lundi 30 avril 2007

Le travail tue… encore

En 2006, 206 personnes ont perdues leur vie à la gagner au Québec. Heureusement, c’est un peu moins qu’en 2005 (223 morts, un record) mais c’est néanmoins alarmant. En fait, selon les syndicats, la mortalité au travail est en hausse constante depuis deux décennies.

Samedi dernier, c’était le « jour de deuil national » (et international), une journée mise sur pied pour parler de santé et sécurité au travail. « En 1984, lorsque le Jour de deuil national a été décrété, les commissions des accidents du travail de tout le Canada avaient reconnu 744 morts au travail, a rappelé Paul Moist, le président pan-canadien du SCFP. En 2005, il y en avait 1097. Aussi horribles que soient ces statistiques, la réalité est encore pire, parce que de nombreuses maladies professionnelles ne sont pas reconnues par les commissions des accidents du travail.»

Pour Henri Massé, il y a deux poids, deux mesures dans notre société. « Le Québec ne peut certainement pas pavoiser lorsqu’on y constate un taux de 6,43 morts par tranche de 100 000 travailleurs contre un taux d’homicide de 2,16 par tranche de 100 000 de population » a dit-il dit lors d’un rassemblement de la FTQ à Montréal. « Ces morts de travailleurs ne font pas souvent la manchette mais elles n’en sont pas moins violentes avec des conséquences dramatiques pour les familles et l’entourage », a ajouté le président de la FTQ.

« Oui on peut et on doit parler sérieusement d’augmentation substantielle des amendes, d’accroître le nombre d’inspecteurs de la CSST, de poursuites criminelles contre les employeurs fautifs. Mais par dessus tout, ça prend une volonté politique à Québec pour que les mécanismes de prévention, la mise sur pied de comités de santé et sécurité, la nomination d’un représentant à la prévention, pourtant prévus dans la loi depuis 1979, s’appliquent à tous les travailleurs sans exception. Aujourd’hui encore, en 2007, quelque 85 % des travailleurs n’y ont pas droit. On peut carrément parler d’un régime de santé et sécurité du travail à deux vitesses. Et la CSST ne peut se cacher derrière le laxisme du gouvernement, elle dispose de pouvoirs d’intervention qu’elle pourrait utiliser plus souvent », a indiqué Henri Massé.

Les oubliés de 1967

« Je m’en voudrais enfin de ne pas rappeler que ce 28 avril, il y a 40 ans, c’était bien sûr l’ouverture au grand public de l’Exposition universelle de Montréal, mais c’était également l’aboutissement d’un chantier qui a coûté la vie à 10 travailleurs, sans compter les 12 décès sur le chantier du métro. De cela aussi, il faut se rappeler 40 ans plus tard », a fait valoir M. Massé.

Selon l’ACNOR (Association canadienne de normalisation), en septembre 2006, le Canada se classe parmi les pires pays du monde industrialisé au chapitre de la santé-sécurité avec un taux de sept morts par tranche de 100 000 travailleurs. Il se classe au 5ème rang des taux les plus élevés de l’OCDE, devancé seulement par la Corée, le Mexique, le Portugal et la Turquie.


Illustration : un montage que j’ai fait l’an passé pour la revue libertaire Ruptures.

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