jeudi 28 décembre 2006

Flashback : la grève chez Dupuis & frères (1952)

Le post précédent mentionne à la toute fin la grève chez Dupuis. J'en ai entendu parlé souvent mais je ne m'étais jamais trop attarder sur la question. Là ma curiosité a été piquée et j'ai fait une petite recherche google. Je suis tombé sur le texte suivant (succulent à mon avis!) tiré du site "Souvenirs d'un vieux Montréalais". J'en met un extrait en attendant de pouvoir mettre en ligne ma revue de l'année 2006...




De toutes les entreprises paternalistes à Montréal, Dupuis & frères, était la championne.

À l'occasion de je ne sais trop quel anniversaire, les employés, qui gagnaient des salaires minables, s'étaient cotisés pour offrir à la richissime famille Dupuis un luxueux "abreuvoir" (on dirait aujourd'hui une fontaine) à l'usage de sa distinguée clientèle.

Située près des ascenseurs, cette fontaine portait une dédicace gravée dans le marbre à la gloire de la Sainte Famille Dupuis.

En plus d'être le magasin préféré des petits bourgeois et de l'élite canadienne-française, Dupuis &Frères était à peu de choses près le fournisseur exclusif du clergé sur le territoire du Grand Montréal. Prêtres séculiers, pères, sœurs et frères économes de la plupart des congrégations religieuses venaient s'approvisionner chez Dupuis où ils étaient reçus avec tous les égards que leur rang commandait.

Dans les autres rayons, les petits bourgeois qui bénéficiaient d'un compte courant avaient droit à presque autant d'égards. Les courbettes et les "plairait-il à madame..." étaient monnaie courante. Députés et échevins étaient reçus comme des princes .

Imaginez l'immense scandale quand, le 2 mai 1952, peu de temps après l'horrible grève de l'amiante, qui avait chassé Monseigneur Charbonneau du diocèse de Montréal, les employés de la très sainte maison Dupuis &Frères décidèrent de faire la grève.

Quels ingrats...

Le vote de grève était nettement majoritaire, le syndicat avait respecté toutes les lois du travail, les revendications étaient des plus légitimes mais la Sainte Famille Dupuis, appuyée par le gouvernement, les petits bourgeois et l'élite canadienne-française, décida d'avoir recours à des briseurs de grève et de garder le magasin ouvert.

Au début, la clientèle hésitait à franchir les lignes de piquetage mais petit à petit, attirée par les réclames à bas prix offertes par le magasin, l'achalandage retrouvait son niveau normal. Le syndicat des employés de Dupuis &Frères affilié à la Confédération des travailleurs catholiques canadiens (C.T.C.C. l'ancêtre de la CSN) fut forcé de réagir et d'augmenter la pression sur les scabs. La sortie des employés à la fin de leur journée de travail devint de plus en plus pénible et la famille Dupuis dût louer des autobus pour les ramener chez-eux. (...)


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Flashback : 60e anniversaire de la grève à la Montreal Cotton

Il ne se passe rien de particulier cette année entre Noël et le jour de l'an au niveau syndical (pas de grève évocatrice comme la SAQ ou le Mont Tremblant). Autant en profitant pour s'instruire... En septembre le bulletin maoïste Arsenal Express publiait un texte pour commémorer le 60e de la grande grève du textile à Valleyfield (oui, je sais, c'est des maos... mais ils ne publient pas que des conneries...). Je me permet d'en publier ici un large extrait.





Il y a quelques jours, les journaux locaux ont rappelé la formidable bataille du 13 août 1946 à la Montreal Cotton. Plus qu’un événement à ranger au musée de l’histoire, plus qu’un haut fait syndical qu’il convient de rappeler, il faut surtout souligner l’impact politique de cette bataille.

Il faut le rappeler, les organisateurs et les ouvriers qui ont remporté cette victoire, l’ont remportée contre des ennemis puissants. Ils ont d’abord su se libérer des bureaucrates syndicaux américains puis des tenants du syndicalisme catholique de collaboration qui, soumis à l’intervention du Cardinal Villeneuve, avaient échoué en 1937.

En 1946, c’est une grève longuement préparée et extrêmement dure qui oppose les ouvriers, au patron de la puissante multinationale Dominion Textile, à l’évêché qui appuie sans réserve la compagnie et au gouvernement Duplessis qui combat violemment les organisateurs de syndicats et l’influence des communistes partout en province. Ce véritable régime de peur de Duplessis alliant l’État, les grosses compagnies et l’Église, on l’a appelé la « Grande Noirceur » au Québec. Maintenue dans l’obéissance et la misère, la classe ouvrière est réprimée durement chaque fois qu’elle ose résister à cette oppression.

À Valleyfield, avant 1946, les ouvriers avaient, pendant plus de 50 ans, tenté d’obtenir le droit de négocier des améliorations aux conditions de travail épouvantables, mais les patrons, ayant recours à la police et même à l’armée en octobre 1900, avaient réussi à les mater.

Ces gens ordinaires, nos grands-pères, nos grands-mères, vont réussir ce jour-là l’impossible en osant aller à contre-courant. Ils vont battre la police provinciale de Duplessis, la gang de fiers-à-bras de la compagnie et ses briseurs de grève épaulés par l’évêché. C’est en osant lutter pour vaincre leurs adversaires, en s’organisant pour gagner qu’ils ont remporté cette victoire.

Les 11, 12 et 13 août, 400 briseurs de grève sont recrutés dans quatre églises de Valleyfield. Le 13 août, escortés par une gang de fiers-à-bras dirigée par l’ancien chef de police de Valleyfield, ils réussissent à briser la ligne de piquetage et entrent de force dans la filature sous les yeux bienveillants de la police provinciale, dont le contingent a été renforcé pour casser la résistance au plus gros moulin textile du Canada, avec ses 3 000 employés.

La défaite ouvrière semble inévitable. Mais les dirigeants de la grève appellent tous leurs réseaux, toutes les forces disponibles de la population à se rassembler pour 11 heures, aux portes de l’usine Gault pour livrer bataille; c’est l’heure de la sortie des briseurs de grève. En deux heures, la foule passe à 5 000 personnes.

La police tente de frayer un passage aux briseurs de grève. Plus de deux heures de combat, entrecoupé de tirs de bombes lacrymogènes par la police sur les ouvriers et la foule, auxquels on répond aussitôt de façon disciplinée, une fois, deux fois par des volées de roches. Enfumée par le retour des bombes à l’étage de l’usine, deux fois la police lève le drapeau blanc et bat en retraite. Finalement, elle accepte de négocier la sortie définitive des briseurs de grève et des fiers-à-bras qui sont expulsés de la ville et escortés par des grévistes jusqu’à St-Timothée.

