[Communiqué du Syndicat des communications de Radio-Canada (SCRC)]
Depuis 24 heures, la direction de l'information radio de la Société Radio-Canada harcèle certains membres du Syndicat des communications de Radio-Canada (SCRC) pour essayer de savoir comment le quotidien La Presse a réussi à publier à la une, le 15 mars dernier, une nouvelle qu'elle avait elle-même censurée quinze jours plus tôt. Dans cet article, le journaliste André Noel révélait, en pleine campagne électorale, l'existence d'une entreprise de vente de rendez-vous médicaux, la firme Medecina, ses méthodes de fonctionnement ainsi que l'opinion d'un certain nombre d'experts et de personnalités sur cette nouvelle étape sur la route de la médecine mixte, le mélange public-privé, au Québec.
Cette nouvelle d'un grand intérêt public aurait dû être diffusée par la SRC quinze jours plus tôt, si la direction de l'information radio n'avait pas censuré le travail d'un de ses propres journalistes, Daniel Raunet, le 1er mars dernier. M. Raunet est par ailleurs un syndicaliste bien connu, un ancien président du Syndicat des communications de Radio-Canada de 2003 à 2005.
Le 28 mars dernier, M. Raunet a déposé une plainte auprès du vice-président du réseau français de Radio-Canada, Sylvain Lafrance, avec copie au syndicat, pour protester contre la censure dont il avait été victime et pour réclamer une enquête sur ce fiasco éditorial. M. Raunet demandait que cette enquête ne soit pas confiée à un des protagonistes de l'affaire, mais à une personne indépendante, selon le principe que nul ne peut être à la fois juge et partie. M. Lafrance n'en a rien fait.
Loin de chercher à faire la lumière sur cet acte de censure, la Société Radio-Canada a décidé de harceler Daniel Raunet et les syndiqués qui ont travaillé avec lui. Deux des protagonistes principales de l'affaire, Mesdames Luce Julien, directrice des nouvelles radio et des actualités, et Line Pagé, rédactrice en chef des nouvelles radio, se sont instituées en tribunal d'inquisition et ont convoqué plusieurs de nos membres dans la journée du 4 avril, sans préavis, sans leur dire de quoi il s'agissait et sans la présence de représentants syndicaux. Deux employés en congé ont même été rappelés au travail pour les circonstances. Il semble que ces deux gestionnaires cherchaient à couvrir leurs propres traces et essayaient de savoir, en tentant de transformer les personnes interrogées en délateurs potentiels, si quelqu'un avait transmis un tuyau à La Presse.
Pour sa part, Daniel Raunet s'est clairement expliqué de la façon dont La Presse a appris que Radio-Canada avait fait enquête sur Medecina, puis abandonné le sujet. Il affirme n'avoir jamais pris l'initiative de contacter le journaliste de La Presse. Il a au contraire informé ses responsables éditoriaux de l'intérêt du quotidien dès que M. Noel l'a contacté, sans sollicitation de sa part, dans la semaine du 5 mars. La version des faits de M. Raunet est contenue dans sa lettre du 28 mars au v.p. Sylvain Lafrance, lettre que le SCRC met à la disposition des médias intéressés (sans, toutefois, une des annexes, le brouillon du reportage censuré, un document qui appartient techniquement à la Société Radio-Canada).
Mesdames Julien et Pagé ont convoqué M. Raunet mercredi matin, 4 avril, sans lui dire l'objet de la rencontre, mais elles ont refusé de le recevoir quand il s'est présenté avec un conseiller syndical. Ces deux gestionnaires ont ainsi violé non seulement la convention collective mais aussi la politique 2-2-10 de la Société Radio-Canada sur les mesures disciplinaires, qui prévoit spécifiquement la présence de représentants syndicaux lors de telles enquêtes.
Le SCRC déplore que la Société Radio-Canada se soit lancée dans une chasse aux sorcières contre des syndiqués au lieu de faire son examen de conscience et de se poser des questions sur ses propres turpitudes éditoriales. Quelles ont été les motivations de la Société lorsqu'elle a bloqué la publication de la nouvelle? Une enquête indépendante sur la question est toujours à l'ordre du jour.
Le SCRC défendra vigoureurement ses membres injustement harcelés et continuera de dénoncer l'existence de pratiques anti-journalistiques déplorables de la part de la direction de la Société Radio-Canada.
Source: SCRC
N.B.: La photo est tirée d'un blogue créé durant le lock-out de 2005 à Radio-Canada. C'est mon choix éditorial, pas celui du syndicat...
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