mardi 29 mai 2007

Le SFPQ réagit: Ça suffit, « Camarade » Hébert!

Réplique du président général du SFPQ, Michel Sawyer, à la chronique de Michel Hébert, publiée le 28 mai 2007, dans les pages du quotidien MédiaMatinQuébec.

Si certains pouvaient encore penser que les prises de position antisyndicales à répétition du chroniqueur Michel Hébert pouvaient lui être imposées par son patron Québécor, ils peuvent maintenant constater que tel n'est pas le cas. Depuis quelques semaines, le journaliste syndiqué en lock-out publie une chronique dans le MédiaMatinQuébec, où il continue à discréditer les syndiqués de la fonction publique. Dans sa chronique du 28 mai dernier, il se surpasse en démagogie en utilisant les chiffres publiés dans le dernier budget de madame Jérome-Forget d'une façon qui ne relève plus de l'opinion politique, mais plutôt d'un manque de rigueur journalistique.

Ainsi, M. Hébert affirme que « la dette [du Québec] de 125,2 milliards est constituée à 50 % de ce que nous aurons à payer pour les employés de l'État à la retraite. On en sera à 63,8 milliards l'an prochain ». Le camarade Hébert a pris cette information à la section J, page 15, du Plan budgétaire 2007-2008 du ministère des Finances. Faut-il en rire ou en pleurer, mais il n'a pas regardé la colonne « Fonds d'amortissement des régimes de retraite », que le ministère a pris la précaution de mentionner qu'il fallait soustraire, car il s'agit d'un fonds de réserve accumulé pour couvrir les prestations de retraite à venir. Le passif net du régime de retraite de l'ensemble des employés du gouvernement du Québec sera donc plutôt de 26,6 milliards. La part de la dette qui correspond à ce que le gouvernement aura à payer à ses employés à la retraite est donc de 20 % et non pas de 50 %, comme l'écrivait Michel Hébert. Une bagatelle erreur de 37,2 milliards permettant de faire passer la moitié de la dette du Québec sur le dos des employés de la fonction publique... encore une fois.

D'autre part, Michel Hébert ajoute que : « Du 1er avril 2006 au 31 mars 2007, ceux qui en paient [de l'impôt] ont versé près de 18,2 milliards en impôts. C'est 827 millions de plus que ce qui avait été prévu ». Bien sûr, et vous savez pourquoi? Il suffit d'aller voir à la page C.12 du document précédemment cité. On peut y lire en toutes lettres que cette augmentation provient en partie de « l'impact des ajustements rétroactifs d'équité salariale versés aux employés de l'État avant le 31 mars dernier ». Un détail qui n'apparaît pas sur l'écran radar du chroniqueur : les employés de l'État paient aussi des impôts à même leurs salaires!

Dans l'univers du journaliste Michel Hébert, il semble que les sommes collectées par l'État sortent « de nos poches » comme si nous n'avions absolument rien en retour... Pas d'éducation, pas de soins de santé, pas de services publics... L'an prochain, le fisc collectera 18,1 milliards dans nos poches, dit-il, 12,5 milliards en taxes à la consommation et 2,2 milliards en amendes et tarifs... Il serait important que Michel Hébert fasse savoir à ses lecteurs qu'en retour de ces sommes, ils reçoivent des services et que cet argent n'est tout de même pas brûlé à l'incinérateur de Québec!

Michel Sawyer
Président général
Syndicat de la fonction publique du Québec

3 commentaires:

jean-pierre a dit...

habitant montréal je ne recois pas le québec média matin mais j'ai entendu dire qu'Hébert y avait aussi été d'un édito contre le pouvoir excessif des femmes ou quelque chose comme ça. Est-ce exact ?

Nicolas a dit...

Je sais pas à quoi tu fais référence, je n'arrive pas à mettre la main sur le journal tout les jours (40 000 copies, ça part vite! généralement à 10h la distro est finie). Ce que je sais par contre c'est qu'ils ne font pas un journal de gauche! C'est en tout point comparable au Journal de Québec, "en mieux" (i.e. +local, +percutant, +court).

Michel Hébert a dit...

Monsieur Sawyer,

Dans la chronique qui vous a causé une poussée de colère, j'avais pourtant noté que le fonds d'amortissement était bel et bien garni de 27 milliards!
De toute façon, un fait demeure: les engagements du gouvernement seront de 63 milliards l'an prochain, même s'il en a déjà 27 de côté.
C'est comme quelqu'un qui doit 63 $ à quelqu'un. Est-ce qu'il devra rembourser seulement 36$ parce qu'il en a 27$ en banque?
Qu'a-t-il de mal à parler de ça publiquement alors que le débat sur la dette fait rage?
Quant à l'équité, mise sur la dette, j'y reviendrai, c'est sûr, mais parfois, une colonne ne suffit pas à tout dire; surtout que la dette est une source quasiment intarrissable d'inspiration...
mh