Il s’est produit l’impensable : méprisés par les capitalistes, leurs alliés et par les bureaucrates syndicaux de Washington, eux aussi contre cette grève, les gens ordinaires de Valleyfield et de la région, ont fait plier pour la première fois le régime de peur de Duplessis!

Cette bataille du 13 août fut le point tournant dans cette grève de trois mois Elle aura été le premier chapitre d’une longue guerre menée en grande partie par la classe ouvrière et qui va mener à la fin du régime Duplessis. Cette victoire a fait le tour du Québec et du pays. Elle a donné un coup de confiance à la classe ouvrière, contribuant à d’autres luttes courageuses qui ont suivi dans le textile, puis à Asbestos, Murdochville, Dupuis Frères et bien d’autres.


Source (et suite) : Arsenal express

mardi 26 décembre 2006

Une petite pensée...

Une petite pensée pour les 830 travailleurs et travailleuses qui passent les fêtes en grève ou en lock-out cette année. Cliquez pour voir la liste. (Source: Ministère du travail du Québec).

jeudi 21 décembre 2006

Jeld-Wen ferme son usine de préparation de bois à Saint-Apollinaire (Le Peuple)



L'usine de préparation de bois Jeld-Wen, située à Saint-Apollinaire, mettra fin à ses activités d'ici le 26 janvier 2007. Les 84 travailleurs de Produits moulurés précision, en lock-out depuis le 25 septembre, se retrouveront alors sans travail.

Lire la suite sur le blogue du Peuple de Lotbinière

Deux poids, deux mesures à Joliette

Alors que la Ville de Joliette vient d'augmenter le salaire du maire de 17% et celui des conseillers de 14,5%, et cela retroactivement au 1er janvier 2006, la même municipalité propose à ses salariés un gel de salaire pour deux ans et des augmentations de 1,25% pour les cinq années suivantes. Y'en a qui ont du front tout le tour de la tête.

« C’est carrément inacceptable! Évidemment, les offres ont été rejetées à 100 % par les membres du syndicat présents à l’assemblée générale. » a dénoncé Denis Giguère, conseiller syndical à la CSD.

Source: CSD (Les augmentations sont à la mode à Joliette... sauf pour les salariés!)

Y'en a qui savent pas vivre...

COMMUNIQUÉ

Fermeture sauvage du Centre de tri de Rivière-Rouge

Le centre de tri de Rivière-Rouge a été fermé, en catimini, entre 10 h 30 et midi, le mercredi 20 décembre 2006. Prétextant un manque de matières à recycler, la direction a renvoyé chez eux les employé-es du quart de jour vers 9 h 30. À compter de midi, la direction a appelé certains d’entre eux, du quart de soirée, pour leur signifier qu’il n’y avait pas de travail en soirée. Des travailleuses et des travailleurs non joints se sont butés en début d’après-midi sur une entrée fortifiée, cadenassée et gardée par des agents de sécurité.

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À force de parler de ressources humaines on en vient à croire que les travailleurs et les travailleuses sont jetables après usage et on oublie qu'il s'agit de personnes à qui l'on doit un minimum de considération... Fermer sans avertir, à la veille des fêtes, bordel!

À Résidences Portland on va passer les fêtes sur les lignes...

Les 11 syndiqué-es en grève de Résidences Portland, en Estrie, ont envoyé un communiqué ce matin annonçant que la grève va se poursuivre pendant les fêtes. Les syndiqué-es « sont déterminés à se faire respecter » écrit le syndicat.

Même s'ils et elles vont passer les fêtes sur les lignes de piquetage, la CSN assure que le temps des Fêtes ne sera pas synonyme de perte financière pour les gréviste. En effet, grâce à la solidarité des autres syndicats de la région et du Conseil central de l’Estrie, « les travailleuses et travailleurs ne perdront pas un sou de leur salaire habituel. Ils et elles auront même droit à un supplément pour passer le temps des Fêtes » a expliqué Jean Lacharité, président du dit Conseil central.

Un mois de grève

La grève a débuté le 27 novembre dernier (la convention collective était échue depuis le 1er juillet 2005). La lutte oppose les syndiqué-es, qui veulent obtenir des conditions similaires à ce qui existe dans les centres d'hébergement privés où les syndicats sont affiliés à la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), aux patrons qui exigent plutôt des reculs.

« Il n'est pas question de reculs dans nos conditions de travail. Nous voulons obtenir les conditions de travail des autres centres d'hébergement privés, syndiqués à la CSN », a expliqué madame Suzanne Talbot, présidente du syndicat, lors du déclenchement de la grève, il y a un mois.

Les propriétaires, de leur côté, exigent des reculs majeurs quant à la garantie des heures travaillées, au nombre de jours de maladie, de fériés, de vacances et de congés sociaux. En plus d'abaisser la rémunération à l'embauche, ils veulent imposer un gel des salaires pour la première année et des hausses totalisant 7 % pour les cinq années suivantes. Le salaire d'une préposée aux résidents est de 10,00 $ l'heure.

« Une augmentation de 0,40 $ l’heure pour des travailleuses et des travailleurs qui gagnent 10 $ l’heure en prenant soin des personnes âgées autonomes et semi-autonomes (démence, maladie d’Alzheimer, maladie de Parkinson) n’est pas démesurée et ne risque pas de mettre en péril la santé financière de cette résidence » a répliqué Mme Talbot.

Les onze travailleuses et travailleurs en grève respectent l'entente négociée avec le Conseil des services essentiels afin d'assurer la santé et la sécurité des bénéficiaires. Ils et elles bénéficient de l'appui du Fonds de défense professionnelle de la CSN et des autres syndicats CSN de la région. « Nous voulons les assurer de l'appui de la CSN, peu importe la durée du conflit », a expliqué M. Lacharité.

Source et photos: CSN.

Qu'est-ce que ça donne se syndiquer ?

Ça donne quoi de se syndiquer ? On l'entend souvent celle-là... Outre le respect et la dignité, se syndiquer ça donne surtout de meilleures conditions de travail. 22% d'augmentation de salaire, qui dit mieux?

COMMUNIQUÉ DES MÉTALLOS:

Club de golf Laval-sur-le-Lac - Les Métallos obtiennent 22 % d'augmentation de salaires

STE-THERESE, QC, le 21 déc. - Les 40 Métallos au Club de golf Laval-sur-le-Lac ont accepté hier dans une forte proportion les dernières offres patronales. Ils obtiennent des augmentations de salaires de 22 % échelonnées sur cinq ans. "Nos membres sont satisfaits. Nous avons expliqué à l'employeur que son club sélect devait rémunérer convenablement ses employés. Non seulement, il devait reconnaître la compétence de nos membres mais il devait comprendre que les autres clubs de golf syndiqués avec les Métallos l'avaient compris en accordant des salaires supérieurs", a déclaré Denis Lévesque, permanent du Syndicat des Métallos (FTQ).

Les augmentations seront de 9 % la première année, de 3 % pour chacune des trois autres années et de 4 % la dernière année du contrat de travail. Le salaire horaire moyen actuel est de 13,72 $. Ces Métallos ont également amélioré leurs assurances collectives notamment l'assurance-vie qui a doublé. Les vêtements de travail seront dorénavant entièrement fournis par l'employeur.

La convention collective venait à échéance le 1er janvier 2007.

Ataboy! on rit plus...

J'ai lu sur ce blog que l'armée américaine veut forcer le retour au travail des ouvriers de Goodyear. Rien que ça!

Les Américains ne plaisantent pas en période de guerre. Depuis octobre 2006, le fabricant américain de pneumatiques Goodyear doit faire face à une grève dans près d'un tiers de ses usines aux Etats-Unis et au Canada : en tout, 15 000 salariés protestent contre des futures fermetures d'usines. Petit rappel : Goodyear est le numéro trois mondial du pneu en termes de ventes derrière Bridgestone et Michelin.

L'Armée pourrait obliger les ouvriers de certaines usines de Goodyear à reprendre le travail si ça continue. Et elle serait même prête à utiliser la force s'il le faut. Pour quelles raisons l'Armée est sous tension nerveuse et agirait ainsi ? Et bien cette grève commencerait à gêner sérieusement l'approvisionnement des camions Humvee, utilisés en Irak et en Afghanistan. J'imagine déjà les militaires américains cerner les grévistes rebelles, les porter sur leur dos, les déposer comme des gros paquets sur leur lieu de travail et les menacer avec un flingue pour qu'ils bossent. Quel tableau cauchemardesque !


Le site pan-canadien des Métallos affiche plusieurs communiqués en «une» sur ce conflit (dont notamment un appel au boycott).

Mesquin

Le Devoir nous apprend aujourd'hui que les employé-es du seul Wal-Mart syndiqué d'Amérique du nord (à Saint-Hyacinthe) n'auront pas de prime au rendement cette année. La raison? Le processus de syndicalisation a entraîné des frais juridiques importants pour la compagnie. Au fil des ans les primes de fin d'année étaient passée de 200$ à 880$. Le syndicat (affilié aux TUAC-FTQ) conteste la décision. Outre la question des primes, l'article du Devoir fait le point sur les négociations et les relations tendues entre la multinationale et le syndicat. À lire ici.

mercredi 20 décembre 2006

Ces grèves oubliées...

Les travailleuses du CPE Ritourn’ailes, à Sept-Îles sont en grève depuis le 6 novembre dernier.

Le syndicat expliquait au moment du déclenchement de la grève :

« L’employeur ne nous laisse guère de choix. » Après avoir été informé par le conciliateur du ministère du Travail, que la fragile entente intervenue le 14 octobre dernier, qui avait permis de suspendre la menace de grève était remise en question par le conseil d’administration du CPE, le lien de confiance était brisé.

Rappelons qu’à cette date, la partie patronale avait accepté les deux préalables qu’avait fixé le syndicat pour la poursuite des négociations, à savoir, l’acceptation par l’employeur qu’une travailleuse fasse partie du conseil d’administration avec droit de parole et de vote, de même que le retrait de l’affichage d’un poste de cadre pour effectuer des tâches normalement dévolues à une travailleuse syndiquée. C’est sur ce dernier point que le CPE s’est ravisé. En effet, il a décidé, malgré l’entente, de revenir à sa position initiale concernant cet affichage et a finalement affiché un poste cadre de directrice adjointe, plutôt que celui de secrétaire-comptable syndiquée, comme il avait été convenu.

Ce manquement à la parole donnée a été la goutte qui a fait déborder le vase du côté du syndicat qui ne croit tout simplement plus dans la bonne foi de l’employeur.


Les grévistes ont mis sur pied un forum internet sur leur conflit. Vous pouvez aussi lire le communiqué publié par la CSN au déclenchement de la grève.

Viré pour avoir parlé



Cliquez pour voir le reportage-photo sur le site du SCFP

COMMUNIQUÉ SCFP - Les employés de la SIQ soutiennent leur collègue congédié

"Viré pour avoir parlé", c'est sous ce thème que des dizaines d'employés de la SIQ, affiliés au SCFP, ont manifesté aujourd'hui devant les bureaux de leur employeur à Québec. Plusieurs portaient un bandeau sur la bouche, pour signifier que leur employeur cherche à les réduire au silence. Ils venaient appuyer leur collègue Denis Petitclerc, congédié le 7 décembre dernier après avoir répondu aux questions d'une journaliste sur un enjeu de santé-sécurité.

Juste avant, en point de presse, le directeur québécois du SCFP, Michel Poirier, annonçait qu'une plainte à la Commission des relations du travail (CRT) avait été déposée contre la SIQ et sera entendu le 23 mars prochain. Le syndicat estime que le geste de l'employeur correspond à un congédiement pour activité syndicale, ce qui est interdit par le Code du travail. "Il est inacceptable qu'une entreprise tente de museler ainsi des militants syndicaux, et à plus forte raison s'il s'agit d'un organisme public sous la responsabilité du gouvernement du Québec. Loin de nous taire, nous allons plutôt multiplier les actions publiques pour dénoncer ces agissements", a lancé Michel Poirier. "Hélas, c'est une pratique de plus en plus populaire de la part des entreprises et qui touchent parfois les citoyens. On pense ici aux SLAPP qui tentent de faire taire les voix jugées trop dérangeantes", a souligné Mario Gervais, président du SCFP-Québec.

Claude Maltais, président du Conseil régional FTQ Québec et Chaudière-Appalaches, également présent, a confirmé l'appui de tous les affiliés de la centrale à cette cause. "Denis et le syndicat des employés de la SIQ peuvent compter sur le support de tous les syndicats FTQ de la région. Nous sommes à leur disposition pour toute forme d'action. Déjà, Denis a obtenu un contrat avec le Fonds de solidarité de la FTQ qui lui assurera un revenu stable pendant plusieurs semaines. Par la suite, les diverses mesures de soutien prévues par le SCFP pourront s'appliquer"

Source: SCFP

mardi 19 décembre 2006

Le ridicule ne tue pas (une chance!)

