mardi 27 février 2007

La FEUQ fait fi de l'avis du DGE

Selon Le Devoir (décidément!), la FEUQ fait fi de l'avis du DGE. Suite à la plainte du PLQ contre les activités de la fédération étudiante (essentiellement la caravane du gel dont les frais, d'après les libéraux, devraient être facturé au PQ), le DGE a envoyé une lettre à la FEUQ les informant que leur campagne pourrait être contraire à la loi électorale.

Selon Le Devoir, l'avertissement a été entendu, mais il ne semble pas avoir eu de grand impact. «On va faire comme on fait dans toutes les campagnes électorales, on va faire le tour et informer nos étudiants. Ce qui nous a été envoyé, c'est un avis d'information [...] maintenant on va en tenir compte», a indiqué le président de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), Christian Bélair.

Ce que dit la loi

L'article du Devoir se fait plus explicite sur ce qui est permis ou pas dans la loi électorale.

Dans la lettre qu'il a fait parvenir aux deux fédérations, le DGE leur a rappelé que la définition de dépense électorale couvre toute dépense qui vise non seulement à favoriser, mais aussi à défavoriser un parti politique, ce qui, en l'occurrence, semble être l'intention des étudiants à l'endroit des libéraux de Jean Charest.

Le bureau du DGE rappelle que toute dépense visant à influencer l'élection faite par un tiers est illégale et que les seules dépenses qui sont permises sont celles qui sont approuvées par un agent officiel.

«Le principe de base sur nos règles de financement, c'est d'assurer une équité dans une période électorale, mentionne M. Dion. Si un tiers peut entrer, investir des ressources et dépenser de l'argent à côté de ce qui est autorisé par les agents officiels, ça ne respecte plus l'équilibre des forces que la Loi électorale veut garantir.»

En 2003, la Fédération des travailleurs du Québec avait lancé une campagne d'information contre l'Action démocratique, geste qui avait été interprété comme une dépense électorale par le DGE, qui avait poursuivi la FTQ. Le dossier est toujours devant les tribunaux.

Grève au CN: la division se poursuit...

Selon Le Devoir, le retour au travail n'est pas de tout repos au CN. Le quotidien écris : "Des sources rapportaient hier que certains membres du syndicat des Travailleurs unis du transport dénonçaient le retour au travail et que la reprise du travail n'était pas égale dans toutes les régions". Selon les informations du Devoir: "Des conflits à l'intérieur du syndicat ont engendré une variété de réactions à la suite de l'appel des chefs syndicaux. Certains employés ayant choisi de retourner au travail ont été traités de «scabs» par d'autres membres plus sévères".

L'histoire ne dit pas quelle faction syndicale a signé la convention collective: la direction canadienne désavouée par les américains (celle qui avait déclenchée la grève) ou carrément le bureau international?

C'est un dossier à suivre.

Division chez les masculinistes...

Ce matin, Sylvain d'Auteuil, le directeur du "Réseau Hommes Québec", se vide le coeur dans Le Devoir: il en a marre de Fathers-4-justice et des autres extrémistes de la condition masculine.

"Je tiens à dissocier mon organisme de cette triste farce" écrit-il. Selon lui, la cause de Fathers-4-justice est noble mais défendue de façon tout croche. En fait, il est persuadé qu'à force d'extrémisme le groupe nuit à sa propre cause!

Le directeur du "Réseau Hommes Québec" va plus loin. Chose rare chez les militants de la condition masculine, il dénonce la guerre sainte menée contre les féministes. Sylvain d'Auteuil lance à Fathers-4-justice: "vous me nuisez chaque fois que vous vous en prenez publiquement aux féministes pour polariser le débat en deux clans isolés d'une guerre des sexes futile en 2007". En écrivant que le but de son mouvement est de "faire avancer la cause des hommes dans la sphère privée comme les femmes doivent le faire encore et toujours dans la sphère publique", il reconnait même une certaine légitimité et utilité au mouvement des femmes. C'est pas rien!

à lire: Les super-zéros de la condition masculine

lundi 26 février 2007

Le Comité national des femmes du SFPQ remis en question

En furetant sur les sites syndicaux, je suis tombé sur une défense acharnée (et malheureusement un peu confuse) du Comité national des femmes du SFPQ. C'est triste mais Lise Dionne, la secrétaire générale du SFPQ, en est réduite à défendre l'existence même du Comité femmes.

Elle nous apprend que "lors du dernier Conseil syndical du SFPQ, une proposition a été adoptée à l’effet d’entreprendre une réflexion sur la pertinence, le rôle, les pouvoirs et les responsabilités du Comité national des femmes et du palier régional de la condition féminine".

La secrétaire générale, qui ne l'avait vraisemblablement pas vu venir (ou qui marche sur des oeufs pour ne pas donner de munitions à ses adversaires?), se demande "comment se fait-il qu’une organisation progressiste comme la nôtre, qui sert souvent de modèle en matière de condition féminine, en soit à remettre en question l’existence d’un courant féministe en son sein?"

Elle déplore finalement que "jusqu'au Congrès de 2008, le Réseau des femmes et les membres sympathisants devront mettre toute leur énergie à défendre la pertinence d’un Comité de condition féminine dans l’organisation". C'est dommage parce que, selon la militante, "il serait plus profitable pour le SFPQ, et les membres qu’il représente, que le Comité national des femmes concentre ses actions à l’avancement des conditions de travail et de vie des travailleuses de la fonction publique québécoise et à l’atteinte de la parité entre les hommes et les femmes dans les postes électifs du Syndicat".

Voilà une situation déplorable qui rappelle que rien n'est jamais acquis pour les militantes. Le discours masculiniste fait du chemin jusque dans nos organisations de masse. Le SFPQ n'est en effet pas le premier syndicat à qui ça arrive, le SPGQ est également passé par là lors de son dernier congrès général.

Je note toutefois que la défense des acquis structurels et politiques du féminisme mériterait une défense claire. S'il y a des ennemis politiques et des cabales qui se mènent, il faut le dire. Le contexte de l'attaque contre le Comité national des femmes est complètement absent du texte de la secrétaire générale du SFPQ. Qui porte les coups? Pourquoi? Qu'est-ce que ça représente: un geste isolé ou un courant qui s'affirme? Peut-être que Mme Dionne est muselée à cause de ses fonctions dans la structure syndicale (après tout, un élu doit être minimalement consensuel). Si c'est le cas, des militantes sans attaches devraient prendre la parole. Parce que là, si on est pas dans le secret des dieux, on comprend pas grand chose à ce qui se passe. Et j'imagine que les militantes de la base ne seront pas beaucoup plus éclairées que moi.

À lire: L'égalité entre les hommes et les femmes : mission inachevée.

Vote de grève générale illimitée dans 25 CPE de Montréal et Laval

(Communiqué)

Plus déterminées que jamais !

Réunis en assemblée générale ce matin, les membres du Syndicat des travailleuses (eurs) des centres de la petite enfance de Montréal et de Laval (CSN) ont voté, à scrutin secret, à 90 % des voix, en faveur du déclenchement d’une grève générale illimitée à compter du 5 mars prochain.

« Le message à l’Association patronale des CPE est on ne peut plus clair : les travailleuses ne lâcheront pas », déclare Véronique Lapierre, la présidente du syndicat.

Le syndicat demeure disponible pour la négociation.

Source : CSN - 26 février 2007

La patience à des limites...

Après 53 mois de niaisage, les employé-es de soutien de l'Université Concordia ont voté à 88% contre un projet de convention imposant des reculs et à 87% pour l'exercice de moyens de pression pouvant aller jusqu'à trois jours de grève.

"Malgré le fait que durant quatre ans et demi nos membres ont travaillé sans hausse de salaire, ils restent déterminés à ne pas céder à l'intimidation patronale, a déclaré André Legault, président du SESUC. Tôt ou tard, l'administration de Concordia doit venir à la table et négocier pour vrai."

Les employé-es de soutien de l'Université Concordia, qui sont affiliés à la CSN, gagnent en moyenne 20% de moins que ceux et celles des autres universités.

«Fait-moi mal, johny, johny, johny...» (bis)

On me signale qu'il y a pire que Martin Courval, Président du syndicat des Chargé-es de cours de l'Université Laval qui se présente au P.Q dans portneuf. Voici l'exemple parfait d'un mariage contre nature de quelqu'un qui est manifestement mêlé. Mario Dumont va présenter le candidat de l'ADQ dans le Comté de Dubuc au Saguenay aujourd'hui. Il s'agit de ......Robert Émond Président du Syndicat national des travailleurs des pâtes et papiers de Port Alfred. Et le pire c'est que c'est pas le premier syndicaliste à se présenter pour l'ADQ (en 2003 le prez de feu le syndicat de la GM s'était présenté pour eux à Ste-Thérèse).

Remarquez, ce n'est pas si surprenant que ça. En 2003, la FTQ avait commandé un sondage pour connaître les intentions de vote des syndiqués. Si ce sondage avait révélé, sans surprises, qu'une forte proportion (39%) des syndiqué-es favorisait le PQ, le "score" de l'ADQ avait quelque chose de surprenant: 28%. Pire, 20% des syndiqué-es croyait que l'ADQ était le parti le plus favorable aux travailleurs. Et c'était en 2003... Imaginez aujourd'hui!

Décidément, il y a un travail d'éducation politique qui ne se fait pas.

«Fait-moi mal, johny, johny, johny...»

dimanche 25 février 2007

Lu sur Radio-Canada.Ca:

Conflit de travail
Entente de principe au CN


Mise à jour le dimanche 25 février 2007, 11 h 10 .

La direction du Canadien National (CN) et le syndicat représentant les 2800 employés en grève depuis deux semaines sont parvenus samedi à une entente de principe. Les détails de l'accord n'ont pas été rendus publics.

Le syndicat invite ses membres à retourner au travail, même s'ils seront techniquement en grève jusqu'à la ratification de l'accord. Les résultats du vote sur l'entente de principe seront dévoilés le 16 mars prochain, à Ottawa.

Le syndicat espère ainsi qu'Ottawa suspendra la procédure entreprise pour forcer le retour au travail des employés du CN. Le gouvernement Harper a déposé vendredi une loi spéciale, mais le ministre du Travail, Jean-Pierre Blackburn, a indiqué qu'il faudra quatre ou cinq jours avant qu'elle soit effective.

Le conflit de travail a gravement affecté l'économie canadienne. Sans les livraisons du CN, de nombreuses entreprises ne reçoivent plus les matériaux nécessaires à la fabrication de leurs produits. C'est d'ailleurs en raison de difficultés d'approvisionnement que Ford Canada a décidé de fermer temporairement son usine de Saint Thomas, en Ontario.

Le 2800 chefs de trains et agents de manoeuvre ont déclenché la grève le 10 février dernier pour protester contre la lenteur de la direction à renégocier une convention collective, échue depuis le 31 décembre 2006. Les litiges portaient principalement sur les salaires et les clauses normatives.

samedi 24 février 2007

Journal de Québec : La majorité des employés rejettent les offres patronales

Un communiqué de l'inter-syndicale au Journal de Québec:

Journal de Québec - La majorité des employés rejettent les offres patronales

QUEBEC, le 24 fév. - La vaste majorité des salariés du Journal de Québec, membres du SCFP, disent non aux récentes offres patronales. Cette décision a été rendue publique samedi soir au terme d'une série d'assemblées générales où les membres des quatre syndicats du Journal de Québec devaient se prononcer sur les propositions de Quebecor. Seul le groupe des représentants aux ventes a accepté, par une faible majorité, la convention collective qui lui était soumise.

Même si les offres de l'employeur variaient d'un groupe à l'autre, elles sont apparues pareillement inacceptables aux trois autres groupes de salariés. Les employés des bureaux l'ont rejeté à 98%, ceux de l'imprimerie à 99% et ceux de la rédaction du journal l'ont écarté à l'unanimité. "Les négociateurs patronaux doivent comprendre qu'ils ne peuvent pas imposer des reculs à tout le monde, sabrer dans nos conditions de travail, et que ça passe comme une lettre à la poste", affirme Denis Bolduc, porte-parole des syndicats.

Pour l'instant, les dirigeants syndicaux refusent de spéculer sur la suite des événements. "Une chose à la fois, lance Denis Bolduc. Un exercice démocratique vient de se compléter. Ce n'est qu'une étape dans la démarche de négociation. Bien entendu, nous sommes toujours ouverts aux pourparlers. Nous invitons l'employeur à respecter le choix des employés et à s'asseoir avec nous pour conclure une entente négociée où tout le monde y trouvera son compte."

En plus des employés du Journal de Québec, le SCFP compte 7000 membres dans les communications au Québec et est présent dans plusieurs autres secteurs, notamment la santé et les services sociaux, les universités, l'éducation, les transports urbain et aérien, les sociétés d'Etat et organismes publics québécois, l'hydroélectricité et les municipalités. Avec près de 100 000 membres, le SCFP représente le plus important affilié de la FTQ qui, elle-même, est la plus imposante centrale syndicale au Québec avec 500 000 membres.

EXCLUSIF: La FTQ va appuyer le PQ

C'est maintenant (presque) officiel, la FTQ va appuyer le PQ le 26 mars. Selon une source interne (comme disent les médias!), un congrès extraordinaire a été convoqué à l'Hôtel Sheraton de Montréal samedi prochain, le 3 mars 2007, de 9h30 à 12h30, en vue des prochaines élections provinciales. Malgré le "peu d'enthousiasme" des syndiqués (dixit Massé), le Conseil général de la FTQ du 16 février 2007 a adopté une recommandation d'appui au PQ qui sera soumise au vote durant le congrès. À moins d'une catastrophe nationale, la FTQ appuiera donc le PQ.

(Bon ok, c'est pas vraiment une nouvelle, j'avoue...)

Pas monolithique

Ceci dit, l'appui de la centrale ne sera peut-être pas mur-à-mur. En effet, le Conseil régional de Montréal de la FTQ vient d'annoncer qu'il appuierait officielle la candidature d'André Frappier dans Crémazie. Frappier, ex-président de la section locale du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) et membre de la direction montréalaise de la FTQ, se présente pour Québec solidaire.

Objectif: deux fois plus de logements sociaux

Lu sur Radio-Canada.ca :
FRAPRU
Objectif: deux fois plus de logements sociaux


Mise à jour le vendredi 23 février 2007, 14 h 22 .

À Montréal, le Front d'action populaire en réaménagement urbain profite de la campagne électorale, qui en est à son troisième jour, pour réclamer des partis en lice un engagement clair en matière de défense et de développement du logement social.

Vendredi, le FRAPRU a donc enjoint les partis en lice à prendre position clairement et à s'engager entre autres à:

  • Doubler le logement social (on compte actuellement 120 000 logements sociaux au Québec);

  • Poursuivre et améliorer le programme AccèsLogis;

  • Remettre sur pied un programme de HLM, mais aussi créer un nouveau programme permettant l'acquisition de logements locatifs à des fins de logement social.

    Le FRAPRU propose également l'adoption d'une loi obligeant les municipalités d'une certaine importance à atteindre 20 % de logements sociaux sur leur territoire et d'une autre permettant aux villes d'exproprier les bâtiments vacants, barricadés ou appartenant à des propriétaires délinquants pour en faire des logements sociaux.

    Pas de fleurs, des pots

    Le FRAPRU juge que le Parti libéral n'a fait aucune place au logement social et à la lutte à la pauvreté dans les priorités qu'il a rendues publiques le 16 février, puis dans le tout récent budget Audet. Il s'en indigne, d'autant plus que, dit-il, Québec dispose de 187 millions de dollars d'argent du fédéral, « qu'il aurait pu utiliser à cette fin ».

    «La pénurie de logements accessibles aux ménages les plus pauvres n'est toujours pas réglée. 111 000 ménages au Québec devaient consacrer plus de 80 % de leurs revenus pour se loger.»

    Le regroupement n'est pas plus élogieux à l'égard de l'ADQ, dont le programme électoral, dit-il, ne mentionne pas « un traître mot sur l'enjeu du logement ».

    Et à la veille de l'adoption de la plateforme électorale du Parti québécois, l'organisme réclame qu'André Boisclair soit plus précis que ses adversaires dans ce dossier.

    Diffuser le message

    Le FRAPRU mènera sa propre campagne de sensibilisation sur cette question du logement accessible, par exemple en diffusant une nouvelle brochure et en amorçant la tournée à travers le Québec d'une pièce de théâtre intitulée Le privé au musée.


  • À signaler...

    Le FRAPRU a publié un numéro spécial de son bulletin pour les élections. À lire ici... Dans le même ordre d'idées, une pièce de théâtre fait actuellement le tour du Québec, cliquez pour connaitre les dates près de chez-vous.

    Le PLQ veut museler la FEUQ et les syndicats

    On apprend dans Le Devoir que le PLQ veut museler la FEUQ et les syndicats pendant la campagne électorale (voir cet article). En effet, les libéraux ont déposé une demande au Directeur général des élections (DGE) pour que ce dernier vérifie si les dépenses des fédérations étudiantes et des syndicats pendant la campagne électorale respectent la loi électorale.

    Les libéraux arguent que les dépenses de la FEUQ devraient être imputées au PQ parce qu'elles favorisent se parti au détriment du PLQ. «Nous sommes un parti qui propose la hausse des droits de scolarité. Les fédérations étudiantes combattent une idée que nous mettons en avant, leurs dépenses doivent être comptabilisées», a déclaré le président du PLQ au Devoir.

    «Même chose avec les syndicats. Ils ne peuvent pas en campagne électorale faire des dépenses qui vont favoriser ou combattre un parti politique ou un autre. Des syndicats ont averti qu'ils interviendraient dans la campagne électorale. Nous avons porté cette affaire à l'attention du Directeur général des élections. C'est illégal», a-t-il également soutenu.

    Et la démocratie?

    L'un des effets pervers de la loi électorale québécoise c'est qu'en pratique elle réserve l'action politique au seul partis reconnus. Les organisations de masse n'ont pas voix au chapitre et, en dehors de certaines prises de position publique (un communiqué, un texte d'opinion), ne peuvent faire campagne sur leur propre base. Toute prise de position qui défavoriserait un partir et / ou en favoriserait un autre est perçue comme une dépense électorale non-autorisée.

    Même une campagne non partisane qui ne vise qu'à rappeler le bilan des partis en présence et dénoncer certaines politiques est interdite. Durant l'élection de 1998, l'Association de défense des droits sociaux de Québec et le Front commun des personnes assistées sociales avaient distribué massivement un tract rappelant les bilans respectifs du PQ et du PLQ en matière d'aide sociale. Les deux groupes voyaient cela comme une façon de faire de la politisation et d'inciter les pauvres à voter. Pour eux, il s'agissait d'une action politique non-partisane. Pas pour le Directeur général des élections qui les avait mis à l'amende suite à une plainte! La même chose était arrivée au SCFP qui avait dû renoncer à distribuer des centaines de milliers de tracts en 2003.

    Le plus con c'est que les mêmes textes publiés dans un journal régulier n'aurait pas été problématique. Ainsi, il aurait été permis à l'ADDS de publier sont tract, sous forme de texte d'opinion, dans Droit de parole et le SCFP aurait pu faire de même dans Le Monde ouvrier. C'est entre autre ce qui permet au FRAPRU d'intervenir dans les campagnes électorales puisse que tout son contenu politique passe par le bulletin régulier du groupe. Dans le même ordre d'idée, l'ASSÉ (les concurrents de la FEUQ) pourrait, sans être inquiétés, publier ce qu'ils veulent dans leur journal l'Ultimatum. L'important c'est que ça n'entraine pas de dépenses extra-ordinaire qui n'auraient pas été faite en temps normal.

    Il va sans dire que tout cela est d'une hypocrisie!... Il me semble qu'il est tout à fait normal qu'une association vouée à la défense des intérêts de ses membres ou à la défense de droits intervienne dans une campagne électorale lorsque des enjeux la concernant sont soulevé. La FEUQ, par exemple, manquerait à son devoir si elle ne combattait pas la volonté du PLQ de dégeler les frais de scolarité. La loi devrait au moins permettre l'action politique non-partisane. Au fédéral, en tout cas, c'est possible de s'inscrire et d'intervenir (les comités de chômeur l'ont déjà fait). Les dépenses sont alors encadré mais au moins, l'action politique non-partisane devient possible.

    Dans le cas qui nous intéresse, il est assez évident, considérant la jurisprudence, que le DGE va condamner la campagne actuelle de la FEUQ. Que peut-elle faire? Pas grand chose... Sinon peut-être essayer de contourner la loi en courtisan un petit parti, comme Québec solidaire, et voir s'il n'y aurait pas moyen de comptabiliser ses dépenses là. Tiens, ça serait une idée...

    vendredi 23 février 2007

    Les chargé-es de cours de l’Université de Montréal entérinent une entente de principe à 92%.

    Pendant que leurs camarades de l'Université Laval se préparent à tomber en grève, les chargé-es de cours de l’Université de Montréal réussissent à obtenir une entente de principe satisfaisante.

    L'entente de principe permettra aux chargé-es de cours de l’Université de Montréal d'obtenir, d'ici 2008, la parité salariale avec ceux et celles de l'UQAM. On parle d'augmentation de salaire de 15,5% sur 3 ans. En ce qui a trait aux difficiles conditions d'enseignements (locaux inadéquats, trop d'étudiants, etc.), des instances ont été créé pour étudier la question. D’abord, la création d’un comité institutionnel qui vise l’étude des conditions d’enseignement, notamment la taille des groupes-cours. Ensuite, un comité paritaire ayant pour mandat d’implanter et d’améliorer l’accès à des locaux équipés dans tous les départements pour l’ensemble des chargées et chargés de cours. Pour le syndicat, il s'agit d'un premier pas vers la prise en compte des préoccupations majeures des chargées et chargés de cours.

    Réunis en assemblée générale, le dimanche 18 février 2007, les membres ont voté à 92 % en faveur de cette entente. Comme à Laval, les chargé-e-s de cours de l’Université de Montréal sont affilié-e-s à la FNEEQ-CSN qui représente 23 500 membres.

    La CSN réplique à Alain Dubuc

    Tiens, tant qu'à être dans le département des répliques... Il y a quelques jours, Claudette Carbonneau a répondu à Alain Dubuc qui accusait (comme tant d'autres) la CSN de ne pas avoir son boulot dans le dossier d'Olymel.

    Olymel - Une valeur sûre : la démocratie syndicale

    Selon l’éditorialiste Alain Dubuc, la CSN a un « gros examen de conscience à faire » dans le dossier Olymel, « où le bluff et la pensée magique ont failli mener à la fermeture de l’usine ». Cette menace de fermeture s’expliquait, selon lui, essentiellement par « les braquages de la CSN, qui ont failli mener ses membres à l’abattoir. »

    Cher M. Dubuc, c’est bien mal connaître les principes de démocratie et d’autonomie syndicale défendus par la CSN. Est-il besoin de vous rappeler que l’assemblée générale est souveraine et que ce sont les travailleurs qui votent et qui décident de leurs conditions de travail. Est-il besoin de vous rappeler que c’est le comité exécutif local qui fait les recommandations à ses membres.

