mardi 6 février 2007

Les parents sont-ils pris en otage?

La ligne que défend l'Association patronale des CPE dans les médias est que les éducatrices en grève prennent les parents en otage. Pourtant, je n'ai pas encore vu de parents désapprouver dans les médias les revendications des éducatrices (et je ne peux pas croire que les journalistes n'en ont pas cherché!). En fait, à lire les commentaires ici et là sur cette grève de 24h, je me rend compte que ce sont surtout des gens qui n'ont pas d'enfants (ou pas d'enfants en âge d'aller au CPE) qui cassent du sucre sur le dos des syndiquées. À date, comme dans tous les autres conflits de ce secteur depuis quelques années, les parents d'enfant en CPE appuient les éducatrices. Serions-nous victimes du syndrome de Stockholm?

Je ne suis pas personnellement touché par ce conflit parce que mon CPE, membre de l'AQCPE, a choisi de ne pas introduire le titre d'aide-éducatrice (pour l'instant?). Lors de la dernière vague de moyens de pression, j'appuyais de tout coeur les éducatrices et je les appuierais encore dans ce dossier. Pourquoi?

Premièrement, comme parent j'ai développé une relation avec les éducatrices de mes filles. Je les connais bien et je sais qu'elles font du bon boulot (exceptionnel même). C'est facile de s'identifier aux éducatrices et de développer une relation: la plupart du temps elles ont à peu près le même âge que moi et que les autres parents (ou un peu plus jeune), elles ont même souvent des enfants du même âge. Je trouve juste ça normal que, tout comme moi, elles aspirent à de bonnes conditions de travail. Je trouve pas qu'elles sont trop payée, d'expérience c'est le salaire que ça prend pour arriver pis être correct aujourd'hui. Je ne voudrais pas que les éducatrices de mes filles rushent avec l'argent. Je ne souhaite la pauvreté à personne! Je sais aussi que quand elles sont prises pour exercer des moyens de pression, elles ne le font pas de gaieté de coeur. Elles prennent d'ailleurs toujours tous les moyens nécessaires pour nous avertir longtemps à l'avance et bien nous informer des développement des négociations. Je n'ai jamais été laissé dans le noir. Mais bon, un moment donné, des fois il faut se tenir debout si on veut pas être le dindon de la farce et je comprend ça.

Deuxièmement, sur la question précise de l'aide-éducatrice. Dans une perspective de gestionnaire, je peux comprendre. L'idée c'est de sauver de l'argent. Mais dans une perspective de parent ça ne tient pas debout! On ne le dira jamais assez mais les CPE ne sont plus de simples garderies, c'est pas des parkings d'enfants! Moi ce que je constate c'est que mes filles aiment aller au CPE et aiment leurs éducatrices. Ceci dit, c'est pas toujours évident. Il y a beaucoup de mouvement, elles voient beaucoup de monde. Il y a d'abord l'ouverture et la fermeture. Le matin, vu que les enfants arrivent pas tous à la même heure, toutes les éducatrices ne sont pas sur le plancher et les groupes sont mélangé. Mes filles n'arrivent donc pas nécessairement dans leur local, avec leur éducatrice. La même chose vaut à la fermeture. Les jours où il y a moins d'enfants (épidémies, ça arrive, température, congés, etc.), le CPE ferme des groupes et renvoi des éducatrices à la maison. Encore des changements. Il y a, finalement, la "rotation", c'est-à-dire qu'une fois par semaine à peu près il y a une éducatrice qui vient remplacer l'éducatrice attitrée pour une journée pédagogique. Bref, tout ça pour dire que ça bouge beaucoup. Or, les enfants ça a besoin de stabilité! Si on rajoute l'aide-éducatrice, oubliez-ça, ça va chier! Les enfants vont finir par voir autant de monde différent que s'ils allaient à la polyvalente. Bonjour le lien avec l'éducatrice!! Bonjour l'intégration au CPE!!

Non, vraiment, l'aide-éducatrice, ça va être correct! Pour moi c'est juste du cheap labor pis une couple de crises de larme de plus par semaine.

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