Le SFPQ nous apprend que la logique n'est pas toujours le fort des gestionnaires de l'État. Ainsi, un appel d'offre a été lancé récemment pour confier en sous-traitance l'entretien des avions-citernes utilisé pour combattre les feu de forêts. Or, le rappatriement à l'interne de cette fonction avait permis d'économiser 800 000$/an en 1995.

À ce jour, une seule entreprise a répondu à l'appel d'offre du Service aérien gouvernemental : Bombardier. Selon les calculs du syndicat, il en coûterait 3 fois plus cher de faire faire la job par Bombardier que par les syndiqués de l'État. En effet, au taux horaire de la fonction publique, ça coûte 117 516 $ alors que Bombardier offre de faire le travail pour 370 800 $...

Où est la logique? Le SFPQ pense que :

La réponse réside probablement dans la volonté avouée du Conseil du trésor de réduire la taille de l’État, qui s’incarne par la mise en place d’une politique de non‑remplacement d'un départ à la retraite sur deux et, plus récemment, par un gel complet de l’embauche. Dans ces conditions, il n’est pas surprenant que les gestionnaires de l’État considèrent la sous-traitance comme une solution au manque d’effectifs qui leur est imposé par les politiques du Conseil du trésor.


Le syndicat conclu :

Le SFPQ a demandé une réunion d’urgence du Comité mixte ministériel de relations professionnelles afin d’obtenir la position patronale sur ce dossier. Aux yeux du Syndicat, le recours à la sous-traitance pour l’entretien des avions-citernes du gouvernement est une aberration qui ne saurait se justifier par une politique de non-renouvellement des départs à la retraite. Il s’agit d’un dossier à suivre, puisque au moment d’écrire ces lignes, le contrat n’a toujours pas été octroyé.


Source : Sous-traitance - Entretien des avions-citernes du gouvernement sur le site du SFPQ.

Syndicats et pragmatisme politique

Un article publié sur Presse toi à gauche (par ici...) révèle que certains syndicats qui ont une tradition d'appui officiel à des partis politiques (essentiellement des syndicats FTQ) commencent à se poser des questions. Ainsi, le Comité politique des Travailleurs canadiens de l’automobile (TCA-FTQ) fait assaut de pragmatisme (et de jésuitisme) pour expliquer pourquoi il propose de continuer d'appuyer le P.Q... Même si Québec solidaire pourrait être plus intéressant à terme.

lundi 18 décembre 2006

S'attribuer le mérite de l'équité salariale, un enjeu symbolique

Une bataille idéologique fait actuellement rage dans les médias dans les milieux de travail de la fonction publique. L'enjeu est de déterminer qui, du gouvernement ou des syndicats, peut s'attribuer le mérite de l'équité salariale. En effet, qui a le plus de mérite? Les politiciennes qui ont fait adopté les lois et les ont ensuite appliquées ou alors les militantes et dirigeantes syndicales qui se battent depuis 25 ans? À ce sujet, les syndicats sont catégoriques: Le règlement du dossier de l’équité salariale est le fruit de la détermination et de la solidarité des femmes appuyées par leurs organisations syndicales et non pas le cadeau d’un gouvernement qui cherche à se faire du capital politique sur leur dos.

Pour en savoir plus, je vous recommande de lire un tract diffusé il y a un mois par les syndicats pour remettre les pendules à l'heure. À lire!



On ne compte plus le nombre de caricatures publiées par la CSN au fil des ans. La centrale s'était même donnée une mascotte (rachel, ci-contre).

dimanche 17 décembre 2006

Ouch ! fermeture définitive de Chez Ben's après 5 mois de grève

La fermeture définitive de l'entreprise est toujours la menace ultime que brandissent les patrons durant les conflits. Des fois, ils franchissent le pas. C'est à l'occasion manifestement frauduleux (ex.: Wall-Mart), d'autre fois pas. Anyway, une fermeture est toujours un coup très dur pour les syndiqué-es. C'est ce qui vient d'arriver à ceux et celles du Resto chez Ben's à Montréal.

Les grévistes se disent «attristés, mais pas surpris par l'annonce concernant la fermeture du célèbre restaurant». « Au fil des ans, il est devenu évident, pour nous, que les héritiers de Ben’s n’avaient pas l’intention de poursuivre bien longtemps les activités de l’entreprise, a dit Charles Mendoza, président du Syndicat des travailleuses et travailleurs de la charcuterie Ben’s (CSN). Ça prend vraiment de la détermination pour gaspiller les atouts que possédaient Ben’s : une histoire de 98 ans, une clientèle fidèle provenant d’un peu partout dans le monde et des employé-es dévoués. »

Dans une dernière tentative pour forcer les propriétaires à faire des investissements minimes afin d’assurer la survie du restaurant, les employés ont déclenché la grève le 20 juillet. Ils ont appris la fermeture par un communiqué de presse des patrons qui affirme que «le restaurant ne peut être rentable dans l’environnement économique d’un personnel syndiqué. »

Les grévistes n'en croient évidemment par un mots. « Syndiqué ou pas, a observé M. Mendoza, la plupart des travailleurs gagnaient le salaire minimum. Les revendications pécuniaires étaient de l’ordre de 40 cents l’heure », a-t-il fait remarquer. Le syndicat assure qu'il demeurera vigilant, notamment au cas où les patrons (ou d'éventuels nouveaux proprios) voudraient leur en passer une petite vite et reprendre les activités dans quelques temps.

« La vraie tragédie, c’est que la ville de Montréal perd plus qu’un simple restaurant, a conclu Charles Mendoza. Ben’s est une institution qui a contribué au caractère culturel unique de Montréal. C’est honteux que les propriétaires actuels ne ressentent aucune responsabilité à l’égard de la ville, de la clientèle ou des travailleurs qui les ont enrichis. »

L’annonce de la fermeture survient 10 jours seulement après le lancement par les employés du restaurant d’une campagne publique pour la sauvegarde de Ben’s.

Source : CSN - 15 décembre 2006

vendredi 15 décembre 2006

Nexans - Mise à jour

Le 13 décembre dernier, la multinationale Nexans s'est payée une pleine page de pub dans les quotidiens de la capitale. Elle y détaillait la proposition sur laquelle ses syndiqué-es en grève devait voter (suite à une ordonnance de la Commission des relations de travail (CRT). Curieux (et coûteux) procédé...

Le résultat de la manoeuvre a été désastreux pour la compagnie. Les grévistes ont en effet rejeté à 94 % les offres patronales et le protocole de retour au travail (alors que le vote de grève d'origine avait été pris à 93%!). «L'employeur vient d'avoir sa réponse. Ses manoeuvres douteuses dont une publicité négative dans les journaux dans une tentative de passer par-dessus la tête du syndicat et du comité de négociation, ont lamentablement échoué. La compagnie doit revenir avec non seulement des nouvelles propositions mais aussi une volonté de négocier une convention collective de travail», a réagit Gordon Ringuette, permanent du Syndicat des Métallos (FTQ).