    Comme tout le monde, les 1100 travailleurs d’Olymel à Vallée-Jonction suivent l’actualité, particulièrement celle qui concerne leurs emplois... Kire la suite

    Salaires dans la fonction publique, toujours plus haut !?

    Ce matin, le Journal de Québec a publié sous forme de texte d'opinion un communiqué du SFPQ répondant à leur article tendancieux sur le salaire des fonctionnaires (voir ce texte. Il y a donc peu de chance qu'ils publient également la réplique du président du Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ). La voici donc :

    Réplique de Gilles Dussault à Michel Hébert

    Dans un article paru le 19 février dans le Journal de Québec, le journaliste Michel Hébert écrit que le salaire annuel moyen des fonctionnaires a franchi le « seuil historique » de 50 000 $. Le journaliste affirme que « L’austérité budgétaire que dit avoir imposé le gouvernement Charest a apparemment épargné les fonctionnaires… ». Le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) ne partage pas ce point de vue et tient à remettre dans leur contexte les données présentées par M. Hébert.

    Au cours des cinq dernières années, tel que le démontre le document du Conseil du trésor cité par le journaliste, le traitement moyen des professionnels réguliers a progressé de 2,9 %, soit la plus faible hausse parmi toutes les catégories d’emplois. Sur cinq ans, cela donne une augmentation « historique » moyenne de 0,6 % par année ! Or, pendant la même période, l’augmentation de l’indice des prix à la consommation (IPC) fut de 10,5 %!1 En clair, cela signifie que l’inflation l’emporte largement sur les salaires, ce qui résulte en un appauvrissement de 7,6 % sur cinq ans pour les professionnelles et professionnels de l’État.

    Cet appauvrissement, il est dû en partie à l’adoption de la Loi concernant les conditions de travail dans le secteur public (projet de loi 142) qui a gelé les salaires des quelque 500 000 travailleuses et travailleurs de la santé, de l’éducation, des services sociaux et de la fonction publique entre le 1er juillet 2003 et le 31 mars 2006. M. Hébert passe sous silence que les salaires des autres travailleuses et travailleurs au Québec ont, eux, progressé à un rythme beaucoup plus élevé pour la même période. Globalement, l’Institut de la statistique du Québec constate que les employées et employés de l’administration québécoise accusent, en 2006, un retard salarial de 15,2 % en moyenne par rapport à l’ensemble des autres salariés québécois2. L’ensemble des autres salariés québécois a donc, en moyenne, amélioré son pouvoir d’achat au cours des cinq dernières années, alors que les employés et employés de l’État l’ont vu diminuer.

    Par ailleurs, il faut rappeler que ce sont ces mêmes salariées et salariés de l’État qui continuent, dans les secteurs de la santé, de l’éducation, des services sociaux et de la fonction publique, à maintenir à bout de bras un système de services publics auquel le gouvernement Charest a coupé les ressources au cours des quatre dernières années. S’il est un sujet qui devrait faire l’objet de débats dans l’actuelle campagne électorale, c’est justement l’état lamentable des services publics et leur devenir probable sous le même genre de gouvernance.

    L’opinion exprimée par M. Hébert est contredite par des données accessibles à tout le monde. Ça tombe sous le sens que les salaires payés au personnel syndiqué de l’État ont été dépassés par l’inflation et qu’ils sont maintenant bien inférieurs à ceux des autres secteurs de travail. Un organisateur ou un propagandiste libéral pourrait tenter de nous faire croire que « qui s’appauvrit s’enrichit », mais lorsqu’une telle opinion sort de la plume d’un journaliste, il y a lieu de se poser des questions sur la véritable fonction de ses écrits.

    Gilles Dussault
    Président du SPGQ


    P.S.: si je peux publier aujourd'hui cette réplique, c'est qu'un permanent du SPGQ me l'a envoyé à surleslignes@yahoo.ca, autrement je ne l'aurais sans doute pas vu passer. Que vous soyez permanent, élu ou simplement militant syndical, n'hésitez surtout pas à me faire part de vos informations et à partager communiqués, opinions ou analyses. J'essaie autant que possible d'être à l'affut mais, forcément, il y a des choses qui m'échappent.

    mercredi 21 février 2007

    Grève au CN : la situation se corse

    Les grévistes du CN se retrouvent avec deux ennemis : leur "syndicat" et leurs patrons... Dans un geste inqualifiable, la direction internationale du syndicat des Travailleurs unis du transport (TUT) a décapitée sa section canadienne au beau milieu d'une grève. La direction du CN tente actuellement de profiter de la situation pour se débarrasser d'un syndicat trop combattif et refuse le retour au travail des grévistes.

    Récapitulatif

    Samedi le 10 février, 2 800 conducteurs et employés du service de triage du Canadien national (CN) se mettent en grève.

    Fait inusité, la direction du CN veut faire déclarer la grève illégale parce que la direction internationale du syndicat ne l'a pas autorisée. Le syndicat reconnait que son président international, basé aux États-Unis, n'a pas donné l'autorisation, mais ça n'affecte pas la légalité de la grève selon lui.

    Lundi le 21 février, le Conseil canadien des relations industrielles juge que la grève des employés du CN est légale.

    Suite à cette décision, Jean-Pierre Blackburn, le ministre fédéral du travail, menace de promulguer une loi spéciale forçant le retour au travail.

    Lundi également, le siège social américain a renvoyé toute la direction canadienne composée de sept syndicalistes ainsi que le comité de négociation. Les dirigeants canadiens ont intenté une action en justice pour renverser cette mesure.

    Mardi soir, pour éviter la loi spéciale, les dirigeants syndicaux canadiens lancent un appel pour effectuer un retour au travail en bon ordre.

    Mercredi matin, surprise!, le CN refuse de laisser les grévistes rentrer au travail...

    Aujourd'hui, outre la direction internationale des TUT qui prétend reprendre bureaucratiquement le contrôle de sa section canadienne, deux grands syndicats se portent à la défense (sic!) des employés du CN. Il y a d'une part les Métallos, qui ont signé avec les TUT une alliance stratégique l'été dernier. Normalement, cette "alliance stratégique" aurait dû être le prélude à une fusion. Sauf que les Métallos sont également un syndicat international, membre de la même centrale américaine que les TUT. La direction canadienne des TUT (le négociateur en tout cas) a plutôt trouvé refuge chez les Travailleurs canadiens de l'automobile (TCA) qui sont déjà implantés au CN. Ce sont les TCA, eux-mêmes né d'un schisme entre un syndicat américain et sa section canadienne, qui ont envoyé le dernier communiqué en date sur le dossier (qui informait des actions suicidaires du syndicat américain).

    Il est de plus en plus clair que les jours des TUT au Canada sont comptés. Reste à voir qui l'État canadien choisira de reconnaitre comme syndicat légitime au CN. Techniquement, la constitution des TUT autorise la direction américaine à mettre une "section locale" en tutelle. Ceci dit, le Conseil canadien des relations industrielles a reconnu (en déclarant la grève légale) que la constitution des TUT n'avait pas nécessairement force de loi. La direction canadienne sera-t-elle déclarée légitime même si elle a été désavouée par la "maison mère"? Y'aura-t-il un vote? Une période de maraudage, maintenant ou plus tard? Qui signera la convention collective? Qui poursuivra les négociations dans l'immédiat? Les TCA et les Métallos vont-ils se battre pour la dépouille malgré la gravité de la situation?

    Le syndicat des Travailleurs unis du transport (TUT) est (était?) l'un des plus vieux syndicat au Canada. Il a été fondé en 1883.

    lundi 19 février 2007

    Du grand journalisme...

    Ce matin, le Journal de Québec titre en une « un record - nos fonctionnaires font 50 000$ en moyenne ». Suit un article de Michel Hébert, en page 5, intitulé « salaires dans la fonction publique - toujours plus haut! ». On y apprend que « l'austérité budgétaire que dit avoir imposé le gouvernement Charest a apparemment épargné les fonctionnaires, dont le salaire annuel moyen a grimpé tout au long du mandat lbéral, franchissant le seuil historique de 50 000$ en 2006. » L'utilisation de la moyenne, au lieu de la médiane, est profondément malhonnête dans le cas d'un groupe dans lequel existe de grand écart. Nous avons affaire là à un grossier exercice de propagande dont Quebecor a le secret. Voyons ça de plus près.

    Le journaliste déblatère sur le salaire moyen des fonctionnaires en général et les augmentations du salaire moyen pendant la moitié du texte (4 long paragraphes). Ce n'est qu'au cinquième paragraphe qu'il introduit une première nuance: les occasionnels gagnent 34 365$ en moyenne et les étudiants et stagiaires 18 114$. Suivent deux paragraphes sur les « primes » et « allocations diverses » (forcément généreuses!) qui sont accordées aux fonctionnaires et sur le fait que malgré le gel des salaires, les fonctionnaires peuvent continuer de progresser dans les échelons. Finalement, au tout dernier paragraphe on détaille les salaires selon différentes catégories d'emploi.

    Cet article est criant de mauvaise foi. Le commun des mortels ne retiendra que le titre (« nos fonctionnaires font 50 000$ en moyenne ») et, peut-être, que les fonfons se plaignent le ventre plein puisque leur salaire continue d'augmenter malgré les lois spéciales. Bref, on casse du sucre sur le dos des fonctionnaires. Le problème c'est que l'impression générale que laisse l'article est fausse parce qu'on compare des pommes avec des oranges. Au lieu de nous informer, on embrouille l'enjeu. Du grand journalisme!

    La réalité n'est pas si simple

    Dans un communiqué, le président général du Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ), Michel Sawyer, a réagit à l'article du Journal de Québec : « La croissance des salaires des ouvriers, du personnel de bureau et des techniciens est loin d'atteindre des sommets records, soutient-il, ce sont les salaires des cadres qui tirent la moyenne vers le haut. » En effet, la moyenne que cite le Journal inclue le salaire des cadres (83 490$) et des sous-ministres (122 697$). C'est d'une malhonnêteté crasse!

    De fait, les salaires des dirigeants augmentent beaucoup plus vite que ceux des « simples » fonctionnaires. Dans une étude sur l'effectif de la fonction publique 2005-2006, le Secrétariat du Conseil du trésor indique que le salaire moyen des ouvriers, du personnel de bureau et des techniciens a augmenté de 4,6 % à 5,2 % entre 2002 et 2006, alors que le salaire moyen de la haute direction et celui des cadres ont augmenté respectivement de 15,3 % et 11,4 %. Ça, évidemment, le Journal ne le dit pas!

    « Un 5 % d'augmentation salariale sur 5 ans, c'est loin d'être le Pérou, estime le président général du SFPQ, Michel Sawyer. C'est en dessous de l'Indice des prix à la consommation (IPC) et ça accentue l'écart salarial avec le secteur privé. »

    Pour ce qui est des augmentations de salaire grâce à la progression dans l'échelle salariale, c'est de la foutaise. « La majorité de nos membres sont déjà au sommet des échelles de traitement, ce qui veut dire que leur salaire augmente seulement en fonction des clauses salariales dans les conventions collectives, précise le président général du SFPQ. De plus, dans le cas des ouvriers, ils sont rémunérés à partir de taux uniques, sans progression possible pendant toutes les années qu'ils occupent leur emploi ».

