Après les occupations d'usines, les grandes manifestations. En fin de semaine, ils étaient 38 000 dans les rues de Windsor. C'est clair, le mouvement syndical ontarien se mobilise massivement contre la crise de l'industrie manufacturière.
La communauté ouvrière de Windsor a perdu 18 000 emplois depuis 5 ans. Et ça s'annonce encore pire dans un avenir rapproché. La raison est simple, GM veut fermer son usine de boîte de vitesse pour en installer une plus moderne dans une autre ville. Or, chaque emploi de l'industrie de l'auto créé en retombée 12 autres emplois. La fermeture de l'usine serait donc une catastrophe. Voilà en concentré la crise qui secoue toutes les communautés ouvrières, en Ontario comme au Québec.
Une coalition a été formée pour mobiliser la communauté. La colonne vertébrale du mouvement sont évidemment les différents syndicats locaux des Travailleurs canadiens de l'automobile (CAW) mais aussi le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), le Syndicat ontarien des employés du service public (équivalent du SFPQ), des syndicats de profs, d'agriculteurs, des groupes de retraités, etc.
Ensemble, ils ont mobilisés 38 000 personnes. La manif était tellement massive que 3 marches distinctes convergeant vers un parc ont été organisées. Tous ces gens ont compris que la classe ouvrière du secteur est au coeur de leur communauté. Le président du SCFP a souligné que la présence d'emplois syndiqués bien payés était essentielle au financement de services publics de qualité. La présidente de la Fédération des enseignants ontariens a souligné l'importance de ces emplois pour la stabilité des communautés, citant en exemple une proche qui, pour compenser la perte d'un emploi syndiqué, doit maintenant cumuler trois jobines pour nourrir ses enfants.
Hier, on parlait de l'industrie automobile. Buzz Hardgrove, président des TCA, soulignait à raison que si l'on parle à Windsor de crise de l'emploi, c'est à cause de la crise de l'auto. Le syndicaliste promet une bataille pour préserver les emplois mais il souligne, à raison, que les gouvernements ont aussi un rôle à jouer dans cette crise qui touche l'ensemble du secteur manufacturier (et pas seulement l'auto). Pas tant en subventionnant des multinationales qu'en adoptant des politiques économiques ferme favorisant la préservation d'un tissu industriel local. Laisser aller le marché, comme le chante les conservateurs, ça ne vaut pas de la shnoute si nos "partenaires", eux, donnent dans le protectionnisme. Par exemple : l'américaine Alcoa peut tenter d'acheter la canadienne Alcan contre son gré sans que le gouvernement ne lève le petit doigt mais Alcan, elle, ne pourrait faire le même coup à Alcoa puisque des lois existent aux États-Unis pour prévenir ce type de comportement agressif... Même chose pour les contrats de l'armée ou du transport en commun, aux États-Unis le gouvernement dicte où les trucs seront construit, s'assurant de maintenir de l'emploi avec l'argent public, alors qu'ici, on laisse faire le marché. Autrement dit, aide toi et le ciel t'aidera!
Cliquez pour une diapo de la manif (site du Windsor Star)
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2 commentaires:
L'Ontario entre dans la crise qui secoue le Québec depuis deux ans. Je me demande si le fait que ce soit le tour de l'Ontario aura plus d'effet sur le gouvernement fédéral qui détient seul certaines clés pour améliorer les choses ou amortir les chocs, entre autres le commerce international et l'assurance-emploi.
Je ne suis pas certains que l'Ontario (tout le ROC, en fait) ne soit pas en crise depuis aussi longtemps que le Québec. Moi, en tout cas, je reçois des communiqués du Canada à ce sujet depuis assez longtemps.
Ce qui me frappe c'est souvent la différence de réaction politique. C'était flagrant avec l'entente sur le bois d'oeuvre. Au Québec, la FTQ et la CSN ont accueilli ça positivement alors que dans le ROC ça ruait dans les brancards. Les moyens d'action aussi sont différent. C'est pas des farces, en Ontario ils sont rendu à occuper des usines! M'enfin...
Ceci dit, même si la crise touche le ROC sévèrement, les politiciens du ROC n'ont pas l'air d'en faire grand cas pour le moment. Au mieux, ils acceptent qu'il y a crise mais ils pointent tous vers la création d'emploi. Dans leur livre les pertes d'emploi dans le secteur manufacturier sont compensés par des créations d'emploi dans d'autres secteurs. Le hic, c'est que c'est pas aussi payant (statistiquement, 20% de moins!).
J'en parlais en avril, quand le CTC a rencontré les fédéraux. Catastrophe pour catastrophe, on devrait s'occuper de la crise manufacturière maintenant pense le CTC
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