lundi 5 février 2007

Quand on veut rien comprendre...

L'Association patronale des CPE s'est farcie un communiqué aujourd'hui dans lequel elle dit ne pas comprendre pourquoi les éducatrices de 25 CPE de Montréal et Laval étaient en grève lundi. "Nous ne comprenons pas cette réticence des éducatrices à se faire aider par des aide-éducatrices qui ne font que les soutenir dans certaines de leurs tâches et en les remplaçant pour de courtes périodes. Ceci leur permettrait ainsi de se concentrer sur les besoins d'éducation des enfants plutôt que sur la désinfection des jouets, l'habillage des enfants ou le rangement" a déclaré Pascal Joly, administrateur de l'Association patronale des CPE. Quand on veut pas comprendre...

Je sais bien que ce communiqué n'a pour seul but que de faire de la propagande patronale mais, juste au cas, je vais essayer d'expliquer. Actuellement, ce sont des éducatrices qui font la job qu'on voudrait faire faire aux futures aides-éducatrices. En général ce sont celles qui ont le moins d'ancienneté, des jeunes qui sortent de l'école, qui font cette job-là. Et elles le font au taux horaire et aux conditions d'une éducatrice débutante. Introduire un poste d'aide-éducatrice ça veut donc dire enlever de la job à des membres du syndicat (et fermer l'une des portes d'entrée dans le métier) pour créer du cheap labor à la place. Il y a quand même une différence d'à peu près 5$ de l'heure entre les deux titres d'emploi!

Deuxièmement, c'est pas comme si les éducatrices ne s'étaient pas battues pour valoriser la profession, gagner de bonnes conditions et obtenir l'équité salariale. Introduire un poste d'aide-éducatrice sous-payé c'est un formidable recul. C'est dire que, dans le fond, les éducatrices ne méritent pas leur salaire et qu'à part une couple de tâches vraiment "nobles", directement liées au programme éducatif, n'importe qui peut faire la job.

Les éducatrices ne sont pas folles, elles savent bien que dans tous les milieux de travail où une sous-catégorie a été introduite pour "combler les trous", la sous-catégorie en question est devenue majoritaire à terme parce qu'elle coûte moins chère. Sans parler du fait qu'une fois qu'on a accepté ça, il est extrêmement difficile de remonter la pente. On n'a qu'à penser aux chargés de cours à l'université, par exemple.

Le fait que l'immense majorité des CPE aient refusé d'introduire le titre d'aide-éducatrice, même dans ceux qui ne sont pas syndiqué, tout comme le fait que 100% (!) des syndiquées aient votées pour la grève dans un scrutin secret, aurait dû allumer des lumières à l'Association patronale des CPE. La direction de l'association prétend que le syndicat est irresponsable et prend les parents en otage... Et si c'était l'inverse? Et si c'était l'Association qui jouait avec le feu, ne prenait pas le syndicat au sérieux et le forçait à faire grève pour manifester l'appui de ses membres à son refus?

Aucun commentaire: