NDLR - Voici la réaction préliminaire de la haute direction de la CSN au résultat des élections. Ça contraste avec la réaction catastrophé de la CSQ.
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La CSN croit que les partis politiques doivent prendre acte du verdict rendu. Comprendre ce jugement appelle à un acte d’humilité. Les Québécoises et les Québécois veulent être écoutés.
Au Québec, il y a une longue tradition d’accorder un deuxième mandat au parti au pouvoir. Les libéraux ont obtenu ce second mandat, mais... à titre de gouvernement très minoritaire. C’est un gouvernement sous haute surveillance qui vient d’être élu. Les promesses non tenues, l’arrogance, le manque d’écoute et les pratiques anti-démocratiques de ce gouvernement ont exacerbé le sentiment de méfiance qui existait déjà à l’égard des politiciens. Quelles leçons tirera Jean Charest ? Sera-t-il plus à l’écoute ?
De son côté, l’ADQ de Mario Dumont a rafflé un bon nombre de sièges dans ce vent de mécontentement. Nous constatons cependant qu'il y a dans cette réaction épidermique un désir de la population de sortir des sentiers battus sur un certain nombre de thématiques comme la famille ou le développement des régions. Quant à la classe moyenne, elle veut qu’on s’occupe d’elle.
Peut-on interpréter ce vote comme étant un virage à droite ? Il est loin d’être certain que le verdict du 26 mars traduit un revirement des valeurs chez les Québécoises et les Québécois. La dégelée réservée au Parti libéral en constitue une preuve. Les Québécoises et les Québécois ne revendiquaient pas massivement des baisses d’impôts. C’est vers la nouveauté que s’est canalisé le vote. Rappelons-nous simplement que le vent de changement pour lequel les Québécois avaient voté à l'avant dernière élection s’est rapidement transformé en J’ai jamais voté pour ça ! Nous verrons Mario Dumont à l’oeuvre au cours des prochains mois. Entre le vote de mécontentement, la volonté de changement, les propositions de droite de l’ADQ et la réalité, il y a tout un monde.
Sur la question nationale, le vote montre un désaveu par rapport aux campagnes de peur. Les électeurs ont sanctionné Jean Charest : les libéraux ne sont pas les meilleurs pour défendre les intérêts du Québec. L’incident du budget fédéral montre que les Québécois n’achètent plus de cette eau-là. La vision autonomiste représente, quant à elle, un leurre. Cela témoigne, cependant, d’un attachement à la spécificité du Québec, et, peut-être, un certain ras-le-bol par rapport au référendum à tout prix dans un premier mandat du Parti québécois. Quand l'agenda pour y parvenir occupe tout l'espace et fait perdre de vue le projet de société, cela peut soulever beaucoup d’exaspération.
Le Parti québécois n’a pas profité de son séjour dans l’opposition pour se renouveler. Il a une réflexion à faire, non pas sur l’objectif de la souveraineté, mais sur le projet de société auquel il veut que les Québécois adhèrent. On ne peut continuellement revenir à 1995 et arrêter de respirer en attendant un match revanche. Le Parti québécois doit tirer ses propres conclusions. Comme nous l'avons déjà indiqué, le résultat électoral constitue une sanction à l’égard des vieux partis, qui sont perçus comme étant très loin des préoccupations des électrices et des électeurs.
Les prochains mois risquent d’être difficiles au Québec. C’est la première fois que la majorité de l'électorat divise presque également son vote entre trois grands partis. En outre, malgré une lutte serrée prévisible presque un tiers de l'électorat ne s'est pas prévalu de son droit de vote. Il est à souhaiter que les tiraillements entre les partis n'iront pas jusqu'à paralyser l'Assemblée nationale, alors que des enjeux majeurs exigent des réponses criantes. Entre autres, il est urgent de venir en aide aux secteurs forestier, manufacturier et à l’industrie porcine. Trop d’emplois ont été perdus et plusieurs régions en souffrent.
Claudette Carbonneau
Présidente de la CSN
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