vendredi 13 juillet 2007

Radio: mange de la marge !

À Québec, de plus en plus de gens savent qu'il n'y a pas que Choi Radio X et le FM 93 dans la vie. Selon un sondage CROP rendu public cette semaine, plus du tiers des habitant-es de la région de Québec connaissent les radios communautaires et au moins une personne sur dix les écoutent régulièrement.

Québec est une ville de radio. Célèbre dans toute la province pour sa radio poubelle et ses animateurs populistes, peu de gens savent que la capitale abrite également trois postes hors-normes. Il y a CHYZ 94,3 FM, la radio étudiante, CKIA 88,3 MF, Radio Basse-Ville, et CKRL 89,1 FM, la doyenne des radios communautaires francophones en Amérique. Faute de moyens, il n'y a pas de BBM parce que c'est trop cher, il était jusqu'à récemment difficile de mesurer l'impact de ces radios. L'an passé, CKIA 88,3 FM avait brisé la glace avec un sondage Léger Marketing. Cette année, CKRL et CKIA ont unis leurs forces pour se payer un sondage CROP d'envergure (auprès de 1 000 adultes de Québec).

Il y a du monde à l'écoute

Selon le sondage, réalisé du 16 mai au 1er juin 2007, il y a 200 000 et 171 000 personnes qui connaissent respectivement CKRL et CKIA. C'est plus du tiers de la population ! Du côté de l'écoute en temps que telle, c'est respectivement 70 000 et 58 000 auditeurs réguliers.

« On ne peut plus qualifier notre station de marginale… Elle est différente et audacieuse et c’est pour cette raison que nous sommes écoutés par les gens qui la forment et lui ressemble » s’est exclamée Nancy Gagnon, directrice générale de CKRL 89,1 FM, en recevant les résultats préliminaires de l’enquête. « Il est formidable de constater tout ce que nous pouvons réaliser avec un centième des budgets des radios commerciales, une toute petite équipe permanente et des dizaines de bénévoles motivés chaque semaine… »

Pour la directrice de la programmation de CKRL 89,1, Marjorie Champagne, ce sondage a une grande valeur « Cela prouve que nous (les radios communautaires urbaines) sommes nécessaires dans le contexte radiophonique actuel, surtout à Québec. Les gens veulent une autre forme de radio, plus diversifiée, plus respectueuse, plus près de la population, la radio communautaire humaine et indépendante est importante aux yeux et aux oreilles de la communauté »

Du côté de CKIA 88,3 FM (Radio Basse-Ville), les résultats de ce sondage ont été reçus avec enthousiasme, et pour cause. « Cela représente une augmentation de 8,5 % de la côte d’écoute. C’est une excellente nouvelle! Cela veut dire que nous sommes appréciés par la population et de plus en plus connus dans les milieux urbains. Les gens veulent une radio de proximité, ouverte sur le monde, qui leur ressemble. Nous leur présentons le visage, les paroles et les musiques d’une ville de Québec de plus en plus métissée », affirme Ernst Caze, directeur général de CKIA FM (Radio Basse-Ville).

Des médias de masse

Notoriété de 30%, auditoire de 10%... des chiffres à faire rêver. Des chiffres qui forceront peut-être certain-es à casser leur image des radios communautaires, au moins à Québec. Avec tant de monde au poste, on peut parler sans complexe de véritables médias de masse. Voilà des outils avec un formidable potentiel mis à la disposition de tout un chacun. Espérons que les camarades responsables des communications dans les mouvements sociaux en prendront bonne note et cesseront de bouder ces stations ... Parce que c'est bien beau faire des miracles avec "le centième des budgets des radios commerciales" mais, un moment donné, il faut qu'il y ait de l'argent qui rentre au poste si les radios communautaires veulent se développer et prendre toute leur place sur les ondes et dans la vie de notre ville.

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