Le gouvernement a annoncé hier son plan de dégel des frais de scolarité : 30% sur 5 ans ou une facture alourdie de 500$. Pour dorer la pilule, la ministre de l'éducation a également annoncé une bonification du régime des prêts et bourses.
Les associations étudiantes dénoncent l'hypocrisie gouvernementale. Concernant le régime des prêts et bourses, on note que les bourses sont gelées depuis 5 ans ce qui créé un manque à gagner de 71 M$ alors que le 'réinvestissement' gouvernemental n'est que de 11 M$ à ce chapitre (26 M$ au total en comptant toutes les mesures). D'autre part, alors que le dégel est planifiée progressivement sur 5 ans, l'indexation des prêts et bourses n'est prévue que pour une année. Le problème de l'endettement étudiant et de l'insuffisance du régime demeure donc entier. La FEUQ note également que les étudiant-es seront les seuls à injecter de "l'argent neuf" dans le réseau post-secondaire et qu'on est encore bien loin du réinvestissement requis.
Les syndicats mécontents
Dans un communiqué, la CSN a dit "déplorer vivement que le gouvernement vienne de donner le feu vert au dégel des droits de scolarité". La centrale syndicale réclamait à corps et à cris un vaste débat sur l'ensemble de la question du financement de l'éducation post-secondaire. Pour la CSN, persister dans la voie du dégel indique que le gouvernement se préoccupe peu de la question de l'accessibilité aux études supérieures. "Avancer que les modifications au régime des prêts et bourses vont permettre à 70 000 étudiantes et étudiants d'éponger la hausse des droits de scolarité, c'est faire fi du fait que 60 000 autres devront absorber cette même hausse", affirme Denise Boucher, vice-présidente de la CSN responsable du dossier de l'éducation. Elle souligne également que les mesures annoncées sont en vigueur pour l'année 2007-2008 seulement...
À la CSQ, on présente l'opération comme "une nouvelle imposture du gouvernement". Réunis en Congrès extraordinaire à Québec, le président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), M. Réjean Parent, a tenu à réagir à l'annonce de la ministre de l'Education. "Décidemment, c'est facile pour le gouvernement de faire preuve de générosité avec l'argent des autres" a-t-il souligné. Le syndicaliste a également tenu à souligner le "deux poids, deux mesures" gouvernemental : "il est étrange que le gouvernement puisse planifier à long terme la hausse des frais de scolarité, alors qu'il refuse de prendre des engagements au-delà de 2008 relativement à une bonification réelle du système de prêts et bourses et à un financement public adéquat du réseau des universités."
L'ASSÉ sur le sentier de la grève
Alors que le plan d'action de la FEUQ est encore nébuleux, l'ASSÉ est déjà sur le sentier de la grève. Après avoir perturbé l'annonce de la ministre, l'ASSÉ a envoyé un communiqué qui ne fait aucun mystère sur son envie d'en découdre. "L’ASSÉ n’a jamais accepté et n’acceptera jamais l’important recul que constitue le dégel à la hausse des frais de scolarité pour l’accessibilité aux études. Le seul dégel souhaitable pour l’avenir du Québec est à la baisse, vers la gratuité scolaire !" déclare Hubert Gendron-Blais, Secrétaire aux communications de l’ASSÉ.
L’ASSÉ et ses associations membres s’organisent depuis déjà 2 mois pour contrer cette attaque prévisible en préparant une grève générale illimitée pour l’automne. "Nous travaillons présentement à construire une structure de coalition semblable à la CASSÉÉ en 2005 ainsi qu’à peaufiner nos plans de mobilisation et d’action pour la rentrée. Si le gouvernement Charest n’en a pas eu assez de la raclée que le mouvement étudiant lui a fait subir lors de la dernière grève, nous n’hésiterons pas à lui en flanquer une autre !" menace Marc-André Faucher, Secrétaire à l’information de l’ASSÉ.
Même si elle ne regroupe 'que' 40 000 étudiant-es, comparé aux 120 000 de la FEUQ, il ne faut pas sous-estimer le leadership de l'ASSÉ dans les luttes. Ainsi, lors de la dernière grève étudiante, elle avait réussi à rassembler plus de 100 000 grévistes sous sa bannière "élargie". Déjà, cinq associations facultaires de l'UQAM ont convenue de consulter leurs membres sur la grève à l'automne alors que l'ASSÉ n'y compte qu'un membre.
Photo: Badacid, manif de l'ASSÉ à Montréal au mois de mars
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