mercredi 23 mai 2007

À signaler - Grève du transport: La solution de La Presse a été essayée

Lu dans l'Aut'Courriel:


Grève du transport: La solution de La Presse a été essayée

Par Marc Laviolette

(NDLR) Après seulement une journée de grève du transport en commun à Montréal, les éditorialistes et les chroniqueurs de La Presse sont déjà déchaînés. Alain Dubuc traite les employés d’entretien de «gras durs» . André Pratte invoque le déficit de 22 millions de la STM pour repousser les demandes syndicales. Et les deux rejoignent leur compère Yves Boisvert pour demander la privatisation de l’entretien des autobus.

Pour la source de revenus, on a envie de les renvoyer au palmarès des pdg paru dans la section Affaires de leur propre journal samedi dernier. On y apprend, côté «gras durs» leurs patrons font drôlement bonne figue. Paul jr et André Desmarais de Power Corporation ont touché en rémunération personnelle l’an dernier respectivement 16 et 14 millions de dollars, de quoi éponger à eux seuls amplement le déficit le déficit de la STM.

Quant à leur «solution» - la privatisation - elle a déjà été expérimentée avec des résultats désastreux, comme nous l’apprenait l’entrevue réalisée par Marc Laviolette avec Pierre St-Georges, le président du syndicat, qui est parue dans le numéro de mai de l’aut’journal. Nous reproduisons ici les extraits pertinents de cet article.

Le trio SNC-Lavalin, Kéolis, Slivia

Les syndiqués sont déterminés à relever le défi de la mise à niveau de la flotte d’autobus de la STM. «Pour y arriver, ça passe par la négociation de la réorganisation du travail», confiait à l’aut’journal, Pierre St-Georges, président du syndicat de l’entretien, CSN.

En mai 2006, le syndicat rendait public le dossier noir de la gestion privée de la firme Slivia, une entreprise privée issue de l’association de la firme SNC-Lavalin avec la firme européenne Kéolis. Pour le syndicat, les quatre ans de gestion privée de l’entretien des autobus (une forme de PPP) était un désastre.

Lors de la conférence de presse de 2006, le président Pierre St-Georges déclarait «La flotte d’autobus de la STM est dans un tel état que, si rien ne change à très court terme sur la façon dont la direction du réseau des autobus gère l’entretien, c’est une question de jours, de semaines, à la rigueur, de mois pour qu’un malheur ne survienne».

La condition actuelle des autobus était, de l’avis du syndicat, plus dégradée que lors de la crise vécue par la STCUM en 1993, alors que la condition des véhicules était dans un état pitoyable et représentait un risque pour les usagés. Aujourd’hui, lors de l’inspection des véhicules, il n’est pas rare que les travailleuses et travailleurs de l’entretien constatent des freins usés jusqu’au métal, des suspensions brisées, des carrosseries perforées côté trottoir, des problèmes de direction.

Kéolis faisait sortir des autobus non-conformes pour toucher sa prime

«Le résultat est facile à comprendre, Kéolis avait un contrat de 1,5 million par année plus 10 % du montant total du contrat de bonification si la firme augmentait l’offre de services (sorties d’autobus) selon les objectifs fixés. Pour faire son « cash », Kéolis augmenta à 1 300 autobus sortis par jour. Depuis que Kéolis a été congédié, nous sommes à 1 240 sorties d’autobus par jour.

Kéolis (trois personnes) pour toucher sa prime, mettait en circulation des autobus qui auraient dus être immobilisés parce que non-conforme aux normes Société d’assurances automobile du Québec». Le syndicat évalue que, selon ces mêmes normes, de 400 à 450 autobus devraient (aujourd’hui) être immobilisés immédiatement. Pour les syndiqués, la mise à niveau de la flotte coûtera plusieurs centaines de millions de dollars.

Pour le président du syndicat de l’entretien : «Ce n’est pas les 100 millions annoncés par le gouvernement Charest pour venir en aide au transport en commun au Québec qui vont régler le problème. Quand un service d’entretien composé de 2 200 travailleurs et travailleuses génère 480 000 heures de temps supplémentaires par année c’est qu’il y a un grave problème d’organisation du travail et de gestion».

Lors du renouvellement de la convention collective, la STM devra pour se sortir du marasme compter sur l’intelligence et la force de travail de ses salariés. C’est ce qu’a très bien compris la direction du syndicat CSN. Une telle attitude démontre bien le caractère progressiste de ce syndicat oeuvrant dans le transport en commun : s’assurer que leur travail préserve la sécurité du public et augmente l’offre de ce service public à la fois stratégique pour la population de Montréal et essentiel dans la réduction du nombre d’automobile circulant sur l’île de Montréal. «La réorganisation du travail doit être négociée avec le syndicat et nous avons des objectifs précis à atteindre à ce chapitre», concluait M. St-Georges.

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