitale nationale". Le porte-parole syndical souligne que l'ensemble des lock-outés mettent l'épaule à la roue, très fier de son coup (il y a de quoi), il ajoutait que "grâce à cet effort collectif, nous disons aujourd’hui à la population de Québec, voici vos nouvelles locales!" Et merde...

MédiaMatin Québec c'est exactement la formule du Journal de Québec mais "en mieux". Encore plus percutant, plus sensationaliste, plus populiste, tout en couleur. C'est Sexe, sang, sport puissance 10, sans les chroniques politiques de droite imposées par la direction.

Qu'on en juge, l'équipe syndicale fait sa 'Une' avec une nouvelle 'exclusive', le titre est un programme en soi : Gangs de rue à Québec, l'ennemi numéro un. Suit un article en page 3 portant sur la création d'une escouade d'enquêteurs à la Police de Québec (et la photo du flic prend le 3/4 de la page). En 4 on tombe dans le 'human interest' avec un énième texte sur la "mort tragique de Maxime Jean" (un enfant tué dans un incendie il y a une semaine). Les photos prennent le 2/3 de la page. En page 5 c'est un texte qui nous apprend que "Le pédophile Bégin doit oublier Longueuil" (avec une photo d'une demi-page où "le pédophile Bégin" tente de se cacher le visage à la sortie du pénitentier). En 6 on apprend qu'une "accusation formelle [sera portée] contre le conducteur" dans une affaire de street racing (on apprend aussi que "la [rivière la] Chaudière déborde" et qu'il y a eu un "Incendie à St-Nicolas". En page 7 on parle du record de température d'hier et, oups!, un texte d'opinion (le seul, sur le déclin prévisible de Québec). Et ça continue : nouvelle sensationnelle sur "les anarchistes" qui promettent "de la désobéissance civile" contre la guerre en Afghanistan (et au passage un groupe communautaire y est qualifié de regroupement d'anarchistes), nouvelle sur "l'historien Russel Bouchard qui devient femme" (photos à l'appui!), la page culturelle sur "René Simard qui se paie un show à la New-Yorkaise" et les éternelles "nouvelles du sport" (avec, en prime, la deuxième chronique d'opinion du journal). Dans le lot, un seul texte vraiment intéressant dans lequel le vieux routier Régys Caron donne l'opportunité aux syndiqué-es de la ville de répondre à la mairesse sur "l'explosion de la masse salariale"...

Finalement, ce qu'il faut comprendre c'est que les journalistes du Journal de Québec sont bien content de faire le genre de journalisme qu'ils et elles font puisque, même sans patrons, ils et elles publient le même genre de journal... Une seule nuance, à priori MédiaMatin Québec est populiste mais n'est pas à droite. C'est peut-être là la seule différence avec le "vrai" Journal de Québec. D'ailleurs, historiquement, plusieurs grands quotidiens populaires étaient de gauche (France Soir, The Daily Mirror).

MISE-À-JOUR - Réflexion faite je sonne sans doute trop négatif. Sortir un quotidien gratuit est un coup de génie et une preuve d'audace incroyable. Comme je l'ai écrit plus tôt, c'est un évènement de portée historique (et c'est bien pour ça que j'avais peut-être trop d'attentes). Indépendamment de mes réserves, il faut reconnaitre que dans son genre MédiaMatin Québec est supérieur au Journal de Québec (et de loin). La direction de Quebecor pensait peut-être faire croire au public qu'elle n'avait pas vraiment besoin de ses syndiqué-es pour sortir un journal. Les syndiqué-es, de leur côté ont fait la preuve par A + B que même sans grands moyens leur produit est meilleur que celui de leurs patrons. En un mot, ils et elles sont essentiels au Journal. C'est pas rien ça. J'espère juste que dans les prochains jours MédiaMatin Québec osera parler de la nouvelle de l'heure à Québec : le lock-out au Journal de Québec (c'est quand même hot de sortir un journal de 24 pages et de ne mentionner le lock-out qu'en passant, au détour d'un texte de présentation). Moi j'aimerais ça que MédiaMatin Québec m'explique les enjeux de la convergence en général et de ce conflit en particulier selon le point de vue des syndiqué-es.

