lundi 11 juin 2007

Repartir à zéro...

Ça a pris 30 ans construire des conditions de travail (relativement) décentes dans le réseau de la santé. Depuis presque 10 ans, l'État essaie de réduire les coûts du système en sous-traitant certains services et en faisant appel à des entreprises "d'économie sociale". Un processus que les plus lucides ont dénoncé comme une arnaque et que certains partis d'opposition veulent élargir.

Au moins un syndicat, le Syndicat québécois des employées et employés de service (SQEES), essaie d'organiser les nombreuses entreprises de service à domicile qui pullulent en santé. Affilié à la FTQ, le SQEES est peu connu au Québec mais est en fait une section locale du plus puissant syndicat américain : le SEIU. Ayant historiquement raté leur coup au Québec --ils sont arrivés en santé après la CSN--, ils ont décidé de tabler sur une privatisation progressive de notre système public pour s'implanter. Drôle de stratégie... mais, bon, personne ne leur reprochera non plus de syndiquer les galériens modernes de la santé!

Économie sociale, quelle est la différence?

Aujourd'hui des membres du SQEES organisaient une manif sur la rive-sud de Québec. Salariés de la Coopérative de services à domicile de la MRC de Montmagny, ils se sont syndiqués en juin 2006. Économie sociale ou pas, le moins qu'on puisse dire c'est que ça ne passe pas comme une lettre à la poste!

Selon le syndicat, "l'employeur n'a de cesse d'écoeurer ses travailleuses et les travailleurs" depuis leur syndicalisation. La négociation de leur première convention collective devra même se faire devant un arbitre car l'employeur n'a pas négocié de bonne foi et est fermé à toute discussion raisonnable.

"Les revendications des travailleuses et travailleurs ont reçu une fin de non-recevoir de la part de l'employeur et maintenant ils doivent composer avec un patron qui utilise des tactiques insidieuses : vacances refusées sans explications, congés refusés et aucun frais de kilométrage payé. La situation au travail s'envenime, jour après jour, et rend l'atmosphère quasi invivable. Il est difficile de comprendre une telle attitude car les personnes salariées ne veulent qu'être respectées dans leurs droits", raconte Mme Lynda Michaud, conseillère syndicale du SQEES-298 (FTQ).

"Ceux et celles qui oeuvrent dans les coopératives que nous avons syndiquées gagnent des salaires ridicules. Ces travailleuses et ces travailleurs ont très peu d'avantages sociaux comme des congés de maladie et des congés pour assumer leurs responsabilités familiales; ils n'ont pas d'assurances collectives, pas de fonds de pension et doivent assumer leurs frais de transport d'un client à l'autre. La plupart d'entre eux n'ont pas de stabilité d'emploi parce que leurs heures ne sont pas garanties. Nous n'avons pas besoin d'être experts comptables pour déduire que ce sont des conditions de travail injustes", explique M. Jean-Pierre Ouellet, vice-président au service aux membres du SQEES-298 (FTQ).

Les syndiqués ne comprennent pas l'attitude négative de leur employeur envers eux. Ils se demandent carrément si ce n'est pas dû au fait qu'ils ont exercé un droit reconnu à toutes et tous de par la loi... Économie sociale, service public ou privé, du point de vue des salariés, ça revient pas mal au même finalement.

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