L'entente conclue entre les médecins spécialistes et le gouvernement ressemble pas mal à une claque sur la gueule pour les autres employés du secteur public.
«Le gouvernement accorde 1,3 milliard de dollars par année à 8000 médecins spécialistes, ce n’est pas rien! Ça équivaut à 4 % de la masse salariale totale de l’État qui compte 500 000 employé-es», a souligné Claudette Carbonneau, présidente de la CSN. «Ce qui est bon pour les uns est bon pour les autres, ajoute-t-elle. Il n’y a certainement pas que les médecins spécialistes qui sont touchés par les pénuries d’effectif, loin s’en faut. Et tous les travailleurs et les travailleuses ont le droit d’améliorer leur sort.»
Rappelons que les employés du secteur public accusent globalement un retard de 15% par rapport au privé. «On offre à un petit groupe les meilleures conditions de vie au Canada tout en laissant s’agrandir les iniquités entre la majorité des travailleurs au Québec, ce n’est pas là une vision d’avenir», juge Claudette Carbonneau.
La CSN veut une vraie politique salariale
Pour la CSN, «il est grandement temps pour le gouvernement de se doter d’une véritable politique salariale qui tienne compte des pénuries de main-d’œuvre, de la justice et de l’équité ainsi que de l’écart qui ne cesse de s’accroître entre les rémunérations versées dans les secteurs public et privé.»
La centrale souligne que «la tactique du cadre financier immuable, assortie de la menace permanente de coup de force, ne permettra jamais de corriger les problèmes de fond». Le gouvernement l'admet par la bande puisqu'après avoir décrété une loi spéciale, il en arrive à une entente négociée. «Ce qui est certain, c’est qu’il s’agit de beaucoup d’argent sur une longue période, une manière de faire qui détonne de la part d’un gouvernement qui n’a jamais cessé de braquer son cadre financier pour refuser toute négociation avec ses salarié-es», souligne Claudette Carbonneau.
La CSN réitère son appel à revoir immédiatement les salaires dans le secteur public afin d’entamer la revalorisation nécessaire de l’ensemble du secteur public. La CSN est ouverte à discuter de toute formule «réaliste et respectueuse des droits des salarié-es» afin d’atteindre cet objectif.
Profondément injuste
Dans un autre communiqué du Secrétariat intersyndical du secteur public (SISP), reçu plus tardivement, les leaders syndicaux Réjean Parent (CSQ), Lina Bonamie (FIQ), Michel Sawyer (SFPQ), Dominique Verreault (APTS) et Gilles Dussault (SPGQ) soutiennent qu'il est profondément injuste que le gouvernement du Québec accorde une hausse de rémunération de 65 % sur 10 ans aux médecins spécialistes, pendant qu'il laisse un demi-million d'employés de l'État continuer de subir les effets de conditions de travail imposées par décret.
«Nous n'avons aucun problème avec le fait de mieux rémunérer les médecins spécialistes pour nous assurer qu'ils continueront de pratiquer ici. Cependant, il y a plusieurs autres professions dans le secteur public qui n'ont pas non plus la parité avec le reste du Canada et qui doivent faire face aussi à des pénuries de personnel et à des problèmes de rétention. Un gouvernement qui se veut vraiment juste devrait manifester une volonté d'abolir les iniquités salariales que subissent l'ensemble des travailleuses et des travailleurs du secteur public, et non pas seulement les spécialistes qui sont déjà les plus hauts salariés de notre système», soutiennent les cinq leaders syndicaux.
Rappelons que, prétextant des finances publiques trop serré, la présidente du Conseil du trésor a imposé des hausses de salaire de seulement 8% aux autres employés du secteur public. « Après avoir levé la loi spéciale qu'il avait lui-même imposée aux médecins spécialistes et accepté d'augmenter leur rémunération, le gouvernement n'a plus aucune légitimité pour continuer à soutenir un discours contraire avec les employés de l'Etat. Si les supposés arguments sur la capacité de payer limitée de l'Etat ne s'appliquent plus aux médecins spécialistes, il n'y a aucune raison valable pour qu'on continue à imposer le joug de cette fausse logique aux travailleuses et aux travailleurs du secteur public », concluent les dirigeants syndicaux du SISP.
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