mardi 23 janvier 2007

Syndicalisme et Parti Québecois : il y a comme un froid...

« Je vais vous donner un scoop : le prochain gouvernement du Québec sera néolibéral » -Louis Roy, premier vice-président de la CSN, lors d’une AG du FRAPRU

J’avais relevé avant les fêtes que, fait rarissime, la FTQ avait ouvertement critiqué le Parti Québecois dans un communiqué. Depuis quelques jours, ça se précise : il y a comme un froid entre le P.Q. d’André Boisclair et le syndicalisme québécois.

Dans un texte publié lundi en « une » de La Presse, Denis Lessard, nous apprend que le nouveau chef du P.Q. toise de haut les différents groupes de pression qu’il rencontre à titre de chef de l’opposition. On se souvient que le chef du P.Q. avait déclaré peu de temps après son élection qu’il ne voulait pas « fédérer les mécontents » et qu’il avait envoyé promené la CSN quand cette dernière lui avait demandé s’il retirerait la loi 142 (qui décrète les conditions du travail des employé-es du secteur public pour des siècles et des siècles, amen). Outre la CSN, Lessard nous apprend que Boisclair c’est payé le luxe de se mettre à dos la FTQ. Le journaliste de La Presse écrit : « ces «alliés naturels» se font moins nombreux; l'automne dernier, une rencontre du chef péquiste avec tout le gratin de la FTQ a été carrément glaciale ».

Le même jour, Pierre Dubuc (le directeur de l’Aut’Journal), publiait sur Internet une entrevue avec Réjean Parent, le président de la CSQ, dans laquelle ce dernier a des mots très dur envers le P.Q.. Le chef du P.Q. a envoyé promener les syndicaliste sur les ondes de TVA, durant le téléjournal. «Il y a peut-être de la nostalgie de cette époque où les leaders syndicaux étaient copain-copain et passaient leur soirée autour de repas arrosés avec les dirigeants politiques», déclarait le chef péquiste au journaliste de TVA. «Les temps ont changé. Le Parti Québécois n’est pas là pour perpétuer le statu quo. Que le milieu syndical se le tienne pour dit», ajoutait André Boisclair en affirmant qu’il n’était pas «le porte-parole de groupes particuliers».

Le président de la CSQ réplique, cinglant: « c’est le discours de L’illusion tranquille, c’est le discours des Lucides, c’est le discours de l’Institut économique de Montréal,c’est le discours des scribouilleurs de Power Corporation à l’effet que la société québécoise serait victime d’immobilisme et que la cause principale en est le mouvement syndical et son soi-disant copinage avec les leaders péquistes. »

« S’il faut ressortir la liste des lois anti-syndicales adoptées par le Parti Québécois, nous le ferons. On verra que ce fut un drôle de copinage », ajoute-t-il.

À la CSN, sans être aussi catégorique, la présidente n’avait pas de bons mots pour André Boisclair dans son bilan de fin d’année. Dans son communiqué, Claudette Carbonneau mettait carrément André Boisclair dans le même sac que Stéphane Dion! Elle écrivait : « La CSN sera impitoyable avec Stéphane Dion comme avec tous les autres leaders politiques qui aspirent à prendre le pouvoir, dont André Boisclair au Québec. Ils devront exposer leur projet politique et faire preuve d’ouverture, de renouvellement, de progressisme et de transparence ».

Le P.Q. a besoin du mouvement syndical (et non l’inverse)

« Où M. Boisclair pense-t-il aller chercher ses votes?, demande Réjean Parent au directeur de l’Aut’Journal. Ce n’est pas parce que nous contestons vivement le gouvernement Charest qu’il doit prendre le vote des syndiqués pour acquis. Il y a d’autres candidats progressistes ».

« Il se pourrait également que nos membres ne se rendent tout simplement pas voter s’ils ne se reconnaissent pas dans les programmes et les équipes qui leur seront proposés. André Boisclair devrait se rappeler que son parti a perdu les dernières élections à cause du fort taux d’absentéisme », de préciser M. Parent.

L’Aut’Journal nous rappelle à ce sujet qu’aux élections de 2003, le Parti libéral a obtenu 17 500 votes votes de moins qu’à l’élection précédente, mais que c’est la clientèle péquiste qui a permis sa victoire en faisant l’élection buissonnière. Le PQ récoltait en effet 475 500 moins de votes qu’en 1998. Le taux d’abstention était le plus élevé depuis 1927.

Reste à savoir comment tout ça va évoluer mais disons que, pour l’instant, ça regarde mal. Françoise David disait hier, dans une entrevue à Presse toi à gauche !, « Si la tendance se maintient, malheureusement, le Parti libéral va gagner par défaut et ça n’a rien à voir avec QS. Pourquoi il va gagner par défaut ? Parce que le Parti québécois, dirigé par monsieur Boisclair, n’arrive pas du tout, mais vraiment pas du tout, à frapper l’imagination, à apporter des propositions qui touchent les gens au Québec et qui apportent des réponses aux questions qu’ils se posent ». J’ai bien peur qu’elle ait raison...

* * *

Juste une petite note éditoriale au final : Pierre Dubuc est le fondateur (et secrétaire) d'un club politique au P.Q.: Syndicalistes et progressistes pour un Québec libre. Je me demande combien de temps ça va lui prendre encore pour réaliser... qu'il perd son temps.

2 commentaires:

Guy Vandal a dit...

Je me demande combien de temps ça va lui prendre encore pour réaliser... qu'il perd son temps.

Je me demande la même chose depuis longtemps...

Dédé a dit...

C'est un constat qui donne des frissons. Le fait de constater que la gauche a de moins en moins d'écho à l'assemblée nationale me sidère. Va falloir prendre la rue avant longtemps. LA solution à court terme aurait été une réforme du mode de scrutin proportionnel mixte, mais...