dimanche 22 avril 2007

Grève et lock-out au Journal de Québec

À partir de l'édition de lundi, le Journal de Québec sera un authentique journal jaune. En effet, la direction de Quebecor a mis en lock-out les employés de bureau et ceux de la rédaction (journalistes et photographes) dimanche matin. Dans le courant de la journée, les pressiers du Journal ont votés à 97% pour le déclenchement immédiat d'une grève générale illimitée en solidarité.

Patrick Lagacé (un "ex' du Journal de Montréal) tente une analyse intéressante sur son blogue.

Pour ma part, je me demande juste si les seniors les plus à droite du Journal sont cadres ou syndiqués. J'avoue que je paierais cher pour voir un Michel Hébert ou un J-Jacques Samson avec une pancarte de la FTQ...

Voici le communiqué, on ne peut plus complet, du syndicat :

Lock-out au Journal de Québec
«Un conflit créé de toutes pièces par Quebecor!»


Ce matin, à 9 heures, la direction de Corporation Sun Media (Quebecor) a décrété un lock-out à l'endroit de ses employés du Journal de Québec, le quotidien numéro un de la Capitale. Le lock-out touche les employés de la rédaction, journalistes et photographes, ainsi que tous les employés de bureau. Il survient alors qu’aucun des syndicats n’avait même demandé de mandat de grève à ses membres.

S’exprimant au nom des trois syndicats en négociation au Journal, Denis Bolduc insiste pour dire que «absolument rien» ne peut justifier ce coup de force. «Quebecor imprime de l’argent avec le Journal de Québec. Les profits annuels sont colossaux. Le Journal est numéro un, son tirage est en constante progression et son personnel est réduit par rapport à son compétiteur Le Soleil. Mais Quebecor n’en a jamais assez. Le porte-parole syndical ajoute que «Quebecor va porter toute la responsabilité du geste qu’il vient de poser, en rupture totale avec 40 ans de relations harmonieuses avec ses employés.»
Par ailleurs, Denis Bolduc estime que «le lock-out au Journal de Québec est un conflit créé de toutes pièces par Quebecor et savamment planifié dans un bureau à Montréal. Avec le déclenchement du lock-out, Quebecor vient de faire la démonstration que tous les gestes posés depuis l’automne ne visaient que la création d’un conflit.»

Pour appuyer ses dires, les syndicats rappellent plusieurs faits troublants:

- l’embauche de 14 cadres supplémentaires en septembre;
- l’envoi en novembre d’un courriel par une cadre de Quebecor pour recruter des journalistes «prêts à s’exiler à Toronto pour la durée du conflit»;
- le fait que Quebecor s’est départi des services d’Anne-Marie Cadieux, l’auteure de ce courriel embarrassant;
- la mise en place d’une salle de presse au troisième étage du Toronto Sun;
- la formation spéciale donnée aux cadres du Journal entre autres sur le logiciel de mise en page Quark;
- la mise en place d’un service d’annonces classées à Kanata en Ontario;
- l’ajout depuis l’hiver de caméras dans les bureaux du Journal de Québec;
- le remplacement des serrures et le changement du système de contrôle d’accès à l’édifice de l’avenue Béchard;
- la publicité de la compagnie Sécurité Kolossal qui cherchait pas moins de 200 agents de sécurité en prévision d’un conflit de travail à Québec, annonce parue le 15 décembre dans le Journal. Coïncidence? En janvier, cette même compagnie est chargée de l’installation des nouvelles caméras au Journal. Depuis le 12 avril, ce sont les agents de cette même firme qui sont postés à l’entrée de l’édifice du Journal.)
- la suspension, le 23 janvier, par la direction du Journal de cinq employés affectés à l’informatique. Tout en restant vague sur les motifs de ces suspensions, le lendemain, la partie patronale ajoutait à ses demandes la sous-traitance complète du service informatique. (Ces suspensions sont par la suite devenues des congédiements et ont été contestés par griefs.)

Denis Bolduc souligne enfin que «le lock-out est d’autant plus brutal que les syndiqués du Journal ne menaçaient pas de faire la grève, [qu’]ils ne l’ont jamais faite dans le passé et [qu’] aucune journée de travail n’a été perdue depuis l’ouverture en 1967.»

Pour mémoire, signalons que, l’an dernier, les 280 syndiqués du Journal avaient accepté le prolongement d’un an de leur convention collective pour affronter la concurrence du Soleil qui adoptait à ce moment le format tabloïd.

Les quelque 280 salariés travaillant au Journal de Québec, une division de Corporation Sun Media, sont représentés par quatre syndicats (Bureau, Imprimerie, Rédaction, et Représentants publicitaires), tous affiliés au Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP-FTQ). Seul le syndicat des représentants publicitaires en est venu à une entente avec l’employeur, entente adoptée par une courte majorité de 54,5 %. Tirant à 104,000 exemplaires en semaine et à 127,000 le samedi, le Journal de Québec est le premier quotidien de la Capitale nationale.

En plus des employés du Journal de Québec, le SCFP compte 7000 membres dans les communications au Québec et est présent dans plusieurs autres secteurs, notamment la santé et les services sociaux, les universités, l’éducation, les transports urbain et aérien, les sociétés d’État et organismes publics québécois, l’hydroélectricité et les municipalités. Avec près de 100,000 membres, le SCFP reste le plus important affilié de la FTQ qui, elle-même, est la plus imposante centrale syndicale au Québec avec 500,000 membres.

1 commentaire:

Renart Léveillé a dit...

Je suis bien content de voir que les travailleurs se tiennent debout devant un homme comme PKP.

J'ai écrit aujourd'hui un texte sur lui, sous le titre "Pour que tout ne goûte pas PKP". Je vous laisse le lien pour ceux qui voudraient le lire :

http://renartleveille.blogspot.com/2007/04/pour-que-tout-ne-gote-pas-pkp.html

Bonne chance à vous tous!