Poste Canada : l'entente de principe est ratifiée

Malgré une importante division interne (voir Division à Poste Canada), les 48 000 syndiqué-es en milieu urbain du STTP ont ratifiés l'entente de principe intervenue entre la majorité syndicale et Poste Canada. Le 'oui' ne l'a emporté que par 65,6% ce qui démontre qu'une minorité significative de postier y était opposée.

"Je crois que le Syndicat a négocié une bonne convention collective, et c'est ce que pense une majorité de membres, mais aucune convention collective n'est parfaite", a souligné Deborah Bourque, présidente nationale du STTP. L'entente conclue ne résout pas tous les problèmes en matière d'expansion des services, d'effectifs et de livraison des envois sans adresse, mais nous avons accompli des progrès dans ces secteurs, a-t-elle ajouté.

Selon la majorité syndicale, Les travailleurs et travailleuses des postes connaîtront une hausse salariale de 10,9 % étalée sur les quatre prochaines années, de meilleurs avantages sociaux et une sécurité d'emploi accrue, de meilleures dispositions en matière de santé et de sécurité ainsi que de meilleures conditions de travail.

Dégel des droits de scolarité - La CSN réclame un débat public sur le financement des universités

COMMUNIQUÉ

Réagissant au fait que le gouvernement entend imposer une première hausse des droits de scolarité universitaires dès l'automne prochain, la vice-présidente de la CSN responsable du dossier de l'éducation, Denise Boucher, indique que "procéder sans consultation au dégel rapide des droits de scolarité ne règle aucunement la question du sous-financement dont souffrent les universités."

Pour la CSN, l'accessibilité aux études supérieures ne va pas de pair avec des droits de scolarité de plus en plus élevés. Convaincue que les universités doivent disposer d'un meilleur financement, la CSN est tout aussi persuadée que cela ne doit pas se faire sur le dos des étudiantes et des étudiants. "Hausser les droits de scolarité risque d'entraîner le décrochage de bon nombre d'étudiantes et d'étudiants, particulièrement ceux de la classe moyenne de laquelle on prétend pourtant se préoccuper", ajoute Denise Boucher.

Pour la CSN, c'est la nécessité d'un vaste débat public pour étudier à fond la question du financement des universités qui s'impose.

Un conflit qui amène son lot de questions... (bis)

Il n'y a pas que Ygreck qui se pose des questions sur l'avenir de sa collaboration au Journal de Québec pendant le conflit. D'autres 'free-lances' se sont également fait questionner par les journalistes du groupe Gesca.

« Je n’ai jamais franchi une ligne de piquetage de ma vie et, à 76 ans, je trouve que c’est un peu tard pour commencer, » a déclarée Lise Payette au Soleil. Comme la plupart des 'vedettes' qui signent des textes dans les journaux de Quebecor, c'est avec la direction du Journal de Montréal que la chroniqueuse a un contrat. Madame Payette a dit n’avoir « aucune idée pour le moment » si elle conservera sa signature dans les pages des journaux appartenant à Quebecor.

Sheila Copps, par contre, a décidé de continuer d'abreuver l'empire de ses chroniques politiques. Mme Copps argue qu'elle a un contrat de deux ans avec le Journal de Montréal et qu'elle n'a pas le choix de le respecter. « Ce sont eux (les dirigeants à Montréal) qui font la distribution (des chroniques que reprend le Journal de Québec). Je ne suis pas impliquée dans cela. Quand je signe un contrat de deux ans, je le respecte. Je n’ai pas le choix. Je n’ai même pas le droit légal (de le remettre en question), » a-t-elle déclaré au Soleil.

Quant à Joseph Facal, il se déclare mal à l'aise avec la situation mais encore indécis. « Je ne m’étais pas posé la question » sur la poursuite de la collaboration, a-t-il admis au journaliste du Soleil avant d'ajouter que « mérite réflexion».