Ce dernier a poursuivi en soulignant que c'est la première fois à sa connaissance qu'une compagnie va aussi loin dans l'ingérence dans la vie syndicale d'un syndicat. «Nous sommes très déçus, dit-il, de voir que la CRT ait accepté d'être complice d'une compagnie aussi antisyndicale. Nos membres ont pris leur décision collectivement et démocratiquement à toutes les étapes. Tous nos dirigeants sont élus au suffrage universel. Notre constitution est très claire. A ce que je sache, les dirigeants de la compagnie ne sont pas élus. Ce sont eux qui devraient prendre des leçons de démocratie. Nous aurions d'ailleurs quelques suggestions à leur faire à ce chapitre. Au lieu de discréditer les travailleurs et leur syndicat, ils devraient regarder dans leur propre cour et arrêter de dépenser futilement des sommes importantes d'argent. Ils pourraient les verser en salaires ou en avantages sociaux à ceux et celles qui les font vivre. Ce serait un geste nettement plus positif».

Le président du syndicat local, Daniel Lapointe, a souligné que les membres appuient leur syndicat depuis le début du conflit. «Le vote d'hier a montré qu'ils étaient encore derrière nous. Je suis très fier de milité avec mes collègues. Ils sont extraordinaires. Nous allons gagner notre grève».

Rappelons que les 92 Métallos de l'usine de fabrication de câbles électriques de la compagnie Nexans à Québec sont en grève depuis le 13 juillet dernier. Les principaux points en litige sont le rattrapage monétaire dans le régime de retraite, une pause-café que l'employeur veut couper pour les horaires de travail de 12 heures alors qu'il maintient celle des travailleurs et travailleuses oeuvrant sur les quarts de travail de 8 heures. Les salaires, le plancher d'emploi et les vacances sont également au coeur de ce litige.

* * *

Pour ceux et celles que ça intéresse, les grévistes de Nexans animent un blog depuis le début du conflit.

* * *

En passant, voici ce que le journal libertaire Cause commune avait à dire sur la grève chez Nexans :

Grève chez Nexans Québec

Depuis maintenant près de trois mois, les employéEs de Nexans à Québec, syndiquéEs au local 6687 des Métallos, mènent une lutte ouverte face à leur patron. Depuis trois ans, un nouveau boss s’est implanté au niveau local, une sorte de directeur de succursale. Pour les travailleuSEs, il n’est rien de moins qu’un fasciste. Ce dernier veut non seulement couper les pauses d’après-midi (ils/elles font des chiffres de douze heures), mais également revoir à la baisse les retraites.

Le refus systématique de négocier de la part du patron local force les travailleuSEs à se déplacer jusqu’à Toronto, là où l’on retrouve la direction de cette entreprise de soudure. Finalement, notons que ce petit chef local a passé la majeure partie de son temps à tenter d’imposer des injonctions face aux grévistes et à faire entrer des scabs au lieu de négocier. Doit-on croire que c’est l’État qui donne des leçons au privé, ou l’inverse?

Solidarité internationale...

J'ai reçu ce communiqué ce matin. Pour en savoir plus sur la situation à Oaxaca, vous pouvez aller voir sur le site du CMAQ.

La CSQ et la FNEEQ-CSN, à Oaxaca au Mexique, en appui à la lutte enseignante et populaire

MONTREAL, le 15 déc. - La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN) ont répondu à l'appel lancé par la Coalition trinationale pour une éducation publique pour constituer une brigade enseignante internationale afin de participer au Forum international des enseignantes et des enseignants en solidarité avec le peuple d'Oaxaca. La Coalition trinationale regroupe des organisations syndicales canadiennes, mexicaines et états-uniennes. Les personnes déléguées se rendront samedi, dans la province d'Oaxaca, pour participer au Forum qui se déroulera le dimanche 17 décembre. Ils seront en quelque sorte les yeux et les oreilles de l'opinion publique québécoise sur la situation de cette région du Mexique.

Rappelons qu'en mai 2006, le personnel enseignant de l'Etat d'Oaxaca, dans le sud-ouest du Mexique, déclencha la grève pour de meilleurs salaires et pour la dignité du peuple d'Oaxaca. Il a été soutenu par l'Assemblée populaire des peuples d'Oaxaca (APPO) faisant aussi partie du mouvement de protestation. L'APPO représente les plus pauvres de cette région du Mexique, celles et ceux qui vivent avec moins de trois dollars par jour. La grève s'est transformée en soulèvement dont la revendication principale demeure toujours la démission du gouverneur de l'Etat, Ulises Ruiz.

A la suite de la répression sanglante ordonnée par le gouverneur de l'Etat et de l'assassinat d'un caméraman étranger par des forces paramilitaires, les insurgés de l'APPO, dont plusieurs enseignantes et enseignants, ont continué à résister énergiquement. Le président Vincente Fox a même déployé la police fédérale préventive dans la ville d'Oaxaca où la situation demeure jusqu'à maintenant fort inquiétante. Un appel fut lancé pour déléguer une brigade enseignante internationale, au cours du week-end, à la fois pour exprimer le soutien du monde syndical enseignant et pour constituer, le temps de quelques jours, un écran de protection pour la population et le personnel enseignant de l'Etat d'Oaxaca.

Christiane Malet, chargée de cours en éducation à Université du Québec à Montréal, membre du Comité d'action internationale de la FNEEQ et Sébastien Bouchard, conseiller à la CSQ, quittent aujourd'hui le Québec pour le Mexique. Ils rejoindront le personnel enseignant du Canada et des Etats-Unis ainsi que des représentantes et représentants d'organisations enseignantes européennes.

Vous pourrez trouver des documents écrits et audiovisuels en espagnol sur les sites suivants : www.asambleapopulardeoaxaca.com, www.espora.org/limeddh et www.cmdpdh.org.

jeudi 14 décembre 2006

Ça brasse chez Quebecor...

Alors qu'un lock-out fait rage à l'imprimerie du Journal de Montréal (voir ce blog) et que la direction n'est pas en super bon terme avec le syndicat de la rédaction, il semble que Quebecor veut également frapper un grand coup à Québec.

Patrick Lagacé en tout cas en parle sur son blog (et il y avait déjà eu des échos dans Le Soleil)...

