La presse syndicale est trop souvent insipide. Ça ressemble souvent à un "journal de bonnes nouvelles" qui se lit comme une circulaire ou un bulletin d'entreprise. Heureusement, il y a des exceptions. La revue de la Fédération autonome du collégiale en est une, Perspectives CSN en est une autre.
Je n'aurais jamais pensé écrire ça un jour, mais le numéro 18 de la revue de la Confédération des syndicats nationaux est excellent et donnent à rêver à ce que pourrait ressembler une authentique presse de gauche qui aurait rompu avec l'artisanat et la stricte propagande militante. C'est dans ce temps là qu'on s'ennuie de Recto-Verso...
Au sommaire, on compte un bon dossier (8 pages) sur les transports. Tout y passe : préoccupations environnementales, syndicales et sociales. Sans non plus tomber dans le mielleux. On donne la parole à plusieurs intervenant-es progressistes qui ne sont pas nécessairement exactement sur la même longueur d'onde que la CSN. On n'escamote pas, par exemple, le scepticisme des dirigeants syndicaux face aux projets de tramways (j'y reviendrai).
Également à noter, un reportage que seul pouvait commander la CSN sur la vie à l'usine d'Olymel de Vallée-Jonction après le coup de force de l'hiver dernier. Qui d'autre, d'ailleurs, aurait osé faire sa 'une' avec un ouvrier dont le tablier est maculé de sang, sur le point de découper une carcasse de porc? Le regard de cet homme en tout cas donne tout son sens au titre, "temps durs pour les travailleurs" (cliquez ici pour télécharger la une en grandeur réelle).
Il y a quelques années, quand la direction de la CSN a abandonné Nouvelles CSN, qui était publié aux deux semaines, en faveur d'un magasine ne sortant que quatre fois par année, j'étais sceptique. D'autant plus que l'idée de faire de plus en plus appel à "l'externe" n'allait pas de soi. Tout compte fait, l'utilisation abondante de ressources externes (pigistes) à tous les niveaux fut une idée judicieuse. Ça y est pour beaucoup, en tout cas, dans le caractère professionnel de la chose.
Seul commentaire négatif : les photos sont en général bonnes mais elles sont trop petites. Mettez en moins mais mettez les plus grosses ! Autrement, mon seul regret est de savoir que si peu de gens y auront accès.
Perspective CSN est intégralement disponible sur le web en format pdf. On peut télécharger toute la revue (27 Mo) ou consulter le sommaire HTML et télécharger la revue en pièce détachée (article par article).
jeudi 28 juin 2007
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4 commentaires:
Nos grosses centrales syndicales sont bloquées par un manque de motivation. Il faut du sang neuf et des idées rafraîchissantes dans ces grosses boîtes hermétiques.
Un groupuscule de journalistes, journal de Québec, en grève, qui fabrique un journal en moins d'un mois! Plutôt gênant pour nos multimillionnaires!
Je trouve décevant de voir nos grosses centrales syndicales se gonfler avec le fric des travailleurs et travailleuses, sans prendre la décence de bien les informer quotidiennement!
Excuse moi de crever ta balloune mais le groupuscule de journalistes dont tu parle est en fait un syndicat, affilié à la plus "grosse centrale syndicale" du Québec (la FTQ). Sans l'apport financier & technique de la "grosse centrale syndicale" en question, il est probable qu'ils n'auraient jamais pu publier leur journal.
Bien, si tel est le cas, que la centrale syndicale subventionne un journal, pourquoi alors ne pas profiter de l'occasion et créer un journal national qui donnerait une autre vision que les grands classiques médiatiques québécois?
Ah, ça c'est une bonne question.
Je pense que la réponse la plus simple est la suivante : ça coute une beurrée. Le journal des lockoutés de Québec coûte 18 000$ par jour. Et il s'agit d'un média qui n'a pas de salariés à payer. L'an passé, produire Le Devoir a coûté plus de 16M$. On peut donc en déduire que produire un quotidien au Québec coute au minimum 16M$. Même les syndicats n'ont pas ce genre de fric.
Pas qu'ils n'aient jamais essayé... Un moment donné la CSN avait même formée une coop pour acheter Le Soleil. Mais ça a foiré. Trop cher.
Les syndicats pourraient sûrement en faire plus. Mais on peut pas s'attendre à des miracles non plus.
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