Les chroniqueurs ont encore quelques heures pour se décider. M. Facal a un texte qui doit paraitre mercredi et Mme Payette jeudi. « Je me retrouve, malgré moi, dans une situation où, quoi que je fasse, ma décision sera interprétée favorablement par certains et défavorablement par d’autres », a lâché M. Facal. Dure position pour un ancien politicien!

Curieusement, personne n'a jugé bon de demander à Nathalie Elgrably, de l'Institut économique de Montréal, si elle allait continuer de signer sa chronique...

Ce qui apparait hallucinant dans toute cette affaire des collaborateurs qui ne savent trop quoi faire actuellement (incluant Martineau et Ygreck), c'est que tous avouent ne pas être au courant des enjeux qui opposent patrons et syndiqués dans ce conflit. Ça fait pourtant des années que l'on parle de convergence et des mois que l'on parle des projets de Quebecor et eux se réveillent un beau matin quand ça leur pête dans la face! Pas fort pour des journalistes...

Les syndiqué-es du Journal de Montréal, eux, se sont branché-es

Les syndiqué-es du Journal de Montréal, eux, n'ont pas branlé dans le manche longtemps. Selon La Presse, un grief a été déposé pour empêcher la publication de leurs textes dans le journal jaune que publient les cadres pendant le conflit. Le syndicat de la rédaction s'appuie sur une clause de sa convention collective qui stipule que « l'employeur ne peut demander ni ordonner à un salarié du groupe rédaction d'effectuer du travail qui sera acheminé en tout ou en partie à une entreprise de Quebecor où un salarié exerçant la même fonction est en grève ou en lock-out. » C'est sur que dans ce contexte, avec une telle clause dans la convention, la décision est plus facile à prendre pour les syndiqué-es que pour les 'free-lances' (c'est justement là l'intérêt d'être syndiqué! Malheureusement, c'est pas donné à tout le monde...).

Des annonceurs aussi se posent des questions...

Notons finalement que même certains annonceurs se posent des questions sur la poursuite de leur collaboration pour la durée du lock-out. La direction d'Ameublement Tanguay n'est pas certaine de continuer à acheter de la pub pendant le conflit. « C'est un média dont on se sert pour annoncer. Mais c'est un média controversé, a expliqué Jacques Tanguay à La Presse. Le but de la publicité, c'est la notoriété. On préfère s'éloigner de la controverse. »

À propos de salaires...

La direction de Quebecor a lancé dans la nature des chiffres concernant notamment les salaires des journalistes du Journal de Québec (plus de 80 000$). Le but de la manoeuvre est transparent : l'idée est de faire passer ses syndiqué-es pour des « gras dur » (ce qu'ils sont effectivement). Outre le fait que Quebecor joue avec les chiffres (en incluant dans le salaire le temps supplémentaire et les avantages sociaux), il est intéressant de mettre le tout en perspective.

Le Trente, la revue de la Fédération professionnelle des journalistes, publiait récemment un dossier spécial sur le prix de l'info dans lequel on comparait justement les salaires dans les différentes boites syndiquées. Il en ressort effectivement que si les journalistes du Journal de Québec sont effectivement très bien payé, ils sont quand même dans la moyenne.

Concrètement, il y a quatre planques en or pour les journalistes de la presse écrite soit Le Journal de Montréal, La Presse, Le Journal de Québec et Le Soleil. Dans ces journaux, l'échelle salariale des journalistes syndiqué-es varie entre 35 412$ et 89 587$. Le Journal de Québec occupe la troisième position au chapitre des conditions de travail. Ce qui n'est que normal quand on considère que c'est le troisième journal en importance au Québec.

Depuis 2001, les journalistes syndiqué-es n'ont pas améliorés leurs conditions de travail. Les salaires ont suivi l'inflation. Rien d'extravagant. Le hic c'est que les conditions des quotidiens payants ne sont plus l'étalon. Si les journalistes du Journal de Québec aiment bien se comparer à ceux et celles du Soleil, la direction de Quebecor, elle, regarde plutôt du côté de 24 heures (son quotidien gratuit) où les journalistes (non syndiqué-es) sont payés... 27 000$!

