samedi 21 avril 2007

Iran: Le mouvement syndical international condamne la répression anti-syndicale

Via Solidarité ouvrière:

COMMUNIQUÉ de la CONFÉDÉRATION SYNDICALE INTERNATIONALE

Iran : Attaques violentes et abus de justice, nouvelle vague de répression antisyndicale

Bruxelles, le 18 avril 2007 : La CSI a condamné avec véhémence les autorités iraniennes pour leurs attaques à l’encontre de syndicats indépendants dans le pays. Elles se sont soldées par l’arrestation de centaines de dirigeants et membres de diverses organisations d’enseignants et la persécution de Mahmoud Salehi, dirigeant des travailleurs des boulangeries de Saqez, ville du Kurdistan iranien. Cette nouvelle vague de répression serait étroitement liée aux efforts du gouvernement pour empêcher les travailleurs iraniens de participer aux activités organisées dans le cadre de la prochaine Journée du 1er mai. La CSI introduit, en ce moment, des plaintes à l’Organisation internationale du travail concernant avec des preuves documentées attestant de violations des droits fondamentaux des travailleurs.

La répression à l’encontre des organisations d’enseignants s’est intensifiée à partir du 7 mars lorsque des manifestations ont eu lieu partout dans le pays contre le refus du Parlement d’adopter un Projet de loi relatif à la parité salariale. Si elle avait été votée, cette loi très attendue aurait contribué à améliorer la situation économique des employés de l’éducation nationale. Le 7 mars, vers minuit, des agents du ministère de la Sécurité et des Renseignements ont lancé un raid sur les domiciles de plus de 20 dirigeants syndicaux, à l’issue duquel plusieurs syndicalistes ont été arrêtés et emmenés vers des lieux secrets. Bien que certains aient été relâchés le lendemain, bon nombre d’entre eux ont de nouveau été arrêtés peu de temps après. Une rencontre de conciliation était prévue le 13 mars mais le ministre de l’Education a manqué d’y assister. A sa place, ce sont des agents du ministère des Renseignements et des Forces armées qui sont arrivés sur les lieux et qui ont menacé et intimidé les représentants des enseignants.

Le 14 mars, environ 300 enseignants ont été arrêtés lors d’une manifestation organisée devant le Parlement en protestation contre les événements du jour précédent. Cinquante des manifestants ont été incarcérés à la prison d’Evin. 14 d’entre eux ont été maintenus derrière les barreaux durant deux semaines, et ce, en dépit de la décision du président de la Haute Cour de justice selon laquelle ils avaient simplement exercé leurs droits légitimes et devaient être immédiatement remis en liberté. Le gouvernement a également décrété que toutes les écoles de Téhéran devraient fermer leurs portes plus tôt à l’approche de la Norouz, jour férié le plus important du calendrier iranien.

Les nouvelles attaques perpétrées à l’encontre des sept dirigeants des travailleurs des boulangeries de Saqez (les « Sept de Saqez ») ont été plus particulièrement ciblées sur la personne de Mahmoud Salehi. Ces activités syndicales lui ont valu d’écouler déjà plus de cinq ans derrière les barreaux depuis le milieu des années 80, suite à ses arrestations successives en 1986, 1995, 1999, 2000 et 2001. Le 1er mai 2004, Salehi et six autres militants ont été arrêtés et accusés de l’organisation d’activités syndicales, notamment l’organisation d’un meeting du 1er mai. Les arrestations sont survenues tout juste deux jours après leur réunion avec une mission de la CISL en visite dans le pays. Lors du procès, le procureur a d’ailleurs à maintes reprises mentionné la rencontre que les sept activistes iraniens avaient eue avec la délégation syndicale. Condamnés à cinq ans de prison et à trois ans d’exil intérieur en 2005, M. Salehi et les autres personnes condamnées ont entamé une procédure d’appel qui leur a donné gain de cause. En 2006, de nouveaux chefs d’accusation ont été introduits contre lui et ses collègues au tribunal révolutionnaire de Saqez. La nouvelle procédure d’appel entamée le 11 mars par Salehi et deux autres des activistes concernés a donné lieu à une véritable farce judiciaire avec le remplacement, en dernière minute, du président du tribunal par le procureur qui avait initialement dirigé la procédure à leur encontre. L’appel n’a pas produit de verdict officiel et le 9 avril, Salehi a de nouveau été écroué par les forces de l’ordre. Il est actuellement détenu dans la ville de Sanandaj, zone fortement militarisée. Une manifestation a été organisée le 16 avril en protestation contre le traitement abusif des autorités iraniennes à l’égard des « Sept de Saqez. » Plusieurs personnes ont été blessées lorsque les forces de l’ordre, armées de matraques et de gaz lacrymogène, ont chargé les manifestants.

« Ces dernières attaques par les autorités iraniennes suscitent notre vive préoccupation », a déclaré le Secrétaire général de la CSI, Guy Ryder. « Tout gouvernement recourant à une campagne basée sur l’abus de justice et la répression violente à l’encontre de travailleurs qui tentent seulement d’obtenir un traitement décent et un salaire vital doit être sévèrement condamné pour trahir les intérêts de leurs propres citoyens.

Lettre au Président de la République d’Iran

Créée le 1er novembre 2006, la CSI représente 168 millions de travailleurs au sein de 304 organisations affiliées nationales dans 153 pays.

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