vendredi 15 décembre 2006

Nexans - Mise à jour

Le 13 décembre dernier, la multinationale Nexans s'est payée une pleine page de pub dans les quotidiens de la capitale. Elle y détaillait la proposition sur laquelle ses syndiqué-es en grève devait voter (suite à une ordonnance de la Commission des relations de travail (CRT). Curieux (et coûteux) procédé...

Le résultat de la manoeuvre a été désastreux pour la compagnie. Les grévistes ont en effet rejeté à 94 % les offres patronales et le protocole de retour au travail (alors que le vote de grève d'origine avait été pris à 93%!). «L'employeur vient d'avoir sa réponse. Ses manoeuvres douteuses dont une publicité négative dans les journaux dans une tentative de passer par-dessus la tête du syndicat et du comité de négociation, ont lamentablement échoué. La compagnie doit revenir avec non seulement des nouvelles propositions mais aussi une volonté de négocier une convention collective de travail», a réagit Gordon Ringuette, permanent du Syndicat des Métallos (FTQ).

Ce dernier a poursuivi en soulignant que c'est la première fois à sa connaissance qu'une compagnie va aussi loin dans l'ingérence dans la vie syndicale d'un syndicat. «Nous sommes très déçus, dit-il, de voir que la CRT ait accepté d'être complice d'une compagnie aussi antisyndicale. Nos membres ont pris leur décision collectivement et démocratiquement à toutes les étapes. Tous nos dirigeants sont élus au suffrage universel. Notre constitution est très claire. A ce que je sache, les dirigeants de la compagnie ne sont pas élus. Ce sont eux qui devraient prendre des leçons de démocratie. Nous aurions d'ailleurs quelques suggestions à leur faire à ce chapitre. Au lieu de discréditer les travailleurs et leur syndicat, ils devraient regarder dans leur propre cour et arrêter de dépenser futilement des sommes importantes d'argent. Ils pourraient les verser en salaires ou en avantages sociaux à ceux et celles qui les font vivre. Ce serait un geste nettement plus positif».

Le président du syndicat local, Daniel Lapointe, a souligné que les membres appuient leur syndicat depuis le début du conflit. «Le vote d'hier a montré qu'ils étaient encore derrière nous. Je suis très fier de milité avec mes collègues. Ils sont extraordinaires. Nous allons gagner notre grève».

Rappelons que les 92 Métallos de l'usine de fabrication de câbles électriques de la compagnie Nexans à Québec sont en grève depuis le 13 juillet dernier. Les principaux points en litige sont le rattrapage monétaire dans le régime de retraite, une pause-café que l'employeur veut couper pour les horaires de travail de 12 heures alors qu'il maintient celle des travailleurs et travailleuses oeuvrant sur les quarts de travail de 8 heures. Les salaires, le plancher d'emploi et les vacances sont également au coeur de ce litige.

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Pour ceux et celles que ça intéresse, les grévistes de Nexans animent un blog depuis le début du conflit.

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En passant, voici ce que le journal libertaire Cause commune avait à dire sur la grève chez Nexans :

Grève chez Nexans Québec

Depuis maintenant près de trois mois, les employéEs de Nexans à Québec, syndiquéEs au local 6687 des Métallos, mènent une lutte ouverte face à leur patron. Depuis trois ans, un nouveau boss s’est implanté au niveau local, une sorte de directeur de succursale. Pour les travailleuSEs, il n’est rien de moins qu’un fasciste. Ce dernier veut non seulement couper les pauses d’après-midi (ils/elles font des chiffres de douze heures), mais également revoir à la baisse les retraites.

Le refus systématique de négocier de la part du patron local force les travailleuSEs à se déplacer jusqu’à Toronto, là où l’on retrouve la direction de cette entreprise de soudure. Finalement, notons que ce petit chef local a passé la majeure partie de son temps à tenter d’imposer des injonctions face aux grévistes et à faire entrer des scabs au lieu de négocier. Doit-on croire que c’est l’État qui donne des leçons au privé, ou l’inverse?

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