18 janvier 2007 - 17h01
Presse Canadienne
Lia Lévesque
Montréal
Ce n'est pas en demandant de rouvrir les conventions collectives que les employeurs québécois parviendront à combattre la concurrence asiatique, préviennent la FTQ, la CSN et la CSD.
Les trois centrales syndicales ont répliqué, jeudi, à l'ancien premier ministre Lucien Bouchard qui avait évoqué une nécessaire «mutation» dans les relations de travail, à cause de la concurrence asiatique.
Devant des étudiants en droit de l'Université de Montréal, mercredi soir, l'ancien premier ministre du Québec avait dit croire que le phénomène des employeurs qui demandent de rouvrir les conventions collectives pour abaisser leurs coûts — et affronter ainsi la concurrence chinoise — ira croissant.
M. Bouchard a aussi soutenu que la dynamique voulant que les syndicats considèrent comme des acquis toutes les clauses de leur convention collective et cherchent simplement à les bonifier devra changer. Les employeurs formuleront à leur tour des demandes à leurs syndicats, ne serait-ce que pour survivre et affronter la concurrence, a-t-il prédit.
«On ne peut pas uniquement lancer des appels à des concessions, des concessions, des concessions, comme si tout se jouait strictement sur le terrain de la rémunération, parce que là, c'est mission impossible», a riposté la présidente de la CSN Claudette Carbonneau, en entrevue. Elle souligne que le salaire moyen en Chine est de 64 cents l'heure et qu'il sera donc impossible de le concurrencer ici.
«On ne peut surtout pas nous présenter que l'avenir va être fait de concessions, de concessions et uniquement de concessions. Je me demande quelle serait la réaction des entrepreneurs québécois si on leur disait: à l'avenir, il n'y a plus de profits, vous devrez continuellement réduire les dividendes et les profits», ironise Mme Carbonneau.
Pas la solution
A la FTQ, le président Henri Massé tient le même discours. «La solution n'est pas dans les coupures de salaires. Si c'est au niveau des conditions de travail qu'on veut faire la concurrence aux Chinois, ça va être une spirale à la baisse qui n'aura plus d'allure.»
M. Massé plaide pour que les entreprises investissent dans le renouvellement de l'équipement, dans l'innovation et dans la formation de la main-d'oeuvre pour affronter cette concurrence asiatique. Il affirme avoir vu, dans le secteur des pâtes et papier, de la machinerie qui date des années 1940.
Quand l'économie allait bien et que le dollar canadien n'était pas si élevé, plusieurs entreprises n'ont pas investi dans le renouvellement de leur parc technologique. Aujourd'hui, avec la valeur du dollar si élevée, M. Massé se dit [très nerveux] pour le secteur manufacturier québécois. Et il ne voit pas pourquoi ce serait seulement les travailleurs qui devraient en payer le prix, en acceptant de rouvrir leurs conventions collectives.
Vieux discours
A la CSD, le président François Vaudreuil croit qu'il y a bel et bien augmentation du nombre de demandes de réouvertures de conventions collectives. Il vient de le constater dans plusieurs scieries.
M. Vaudreuil rejette toutefois la dynamique des relations de travail telle que dépeinte par M. Bouchard, voulant que les syndicats ne fassent que demander à améliorer leurs conditions de travail.
«Des messages de cet ordre-là, malheureusement, ça peut laisser transparaître une vieille conception du syndicalisme qui est biaisée et qui ne correspond en rien à la réalité. Depuis deux décennies à peu près, les syndicats ont abandonné le contestation systématique pour accepter d'élargir leurs responsabilités, de déborder le cadre des conditions de travail et négocier l'organisation du travail avec tout ce que ça comporte», réplique-t-il.
Lui aussi prévient les employeurs que s'ils demandent aux travailleurs de s'adapter, voire de rouvrir leurs conventions collectives pour abaisser les coûts, ils devront faire leur part, en faisant preuve de plus de transparence en matière d'information économique.
jeudi 18 janvier 2007
Les syndicats à Bouchard: trop facile de n'exiger que des concessions
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