Au moment d’annoncer mon ‘déblogage’ pour cause de vacances, j’ai eu envi de faire œuvre utile une dernière fois.
Contrairement aux français, qui doivent leurs vacances d’été à la grève générale de 1936 et au Front populaire, les vacances québécoises ne sont pas issues de grandes luttes mythiques. En fait, elles sont apparues tout doucement, au fil des luttes, presque normalement, au début des «trente glorieuses».
Durant la Deuxième guerre mondiale, l’effort de guerre commande la paix industrielle. Pour l’obtenir, le gouvernement fédéral fait quelques concessions aux syndicats. En 1944, avec dix ans de retard sur notre voisin américain et après des années de pressions syndicales, le Québec et le Canada adoptent finalement des lois qui forcent les employeurs à négocier de bonne foi des conventions collectives avec les syndicats désireux de le faire. C’est, selon Jacques Rouillard (Le syndicalisme québécois, deux siècles d’histoire), la conquête syndicale la plus importante depuis celle du droit d’association et du droit de grève en 1872.
1944 marque le début de l’intégration de la classe ouvrière à la société libérale et de l’institutionalisation des syndicats. C’est ce qui rendra possible l’apparition d’une «classe moyenne» de masse et la plupart des conquêtes sociales qui nous semblent aujourd’hui «normales». Les vacances payées commencent à se généraliser dans les conventions collective à cette période.
Aujourd’hui, tous les salariés ont droit à des vacances payées en vertu de la Loi des normes minimales du travail (1979). Au Québec, les premières dispositions législatives prévoyant le droit à un congé annuel payé remontent à 1946. Le minimum légal en terme de vacances est de deux semaines continue après un an de service, trois après cinq ans. Ceci dit, 81,1 % des syndiqués du secteur privé et 85,2 % de ceux du secteur public peuvent bénéficier d’un maximum de semaines de vacances supérieur à celui prescrit par la Loi (un autre avantage de la syndicalisation).
Tout cela est bien beau sur papier. Mais il ne faut pas oublier que, malgré tout, 3 québécois sur 10 ne prennent pas la totalité des congés auquel ils ont droit. Parions que l’insuffisance des revenus (et la pression patronale) y est pour quelque chose.
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