    En passant

    Je me demande comment réagirait Michel Hébert si j'écrivais un article sur ses conditions de travail. Après tout, c'est un journaliste permanent syndiqué dans l'un des médias qui paie le mieux au Québec! Saviez-vous, par exemple, que le journaliste travaille encore moins que les fonctionnaires qu'il dénonce? Eux font 35 heures en moyenne mais lui a la semaine de 4 jours! Et ça fait un bail qu'il gagne plus de 50 000$ par an (sauf que lui le mérite, j'imagine!). Moi je trouve que c'est payé pas mal cher pour écrire des articles à partir d'obscures études gouvernementales et/ou recopier des communiqués de presse... Ce serait mal vu d'en parler, n'est-ce pas? Mais jeter de l'huile sur le feu des préjugés contre les fonctionnaires, c'est sans doute garantir le droit du public à l'information...

    dimanche 18 février 2007

    Et de trois...

    À moins d'un revirement à la table de négociation, les éducatrices de 25 CPE de Montréal et Laval seront en grève trois jours la semaine prochaine soit les 22, 23 et 26 février. Rappelons que les éducatrices s'opposent à la création d'un nouveau poste d'aide-éducatrice sous-payé et sous-formé.

    samedi 17 février 2007

    Charest aura-t-il les étudiant-es au cul pendant la campagne électorale?

    C'est maintenant officiel, le Parti libéral du Québec promet le dégel des frais de scolarité s'il est réélu. La grande question est: que feront les mouvements étudiants. La FEUQ s'agite du bocal et publie communiqué sur communiqué sans jamais dire quels moyens elle entend prendre contre le dégel. L'ASSÉ est actuellement en congrès mais elle s'orientait plutôt vers une bataille sur la gratuité (en léger décalage, donc, avec les enjeux pressants de l'heure). Bref, c'est pas la grande unité... Que feront les étudiant-es?

    J'apprend à l'instant qu'une assemblée générale de la CADEUL (l'asso de premier cycle à Laval) a réuni 500 personnes vendredi. L'enjeu était de savoir si la confédération allait changer sa position historique en faveur du gel des frais de scolarité ou plutôt adopter une position en faveur d'une indexation des frais à l'IPC. La revendication du gel est passée à 80%. Une illustration supplémentaire du décalage des représentant-es étudiant-es vis-à-vis leur base puisque l'indexation était passée à 60% dans un caucus des assos quelques jours auparavant...

    Des centaines de locataires manifestent à Québec

    À quelques jours du déclenchement de la campagne électorale, des centaines de locataires ont manifesté aujourd’hui devant le Conseil général du Parti libéral du Québec, réuni à Québec, afin de réclamer qu’il s’engage formellement à poser des gestes concrets permettant une pleine reconnaissance du droit au logement.

    «L’absence de la lutte contre la pauvreté et contre les problèmes de logement dans les priorités du Parti libéral est une raison de plus pour manifester au Conseil général du Parti libéral du Québec » a déclaré Marie-Josée Corriveau du FRAPRU. Le FRAPRU considère que le Parti libéral fait fausse route en négligeant de prioriser des dossiers comme le logement social. Marie-José Corriveau s’en offusque : «C’est bien beau de mettre la santé au premier plan des priorités du PLQ, mais il faudrait peut-être s’interroger un peu plus sur les causes de la maladie. Il faudrait se demander comment des personnes peuvent échapper à la maladie quand elles consacrent 50 %, 60 %, 80 % de leur revenu au logement ou quand elles doivent survivre avec 548 $ par mois, comme c’est le cas d’une grande partie des personnes assistées sociales. La prévention des problèmes de santé, ce n’est pas uniquement la pratique du sport et l’adoption de saines habitudes de vie, comme le laisse entendre le PLQ ».

    Les manifestant-es exigeaient que le Parti libéral de Jean Charest prenne des engagements électoraux dans deux domaines en particulier, soit l’accroissement du financement de nouveaux logements sociaux et le renforcement du contrôle des loyers.

    Dans le domaine du logement social, ils ont demandé la poursuite et la bonification du financement de logements coopératifs et sans but lucratif, de même que la mise sur pied d’un programme permettant à nouveau le développement de HLM. Aucun logement de ce type n’a vu le jour depuis maintenant treize ans. Les portes-paroles du FRAPRU et du RCLALQ ont dit souhaiter que le gouvernement annonce ses couleurs dès le budget qu’il pourrait présenter la semaine prochaine et qui donnera vraisemblablement le coup d’envoi de la campagne électorale. Ils ont rappelé à cet égard qu’il dispose déjà de 187,4 millions $ que le dernier budget fédéral a placés en fiducie au nom du Québec pour qu’il puisse l’utiliser à des fins d’habitation.

    Quant au contrôle des loyers, le RCLALQ et le FRAPRU ont exigé qu’il soit obligatoire et accompagné du dépôt des baux à la Régie du logement. Ils ont affirmé que le contrôle actuel des loyers a été incapable de freiner les hausses survenues depuis le début du millénaire. Entre 2000 et 2006, le coût des loyers des logements de deux chambres à coucher a bondi de 25% dans la région de Montréal, de 23,0% à Québec, de 22,6 % à Gatineau, de 18,2 % à Trois-Rivières et de 17,8 % à Sherbrooke. Ainsi, s’il est réélu, le gouvernement Charest devra définitivement mettre de côté tout projet visant à évincer sommairement les locataires en difficulté en s’attaquant plutôt aux causes de l’incapacité de payer le loyer.

    Les locataires entendent suivre le PLQ, comme le PQ, tant qu’ils n’auront pas pris d’engagements concrets et chiffrés en faveur du logement social.

    vendredi 16 février 2007

    Sociologie politique : Dubuc remet les pendules à l'heure en ce qui concerne Montréal

    Pierre Dubuc, le directeur de l'Aut'Journal, remet les pendules à l'heure en ce qui concerne Montréal. Intéressant...

    Après le « mystère de Québec », le « mystère » de Montréal ?

    Par Pierre Dubuc

    Le journal Le Devoir du 10 février révélait le contenu d’un rapport ultra-confidentiel du Bloc québécois pour expliquer le « désastre » électoral des souverainistes dans la ville de Québec. Rédigé par la vice-présidente Hélène Alarie, le document parle de la perception de «l’impérialisme montréalais » véhiculé par le parti souverainiste. Selon Mme Alarie, une grande partie de l’électorat de la région Québec-Chaudières-Appalaches «ne voit pas nécessairement comme un modèle à imiter le Montréal multiethnique, le Montréal du village gai, le Montréal étonnamment anglais dans son centre ville, qu’ils découvrent à la télévision ou lors de visites dans la métropole. »

    Cette image déformante et caricaturale de Montréal véhiculée par les médias est utilisée à des fins politiques pour creuser le fossé entre la métropole et les autres régions du Québec. Le «mystère » de Montréal est à la fois plus complexe et plus simple.

    Au-delà du village gai, du kirpan et du voile islamique

    Le village gai se limite à un territoire compris entre deux stations de métro (Beaudry et Papineau). Faut-il rappeler que le métro compte 65 stations et qu’il ne couvre qu’une infime partie du territoire de l’île de Montréal ? Selon l’Institut de la Statistique du Québec, la population gaie oscille entre 6 et 10% de la population et la majorité des gais de Montréal n’habitent pas et ne veulent pas s’identifier au village gai.

    Le Montréal multiethnique est certes une réalité, mais Montréal demeure la métropole la plus homogène d’Amérique du nord. Les Blancs forment 86,8% de la population et 84% de la population se déclare de tradition catholique. Les Noirs constituent 3,9% de la population de l’île.

    Avec le débat sur les accommodements raisonnables, les juifs hassidiques et les musulmanes voilées ont occupé beaucoup d’espace médiatique. Mais il y a à peine 10 000 juifs hassidiques à Montréal - ce qui représentent 12% de la communauté juive - et ils sont concentrés dans un quartier plus petit que le village gai.

    Le nombre de musulmans s’élève à 109 000 personnes sur la population totale de plus de 1 million 812 mille de l’île de Montréal en 2001. De ce nombre, à peine 15 % se rendent à la mosquée à tous les vendredis. Seulement un quart des musulmanes porterait le voile. Les musulmans ne vivent pas en ghetto et résident partout dans l’île. Historiquement, les musulmans d’origine indo-pakistanaise, plus familiers avec la langue anglaise, se sont installés dans l’ouest de l’île, ce qui n’est pas le cas des arabo-musulmans francophones. Quant à la population sikh, elle s’établissait en 2001 à 8220 personnes et à peine 5% à 10% portent le kirpan.

    Toute cette attention portée sur le village gai et les communautés ethniques occulte les clivages sociaux, linguistiques et politiques fondamentaux de Montréal. Remettons les choses en perspectives. Montréal n’est pas d’abord une ville anglaise, riche et homogène. Sur l'ensemble de l'île de Montréal, environ 53% de la population se déclare francophone, 29% allophone et 18% anglophone.

    L’anglais toujours en position de force sur le plan socio-économique

    La vieille fracture entre l’est de Montréal francophone et pauvre et l’ouest anglophone et riche n’est plus ce qu’elle a déjà été. Mais il est exagéré de croire que la loi 101 et l’exode des anglophones qui a suivi son adoption ont oblitéré les vieilles divisions.

    À l’aide de documents produits par la Conférence régionale des élus, nous avons produit un tableau comparatif, basé sur les données de l’an 2000, des arrondissements (dont certains sont depuis des villes reconstituées) de l’ensemble de l’île selon les revenus et la langue parlée à la maison.

    Dans les 27 arrondissements, il y en a 12 où le revenu moyen est inférieur à la moyenne montréalaise. Dans un seul d’entre eux, l’anglais est plus parlé que le français (29% versus 21%), soit l’arrondissement Côte-des-Neiges/Notre-Dame-de-Grâce où il y a une très forte concentration d’immigrants. Dans les 15 arrondissements où le revenu moyen est supérieur à la moyenne, il y en a une majorité (8) où l’anglais est la langue la plus parlée à la maison.

    Les écarts sont considérables entre l’arrondissement anglophone de Westmount où le revenu moyen est de 142 660$ et des arrondissements à majorité francophone comme Mercier/Hochelaga-Maisonneuve (39 156$), Rosemont/Petite-Patrie (38 321$), le Sud-ouest (37 113$ ), Montréal-Nord (35 231$), Villeray/St-Michel/Parc-Extension (34 241$), tous bien en-dessous de la moyenne montréalaise de 49 452$. Des disparités de revenus qui se traduisent, par exemple, dans le fait que l’espérance de vie d’un homme résidant dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve est de onze ans inférieure à un résident de Westmount.

    Pourquoi n’entend-on jamais parler du fait que 30% de la population montréalaise vit sous le seuil de la pauvreté ? Que ce chiffre comprend des travailleurs et des travailleuses, des «working poors» comme aux États-Unis, et où francophones et membres des communautés ethniques se retrouvent à partager le même sort?

    Pourquoi ignore-t-on le Montréal des milieux modestes? ... Lire la suite

    «Allez vous faire soigner!», dit le syndicat des postes à l'institut CD Howe

    «Les chercheurs de l'institut C.D. Howe devraient aller se faire examiner» dit Deborah Bourque, présidente nationale du
    Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP). C'est la publication d'une étude prônant la privatisation de Postes Canada parce que parce que la Société serait «(traduction) anachronique et incapable de répondre aux changements d'envergure mondiale, comme le courrier électronique» qui a fait réagir la syndicaliste.

    «À vrai dire, avec ou sans le courrier électronique, Postes Canada livre actuellement plus de courrier à plus de personnes que jamais auparavant. Non seulement les volumes de courrier sont à la hausse, mais les profits aussi, précise Mme Bourque. Il est également étrange que l'institut C.D. Howe mentionne l'expression "subventions publiques" 24 fois dans son rapport, ce
    qui donne l'impression au lecteur que le gouvernement subventionne Postes Canada, alors que c'est tout à fait le contraire qui se produit. Postes Canada a versé au gouvernement près d'un milliard de dollars en dividendes et en impôts au cours des 15 dernières années».

