jeudi 28 décembre 2006

Flashback : la grève chez Dupuis & frères (1952)

Le post précédent mentionne à la toute fin la grève chez Dupuis. J'en ai entendu parlé souvent mais je ne m'étais jamais trop attarder sur la question. Là ma curiosité a été piquée et j'ai fait une petite recherche google. Je suis tombé sur le texte suivant (succulent à mon avis!) tiré du site "Souvenirs d'un vieux Montréalais". J'en met un extrait en attendant de pouvoir mettre en ligne ma revue de l'année 2006...




De toutes les entreprises paternalistes à Montréal, Dupuis & frères, était la championne.

À l'occasion de je ne sais trop quel anniversaire, les employés, qui gagnaient des salaires minables, s'étaient cotisés pour offrir à la richissime famille Dupuis un luxueux "abreuvoir" (on dirait aujourd'hui une fontaine) à l'usage de sa distinguée clientèle.

Située près des ascenseurs, cette fontaine portait une dédicace gravée dans le marbre à la gloire de la Sainte Famille Dupuis.

En plus d'être le magasin préféré des petits bourgeois et de l'élite canadienne-française, Dupuis &Frères était à peu de choses près le fournisseur exclusif du clergé sur le territoire du Grand Montréal. Prêtres séculiers, pères, sœurs et frères économes de la plupart des congrégations religieuses venaient s'approvisionner chez Dupuis où ils étaient reçus avec tous les égards que leur rang commandait.

Dans les autres rayons, les petits bourgeois qui bénéficiaient d'un compte courant avaient droit à presque autant d'égards. Les courbettes et les "plairait-il à madame..." étaient monnaie courante. Députés et échevins étaient reçus comme des princes .

Imaginez l'immense scandale quand, le 2 mai 1952, peu de temps après l'horrible grève de l'amiante, qui avait chassé Monseigneur Charbonneau du diocèse de Montréal, les employés de la très sainte maison Dupuis &Frères décidèrent de faire la grève.

Quels ingrats...

Le vote de grève était nettement majoritaire, le syndicat avait respecté toutes les lois du travail, les revendications étaient des plus légitimes mais la Sainte Famille Dupuis, appuyée par le gouvernement, les petits bourgeois et l'élite canadienne-française, décida d'avoir recours à des briseurs de grève et de garder le magasin ouvert.

Au début, la clientèle hésitait à franchir les lignes de piquetage mais petit à petit, attirée par les réclames à bas prix offertes par le magasin, l'achalandage retrouvait son niveau normal. Le syndicat des employés de Dupuis &Frères affilié à la Confédération des travailleurs catholiques canadiens (C.T.C.C. l'ancêtre de la CSN) fut forcé de réagir et d'augmenter la pression sur les scabs. La sortie des employés à la fin de leur journée de travail devint de plus en plus pénible et la famille Dupuis dût louer des autobus pour les ramener chez-eux. (...)


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