On a tous entendu parler du scénario catastrophe advenant l'application stricte du protocole de Kyoto. Le gouvernement fédéral anticipe la perte de 250 000 jobs industrielles bien payées, ce qu'il présente comme une crise à venir. On a bien rigolé tant la ficelle était grosse. Ken Georgetti, lui, a avalé de travers. C'est qu'il y a trois semaines, M. Georgetti, qui est président du Congrès du travail du Canada (CTC, l'équivalent pan-canadien de la FTQ), rencontrait des poids lourds du gouvernement Harper pour leur parler d'une crise similaire qui se déroule en ce moment même... sans réussir à obtenir une réaction des politiciens conservateurs.
« Je suis atterré d’entendre le Ministre de l’environnement décrire la perte hypothétique de 250 000 emplois avec de bons salaires dans les secteurs manufacturiers, forestiers et de production primaire comme étant une crise à venir. Parce que, il y a trois semaines le même nombre d’emplois perdus ne méritait aucune inquiétude de la part du gouvernement, » a déclaré le président du CTC, avant de préciser que « le 28 mars, avec les chefs des plus grands syndicats du secteur privé du Canada, j’ai rencontré le Premier ministre, le Ministre des finances, le Ministre de l’industrie et le Ministre du travail à propos du fait que depuis novembre 2002 le pays a souffert une perte nette de plus de 250 000 emplois dans le secteur manufacturier. Ils reconnaissent qu’ils ont vu les mêmes chiffres mais qu’eux n’estiment pas qu’il s’agit d’une crise. »
Selon Statistique Canada, les victimes de délocalisations, de rationalisations et autres fermetures d'usines qui se sont retrouvé un emploi, ne l'ont fait qu'au prix d'une perte de revenu de 25% en moyenne. Selon les syndicats, cela représente une perte annuelle de 10 000 $ environ pour un travailleur typique du secteur manufacturier. Si on additionne l'ensemble des victimes de la crise manufacturière, c'est plus 2,5 milliards de salaires de moins dans les poches de cette section de la classe ouvrière.
« Les Canadiens et les Canadiennes subissent des pertes massives d’emplois maintenant. Plutôt que de s’énerver sur des pertes hypothétiques qui seraient causées par des choix politiques qu’il refuse, le gouvernement devrait concentrer ses efforts sur les vraies pertes d’emplois réelles et commencer à revoir ses propres choix politiques en matière d’accords de commerce international, d’investissements, de taxations et de formations de la main-d’oeuvre » dit M. Georgetti.
Le CTC milite activement pour un plan d’action pour protéger les emplois et soutenir la création d’emplois qui payent de bons salaires.
S'abonner à :
Publier des commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Publier un commentaire