S’agit-il d’un produit toxique à l’image du DDT? D’une société secrète?
À vrai dire, la réponse est oui et non… En fait, le Partenariat nordaméricain pour la sécurité et la prospérité (PSP) pourrait s’avérer une autre toxine qui s’attaque sournoisement et à petit feu à la démocratie. Il subordonne davantage la souveraineté et le droit démocratique des peuples aux droits des investisseurs. Le PSP est formé d’une élite économique qui évolue dans le plus grand secret et qui dicte sa vision directement aux dirigeants politiques en contournant les parlementaires dûment élus.
Ce partenariat s’inscrit dans le prolongement de l’Accord de Libreéchange nord-américain (ALÉNA) et vise à harmoniser de nombreuses politiques internes et étrangères du Canada, du Mexique et des États-Unis. Il est né officiellement en mars 2005, sous le couvert de vouloir protéger les citoyennes et les citoyens de la menace du terrorisme et de faciliter le commerce.
Ce partenariat vise l’adoption de mesures importantes telles qu’une intégration plus grande des marchés nord-américains de l’énergie, l’harmonisation du traitement à l’endroit des immigrants et des personnes réfugiées ou des touristes étrangers et la création de politiques communes de sécurité. Le PSP vise également à harmoniser les normes dans les secteurs régissant la santé, la sécurité alimentaire et l’environnement, et ce, dans les trois pays.
Une nouvelle phase du néolibéralisme
Le PSP implante une nouvelle phase du néolibéralisme. En effet, il permet aux dirigeants des plus grandes entreprises des trois pays non seulement de participer aux négociations, mais aussi de définir les objectifs et les moyens pour les mettre en oeuvre. Les trois chefs d’État et les neuf ministres (trois par pays) sont chargés de réaliser ces orientations, soit en apportant des changements réglementaires ou législatifs, soit en adoptant des politiques économiques particulières.
Pour ce faire, les leaders politiques ont créé le Conseil nord-américain de la compétitivité (CNAC), qui regroupe 30 membres du secteur privé, dix par pays, nommés par leur chef d’État respectif. Par exemple, le Conseil canadien des chefs d’entreprise (CCCE) y côtoie des dirigeants d’entreprise de Lockheed Martin, Merck, New York Life, Wal-Mart et Power Corporation. Le pouvoir politique du secteur privé n’est certes pas nouveau, mais avec le PSP, il devient institutionnalisé.
Une étude du Réseau québécois sur l’intégration continentale (RQIC) révèle que les groupes de travail du PSP, dont dix portent sur le volet prospérité et neuf sur le volet sécurité, évoluent bien loin du regard public. Toutefois, il y a encore pire; les pouvoirs exécutifs suivent religieusement les recommandations qui émanent du CNAC. Thomas d’Aquino, président directeur du CCCE, ne s’en cache d’ailleurs pas : « Le PSP crée un cadre qui permet de garantir le maintien des orientations économiques adoptées, malgré les changements de gouvernement ».
Le cas des ressources naturelles et de la sécurité énergétique en est un bel exemple. En effet, l’approvisionnement énergétique des États-Unis est devenu prioritaire et c’est notamment en multipliant par cinq, d’ici 2015, la production des sables bitumineux de l’Alberta que le PSP est en train de fixer la politique énergétique et environnementale du Canada. À cet égard, soulignons que l’Alberta est déjà responsable de 37 % des gaz à effet de serre du Canada.
De plus, pour produire un baril de pétrole, il faut extraire quatre tonnes de terre et de sable et utiliser entre deux et cinq barils d’eau. Alors imaginez la catastrophe environnementale! Des 56 personnes qui ont participé aux rencontres et proposé ces orientations, aucune n’était élue. Cette annonce a été faite au lendemain de l’élection canadienne du 23 janvier 2006, alors que le gouvernement libéral de Paul Martin venait de perdre le pouvoir et que celui de Stephen Harper n’était pas assermenté!
Encore une fois, les droits civilss’effritent au profit de ceux des plus grandes corporations. C’est aussi la consécration de l’effritement démocratique et de la perte de pouvoir à la fois des parlementaires et de la population. Le Réseau québécois sur l’intégration continentale, qui regroupe plus de vingt organisations sociales du Québec provenant de milieux syndicaux, communautaires et populaires, étudiants, environnementaux, de femmes, de droits humains et de développement international, est donc très inquiet et veut agir pour mettre le PSP en échec.
Le premier élément de toute action est l’information. Celles et ceux qui souhaitent en savoir plus peuvent consulter l’argumentaire du RQIC sur le PSP au http://www.rqic.alternatives.ca/.
Il y a de quoi s’indigner!
(Source: SFPQ)
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Hier j'ai assisté à soirée politico-culturelle portant justement sur le PSP et la mobilisation contre le Sommet de Montebello. Je suis très heureux de constater qu'il y a au moins un syndicat qui en parle. Par contre, je suis assez déçu de voir qu'il n'est absolument pas question des mobilisations actuellement en cours. Encore une autre opportunité de convergence de perdue! Infos sur la mobilisation québécoise contre le Sommet de Montebello et le PSP.
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