Connaissez-vous le Réseau national intégré de radiocommunication (RENIR) ? Non ? C'est normal, il s'agit d'une des nombreuses composantes de l'État à fonctionner dans l'ombre. Comme ce n'est ni un hôpital, ni une école, il y a peu de chances que qui que ce soit ne s'élève contre sa privatisation. Et pourtant, l'État vient d'y investir 70 millions et voudrais maintenant le céder au privé.
Dans la foulée de la crise du verglas et du déluge au Saguenay, le gouvernement a décidé de moderniser et de décloisonner ses réseaux de radiocommunication, afin que les différents intervenants sur le terrain puissent mieux communiquer. Mieux, en 2002, profitant du fait que le contrat de location de service pour le réseau de la Sûreté du Québec venait à échéance, l'État a mis en route un projet d’intégration de ces réseaux de télécommunication. Le RENIR est né à cette date, c'est l'appareil de communication de l'État. Ça sert pour plusieurs ministères et organismes en matière d’entretien des routes, de protection de la faune, de lutte au braconnage, de gestion des forêts, de protection contre les feux de forêts, d’opération de sécurité civile et de contrôle routier.
Le SFPQ nous apprend que dans une première phase, 32 tours de transmission ont été installées pour couvrir la vallée du St‑Laurent entre le Saguenay et l’Outaouais. La deuxième phase visait l’installation de 98 sites supplémentaires pour desservir le Québec méridional. Jusqu’à présent, le gouvernement du Québec a investi 70 millions de dollars pour le déploiement de ce nouveau réseau à assignation dynamique de fréquences (ADF). Plusieurs tours de communication ont poussé ici et là. Le sud du Québec fonctionne déjà avec cette technologie. Et ce n’est pas fini, le gouvernement doit également investir 60 millions $ dans l’achat de terminaux pour ses véhicules. « Investira-t-on tout cet argent dans le RENIR pour ensuite le céder au privé? », s’inquiète Michel Sawyer, le président général du SFPQ.
Des risques
Selon le SFPQ, un autre enjeu de cette privatisation concerne la sécurité. Comment l’État pourra-t-il s’assurer que des informations aussi sensibles et confidentielles sur la sécurité civile, les services préhospitaliers d’urgence, la Sûreté du Québec, qui devait intégrer RENIR, puissent circuler sans interférence? Quelle sera l’imputabilité de l’entreprise privée à cet égard? « En matière de sécurité et de confidentialité des données, le gouvernement doit jouer un rôle central, poursuit M. Sawyer, il en va de même pour son réseau de télécommunication. »
« Si RENIR est privatisé, le jeu des appels d’offres ne pourra plus s’opérer, met finalement en garde Michel Sawyer. L’État, face à un seul fournisseur, risque de perdre le contrôle sur la hausse des coûts d’un tel réseau. Prenons l’exemple du GIRES, Gestion intégrée des ressources, qui a englouti 400 millions $. Ce projet informatique, donné au privé, puis abandonné, demeure un des plus grands fiascos des dernières années ».
Pas le seul cas troublant
D'autres services doivent également être privatisé sous peu, par exemple la Reprographie gouvernementale. « Dans le cas de la reprographie, des investissements viennent d’être faits pour permettre l’implantation d’un bon de commande électronique, note Michel Sawyer. Est-ce l’entreprise privée qui en récoltera les fruits? »
Pour le SFPq, la décision de privatiser va à l’encontre du principe de saine gestion des deniers publics et de l’intérêt général de la population. Le syndicat exige du gouvernement Charest qu’il justifie publiquement sa décision par des arguments rationnels et non idéologiques.
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