D'après les grands de ce monde l'avenir du journalisme est plus du côté de la convergence et des conditions du 24 heures que de celle du Journal de Montréal. Le scandale n'est pas tant le salaire des journalistes du Journal de Québec (qui sont très bien payés) mais plutôt le fossé qui se creuse de plus en plus entre deux classes de journalistes : les précaires et les permanent-es (et on ne parle même pas des pigistes dont les tarifs sont restés les mêmes, en chiffres absolu!, depuis 20 ans). L'enjeu du conflit est là : Quebecor veut précariser son monde. Pourquoi? Tout simplement parce qu'ils veulent faire encore plus d'argent.

Et moi?

Moi aussi je me pose des questions sur ce conflit. À priori je serais solidaire, mais en même temps il ne faudrait pas oublier que le Journal de Québec est l'un des principaux vecteurs de la montée de la droite, du populisme et de l'anti-syndicalisme dans la région de Québec. Sans parler des salaires et de la grande solidarité dont on fait preuve ces journalistes dans le passé, et de leur grand sens de l'éthique, et... Mais là j'ai pas le temps. Une autre fois, peut-être.

lundi 23 avril 2007

À surveiller !

Bon, maintenant que la tombée des grands journaux est passée, je pense que je peux me le permettre... Des "rumeurs" veulent que les lock-outés du Journal de Québec sortent un journal gratuit mardi matin. Évidemment, les artisan-es du quotidien le plus populaire de la capitale ne pouvaient pas décemment se contenter de sortir un blogue comme tout le monde! "Il paraît que" la chose serait imprimé à quelque 40 000 copies et serait distribuée aux quatre coins de la ville dès 6h. Je n'en sait pas plus, mais, bon, c'est à surveiller. À ma connaissance, ce serait la première fois depuis le conflit à La Presse (en 1971-72) que les syndiqué-es en conflit d'un quotidien tentent de sortir un journal.

MISE-À-JOUR (7h30) - Je ne suis pas le seul a avoir eu vent de la rumeur... Paul Cauchon en parle dans sa chronique du Devoir. Ces informations à lui font état que les syndiqués seraient en mesure de produire cinq jours sur sept un journal d'actualité à environ 50 000 exemplaires, imprimé dans une coopérative (j'imagine qu'il s'agit des Presses du Fleuve, à Montmagny). Si c'est effectivement le cas, avouons que ce serait impressionnant. La dernière expérience de ce genre, Le Quotidien populaire, pendant la grève de La Presse en 1971 avait duré deux semaines et avait dû être stoppé pour des questions financières.

Déclarations sur les assistés sociaux - Sam Hamad commence bien mal son mandat selon le SFPQ

Le Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ) a envoyé aujourd'hui un communiqué pour déplorer les propos du ministre Sam Hamad à l’égard des prestataires de la sécurité du revenu. Selon le Syndicat, le ministre se montre particulièrement méprisant à leur endroit lorsqu’il les compare aux « Bougon ».

Des déclarations controversés du ministre ont fait bondir le syndicat. Dans une entrevue à un scab du Journal de Québec, le ministre parle de ceux qu'il appelle affectueusement «les BS», et il dit que ceux qui pourraient travailler ne le veulent pas parce qu'ils sont trop bien traités. Il est quand même surprenant de voir un membre éminent de «l'équipe libérale» reprendre à son compte le même genre d'idées réactionnaires que son parti reprochait à l'ADQ d'avoir pendant la campagne électorale...

« Est-ce que le ministre a bien lu les “briefings books” que lui ont préparés ses fonctionnaires? Sait-il que les prestataires de la sécurité du revenu n’ayant pas de contraintes sévères à l’emploi doivent survivre avec 548 $ par mois, soit un revenu de 6 576 $ par année? Comment le ministre peut-il penser que l’aide de dernier recours offerte par l’État puisse être à ce point confortable qu’elle favorise le maintien des assistés sociaux à la sécurité du revenu. C’est complètement aberrant! », s’insurge le président général du SFPQ, Michel Sawyer.