Réaction syndicale préliminaire lue sur le site du SCFP:

Au Journal de Québec, «aucun syndicat n’a pris de vote de grève, aucun syndicat n’a même formulé ses demandes à l’employeur»

Dans son édition d’aujourd’hui, le quotidien La Presse cite un «courriel émanant d’Anne-Marie Cadieux, ancienne rédactrice en chef du quotidien gratuit 24 heures et aujourd’hui responsable du contenu rédactionnel des hebdos du groupe Quebecor». Selon le courriel, qui recommande de garder la plus grande discrétion sur cette affaire, « Quebecor est à la recherche de chefs de pupitre qui seront prêts à s’exiler à Toronto pour la durée du conflit». On ajoute que les personnes ainsi recrutées seront «généreusement récompensées».

« Le courriel de madame Cadieux est daté du 17 novembre. La toute première rencontre de négociation a eu lieu le premier décembre, observe Denis Bolduc qui ajoute « souhaiter que Quebecor fasse toute la lumière sur ce courriel mystérieux au plus vite car, d’après ce qu’on peut lire dans La Presse, madame Cadieux serait restée vague sur son rôle dans cette affaire ».
Denis Bolduc signale par ailleurs que le Journal de Québec jouit d’une excellente situation financière et qu’il est même en progression, ce que la direction du Journal a elle-même confirmé pas plus tard qu’en novembre. « Déclencher un lock-out ne serait sûrement pas à l’avantage de la direction du Journal », a-t-il conclu.

Rappel des faits

Les quatre groupes de syndiqués à l’emploi du Journal de Québec sont entrés en négociation avec leur employeur le premier décembre. Fait à noter, tandis qu’habituellement les négociations collectives commencent par le dépôt des demandes syndicales, dans ce cas-ci c’est plutôt l’employeur qui a soumis ses demandes aux quatre syndicats lors de la première rencontre. Par la suite, l’employeur a précisé ses demandes lors de rencontres avec chacun des syndicats qui ont eu lieu les 11 et 12 décembre.

A ce stade-ci, aucun des quatre syndicats n’a encore déposé ses demandes à l’employeur. Ils prévoient le faire après les Fêtes.

Du côté syndical, on n’entend pas commenter le contenu des demandes patronales pour le moment. Les quatre syndicats préfèrent d’abord en saisir leurs membres lors d’assemblées générales qui se tiendront d’ici peu.

Le contrat de travail de tous les employés du Journal de Québec expire le 31 décembre 2006.

Fin septembre, le Journal de Québec embauchait 14 nouveaux cadres, soit quelques jours avant la date limite légale pour que ces personnes soient considérées comme « scabs » advenant un conflit de travail.

Rappelons que quelque 250 salariés travaillent au Journal de Québec, une division de Corporation Sun Media. Ces employés sont regroupés au sein de quatre syndicats (Rédaction, Bureau, Imprimerie et Représentants publicitaires) tous affiliés au Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP-FTQ). Tirant à 104 000 exemplaires en semaine et à 127 000 le samedi, le Journal de Québec est le premier quotidien de la Capitale nationale.

mercredi 13 décembre 2006

Nexans...

Aujourd'hui (13 décembre) la multinationale Nexans c'est payé une pleine page de pub dans les quotidiens de la capitale. Elle y détaille la proposition qui sera soumise à ses syndiqué-es en grève. Curieux (et coûteux) procédé...

Pour ceux et celles que ça intéresse, les grévistes de Nexans animent un blog depuis le début du conflit.

* * *

En passant, voici ce que le journal libertaire Cause commune avait à dire sur la grève chez Nexans :

Grève chez Nexans Québec

Depuis maintenant près de trois mois, les employéEs de Nexans à Québec, syndiquéEs au local 6687 des Métallos, mènent une lutte ouverte face à leur patron. Depuis trois ans, un nouveau boss s’est implanté au niveau local, une sorte de directeur de succursale. Pour les travailleuSEs, il n’est rien de moins qu’un fasciste. Ce dernier veut non seulement couper les pauses d’après-midi (ils/elles font des chiffres de douze heures), mais également revoir à la baisse les retraites.

Le refus systématique de négocier de la part du patron local force les travailleuSEs à se déplacer jusqu’à Toronto, là où l’on retrouve la direction de cette entreprise de soudure. Finalement, notons que ce petit chef local a passé la majeure partie de son temps à tenter d’imposer des injonctions face aux grévistes et à faire entrer des scabs au lieu de négocier. Doit-on croire que c’est l’État qui donne des leçons au privé, ou l’inverse?

Bread & roses bis



Peut-être vous souvenez-vous de ce film de Ken Loach traitant des luttes des employé-es de l’entretien ménager de la côte ouest des USA? Et bien, la dernière édition de l’Aut’Journal nous apprend que cette lutte se poursuit.

Le 21 novembre derniers, les 5300 employé-es d’entretien ménager de Houston (Texas) ont mis fin à une grève dure d’un mois touchant cinq géants de leur ville. Grâce à leur grève générale, les syndiqué-es ont arrachés une convention collective unique pour l’ensemble de la ville qui prévoit des hausses de salaire (les salaires vont doubler en 2 ans!), l’accès garanti à un régime d’assurance santé et l’assurance de travailler à temps plein pour ceux et celles qui le veulent.

Les conditions de travail qui ont mené à la grève étaient exécrables. Alors que la syndicalisation et les luttes ont permis aux employé-es de grandes villes comme Chicago, Los Angeles et New York de gagner plus de 10$ de l’heure, d’avoir des assurances collectives (particulièrement importantes dans un pays où il n’y a pas de système de santé public) et de travailler à temps plein, ceux et celles de Houston gagnaient à peine 20$ par jour, travaillaient souvent à temps partiel et n’avaient pas d’assurance. Bref, on abusait d’eux et elles!

C’est l’Union internationale des employés de services (le même syndicat que dans Bread & roses!) qui a changé tout ça en les syndiquant il y a un an. La campagne a culminé en une grève typique de l’UIES mobilisant toutes les techniques des mouvements de droits civiques (grève massive et coordonnée, bien sûr, mais aussi action directe non-violente, mobilisation communautaire, information massive, utilisation des réseaux religieux et des leaders d’opinion, etc.).

La grève, qui a polarisé la ville, s’est heurtée à une répression inouïe. Ainsi, pour avoir bloqué une rue par un sit-in (et accessoirement avoir été victime de brutalité policière), 44 grévistes se sont fait arrêtés et imposer des cautions de 888 888 $ chacun-e (pour un total de 39,1 millions $ !). Évidemment, les syndiqué-es n’ont eu d’autre choix que de rester en prison jusqu’à leur procès.

