vendredi 23 février 2007

Salaires dans la fonction publique, toujours plus haut !?

Ce matin, le Journal de Québec a publié sous forme de texte d'opinion un communiqué du SFPQ répondant à leur article tendancieux sur le salaire des fonctionnaires (voir ce texte. Il y a donc peu de chance qu'ils publient également la réplique du président du Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ). La voici donc :

Réplique de Gilles Dussault à Michel Hébert

Dans un article paru le 19 février dans le Journal de Québec, le journaliste Michel Hébert écrit que le salaire annuel moyen des fonctionnaires a franchi le « seuil historique » de 50 000 $. Le journaliste affirme que « L’austérité budgétaire que dit avoir imposé le gouvernement Charest a apparemment épargné les fonctionnaires… ». Le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) ne partage pas ce point de vue et tient à remettre dans leur contexte les données présentées par M. Hébert.

Au cours des cinq dernières années, tel que le démontre le document du Conseil du trésor cité par le journaliste, le traitement moyen des professionnels réguliers a progressé de 2,9 %, soit la plus faible hausse parmi toutes les catégories d’emplois. Sur cinq ans, cela donne une augmentation « historique » moyenne de 0,6 % par année ! Or, pendant la même période, l’augmentation de l’indice des prix à la consommation (IPC) fut de 10,5 %!1 En clair, cela signifie que l’inflation l’emporte largement sur les salaires, ce qui résulte en un appauvrissement de 7,6 % sur cinq ans pour les professionnelles et professionnels de l’État.

Cet appauvrissement, il est dû en partie à l’adoption de la Loi concernant les conditions de travail dans le secteur public (projet de loi 142) qui a gelé les salaires des quelque 500 000 travailleuses et travailleurs de la santé, de l’éducation, des services sociaux et de la fonction publique entre le 1er juillet 2003 et le 31 mars 2006. M. Hébert passe sous silence que les salaires des autres travailleuses et travailleurs au Québec ont, eux, progressé à un rythme beaucoup plus élevé pour la même période. Globalement, l’Institut de la statistique du Québec constate que les employées et employés de l’administration québécoise accusent, en 2006, un retard salarial de 15,2 % en moyenne par rapport à l’ensemble des autres salariés québécois2. L’ensemble des autres salariés québécois a donc, en moyenne, amélioré son pouvoir d’achat au cours des cinq dernières années, alors que les employés et employés de l’État l’ont vu diminuer.

Par ailleurs, il faut rappeler que ce sont ces mêmes salariées et salariés de l’État qui continuent, dans les secteurs de la santé, de l’éducation, des services sociaux et de la fonction publique, à maintenir à bout de bras un système de services publics auquel le gouvernement Charest a coupé les ressources au cours des quatre dernières années. S’il est un sujet qui devrait faire l’objet de débats dans l’actuelle campagne électorale, c’est justement l’état lamentable des services publics et leur devenir probable sous le même genre de gouvernance.

L’opinion exprimée par M. Hébert est contredite par des données accessibles à tout le monde. Ça tombe sous le sens que les salaires payés au personnel syndiqué de l’État ont été dépassés par l’inflation et qu’ils sont maintenant bien inférieurs à ceux des autres secteurs de travail. Un organisateur ou un propagandiste libéral pourrait tenter de nous faire croire que « qui s’appauvrit s’enrichit », mais lorsqu’une telle opinion sort de la plume d’un journaliste, il y a lieu de se poser des questions sur la véritable fonction de ses écrits.

Gilles Dussault
Président du SPGQ


P.S.: si je peux publier aujourd'hui cette réplique, c'est qu'un permanent du SPGQ me l'a envoyé à surleslignes@yahoo.ca, autrement je ne l'aurais sans doute pas vu passer. Que vous soyez permanent, élu ou simplement militant syndical, n'hésitez surtout pas à me faire part de vos informations et à partager communiqués, opinions ou analyses. J'essaie autant que possible d'être à l'affut mais, forcément, il y a des choses qui m'échappent.

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