vendredi 4 mai 2007
C'est le monde à l'envers...
Quebecor et ses syndiqué-es en lock-out se sont retrouvés en Cour supérieure aujourd'hui. La multinationale veut en effet faire cesser la publication du MédiaMatin Québec, le quotidien parallèle des lockoutés du Journal de Québec. La partie patronale a fait connaitre ses arguments par voie de communiqué et, franchement, c'est le monde à l'envers.
Quebecor prétend que "l'édition de ce quotidien constitue un acte de déloyauté, préparé de longue date, qui contrevient aux obligations fondamentales de loyauté inhérente à toute relation employeur-employé". Selon la compagnie, "le déclenchement d'un conflit de travail n'altère en rien l'existence et l'application de cette obligation de loyauté." Franchement! Voilà un patron qui met ses employé-es en lock-out et qui s'attend à ce qu'ils lui reste loyaux... On aura tout vu.
Selon Radio-Canada, les avocats de Quebecor aurait également argumenté que la publication de MédiaMatin Québec contrevient à une clause de non-concurrence de la convention collective (voir le reportage). Selon Alain Barré, professeur en relations industrielles à l'Université Laval interrogé par la télévision publique, le moyen de pression utilisé par les syndiqués en lock-out est légitime. Selon lui, le Code du travail en vigueur depuis 1964 a légitimé le recours à la pression économique pour favoriser la conclusion d'une convention collective. Il ajoute que, depuis le déclenchement de la grève ou du lock-out, la convention collective est sans effet juridiquement.
Du côté syndical, on dit que la publication de MédiaMatin Québec est un moyen de pression et non le lancement d'un concurrent au Journal de Québec. Les syndiqué-es n'ont absolument pas l'intention de poursuivre la publication après la fin du conflit. Pour les avocats des syndicats, c'est une question de liberté d'expression et, oui, de rapport de force.
À quoi Quebecor s'attendait, à ce que ses syndiqué-es se laissent mettre à la rue sans rien faire. Faut croire que de constater que ses employé-es ne sont pas des pauvres types sans défense et sans ressources déplait souverainement à la multinationale. Apparemment que chez Quebecor on n'aime pas les employé-es qui se tiennent debout (on doit les préférer à genoux).
Dans une mise-en-demeure envoyés aux dirigeant-es syndicaux (dont un résumé a été envoyés à tous les syndiqué-es) la compagnie pousse le bouchon encore plus loin. Elle reproche aux dirigeant-es syndicaux de s'être préparé au conflit! La mise en demeure fait état du fait que la société éditrice de MédiaMatin Québec, l'Union des Syndicats du Journal de Québec, a été incorporée dès le 15 janvier 2007 et que le nom de domaine médiamatinquébec.com a été enregistré le 23 janvier 2007.
Quebecor écrit même : "depuis le lancement du quotidien Média Matin Québec, il nous apparait maintenant clair qu'avec la pleine complicité des instances centrales du syndicat à Québec et à Montréal, vous avez consacré vos énergies à planifier tous les aspects logistiques, financiers et organisationnels du lancement d'un quotidien concurrent plutôt que de les consacrer à développer de bonne foi une contre-proposition qui aurait permis d'enclencher des négociations sérieuses. Il nous apparait donc que vous n'appréhendiez pas un conflit de travail mais au contraire, que vous le souhaitiez (...) Vous avez sciemment choisi de marquer le temps jusqu'à ce que l'employeur n'ait plus d'autres choix que de se prévaloir de son droit de lock out. Tous les faits dont nous disposons indiquent clairement que vous n'avez jamais voulu négocier de bonne foi, préférant planifier, à partir de l'expertise et de la renommée acquises au Journal de Québec, le lancement d'un produit qui fait directement concurrence au Journal".
C'est clair, la multinationale fait de la projection ! Ça fait depuis le mois de septembre qu'eux-mêmes préparent activement ce conflit (la chronologie de la préparation patronale est ici)... Il aurait été irresponsable de la part des directions syndicales de ne pas se préparer à cette bataille. Ce que la multinationale leur reproche surtout c'est d'oser résister, de les avoir pris les culottes à terre et d'être en train de gagner la sympathie du public (bref d'être plus intelligent qu'eux-autres).
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