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Au Québec aussi l’UIES développe des stratégies innovatrices dans l’entretien ménager. À Québec et dans la métropole le syndicat a usé d’une disposition législative rare pour étendre par décret sa convention collective minimale à l’ensemble de l’industrie, garantissant des normes minimales spécifiques à l’industrie. Voilà une forme de syndicalisme qui améliore les conditions de tous et non seulement des syndiqués (ce qui est rare).

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Source : L’Aut’Journal no 255, p 15, sous la plûme de Paul Marchand.

L’Aut’Journal est l’une des rares publications québécoises à couvrir le syndicalisme américain. Ceux et celles que le sujet intéresse (et qui lisent l’anglais) peuvent consulter l’excellent journal Labor Notes.

Site web du syndicat.

C’est la faute aux syndicats!

C’est la faute aux syndicats!

Facile de toujours mettre la faute sur « les maudits syndicats ». La mairesse de Québec, Andrée Boucher, ne s’en est pas privé dans l’opération médiatique entourant la présentation de sa proposition de budget.

La masse salariale de la ville, surtout les avantages sociaux, aurait explosé depuis les fusions. Elle annonce à mots à peine couvert que les syndicats devront se serrer la ceinture et les menaces déjà de publier les projets de conventions collectives s’ils ne plient pas.

Or qu’en est-il exactement de l’explosion de la masse salariale? Un chroniqueur soulignait récemment que les fonds de pension y était pour beaucoup. On s’est ainsi rendu compte récemment que la ville utilisait des outils datant des années 1970 (voir avant) pour prévoir les coûts des fonds de pension. Est-ce la faute des syndicats si les gestionnaires sont trop caves pour ne pas tenir compte de l’augmentation de l’espérance de vie (ce qui fait qu’un retraité d’aujourd’hui touchera vraisemblablement sa pension plus longtemps qu’un retraité des années 1970)? La même chose vaut pour l’équité salariale, la ville n’avait pas prévu assez de fric. Encore là, est-ce la faute aux syndicats?

Autre aspect de la question, le gouvernement a changé tout un paquet de norme (sur l’eau, la couverture du risque, etc.) qui font que la ville doit donner de meilleurs services plus coûteux. Est-ce la faute aux syndicats si ça prend aujourd’hui plus de monde pour répondre aux normes gouvernementales?

Finalement, il y a tout un aspect politique à la question. Le mouvement de décentralisation de la ville vers la arrondissement, mis en branle pour satisfaire les défusionistes, coûte cher. Dans le Journal de Québec, le président des employés de bureau de la ville rappelait : « On avait un directeur des travaux publics, maintenant on en a neuf, un au central et un dans chaque arrondissement. Chacun a sa secrétaire, ses techniciens. Ils ont créé huit petites villes. Quand tu veux donner plus de services aux citoyens, ça coûte de l'argent. » Source Encore là est-ce la faute aux syndicats s’il y a une multiplication du nombre de cadres?

Sans compter le fait que le travail de rationalisation suite aux fusions est à peine terminé. Les cols-bleus de la ville, par exemple, viennent tout juste de mettre la dernière touche au nouveau plan d’évaluation des emplois. «Nous avions pratiquement 300 emplois comportant des titres et des descriptions de tâches différentes. C’était un vrai cauchemar administratif!. Aujourd’hui, il existe 77 titres d’emploi distincts, mais uniformes sur l’ensemble du territoire. Désormais, par exemple, un tuyauteur aura la même description de tâche partout dans la municipalité et touchera le même salaire», précise Jean Lachance, président du syndicat. C’est-à-dire que l’harmonisation vient juste d’être réalisée! Source

La faute aux syndicats l’état des finances de la ville? Et s’il y avait un peu de politique là dessous?

mardi 12 décembre 2006

Heures d'ouverture des épiceries

Hier le gouvernement a imposé le bâillon pour adopter quatre projets de loi, dont le controversé projet de loi 57 qui modifie les heures d’ouverture des épiceries. À part les grandes chaînes d’alimentation, à peu près tous les intervenants critiquaient ce projet de faire passer de 17h à 20h, les samedi et dimanche, la période où les épiceries peuvent fonctionner avec plus de 4 employés.

Rappelons que tant la CSN que la FTQ étaient contre le projet de loi. La FTQ, qui représente la moitié des employé-es du secteur (plus de 80% des syndiqué-es), y était allé d’une contre-proposition qui était de permettre aux épiceries d’ouvrir de 8h à 21h sans aucune limite d’employé-es. En contre-partie, le syndicat revendiquait l’ajout de 7 congés fériés durant lesquels les épiceries seraient forcées d’être fermée.

Pour la FTQ, sa proposition en était une de gros bon sens. « Que l’on donne le service au moment où ça compte et lorsqu’il n’y a personne dans les magasins, que l’on ferme les portes et qu’on permette aux travailleurs d’avoir des heures convenables pour s’occuper de leur famille », avait déclaré le président de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), Henri Massé, en marge de la Commission parlementaire sur les heures d’ouverture.

Selon un sondage CROP commandé par la centrale 7 personnes sur 10 (74 %) sont d’accord avec sa proposition et 72 % des personnes interrogées jugent raisonnable la proposition syndicale qui demande à ce que les épiceries ferment à 21 h tous les soirs, laissant aux dépanneurs le marché des achats de dernière minute.

La proposition syndicale avait même été appuyé du bout des lèvres par les représentant-es de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI). Notons que la FCEI avait annoncé lundi la création d’une coalition avec l'Association des marchands dépanneurs et épiciers du Québec (AMDEQ), la Coalition des détaillants de petites surfaces en alimentation et l'Association nationale des distributeurs aux petites surfaces alimentaires (NACDA) pour s’opposer au projet de loi libéral.

C’est tellement rare qu’il faut le noter, la FTQ avait passé un savon au P.Q. la semaine dans ce dossier. Henri Massé affirmait notamment que « Le Parti Québécois se montre insensible à la conciliation travail-famille » (Source).

À signaler...

La cuisante défaite des syndicats du secteur public en a poussé plus d'un à réfléchir sur la division qui marque le mouvement syndical. Dans les cégeps, cela c'est traduit par une volonté de rapprochement entre les 3 fédérations de profs. On a pu ainsi assister à la publication conjointe de la brochure "Parlons politique" (diffusée à plus de 100 000 exemplaires).

Il semblerait toutefois que les syndicats veulent aller plus loin... Dans l'Aut'Journal, le président de la FNEEQ-CSN indiquait, par exemple, que son organisation "veut faire preuve de la plus grande ouverture possible envers la FAC (Fédération autonome du collégial) dans la perspective de surmonter le différend de 1988 entre nos deux organisations".

Il est malheureusement un peu tard, la FAC et la FEC-CSQ ayant annoncées un processus de fusion dans leurs publications respective...