Selon le SFPQ, le portrait dépeint par le ministre Sam Hamad est pour le moins simpliste et porteur de préjugés. « Il est démontré depuis longtemps que ce ne sont pas les mesures coercitives qui favorisent l’intégration à l’emploi. C’est d’ailleurs pour cette raison que le ministère a abandonné cette pratique l’an passé, à la faveur d’une loi adoptée sous l’actuel gouvernement du Parti libéral », a poursuivit Michel Sawyer.

S’il souhaite mettre de l’ordre dans son ministère, le SFPQ invite le nouveau ministre à refaire ses devoirs et à regarder plutôt du côté des mesures d’aide à l’emploi dispensées par ses sous-traitants. « M. Hamad y découvrira qu’Emploi-Québec accorde chaque année pour près d’un demi-milliard de dollars en contrats à plus de 550 organismes à but non lucratif (OBNL), et ce, sans appel d’offres et sans véritable évaluation des besoins des collectivités desservies. Il apprendra également que ces contrats sont généralement renouvelés d’année en année et qu’ils comportent des clauses garantissant le plein paiement des contrats, et ce, même si les services à la population ne sont pas rendus! À cet égard, le ministre devrait faire la lecture du dernier rapport du Vérificateur général; ce serait plus productif que de casser du sucre sur le dos des prestataires de la sécurité du revenu et cela démontrerait qu’il a appris quelque chose de son séjour sur les banquettes réservées aux députés d’arrière-banc », a conclu Michel Sawyer.

Société de transport de Laval : c'est réglé

Les syndiqué-es du garage et des bureaux de la Société de transport de Laval ont entériné à très forte majorité une entente de principe intervenue la semaine dernière (les employé-es d’entretien ont voté à 82% en faveur de l’entente et ceux des bureaux à 79%).

Le résultat

Les syndiqué-es ont obtenus des augmentations de 11% sur 4 ans (ils voulaient 12% sur 3 ans), une augmentation de 0,5% de la cotisation patronale au régime de retraite (ils voulaient 1% de +) et un boni de signature de 2 500$ (ils voulaient 3 000$). Les salarié-es obtiennent également une protection de leur pouvoir d’achat pour 2008 et 2009. Certains gains sur le normatif et les conditions de travail ont également été échangé contre des concessions sur l'organisation du travail et des horaires (plus de détails dans le communiqué de la CSN).

Pour les employé-es des deux syndicats qui avaient choisi de mener une négociation conjointe, ce règlement satisfaisant confirme qu’ils ont adopté la bonne stratégie. Le président du Syndicat des employés d’entretien de la STL-CSN, Pierre Boucher, est satisfait : « On a une bonne entente. On n’a pas enregistré de recul et on a réussi à faire quelques gains intéressants. La négociation conjointe avec les employé-es de bureau nous a permis d’offrir des résultats intéressants pour nos membres.»

Un avis que partage le président du Syndicat des employés de bureau de la STL-CSN, André Belhumeur, qui considère : « C’est un bon règlement. Unir nos forces avec les employé-es d’entretien nous a clairement aidés. Cette année nous avons réussi à négocier de bonnes améliorations au plan des conditions de travail en négociant clause par clause, d’un couvert à l’autre, contrairement à ce qu’on a vécu lors des récentes rondes de négociations.»

Un conflit qui amène son lot de questions...



Un conflit de travail amène toujours son lot de questions. Dans le cas du Journal de Québec, Ygreck se demande ce qui se passe avec les gens comme lui qui ne sont ni cadres (ahem... scabs), ni syndiqués mais simple collaborateurs... Parlant de collabo, ça n'a pas l'air de lui poser de problème éthique particulier d'envisager de continuer de publier malgré le conflit (remarquez, faut bien qu'il gagne sa vie...). Je vous dit, ça va être un conflit l'fun à suivre.

