Dans le cadre des consultations publiques du CRTC sur la «diversité des voix» en information, les principaux syndicats québécois du secteur des communications ont fait connaître leurs inquiétudes. Pour le SCFP, l'information est carrément victime de la convergence tandis que, pour la CSN, l'intérêt du public exige une intervention musclée!
La convergence: un danger pour la démocratie
Pour le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP-FTQ), la convergence des médias est devenu une réelle préoccupation et un danger pour la démocratie en réduisant comme peau de chagrin le nombre de sources d’information disponibles pour les citoyens. «Le spectacle est devenu désolant. On contemple de plus en plus de grands conglomérats qui contrôlent le marché, l’information et le placement de produits, que ces produits soient des nouvelles, des émissions, des livres ou même des vedettes», affirme Jean Chabot, président du Conseil provincial du secteur des communications du SCFP.
Pour le syndicat, l’exemple le plus patent des dangers de la convergence se trouve évidemment chez Quebecor Média. Une situation bien connue par les employés du Journal de Québec, dont la plupart sont présentement en lock-out. «Le repiquage d’articles du Journal de Montréal est en hausse constante depuis les années 1990, ce qui réduit d’autant les nouvelles locales. Désormais, Quebecor exige une totale liberté pour échanger des contenus de ses postes de télé aux journaux en passant par Internet. Leurs demandes sont claires: ils veulent que les journalistes alimentent toutes les ramifications de la bête. Abolir l’étanchéité des salles de nouvelles, toutes les ressources réunies pour faire des profits. Il s’agit d’une tangente qui diminue la diversité des voix en information et ne respecte pas la qualité du travail journalistique et les spécificités des tâches reliées à chaque média», affirme Denis Bolduc, porte-parole des syndiqués du Journal de Québec.
Un point de vue que partage Claudette Carbonneau, présidente de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), pour qui «l’impact de la concentration de la propriété des médias au Canada et de la convergence sur la qualité, la diversité et l’intégrité de l’information soulève de fortes inquiétudes».
Pour la CSN, le mode de propriété des médias affecte les décisions relatives à la couverture journalistique et, par le fait même, l’intégrité de l’information. Si les innovations technologiques ont facilité la convergence entre les médias, elles favorisent dans plusieurs cas l’uniformisation et menacent l’intégrité de l’information. Pour plusieurs médias, la convergence doit se faire à coût zéro, ce qui signifie qu’une ressource journalistique habituellement chargée d’alimenter un média doit maintenant le faire à la fois la radio, la télévision, l’Internet et le journal rappelle la centrale syndicale.
Les efforts de promotion croisée s’intensifient, et ce, sans égard à la diversité de l'information et des points de vue croit la CSN. En outre, la centralisation de la couverture des nouvelles et de la programmation de la radio et de la télévision est une autre conséquence de la concentration des médias qui contribue à l’uniformisation de l’information et de la programmation. Le SCFP rappelle que les nouveaux acteurs du monde des médias sont des empires qui se livrent une guerre sans merci, où l’on s’échange des services entre amis ou dans la «famille». Dans ce combat de géants, l’éthique journalistique et le professionnalisme des artisans de l’information sont trop souvent relégués au second plan. Pour les syndicats, la répétition ad nauseam d’une même nouvelle sur plusieurs plates-formes réduit l’offre d’information aux citoyens et mine la santé démocratique de notre société.
Pour en savoir plus
Les syndicats ont de nombreuses propositions pour contrer le phénomène. On peut notamment lire le mémoire du SCFP au CRTC ou encore le communiqué de la CSN qui détaille les propositions de la Fédération nationale des communications.
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