D'ailleurs, parlant de publications, il faut absolument signaler l'excellent dossier sur l'état actuel du syndicalisme publié dans Factuel, la revue de la FAC. De la réflexion critique comme on en voit malheureusement peu dans le mouvement syndical...

Journal d’un ouvrier en lock-out

Vous ne le saviez peut-être pas mais les ouvriers du Journal de Montréal sont en lock-out actuellement (après 20 semaines de grève). C’est l’occasion pour l’un d’eux, Réal Asselin un mécanicien à l’emploi du Journal depuis 21 ans, de sortir sa plûme et d’écrire le Journal du lock-out. Loin de la langue de bois, ce blogue ouvrier permet de découvrir un syndicaliste fier et toute une communautés de travailleurs et de travailleuses qui se tiennent debout et manifestent une solide conscience de classe (y'a qu'à lire les commentaires!). À visiter à www.lockoutjournal.com

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Extrait :
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Alerter le public

Montréal, 8 novembre 2006

C’est difficile de voir chaque matin, dans n’importe quel restaurant, des travailleurs lire le Journal de Montréal en buvant leur café. Je préfère ne plus y entrer, passer mon chemin et aller boire mon café au local, avec mes compagnons de travail.

Je ne leur en veux pas, au contraire! C’est à nous qu’il faut s’en prendre, à nous d’avoir été incapables, jusqu’à maintenant, d’alerter le public. Quand je disais que peu de gens comprennent notre conflit, j’aurais pu dire, aussi, que peu savent que nous sommes en conflit. Ne trouvent-ils pas le Journal chaque matin à leur porte ou dans leur restaurant préféré?

Par ce blogue et par d’autres actions à venir, nous allons tenter de remédier à cette situation et renverser la vapeur.

Mais n’est-il pas ironique de savoir que le Journal de Montréal lui-même n’en parle absolument pas? ni aucun des médias entre les mains de la famille Péladeau? On décrète un lockout sans même avertir la population, ou simplement ses lecteurs.

Ça me laisse songeur quand Québecor vient parler de sa convergence, songeur envers l’avenir de l’information tel qu’imaginé, remodelé même par les gestionnaires de Quebecor…


www.lockoutjournal.com

Lire entre les lignes

Un exercice de propagande

Fait rare, la direction du Journal de Montréal, suivie par celle du Journal de Québec, a décidé de se pencher sur le phénomène syndical au Québec. Plutôt que de mettre des journalistes sur le coup et de faire une grande enquête, le Journal a préféré commander un simple sondage et étirer le dévoilement sur 3 jours (19, 20 et 21 octobre 2006). À mon avis, nous avons affaire là à une belle campagne de propagande.

Jeudi matin, la série débute et le Journal titre en « une » : « les syndicats ont trop de pouvoir ». Malgré ce titre catégorique, on apprend dans le texte du Journal que 51% des québécois pensent que les syndicats ont trop de pouvoir. On y apprend aussi que « les québécois » ont une mauvaise opinion des leaders syndicaux (59%). Finalement, une majorité des sondés (57%) ont une opinion favorable des syndicats en tant que tel.

Vendredi matin, la série se poursuit par un sondage commandité par le Conseil du patronat (bonjour la crédibilité!) qui nous apprend que la majorité « des québécois » favorise la tenue de vote secrets plutôt que la simple signature de cartes de membres pour la fondation de nouveaux syndicats. Comme la question n’a pas été posée, on ne saura jamais si la population est d’accord avec l’ingérence patronale dans le processus de syndicalisation.

Finalement, samedi le Journal titre : « l’apport syndical limité à la négociation ». Alors que la question était « Dans la société d’aujourd’hui, les syndicats sont-ils encore utile pour…? », le journaliste nous apprend que « les québécois » pensent que les syndicats ne contribuent pas au développement économique, sont un obstacle aux investissements et un frein à la productivité (il y a comme une glissement, non?). On apprend également, comme ça en passant, que l’immense majorité des sondés pensent que les syndicats sont encore utile pour avoir de meilleurs conditions de travail (82%), de meilleurs salaires (78%), une meilleure sécurité d’emploi (74%) et de meilleures conditions de retraites (72%). Il s’agit là de la mission fondamentale des syndicats, c’est curieux que le Journal ne l’ait pas relevé.

On peut faire dire n’importe quoi aux chiffres. La question centrale est l’angle avec on les aborde. Il me semble évident que le Journal avait un angle précis et qu’il voulait passer un message en appuyant systématiquement sur les données les plus défavorables aux syndicats dans ses titres et ses articles. La preuve c’est qu’avec les mêmes chiffres, mais un autre angle, on aurait pu faire une série pro-syndicale :

Au lieu de titrer « les syndicats ont trop de pouvoir », on aurait pu titrer « Un québécois sur deux juge que les syndicats ont trop de pouvoir, les syndiqués ne sont pas d’accord », « les syndicats sont appréciés mais pas leurs leaders » ou, pour faire du pousse sur l’analogie avec la politique, « les syndicats sont plus populaires que leurs chefs ». Dans le même ordre d’idées, au lieu de « l’apport syndical limité à la négociation », on aurait facilement pu écrire « les syndicats encore utile pour négocier de meilleures conditions de travail » ou, carrément, « les syndicats font bien leur travail ».

Est-ce vraiment une coïncidence si, à peine quatre jours après avoir titré « les syndicats ont trop de pouvoir », Quebecor met en lock-out les pressiers du Journal de Montréal? Si cette série arrive au moment même où le syndicat de la rédaction du Journal de Montréal dépose une plainte au CRTC contre Quebecor? C’est quand même curieux, non?

Innauguration



Ce blog servira de prolongation à une chronique syndicale hebdomadaire que je commet les mercredi matin sur les ondes de CKIA Radio Basse-Ville (à 8h20 pour ceux et celles que ça intéresse). À priori le blog sera donc mis à jour tous les mardi soir (plus fréquement si l'actualité le justifie et/ou si j'ai le temps). Il servira également de refuge à divers textes portant sur le mouvement syndical que je rédige pour diverses publications alternatives ou communautaires.

L'important pour moi, devant le silence assourdissant des médias, est de couvrir l'actualité syndicale. Je le fais dans une perspective journalistique, ce qui n'exclut pas l'analyse et l'opinion (à l'occasion), et non strictement propagandiste.

Notez qu'il est possible qu'à l'occasion je traite également d'autres mouvements sociaux dans la même perspective.

En passant, je ne suis ni syndiqué, ni à l'emploi d'un syndicat. C'est juste que la chose me passionne (c'est le propre des blogs, non?).