    Le rapport du centre de recherches conservateur affirme que le Canada devrait abolir le service postal universel et cite en exemple le succès de la déréglementation du service postal en Suède. «Le service postal suédois est peut-être moins cher maintenant pour les entreprises, mais il est beaucoup plus cher pour les particuliers, explique Mme Bourque. Ici, par contre, nous pouvons toujours envoyer une lettre de St. John's à Nanaimo rapidement pour un prix inférieur à celui d'une tasse de café, ce qui représente tout un exploit dans un pays de la taille du Canada».

    «L'institut C.D. Howe est complètement déconnecté de la réalité s'il croit que Postes Canada est mal en point», ajoute Mme Bourque. «À l'institut de recherche C.D. Howe, on a tendance à dire que si la théorie ne correspond pas à la réalité, c'est
    la réalité qui cloche... Les chercheurs de l'institut C.D. Howe devraient aller se faire examiner, ou du moins nous pourrions faire cet examen pour eux», conclue la syndicaliste.

    «Fait-moi mal, johny, johny, johny...»

    J'ai appris que Martin Courval président du syndicat des chargés de cours de l'Université Laval se présente pour le P.Q dans Portneuf. Il était probablement à l'extérieur du pays lors des propos de Boisclair sur les syndicats. «Fait-moi mal, johny, johny, johny...»

    Portrait d'une tête de cochon...

    Quand j'ai lu mardi, dans Le Soleil, que la Davie allait rappeler 600 travailleurs, j'ai eu une pensée pour Richard Gauvin. Je ne connaît pas le monsieur, mais je sais que c'est le président du syndicat du chantier. Depuis que je suis à Québec, c'est l'une des têtes de turcs des animateurs de radio poubelles et des chroniqueurs de la presse populiste. À les entendre, s'était de sa faute à lui (personnellement!) si le chantier était en faillite. Aujourd'hui, il pourrait triompher. Mais non... En tout cas, Perspectives CSN a publié un portrait de lui dans son dernier numéro. Je me permet de le republier ici. Un portrait de syndicaliste, c'est pas assez hot pour les grands journaux, et pourtant, on aurait tous à apprendre de bonhommes comme lui.

    Industries Davie
    Quand il a fallu s’obstiner à faire face aux vents contraires


    par Michel Crête

    Lundi, 16 octobre, Industries Davie : il y a de l’activité dans l’air au local du syndicat. Trois jours auparavant, on a annoncé, après bien des reports, l’achat au coût de 28,4 millions de dollars du chantier naval par la norvégienne Teco Management avec l’aide du gouvernement du Québec et de la Ville de Lévis. En faillite depuis cinq ans, les Industries Davie devaient être liquidées le 23 octobre. Un vent d’espoir souffle sur la région : neuf cent cinquante travailleurs toujours sur la liste de rappel, de nombreux commerçants, des fournisseurs et Lévis attendaient depuis des années cette nouvelle économique vitale pour la région.

    La détermination

    Richard Gauvin n’est pas le seul responsable de cet aboutissement heureux et il s’en défend bien. Cependant, bien des gens autour de lui estiment que son acharnement, son obstination, diront certains, y a été pour quelque chose. « C’est un combattant, il y a toujours cru, lui, à la relance du chantier », lance Mario Cournoyer, vice-président de la Fédération de la métallurgie de la CSN. Richard Gauvin est le président du Syndicat des travailleurs du chantier naval de Lauzon (CSN). « C’est un gars déterminé et très dévoué à ses membres et à la communauté. Il fallait y croire, il fallait être convaincu pour rester à la barre du navire pendant la tourmente. Oui, ça prend quelqu’un qui y croit à l’entreprise et à la qualité du travail pour se donner comme ça. Quelque part, c’est de l’humanisme », ajoute Pierre Pelchat, journaliste au quotidien Le Soleil.

    Alors que d’autres auraient fait leurs bagages, Richard Gauvin, appuyé par ses camarades, a persévéré, naviguant dans les eaux troubles.

    « Malgré ses nombreux détracteurs, qui l’ont attaqué personnellement, dont des animateurs de radio et des élus, qui auraient fermé le chantier ou le vouaient à l’échec, Richard n’a jamais hésité à défendre les travailleurs et le chantier lui-même. Il s’est investi bien au-delà de ses responsabilités syndicales, parfois au détriment de sa propre santé. Je l’ai vu aider des travailleurs qui avaient des problèmes familiaux ou personnels et organiser, avec la région, des campagnes pour les familles des travailleurs acculées à la misère », raconte Ann Gingras, présidente du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN).

    Le partage, la solidarité

    Mais d’où lui provient-elle, cette force de caractère ? Natif de la paroisse Notre-Dame-des-Victoires (place Royale), à Québec, Richard Gauvin est issu d’un milieu très pauvre. « C’est ma mère qui a gagné notre vie, à mon frère et à moi, notre père était gravement malade », se rappelle-t-il. C’est à l’école de la vie que j’ai appris à donner. Quand il y en avait pour un, il y en avait pour trois, pour quatre. J’ai toujours eu de la misère avec l’injustice. L’enfance, dans mon milieu, c’était le partage et la solidarité. C’est peut-être là, l’origine de mon implication syndicale », nous confie-t-il.

    De Notre-Dame-des-Victoires, on a une vue sur la Davie. Inspiré par cette vision ou mené par les hasards de la vie, il a fini par traverser le fleuve pour s’y faire embaucher. Après un passage de deux mois en 1972, il y est revenu définitivement en 1975 comme ébarbeur (1). Délégué de nuit, représentant en santé-sécurité, vice-président, puis président du syndicat depuis 1992, Richard Gauvin a pu compter sur la CSN pour se former et accomplir ses tâches : « Durant mes moments libres, je lisais la loi en santé-sécurité au travail, je m’informais sur les responsabilités de l’employeur, je suivais des sessions de formation de la CSN. Tout cela m’a donné beaucoup confiance en moi. Plus j’avais de connaissances, plus je me renforçais et plus j’y gagnais en crédibilité. »

    Un long combat

    On pousse un soupir de soulagement, mais on a passé des années difficiles. À la suite de la faillite de Dominion Bridge, qui a entraîné la perte de Davie, « il a fallu se positionner pour rester dans le marché dans l’espoir d’obtenir des contrats pour faire travailler notre monde », précise Richard Gauvin. En mars 1995, au terme d’une assemblée générale qui a duré plus de neuf heures, les travailleurs ont, par une faible majorité, accepté une convention collective modifiée contenant des assouplissements difficiles à avaler : baisse de salaire, flexibilité et regroupement des métiers, etc. L’objectif ? Maximiser l’efficacité de l’organisation du travail. « Ce n’était pas de gaieté de coeur. Il fallait faire des sacrifices. Nous n’avions pas le choix. Sans cette décision, nous ne serions plus là. Aujourd’hui, je crois que la grande majorité des travailleurs sait que c’était nécessaire. », estime le militant syndical.

    Cinq ans, dix ans, quinze ans dans la tempête, c’est long. « Depuis tout ce temps-là, la survie du chantier, c’est un combat de tous les instants. Cet été, cela a été particulièrement dur. Heureusement que nous avons réglé la convention collective, le 11 août. Autrement, on nous aurait attribué l’échec de la vente du chantier si elle ne s’était pas réalisée, confie Richard Gauvin. Maintenant, j’ai hâte que la cale sèche se remplisse. »

    L’annonce de la transaction a eu lieu le 13 octobre. Le lendemain, Richard Gauvin a célébré son 53e anniversaire de naissance. Tout un cadeau !

    Notes:

    (1) Ouvrier qui débarrasse les pièces coulées de tous les excédents de métal formés par les bavures, les jets de coulée, les évents, etc.


    Source: Perspectives CSN

    jeudi 15 février 2007

    Les éducatrices en grève ont l'appui des parents

    Jeudi, durant leur deuxième journée de grève de la semaine, quelques 300 éducatrices ont manifestés par un froid sibérien devant les bureaux de l'Association patronale des CPE. Elles ont profité de l'occasion pour déposer une pétition en appui à leurs revendications signée par 4 000 parents. Rappelons que les éducatrices s'opposent à la création d'un poste d'aide-éducatrice sous-payé et sous-formé.

    « Un très large consensus existe chez les intervenants du milieu : la création du titre d'emploi d’aide-éducatrice en remplacement de l'éducatrice constituerait un recul majeur pour la qualité des services en CPE. C’est dans une proportion de 25 % du temps dans une journée que la partie patronale souhaite qu'une aide-éducatrice surveille les enfants. Pour notre part, nous estimons que les enfants doivent bénéficier d’un encadrement pédagogique 100 % du temps ! », a précisé Véronique Lapierre, présidente du syndicat.

    Hier, les éducatrices en grève avaient manifestées sur la Place Émile-Gamelin. Au cours de ce rassemblement, Michèle Asselin, présidente de la Fédération des femmes du Québec, Jeff Begley, vice-président du secteur privé à la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), Danielle Carbonneau, enseignante au collégial et vice-présidente de l’Association des enseignantes et enseignants en Techniques d’éducation à l’enfance, et Véronique DeSève, vice-présidente du Conseil central du Montréal métropolitain (CSN), ont manifesté leur appui à la lutte menée par le Syndicat des travailleuses des centres de la petite enfance de Montréal et Laval (CSN).

    Négociations difficiles

    « Nous avons soumis à l’Association patronale des CPE une proposition qui reconnaît à 100% les besoins exprimés en terme de soutien à l’éducatrice, explique Véronique Lapierre. Malheureusement, l’APCPE n’a même pas daigné répondre à cette proposition que nous avons déposée le 1er février. Avec un minimum de bonne foi de la partie patronale, nous aurions peut-être pu éviter la grève.» Pour le syndicat, la balle est donc dans le camp de l’APCPE.

    Les travailleuses des CPE revendiquent également le versement de l’augmentation salariale de 2 % convenue entre la CSN et le gouvernement, en mars 2006. Les travailleuses auraient dû bénéficier de cette augmentation depuis le 1er avril 2006. « Les sommes destinées à combler cette augmentation salariale ont pourtant été versées aux CPE en juillet 2006 ! », s’insurge Véronique Lapierre.

    Depuis plusieurs mois, diverses activités se sont déroulées dans ces 25 CPE : port d’un t-shirt, lettres d’information aux parents, port d’autocollants, rien n’y fait.

    Photo: CSN (la manif de mercredi)

    Les centrales syndicales appuient le gel des frais de scolarité

    Dans un geste relativement rare les trois principales centrales syndicales québécoises sont sorties en conférence de presse pour appuyer le gel des frais de scolarité.

