Pour la deuxième fois en deux mois, le président général du SFPQ réplique au journaliste du MédiamatinQuébec, Michel Hébert, afin de rectifier les propos qu'il a tenus dans sa chronique du 18 juillet dernier intitulée « Plus d’ingénieurs, S.V.P.! ». Sur les conseils du journaliste en lock out, il faudrait tout simplement que le ministère des Transports délaisse au privé ses petits travaux d'entretien... Mais à quel prix?
Pour la deuxième fois en deux mois, je me dois d’intervenir afin de rectifier les propos du « camarade » Hébert dans sa chronique du 18 juillet dernier intitulée « Plus d’ingénieurs, S.V.P.! ». Je ne veux surtout pas réclamer une chronique régulière, mais je désire rétablir certains faits.
M. Hébert reconnaît d’abord qu’on ne peut blâmer les ingénieurs qui doivent composer avec des compressions budgétaires depuis au moins 15 ans. Puis, il explique que c’est sous la pression politique que le ministère a développé les mauvaises habitudes de gestion qui lui sont aujourd’hui reprochées. Encore mieux, il écrit que la commission Johnson nous a appris jusqu’ici que c’est l’entreprise privée qui a mal fait son travail, et non pas les fonctionnaires, car c’est elle qui a mal installé la structure.
Mais là où il devient dur à suivre, c’est lorsqu’il en déduit que le ministère des Transports (MTQ) devrait revoir toute sa mission, se délester des emplois mal rémunérés « créés jadis au nom du partage de la richesse » et laisser tomber les travaux routiers ou le traçage de lignes blanches. Selon lui, le ministère devrait laisser à l’entreprise privée ces petits travaux d’entretien.
Voici quelques informations qui nous proviennent de nos membres sur le terrain. À Québec, le MTQ paie pour un technicien en inspection de structures fourni par le privé (Roche ltée, Groupe-conseil, pépinière bien connue de candidats pour le Parti libéral), la somme de 82 560 $ pour une période de travail de six mois. Au MTQ, un technicien de surveillance de structure gagne 46 000 $ pour toute l’année et coûte autour de 50 000 $ en ajoutant les bénéfices marginaux.
Au Centre de services de Beauceville, le devis estimatif pour le scellement des fissures sur les routes est de 0,97 $ à 1,33 $ du mètre. En comparaison, le privé demande 2,25 $ du mètre. En une saison, ceux que M. Hébert appelle « les concierges », scellent environ 200 000 mètres de fissures. En calculant une différence de 1 $ du mètre, c’est bien 100 000 $ qu’ils font épargner au MTQ.
Un autre exemple. Les employés du MTQ ont effectué le déneigement des routes 173 de Sainte-Marie-de-Beauce à Saint-Georges-de-Beauce, 108 de Beauceville à Saint-Évariste et une section de la route 171 pour 7 800 $ du kilomètre. L’entreprise privée demandait 9 800 $ du kilomètre. Laissons le camarade Hébert faire ses calculs, mais soulignons que les maires et les préfets de la région, satisfaits du travail exécuté, appuient les employés du ministère pour qu’ils continuent à effectuer le déneigement. C’est 2 à 0 pour « les concierges ».
Enfin, l’automne dernier, cinq ponceaux étaient à réparer en urgence à la suite de l’érosion des 9 et 10 mai 2006 dans le secteur de Beauceville. Le MTQ évaluait le coût des travaux à 297 000 $ pour les cinq ponceaux. Après avoir été en appel d’offres, l’automne dernier, la soumission du plus bas soumissionnaire s’établissait à 453 000 $. Dans son rapport écrit, l’ingénieur du MTQ a recommandé que trois ponceaux seulement soient réparés pour la somme de 280 000 $, ce que le ministère s’attendait à débourser pour les cinq. Les deux autres ponceaux feront l’objet d’un autre appel d’offres cette année. Le privé a malgré tout obtenu le contrat pour effectuer les travaux parce que le ministère n’avait pas le personnel pour le faire. Ce qui démontre bien que soutenir l’idée que le MTQ a besoin de plus d’ingénieurs que de concierges, comme l’affirme Michel Hébert, est un faux problème. Dans les faits, la sous-traitance coûte plus cher aux contribuables et cette pratique est solidement implantée au MTQ.
Par ailleurs, dans son Plan pluriannuel de main-d’œuvre, le MTQ souligne que le nombre de départs à la retraite au cours des trois prochaines années, estimé à 511, aura pour effet de réduire ses effectifs de 255 employés selon la règle du 1 sur 2 établie par le Conseil du trésor. Et ce, malgré le fait que les besoins identifiés par le MTQ se chiffrent à 634 nouvelles embauches. Ce sont les gestionnaires du ministère qui écrivent, en conclusion du plan pluriannuel, qu’il « devient impératif de combler les besoins exprimés par les gestionnaires dans les plus brefs délais ». Monique Jérôme-Forget saura-t-elle les écouter? Je l’espère. Le MTQ a besoin non seulement d’ingénieurs, mais de toute une équipe de travailleurs de différentes catégories d’emploi pour accomplir sa mission.
Michel Sawyer
Président général
Syndicat de la fonction publique du Québec
(Opinion publié ce matin dans le MédiaMatin Québec)
Source: SFPQ
S'abonner à :
Publier des commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Publier un commentaire