mercredi 21 février 2007

Grève au CN : la situation se corse

Les grévistes du CN se retrouvent avec deux ennemis : leur "syndicat" et leurs patrons... Dans un geste inqualifiable, la direction internationale du syndicat des Travailleurs unis du transport (TUT) a décapitée sa section canadienne au beau milieu d'une grève. La direction du CN tente actuellement de profiter de la situation pour se débarrasser d'un syndicat trop combattif et refuse le retour au travail des grévistes.

Récapitulatif

Samedi le 10 février, 2 800 conducteurs et employés du service de triage du Canadien national (CN) se mettent en grève.

Fait inusité, la direction du CN veut faire déclarer la grève illégale parce que la direction internationale du syndicat ne l'a pas autorisée. Le syndicat reconnait que son président international, basé aux États-Unis, n'a pas donné l'autorisation, mais ça n'affecte pas la légalité de la grève selon lui.

Lundi le 21 février, le Conseil canadien des relations industrielles juge que la grève des employés du CN est légale.

Suite à cette décision, Jean-Pierre Blackburn, le ministre fédéral du travail, menace de promulguer une loi spéciale forçant le retour au travail.

Lundi également, le siège social américain a renvoyé toute la direction canadienne composée de sept syndicalistes ainsi que le comité de négociation. Les dirigeants canadiens ont intenté une action en justice pour renverser cette mesure.

Mardi soir, pour éviter la loi spéciale, les dirigeants syndicaux canadiens lancent un appel pour effectuer un retour au travail en bon ordre.

Mercredi matin, surprise!, le CN refuse de laisser les grévistes rentrer au travail...

Aujourd'hui, outre la direction internationale des TUT qui prétend reprendre bureaucratiquement le contrôle de sa section canadienne, deux grands syndicats se portent à la défense (sic!) des employés du CN. Il y a d'une part les Métallos, qui ont signé avec les TUT une alliance stratégique l'été dernier. Normalement, cette "alliance stratégique" aurait dû être le prélude à une fusion. Sauf que les Métallos sont également un syndicat international, membre de la même centrale américaine que les TUT. La direction canadienne des TUT (le négociateur en tout cas) a plutôt trouvé refuge chez les Travailleurs canadiens de l'automobile (TCA) qui sont déjà implantés au CN. Ce sont les TCA, eux-mêmes né d'un schisme entre un syndicat américain et sa section canadienne, qui ont envoyé le dernier communiqué en date sur le dossier (qui informait des actions suicidaires du syndicat américain).

Il est de plus en plus clair que les jours des TUT au Canada sont comptés. Reste à voir qui l'État canadien choisira de reconnaitre comme syndicat légitime au CN. Techniquement, la constitution des TUT autorise la direction américaine à mettre une "section locale" en tutelle. Ceci dit, le Conseil canadien des relations industrielles a reconnu (en déclarant la grève légale) que la constitution des TUT n'avait pas nécessairement force de loi. La direction canadienne sera-t-elle déclarée légitime même si elle a été désavouée par la "maison mère"? Y'aura-t-il un vote? Une période de maraudage, maintenant ou plus tard? Qui signera la convention collective? Qui poursuivra les négociations dans l'immédiat? Les TCA et les Métallos vont-ils se battre pour la dépouille malgré la gravité de la situation?

Le syndicat des Travailleurs unis du transport (TUT) est (était?) l'un des plus vieux syndicat au Canada. Il a été fondé en 1883.

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