    On ne peut pas se payer le dégel

    « La société québécoise ne peut permettre un recul sur l’accessibilité des jeunes aux études postsecondaires, a déclaré la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau. Le Québec a besoin d’augmenter la main-d’œuvre qualifiée, de hausser les compétences des travailleuses et des travailleurs : c’est une question d’avenir et de choix de société. Les économies de bouts de chandelles auront des effets pervers et la société en paiera le prix. »

    L'argent n'est pas dans les poches des étudiant-es

    Les syndicats croient que demander aux étudiants de payer davantage n’est pas une solution au sous-financement chronique de l'éducation postsecondaire. L'argent nécessaire n'est pas tant dans les poches des étudiant-es que dans les coffres du gouvernement fédéral. « Au total, ce sont 1,2 milliard pour le Québec qui dorment à Ottawa et que Jean Charest tarde toujours à récupérer. Tout le monde du milieu postsecondaire s’entend sur la question. Qu’est-ce que Jean Charest attend pour livrer la marchandise ?, questionne Henri Massé de la FTQ. 1,2 milliard pour le Québec, c’est de l’argent ! On règlerait une bonne partie du sous-financement des cégeps et des universités sans avoir à piger dans la poche des étudiants. »

    L'endettement étudiant est déjà trop élevé

    Lorsqu’ils terminent un programme de baccalauréat, les étudiant-es accumulent en moyenne près de 12 000 $ de dettes. « Commencer sa vie active avec une dette de plusieurs milliers de dollars, c’est un boulet qui ralentit ton évolution. Les nouveaux travailleurs qui trainent une dette d’études vont souvent remettre à plus tard certains projets de vie comme avoir des enfants, s’acheter une maison, etc. Il ne faut pas oublier que l’endettement étudiant a des impacts économiques et sociaux », ajoute Réjean Parent de la CSQ. Les syndicats sont clairs : accroitre l’endettement étudiant n’est pas une solution à l’amélioration du système universitaire.

    Plan d'action étudiant

    Cette conférence de presse survient à quelques jours du Conseil général du Parti libéral du Québec qui aura lieu samedi à Québec. Normalement, le PLQ devrait profiter de cette tribune pour lancer sa plate-forme électorale. Or, les fédérations étudiantes sont inquiètes. Non seulement le PLQ est-il le seul parti à ne pas encore avoir fait connaitre ses couleurs en ce qui concerne le gel des frais de scolarité mais, en plus, sa Commission jeunesse s'est récemment positionnée pour le dégel. La FECQ et la FEUQ promettent de talonner les libéraux jusqu'à leur prise de position et de résister farouchement à tout dégel des frais de scolarité.

    D'autres appuis

    Outre les centrales syndicales, les fédérations étudiantes ont reçu l'appui d'autres organismes tel la Fédération des femmes et la Fédération québécoise des municipalités (!).

    Le Parti québécois et Québec solidaire se sont positionnés pour le gel des frais de scolarité tandis que l'Action démocratique du Québec est en faveur d'un dégel.

    Photo: CSN

    mardi 13 février 2007

    L'industrie automobile canadienne en perte de vitesse

    Les Travailleurs canadiens de l'automobile (TCA) s'inquiètent de la situation de l'industrie automobile canadienne. Les chiffres, en effet, ne sont pas très reluisant. En effet, pour la première fois en 18 ans, l'industrie canadienne accuse un déficit commercial de 1,2 milliard en 2006. Concrètement, ça veut dire que «les canadiens» ont importé de l'étranger 1,2 milliard$ de chars de plus qu'ils n'en ont exportés. Dans les faits, c'est la popularité des japonaises, des européennes et des coréennes qui fait mal.

    «Ce n'est pas une coincidence si le Canada est devenu un importateur net dans l'industrie automobile l'an dernier, au moment même où nous étions aux prises avec des plans de licenciement sans précédent par les fabricants automobiles établis en Amérique du Nord», affirme le président des TCA, Buzz Hargrove. La crise des grands manufacturiers nord-américains (qui continuent de construire des gros chars, des SUV et des pick-up contre toute logique) y est sûrement également pour quelque chose, mais ça, le prez des TCA n'en parle pas.

    Dégringolade...

    En 1999, il y a sept ans à peine, l'industrie automobile canadienne avait enregistré un surplus commercial de 14,3 milliards de dollars, et le Canada était alors le quatrième monteur automobile en importance au monde. Le Canada a chuté à la huitième place en 2005 et, si la tendance se maintient, il se classera probablement dixième à la fin de 2007.

    «Il faut trouver une issue au cul-de-sac du commerce automobile mondial», affirme M. Hargrove. «Il est temps que les gouvernements se réveillent et gèrent la véritable crise sous-jacente avec laquelle lutte notre industrie la plus importante, et fassent du commerce équitable au sein du secteur automobile une priorité essentielle.»

    Outre le fait que je vois mal comment on peut parler de «commerce équitable» dans un secteur ou ne s'affrontent que des multinationales, il est sidérant que M. Hargrove, pourtant l'un des syndicalistes les plus à gauche au pays, ne piffe pas un mot de la crise écologique qui secoue la planête. C'est pas comme si une révolution complète n'était pas absolument nécessaire dans nos modes de transport...

    Olymel - Vallée-Jonction - La recommandation du conciliateur acceptée par les travailleurs

    Communiqué de la CSN:

    C’est dans une proportion de 62,2 % que les travailleurs de l’usine de découpe de porcs Olymel de Vallée-Jonction (CSN) ont accepté, par un vote au scrutin secret, la recommandation que le conciliateur, Jean Poirier, a déposé aux parties syndicale et patronale pour régler le différend qui les opposait quant à l’avenir de l’entreprise et aux conditions de travail qui prévaudront à compter du 1er octobre 2007. Des 891 salariés actuellement à l’emploi à Vallée-Jonction, 861 ont participé à l’assemblée générale.

    Selon Gino Provencher, président du syndicat, le résultat du vote d’aujourd’hui s’explique par deux facteurs qui se rejoignent. Certes par la pression qui pèse sur les travailleurs depuis plusieurs semaines, mais aussi par un apparent changement d’approche d’Olymel. « Les dernières concessions de l’employeur au cours des heures qui ont suivi le rejet de son offre ultime, dimanche, ont rendu plus acceptables les conditions générales avec lesquelles nous nous trouverons. Les travailleurs qui voudront quitter l’usine au cours de prochains mois le feront dans de meilleures conditions. L’employeur qui voulait balayer certains de nos droits les plus élémentaires, comme celui de choisir nos vacances, a dû admettre que l’idée n’était pas vraiment bonne, tout comme celle de retirer le poste à la prévention en santé et en sécurité au travail.

    « Par ailleurs, par sa dernière offre, qui repoussait l’application de ses demandes à l’échéance de la convention collective actuelle, l’employeur a certainement pu recueillir l’assentiment d’un nombre important d’entre nous qui entendait faire respecter l’engagement signé par les deux parties il y aura bientôt six ans. Par ces concessions, Olymel a fait preuve d’un début de respect envers ses travailleurs. Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, les membres du syndicat ont décidé d’envoyer un message en faveur de la relance de l’usine. Il revient maintenant à l’employeur de se commettre et de participer à la relance de l’industrie », de déclarer Gino Provencher.

    « En effet, si la décision d’aujourd’hui sort l’usine de Vallée-Jonction et la région d’une certaine tourmente, il ne faudrait pas croire pour autant que l’industrie porcine ne souffre d’aucun problème structurel. Pour se sortir définitivement de la crise et faire évoluer cette industrie, Olymel ne peut continuer à se comporter comme il le fait, en imposant ses vues et en refusant de reconnaître le syndicat comme étant un interlocuteur valable. Il doit prendre acte des effets pervers de sa gestion des relations de travail sur le climat de travail. Nous demandons aujourd’hui à Olymel et à la Coop fédérée de s’engager à travailler plutôt à élaborer des relations de travail constructives », d’ajouter Jean Lortie, président de la Fédération du commerce de la CSN.

    Par ailleurs, à l’issue du vote, la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, a communiqué avec le syndicat pour lui réitérer que la centrale mettra tout en œuvre, tout comme elle l’a fait récemment, pour que l’ensemble des intervenants du secteur, soit Olymel, la Coop fédérée, la SGF, l’UPA et le gouvernement prennent leurs responsabilités. « Le gouvernement du Québec doit assurer un véritable leadership pour la relance de l’industrie porcine au Québec », déclare la présidente de la CSN.

    Source : CSN - 13 février 2007

    Olymel : saluons le courage et la détermination

    Une fois n'est pas coutume, je me permet de reprendre l'intégral d'un texte diffusé par le bulletin maoïste ARSENAL-EXPRESS. Il se trouve que, pour l'essentiel, je suis d'accord avec ce qu'ils ont à dire sur Olymel. Pourquoi se casser le bicycle à réécrire une analyse si le correspondant d'ARSENAL-EXPRESS dit déjà ce que j'aurais aimé dire? C'est un mao qui l'a dit et moi pas... Ouain, pis?

    VALLÉE-JONCTION
    Les travailleurs ont eu raison de rejeter l'ultimatum!


    En rejetant l'offre "ultime" présentée par le négociateur patronal Lucien Bouchard (identique à l'offre "finale" qu'il avait faite il y a deux semaines), les travailleurs et travailleuses de l'abattoir d'Olymel à Vallée-Jonction, en Beauce, ont infligé un puissant camouflet aux patrons de l'industrie du porc et aux petits potentats locaux qui les soutiennent. Les capitalistes et leurs serviteurs insistent maintenant sur le fait que le vote a été serré, puisque c'est par une majorité de 52,9% que les syndiquéEs ont rejeté l'ultimatum. Évidemment, si le résultat avait été l'inverse, il n'y a personne parmi eux qui en contesterait la légitimité! L'ancien premier ministre péquiste aurait même sûrement déclaré que 52,9% représente une majorité "suffisamment claire" (si elle l'est pour un référendum sur la souveraineté, pourquoi ne le serait-elle pas pour une assemblée syndicale?).

    Ce qui est sûr, en tous cas, c'est qu'il a fallu beaucoup de courage et de détermination pour que les travailleurs et travailleuses d'Olymel prennent cette décision. Pendant plus de deux semaines, après avoir rejeté l'offre "finale" (qui prévoyait une baisse de salaire de 30%!), ils et elles ont fait face à énormément de pressions de la part des patrons d'Olymel et de la Coopérative fédérée, des gros producteurs de porc, du gouvernement Charest et des petits notables locaux, comme la mairesse de Vallée-Jonction qui n'a jamais cessé de se mêler de ce qui ne la regarde pas (a-t-elle déjà mis les pieds dans un abattoir une seule fois dans sa vie, juste pour savoir de quoi elle parle?).

    Malgré ces pressions, qui ont amené beaucoup de divisions dans les rangs des travailleurs et travailleuses, et malgré la confusion répandue par les cravatés de la haute direction de la CSN à Montréal qui sont débarqués en Beauce avec une proposition mitoyenne et qui se disaient même prêts à accepter une bonne partie des concessions exigées par la partie patronale sans même avoir consulté les membres du syndicat, les travailleurs et travailleuses d'Olymel ont choisi la dignité et ont encore une fois dit NON AUX CONCESSIONS!

    Pendant deux semaines, ils et elles ont entendu les pires choses: qu'ils mettent l'industrie du porc et l'économie de la région en péril; qu'ils ne sont qu'une bande de sans-cœur pas éduqués qui devraient se compter chanceux de pouvoir travailler; qu'ils sont égoïstes et ne pensent qu'à leurs propres intérêts; et ainsi de suite (et les actionnaires et patrons d'Olymel, quant à eux -- et leur négociateur Lucien Bouchard -- on imagine qu'ils sont remplis de bonté et n'agissent que par altruisme?). Tout cela, de la part de gens dont la plupart ne "tofferaient"
    pas une demi-heure si on les obligeait à travailler à l'abattoir!

    C'est clair, les conditions exigées par Olymel sont inacceptables! Lucien Bouchard disait il y a deux semaines qu'il ne s'agissait que d'une faible perte de 50$ sur le chèque de paie hebdomadaire (lui qui facture quelque chose comme 400$ l'heure pour ses "services"), mais que cette perte est nécessaire pour la survie de l'entreprise. Or, en tenant compte de l'ensemble des bénéfices marginaux, notamment la
    contribution de l'employeur au RÉÉR et l'assurance-collective, cela revenait à une baisse de 6$ l'heure au moins, soit 240$ par semaine avant impôt.

