lundi 12 novembre 2007

La répression frappe le mouvement étudiant

Alors que le mouvement étudiant prend timidement son envol --après l'échec de la campagne pour une grève générale illimitée-- il semble que les autorités aient pris la voie de la répression pour y répondre. L'escouade anti-émeute est en effet intervenue à l'UQAM ce matin et de nombreuses associations collégiales ont été menacée de toute la rigueur de la loi par leur administration.

La police à l'UQAM

La grève de cinq des sept associations étudiantes facultaires de l'UQAM a démarrée pacifiquement ce matin avec une manifestation de plus de 400 personnes pour innaugurer l'Université populaire à Montréal. Spontannément, des grévistes ont décidé de rendre visite à Claude Corbo, seul candidat en lice pour le poste de recteur. Une ligne de piquetage a été formée devant sa salle de cours en début d'après-midi. Selon un communiqué de l'ASSÉ, c'est là que les choses se sont gâtées.

«Plusieurs dizaines de policiers sont alors intervenus pour disperser les manifestants et manifestantes. Une bousculade a eu lieu, et les policiers ont dû se replier hors de l’université pour ensuite intervenir pour disperser la foule. On dénombre trois arrestations pour l’instant, alors que de nombreuses personnes ont été victimes de la brutalité policière.» (Source)

L’Association pour une Solidarité Syndicale Étudiante (ASSÉ), qui compte plus de 6 000 membres à l’UQÀM, dénonce activement la répression policière que subissent les étudiants et étudiantes uqamiennes. «Voilà dans quelle démocratie on vit : ceux et celles qui souhaitent défendre leurs idéaux doivent le faire au prix d’une brutalité policière croissante. La mobilisation étudiante est juste et renferme un projet social qui ne peut être réprimé dans la violence.» s’insurge Hubert Gendron-Blais, Secrétaire aux communications de l’ASSÉ et étudiant en grève de l’UQÀM.

Menace dans les cégeps

Par ailleurs, nous apprenions ce matin que les administrations des collèges de Drummondville, Saint-Laurent et
Terrebonne avaient menacé leurs associations étudiantes d'appliquer la loi 43 si elles utilisaient leurs mandats de grève. Rappelons que la loi 43 est la loi matraque régissant les conditions de travail des employéEs de l'État. Il s'agit d'une loi qui banni toute activité de pression syndicale de la fonction publique. Pour ce faire, toute personne et toute organisation qui perturberait le fonctionnement normal des services publics sera poursuivi et mis à l'amende. Évidemment, cette loi très large a été écrite pour casser le mouvement syndical et nul ne sait si elle s'applique réellement au mouvement étudiant (le libelé est trop flou).

Selon l'ASSÉ, plusieurs administrations collégiales avaient menacé d'appliquer la loi 43 aux associations étudiantes lors de la grève d'une journée pour la manifestation du 29 mars dernier. Des lignes de piquetages massives avaient toutefois empêché toute répression institutionnelle, et ce, malgré la présence des forces policières aux cégeps de Maisonneuve et Saint-Laurent. «Nous ne plierons pas devant les menaces de l'administration : la grève aura lieu» avertit Eric Martin, porte-parole de l'Association étudiante du Cégep de Saint-Laurent (AECSL).

À ce jour, deux des trois fédérations syndicales enseignante présentes dans le réseau collégial ont appuyé officiellement les étudiantEs. L'application de la loi 43 contre les actions étudiantes serait un geste démesuré, selon la FNEEQ-CSN, surtout en regard d'une loi qui n'a pas été conçue pour les sanctionner. Les gestes posés par les directions d'établissement constituent dans les faits une pression sur les étudiantes et les étudiants dans le but de les dissuader d'agir.

«Cette volonté de s'en tenir à la lettre de la loi, plutôt que d'assumer une lecture souple au niveau de l'esprit, constitue pour nous une opposition de fait aux luttes étudiantes concernant le coût des études post-secondaires et l'amélioration des conditions d'études en général» indique Ronald Cameron, président de la FNEEQ, dans une correspondance transmise ce matin aux organisations étudiantes.

Le syndicat enseignant invite donc les administrations de cégep à adopter une attitude basée sur le dialogue avec les associations étudiantes et demande du même souffle à toutes les enseignantes et à tous les enseignants membres des syndicats qui lui sont affiliés, de prendre fait et cause pour les actions étudiantes et d'agir, compte tenu des circonstances, dans le meilleur intérêt de la réussite des étudiantes et des étudiants.

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