MISE-À-JOUR - Finalement, Ygreck a trouvé le chemin des pages du Journal de Québec malgré le lock-out, ce matin (mardi) il y avait un dessin judiciaire de lui (ben quoi, il fait pas juste de la caricature). Notez bien, je suis sérieux quand je dis que je ne le blâme pas. On ne peut pas décemment exiger d'un précaire-contractuel de l'info de respecter les solidarités syndicales. Si le syndicat voulait la solidarité des précaires-contractuels, ben il avait juste à se battre contre la précarisation et pour qu'ils aient des postes permanents. Dans les autres journaux, même au Journal de Montréal, le caricaturiste est syndiqué lui itou mais pas au Journal de Québec. À La Presse, le gars qui fait la job de Ygreck, il gagne 100 000$ par année --c'est le mieux payé au Québec--, en plus d'être sur d'être publié tous les jours (et non 5, 6 dessins d'une shot, le samedi).

Nouvelle menace de grève dans les CPE

Lu dans La Presse:

CPE: Nouvelle menace de grève

Ariane Lacoursière

La Presse

Les parents des 1500 enfants fréquentant les garderies de l'Association patronale des centres de la petite enfance pensaient être au bout de leur peine. Après avoir subi trois jours de grève en février, ils avaient accueilli avec soulagement la trêve dans le litige opposant le syndicat des éducatrices à leurs patrons. Si le conflit semblait bel et bien réglé, voilà qu'une grève générale illimitée pourrait être déclenchée dès jeudi prochain.

«Nous rencontrerons la partie patronale lundi. Mais si on ne s'entend toujours pas, nos membres nous ont donné un nouveau mandat de grève générale illimitée, qui pourrait entrer en vigueur le 26 avril», confirme la présidente du syndicat des éducatrices de l'APCPE, Véronique Lapierre.

Le 3 mars, une entente de principe est intervenue avec l'APCPE. La version préliminaire de l'entente, rédigée par le syndicat, causait certains problèmes. «Le syndicat était chargé de mettre l'entente par écrit. Dans sa première version, plusieurs points n'étaient pas conformes avec ce qu'on avait négocié. On a demandé des changements. Le syndicat les a tous faits, sauf deux», explique le président de l'APCPE, Martin Boucher.

M. Boucher déplore que les enfants et les parents soient menacés d'être «pris en otages pour des banalités». «On pensait nous aussi que c'était réglé. Mais les dirigeants reviennent sur des choses qui étaient entendues», dit Mme Lapierre.

dimanche 22 avril 2007

Grève et lock-out au Journal de Québec

À partir de l'édition de lundi, le Journal de Québec sera un authentique journal jaune. En effet, la direction de Quebecor a mis en lock-out les employés de bureau et ceux de la rédaction (journalistes et photographes) dimanche matin. Dans le courant de la journée, les pressiers du Journal ont votés à 97% pour le déclenchement immédiat d'une grève générale illimitée en solidarité.

Patrick Lagacé (un "ex' du Journal de Montréal) tente une analyse intéressante sur son blogue.

Pour ma part, je me demande juste si les seniors les plus à droite du Journal sont cadres ou syndiqués. J'avoue que je paierais cher pour voir un Michel Hébert ou un J-Jacques Samson avec une pancarte de la FTQ...

Voici le communiqué, on ne peut plus complet, du syndicat :

Lock-out au Journal de Québec
«Un conflit créé de toutes pièces par Quebecor!»


Ce matin, à 9 heures, la direction de Corporation Sun Media (Quebecor) a décrété un lock-out à l'endroit de ses employés du Journal de Québec, le quotidien numéro un de la Capitale. Le lock-out touche les employés de la rédaction, journalistes et photographes, ainsi que tous les employés de bureau. Il survient alors qu’aucun des syndicats n’avait même demandé de mandat de grève à ses membres.