    Dire à des employéEs dont une grande part ont donné plusieurs années de leur vie à une compagnie impitoyable comme Olymel que celle-ci va réduire sa contribution aux fonds de pension, c'est insultant. Dire à des employéEs d'un abattoir à cochons où les conditions de travail sont difficiles à l'extrême pour la santé que la compagnie va couper au niveau de l'assurance-collective, c'est rire du monde. Les chances de
    se blesser en dehors du travail pour quelqu'un qui a donné un gros effort toute sa vie seront toujours plus grandes que pour ceux qui n'ont jamais fait autre chose que de pousser le crayon. Couper les salaires de 6$ l'heure, c'est montrer beaucoup de mépris envers les travailleurs et travailleuses.

    Les patrons ont dit qu'en acceptant des concessions de cet ordre, les ouvriers et ouvrières de Vallée-Jonction seraient demeuréEs parmi les mieux payéEs de l'industrie. Mais qu'est-ce qui dit que la compagnie n'aurait pas redemandé d'autres concessions dans quelques années? Dans les années 1990, les travailleurs et travailleuses de l'industrie de la viande en avaient fait des concessions, en acceptant des ridicules augmentations de salaires. Mais la spirale des concessions n'a jamais cessé. Pourquoi donc en accepter plus?

    La bande de salo-porcs à la tête d'Olymel avait son idée de faite. Dans une entrevue accordée à l'automne sur les ondes du Réseau de l'information, Réjean Nadeau, le pdg d'Olymel, dont le "charisme" rappelle celui d'un zombie affamé, affirmait qu'il faudrait réorganiser complètement la capacité de production de porcs au Québec. Pour atteindre la capacité de production des abattoirs de porcs des États-Unis, il en faudrait deux énormes au Québec. En effet, le porc québécois ne donnerait que 90% de
    viande par rapport au porc américain. Pour lui, c'est de la productivité perdue. Ensuite, le gros abattoir de Red Deer en Alberta, dédié à l'exportation vers l'Asie, il faut le financer, d'autant plus qu'il ne peut pas produire à pleine capacité par manque d'employéEs compétentEs.

    Quant à la mairesse de Vallée-Jonction, elle était prête à accepter un accroissement de la capacité d'abattage de l'usine, même si cela affecterait le traitement des eaux usées. Le ministère de l'Environnement a signifié qu'il était d'accord de l'accroître, mais sans préciser jusqu'à combien. Mais pour la compagnie, les calculs compliqués de ses économistes lui ont fait dire que la capacité concurrentielle de l'usine de Vallée-Jonction dépendait de concessions majeures chez les ouvrières et ouvriers. Autrement, la compagnie pourra trouver d'autres places où les employéEs accepteront des salaires de crève-la-faim et où la municipalité sera prête à accepter tous les coûts économiques et environnementaux du traitement des eaux usées pour construire des méga-abattoirs aussi gros qu'aux USA (Think Big, "Elvis" Nadeau!).

    Et qu'ont fait les politicienNEs là-dedans? Ils et elles ont laissé aller Olymel parce qu'ils et elles sont d'accord avec cette compagnie. On le voit dans les différents documents du ministère de l'Agriculture. On s'y inquiète de la capacité concurrentielle de l'industrie du porc québécoise. Il faut comprendre que, depuis les années 1970, les gouvernements qui se sont succédé à Québec ont poussé pour le développement de cette industrie. Ils ont incité beaucoup d'agriculteurs à se spécialiser dans ce domaine. Les débuts ne furent pas faciles. Il y avait beaucoup de faillites chez les producteurs de porcs; beaucoup de suicides et d'autres problèmes personnels aussi. Les porcheries avaient souvent tendance à prendre en feu. Était-ce que les électriciens ne connaissaient pas l'électricité des porcheries? Toujours est-il que l'assurance payait. Les agriculteurs qui ont survécu à ces épreuves s'attendent à ce que le porc soit payant pour eux. Une réorganisation de l'agriculture vers d'autres productions ne se fait pas si facilement. Les agriculteurs, malgré leur faiblesse numérique, maintiennent un poids politique important dans les comtés dits "ruraux".

    En passant, peut-on savoir où était le chef populiste et démagogue de l'ADQ, Mario Dumont, au cours des deux dernières semaines? Lui qui passe son temps à dire que les gouvernements devraient "mettre leurs culottes", ça a bien l'air qu'il ne sera jamais plus qu'un ti-cul en culottes courtes devant les gros capitalistes!

    Le fait que l'ancien premier ministre péquiste Lucien Bouchard se soit investi à fond dans ce dossier montre que la bourgeoisie québécoise prend cette affaire au sérieux. Le ministère de l'Agriculture avait piloté à distance la fusion entre Olymel et le Groupe Brochu pour créer la super compagnie que nous avons maintenant. Qu'il allait y avoir une restructuration immense de l'industrie porcine, c'était écrit dans le ciel.
    Les conditions d'un millier de travailleurs et travailleuses importent peu là-dedans.

    Il s'en trouve encore dans la "gauche" qui voudraient nous maintenir à la remorque de la bourgeoisie en nous faisant accroire que les élections et l'indépendance du Québec vont régler nos problèmes. Un des champions de "l'autonomie du Québec", Lucien Bouchard, vient de faire la sale job pour la bourgeoisie québécoise. L'autonomie que ces gens-là proposent n'ira jamais plus loin que celle autorisée par l'impitoyable loi du marché capitaliste, qu'ils ne cessent de vénérer: c'est dire que cette "autonomie" ne vaudrait pas grand chose de plus que ce bout de papier sur lequel
    le même Lucien a déjà griffonné sa phrase célèbre ("Que ça continusse!"), il y a de ça quelques années.

    La bourgeoisie québécoise est l'ennemie des travailleurs et travailleurs du Québec. Il y a de plus en plus de prolétaires en colère qui se disent que les porcs à abattre, on ne les retrouve pas seulement dans des porcheries et des abattoirs mais aussi à Westmount, Outremont et les quartiers riches des villes de banlieue et dans les régions. Les travailleurs et travailleuses de Vallée-Jonction avaient déjà accepté des concessions. Ils et elles étaient tannéEs de faire des concessions pour des capitalistes sans cœur. Ils et elles ont eu raison de rejeter cette offre pourrie!

    Le capitalisme n'a pas plus de respect pour les travailleurs et travailleuses que pour la nature. Il est temps de se débarrasser de ce vieux système fini! Dans les prochains jours, les politicienNEs vont parler de relance économique régionale et d'autres illusions du genre. Il commence à être temps qu'on cesse de croire à leurs mensonges et qu'on se mette à la tâche de construire le grand mouvement de résistance dont on a besoin, pour les dégommer du pouvoir!

    - De notre correspondant

    Texte extrait de ARSENAL-EXPRESS, N° 128 - Le 11 février 2007

    DERNIÈRE HEURE

    Au moment même où nous nous apprêtions à émettre cette édition d’Arsenal EXPRESS, nous apprenions que les travailleurs et travailleuses d’Olymel sont de nouveau convoquéEs en assemblée générale, mardi matin, pour se prononcer sur une nouvelle proposition préparée par le conciliateur du ministère du Travail. On verra bien, à l’assemblée générale, ce que cette « nouvelle proposition » contient, mais ça commence drôlement à ressembler aux référendums sur la souveraineté : tu dis « non » une fois, deux fois, trois fois avant de finir, par lassitude, par voter oui… et après, on te dira qu’il est trop tard pour changer d’idée!

    Apparemment, c’est ça qu’ils appellent la démocratie : on t’enfonce le couteau dans la gorge et on appuie à chaque jour un peu plus, jusqu’à ce que tu finisses par dire « chute, mon oncle Lucien »…

    lundi 12 février 2007

    Olymel : l'histoire sans fin...

    Vallée-Jonction - Les travailleurs d'Olymel appelés à se prononcer mardi sur une recommandation du conciliateur.

    MONTREAL, le 12 fév. - Les salariés de l'usine Olymel de Vallée-Jonction ont été convoqués, dès ce matin, par leur comité exécutif syndical à une assemblée générale spéciale qui se tiendra mardi. A cette occasion, les travailleurs auront à se prononcer sur une recommandation du conciliateur Jean Poirier.

    A la suite du rejet à 52,9 %, par les travailleurs, de la dernière offre d'Olymel, le conciliateur avait convoqué, hier, les parties à une rencontre. C'est au terme des échanges qui se sont poursuivis toute la nuit, que le conciliateur a formulé sa recommandation que les deux parties ont accepté de soumettre à leurs mandants.

    L'assemblée générale se tiendra à 13h00, le mardi 13 février, à l'Hôtel National de Tring-Jonction. Entre temps, les parties ont convenues de n'émettre aucun commentaire. Les représentants du syndicat, de la Fédération du commerce-CSN et du conseil central tiendront un point de presse immédiatement après l'assemblée.

    Source: CSN

    dimanche 11 février 2007

    Le temps d’un véritable virage pour l’industrie porcine

    Lu sur Presse toi à gauche ! :

    Fermeture annoncée de l’usine d’Olymel à Vallée-Jonction
    Le temps d’un véritable virage pour l’industrie porcine


    Après les épidémies décimant les porcelets et la colère des milieux ruraux en raison des nuisances, voici que l’industrie porcine est acculée à l’échec financier. Que faut-il encore pour comprendre que cette forme d’industrialisation ne fonctionne pas ? L’Union paysanne croit que c’est l’occasion de réorienter ce secteur au lieu d’attendre que les fermiers et les travailleurs des abattoirs en fassent les frais.

    Par Maxime Laplante
    L’auteur est président de l’Union paysanne.

    Les intervenants se renvoient la balle, les uns attaquant le système de mise en marché centralisateur de l’UPA, les autres les conditions de travail des employés d’Olymel, d’autres la hausse du dollar canadien. Même l’UPA, qui se prétend un syndicat, demande au gouvernement un décret pour réduire les salaires des travailleurs d’abattoir en passant par-dessus la tête de leur syndicat !

    L’erreur a été de miser sur un système d’exportation, lourdement subventionné, en tentant de compétitionner avec des pays qui ont des coûts de production bien inférieurs aux nôtres. Le Brésil et l’Asie ne sont pas des pays nordiques avec des salaires élevés. Et la fuite en avant proposée par quelques économistes de l’Université Laval ne fera que retarder l’échéance du virage et augmenter la facture. En effet, réduire encore plus le nombre d’abattoirs pour ne garder que deux usines au Québec va accentuer la dépendance des fermiers ainsi que les coûts de transport, au détriment du bien-être des animaux et de l’emploi en région.

    Il y a fort à parier que les « solutions » que l’industrie va bientôt concocter vont viser une nouvelle saignée dans le trésor public, selon le vieil adage : privatisation des profits et étatisation des dépenses. Il est temps de cesser les paradoxes comme de vanter la liberté d’entreprise mais dépendre des subventions de l’Etat, mais aussi de vouloir protéger nos marchés tout en faisant du dumping à l’étranger.

    Nous en sommes rendus au point où les trois principales denrées agro-alimentaires exportées par le Québec sont : le porc, les boissons et les dérivés du cacao ! Ce jeu est dangereux et risqué. En plus d’avoir des coûts plus élevés qu’ailleurs, nous sommes à la merci d’un changement subit d’habitude de consommation chez nos clients. Que diront nos clients japonais le jour où ils découvriront que notre porc est nourri avec du maïs et du soja transgénique ?