S’exprimant au nom des trois syndicats en négociation au Journal, Denis Bolduc insiste pour dire que «absolument rien» ne peut justifier ce coup de force. «Quebecor imprime de l’argent avec le Journal de Québec. Les profits annuels sont colossaux. Le Journal est numéro un, son tirage est en constante progression et son personnel est réduit par rapport à son compétiteur Le Soleil. Mais Quebecor n’en a jamais assez. Le porte-parole syndical ajoute que «Quebecor va porter toute la responsabilité du geste qu’il vient de poser, en rupture totale avec 40 ans de relations harmonieuses avec ses employés.»
Par ailleurs, Denis Bolduc estime que «le lock-out au Journal de Québec est un conflit créé de toutes pièces par Quebecor et savamment planifié dans un bureau à Montréal. Avec le déclenchement du lock-out, Quebecor vient de faire la démonstration que tous les gestes posés depuis l’automne ne visaient que la création d’un conflit.»

Pour appuyer ses dires, les syndicats rappellent plusieurs faits troublants:

- l’embauche de 14 cadres supplémentaires en septembre;
- l’envoi en novembre d’un courriel par une cadre de Quebecor pour recruter des journalistes «prêts à s’exiler à Toronto pour la durée du conflit»;
- le fait que Quebecor s’est départi des services d’Anne-Marie Cadieux, l’auteure de ce courriel embarrassant;
- la mise en place d’une salle de presse au troisième étage du Toronto Sun;
- la formation spéciale donnée aux cadres du Journal entre autres sur le logiciel de mise en page Quark;
- la mise en place d’un service d’annonces classées à Kanata en Ontario;
- l’ajout depuis l’hiver de caméras dans les bureaux du Journal de Québec;
- le remplacement des serrures et le changement du système de contrôle d’accès à l’édifice de l’avenue Béchard;
- la publicité de la compagnie Sécurité Kolossal qui cherchait pas moins de 200 agents de sécurité en prévision d’un conflit de travail à Québec, annonce parue le 15 décembre dans le Journal. Coïncidence? En janvier, cette même compagnie est chargée de l’installation des nouvelles caméras au Journal. Depuis le 12 avril, ce sont les agents de cette même firme qui sont postés à l’entrée de l’édifice du Journal.)
- la suspension, le 23 janvier, par la direction du Journal de cinq employés affectés à l’informatique. Tout en restant vague sur les motifs de ces suspensions, le lendemain, la partie patronale ajoutait à ses demandes la sous-traitance complète du service informatique. (Ces suspensions sont par la suite devenues des congédiements et ont été contestés par griefs.)

Denis Bolduc souligne enfin que «le lock-out est d’autant plus brutal que les syndiqués du Journal ne menaçaient pas de faire la grève, [qu’]ils ne l’ont jamais faite dans le passé et [qu’] aucune journée de travail n’a été perdue depuis l’ouverture en 1967.»

Pour mémoire, signalons que, l’an dernier, les 280 syndiqués du Journal avaient accepté le prolongement d’un an de leur convention collective pour affronter la concurrence du Soleil qui adoptait à ce moment le format tabloïd.

Les quelque 280 salariés travaillant au Journal de Québec, une division de Corporation Sun Media, sont représentés par quatre syndicats (Bureau, Imprimerie, Rédaction, et Représentants publicitaires), tous affiliés au Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP-FTQ). Seul le syndicat des représentants publicitaires en est venu à une entente avec l’employeur, entente adoptée par une courte majorité de 54,5 %. Tirant à 104,000 exemplaires en semaine et à 127,000 le samedi, le Journal de Québec est le premier quotidien de la Capitale nationale.

En plus des employés du Journal de Québec, le SCFP compte 7000 membres dans les communications au Québec et est présent dans plusieurs autres secteurs, notamment la santé et les services sociaux, les universités, l’éducation, les transports urbain et aérien, les sociétés d’État et organismes publics québécois, l’hydroélectricité et les municipalités. Avec près de 100,000 membres, le SCFP reste le plus important affilié de la FTQ qui, elle-même, est la plus imposante centrale syndicale au Québec avec 500,000 membres.