    Le modèle doit être revu d’urgence et le temps est venu pour un nouveau contrat social entre l’agriculture et la société. Notre agriculture doit servir à nourrir d’abord notre population tout en protégeant nos ressources. Le virage doit se prendre rapidement, sinon d’autres fermes disparaîtront au profit de grandes entreprises d’intégration et la facture des subventions va augmenter, sans compter les pertes d’emploi dans le secteur de la transformation, en dépit des promesses de l’industrie porcine de créer 15 000 emplois. Le Québec doit choisir un type de production de plus petite taille, orienté vers les marchés québécois, rémunérant correctement les fermiers.

    Olymel : Encore non (à 52,9%)

    Le communiqué de la CSN:
    Olymel
    Dernière offre rejetée


    C’est dans une proportion de 52,9 % que les travailleurs de l’usine de découpe de porcs Olymel de Vallée-Jonction (CSN) ont à nouveau rejeté, dans un vote à scrutin secret, la proposition qualifiée d’ultime, déposée vendredi dernier au syndicat, par le biais du conciliateur. Des 1100 travailleurs, 751 ont participé à l’assemblée générale.

    Les résultats de cette assemblée générale spéciale ont été transmis au conciliateur. La partie syndicale ne fera aucun commentaire tant qu’elle n’aura pas complété l’analyse du résultat de cette dernière assemblée et échangé avec le conciliateur.

    * * *

    Selon la dépêche de la Presse canadienne, l'offre déposée par Olymel était sensiblement la même que celle qui été rejeté auparavant.

    Grève au CN

    2 800 conducteurs et employés du service de triage du Canadien national (CN) sont en grève depuis samedi.

    Fait inusité, la direction du CN veut faire déclarer la grève illégale parce que la direction internationale du syndicat ne l'a pas autorisée. Le syndicat reconnait que son président international, basé aux États-Unis, n'a pas donné l'autorisation, mais ça n'affecte pas la légalité de la grève selon lui.

    «Il y a certainement une dispute interne avec la portion canadienne, contrairement à notre parent américain, a indiqué le négociateur en chef du syndicat Rex Beatty. Ce qu'il faut voir, c'est que la constitution du syndicat n'a pas préséance sur la loi.»

    M. Beatty affirme que les enjeux principaux sont des questions «d'harcèlement et d'intimidation». Le syndicat demande des périodes de dîner de 40 minutes sur des quarts de travail de neuf heures par rapport au 20 minute actuelles. Il demande également une augmentation salariale de 4,5 pour cent sur deux ans et une augmentation de 4 pour cent la dernière année.

    On peut se demander si les jours du Syndicat international des Travailleurs unis des transports (TUT) ne sont pas comptés au Canada. En effet, le secteur du transport par train est en pleine effervescence aux États-Unis et le paysage syndical est en mutation. Historiquement, les syndicats du rail sont des syndicats de métier indépendant, souvent structuré géographiquement. Les syndicats du rail n'ont jamais adoptés de structures industrielles (ce qui fait que malgré la grève actuelle, les trains peuvent rouler quand même) et ils ont peu de membres, donc peu d'argent. Aujourd'hui, leur structures archaïque ne leur permet plus de faire face à la musique et de soutenir des conflits importants. Déjà, les Teamsters ont pris pied dans l'industrie aux USA et de nombreux syndicats régionaux ont fusionnés. Au Canada, les Travailleurs canadien de l'automobile (TCA) sont également dans le décors. Finalement, la section canadienne des TUT a signé une entente de service avec les Métallos (ce qui est général un prélude à une fusion).

    Une erreur de parcours?

    Lors du dernier caucus des associations étudiantes de l'Université Laval (une instance de la CADEUL, l'asso de premier cycle), les représentant-es étudiant-es étaient appelé à se prononcer sur leur future plate-forme de revendications électorales. L'option qui a emporté l'adhésion de la majorité des représentant-es est en rupture avec les revendications historiques de la Confédération en particulier et du mouvement étudiant en général. En effet, les représentant-es ont opté (à 60%) en faveur de l'indexation des frais de scolarité à l'Indice des prix à la consommation.

    Quatre options (gratuité scolaire, gel, indexation et dégel des frais) avaient été présentées au caucus. Faute d'appui, le dégel a été éliminé au premier tour. La gratuité a pris le bord au deuxième tour (seulement 5 voix). Le gel des frais (la revendication historique) a été battue au troisième tour (32 contre, 31 pour, 1 abstention). Au final, 6 partisan-es du gel se sont rallié-es à la position d'indexation, ce qui fait qu'elle a été adoptée à 60%.

    Cela ne veut toutefois pas dire que l'indexation sera la nouvelle revendication de la CADEUL. En effet, ça prend un vote des deux-tiers pour changer les revendications de la Confédération. Il y aura donc une assemblée générale vendredi prochain (13 heures au Grand Salon) pour soit reconduire la revendication du gel, soit adopter la revendication de l'indexation des frais de scolarité à l'IPC.

    Il faut croire que la propagande néolibérale qui fait rage depuis la grève étudiante fait des ravages... Le climat politique est présentement malsain. Actuellement, seul le P.Q. (et Québec solidaire) promettent le gel des frais de scolarité. L'ADQ est pour le dégel et le PLQ doit prendre position lors de son prochain conseil général (le 17 février). Il y a peu de chance que les libéraux s'engagent à maintenir le gel puisque leur Commission jeunesse prône le dégel. C'est sur que si de grosses associations étudiantes comme la CADEUL commencent à se positionner pour l'indexation, ça va leur donner des munitions et une excuse. Qui aurait cru que la FEUQ se retrouverait isolé sur ce dossier...

    samedi 10 février 2007

    Dossier: Résistances et médias alternatifs*

    Texte publié à l'origine dans le revue À Babord !.
    À lire également: À quoi servent les mass medias ?


    «Il ne peut y avoir de véritable progrès social au Québec sans un journal qui traite des problèmes du peuple.» - Michel Chartrand

    Par Nicolas Lefebvre Legault

    Pour rompre l’isolement et la marginalité, il faut pouvoir passer du je au nous. Voilà qui est évidemment plus facile à dire qu’à faire. Dans cette bataille de tous les instants pour faire émerger un (ou plusieurs) sujet collectif, sans lequel il n’y a pas de transformation sociale possible, les médias alternatifs peuvent être une arme puissante. À cet égard, voici quelques éléments de réflexion sur le rôle des médias alternatifs dans les luttes sociales et les mouvements d’opposition.

    Dialogue de sourds

    Il n’y a rien de plus frustrant pour les artisanEs des médias alternatifs que de constater que leurs « alliés » – groupes communautaires, syndicats, associations étudiantes, etc. – ne les prennent pas au sérieux et réservent leurs communiqués et leurs analyses, quand ce n’est pas carrément leurs campagnes de pub, à la concurrence. À quoi bon se fendre en quatre pour produire un journal, animer un site web, tenir à bout de bras une radio, voire, dans certains coins, une station de télé, si les principaux mouvements sociaux les ignorent dans leurs stratégies de communication?

    Remarquez qu'on peut difficilement en vouloir à ces groupes militants. L’essentiel de la communication des mouvements sociaux s’inscrit dans une stratégie de rapport de force et vise à marquer des points dans l’opinion publique. Normal dans ce contexte de chercher à rejoindre le plus de gens possible et d’attaquer l’ennemi sur son propre terrain. Dans les luttes, le timing est vital : quand un groupe envoie un communiqué sur une action en cours, c’est pour être couvert le jour même ou le lendemain, pas un mois plus tard !

    À l’inverse, les militantEs des mouvements sociaux sont tout aussi frustrés quand les médias alternatifs ne reprennent pas in extenso leurs communiqués et leurs articles. À quoi bon avoir des médias alternatifs s’ils les traitent comme la « grande » presse, se montrent très critiques et prennent leurs distances par rapport au discours militant?

    Remarquez, encore là, on peut difficilement en vouloir à ces médias alternatifs. La prose militante est bien souvent indigeste, lénifiante, acritique ou digne de la langue de bois. Les «articles» des groupes sont rarement autre chose que des communiqués ou, pire, des info-pub. Personne ne veut lire un journal de « plogues », que ce soit Écho-vedette ou Écho-militant...

    À quoi servent les médias

    Si, sauf rare exception, les médias alternatifs sont inutiles dans le feu de l’action, à quoi peuvent-ils donc servir? Même s’ils n’ont en général pas les moyens d’appuyer directement et en temps opportun les mouvements sociaux, encore moins de les initier, les médias alternatifs sont importants avant, pendant et après les épisodes de luttes sociales.

    Engluée dans une perspective de rapport de force, ou de critique tous azimuts, la gauche perd souvent de vue pourquoi, à la base, les gens lisent, regardent et écoutent différents médias. Il s’agit bien sûr de s’informer et de se divertir mais aussi de partager un espace culturel permettant de participer à la vie sociale (en caricaturant : pour savoir de quoi jaser avec les proches, les collègues et les ami-es). Même la presse d’extrême gauche, qui s’adresse à un cercle de convaincus, n’échappe pas à ce phénomène. C’est juste que son lectorat, et donc son espace culturel, est infiniment plus restreint que celui des quotidiens de Quebecor.

    Un espace culturel alternatif

    L’essentiel du problème de la gauche est là : l’espace culturel commun est balisé et dominé par la droite. Les médias alternatifs sont surtout là pour ouvrir un espace culturel différent, le faire partager et diffuser des schèmes de référence commun. Cet espace culturel, aussi restreint soit-il, est l’un des rares lieux de contestation du discours dominant, l’un des rares endroits, aussi, où les acteurs des luttes ne doivent pas surmonter un préjugé défavorable et sont traités équitablement. La présence constante de médias alternatifs dans un milieu donné permet une certaine « sédimentation » des idées des mouvements sociaux dans la population. Ce qui fait que lorsqu’éclate une lutte sociale, les militantEs ne partent pas de zéro : une partie de leurs arguments sont déjà connu.

    Cela peut s’avérer crucial devant une offensive idéologique. Il serait sans doute intéressant de comparer sous cet angle les mouvements syndicaux et étudiants. Dans quelle mesure la présence d’une vigoureuse presse étudiante a-t-elle permis aux grévistes de 2005 de tenir le coup face à l’offensive médiatique alors que, du côté syndical, le projet de grève sociale contre Charest n’a jamais abouti? Sans compter que toutes les grandes grèves des dernières années se sont fait démolir dans les médias, sans possibilité de répliquer, anéantissant ainsi le moral des grévistes et menant à de cuisantes défaites.

    Cela dit, créer un espace culturel alternatif ne sert pas à grand chose si les gens continuent de se sentir isolés et impuissants. Le modèle médiatique dominant réussit le tour de force de marginaliser des positions qui sont pourtant majoritaires dans la population. Par exemple, sur la question du « modèle québécois » : la majorité de la population serait plutôt social-démocrate, si on en croit les sondages. Pourtant, on ne le devinerait pas à voir les médias qui sont majoritairement néolibéraux. À force de ne jamais voir leur opinion reflétée dans les médias (et de se faire faire la morale par chroniqueurs et éditorialistes), les gens en viennent à croire qu’ils sont marginaux et qu’ils sont les seuls à « avoir ces idées de fou là ».

    Passer du je au nous

    Les mass-médias, notamment parce qu’ils traitent l’information à partir d’une réalité de classe spécifique, qui n’est pas partagée par la majorité de la population, sont aliénants, c’est-à-dire qu’ils renvoient une image d’un monde qui nous est étrangère. Les journalistes, avec le style « objectif » qui leur est propre, renforcent ce sentiment d’étrangeté puisqu’ils parlent toujours « des autres ». Mais il y a plus: les mass-médias sont largement « déterritorialisés ». Le Journal de Québec par exemple (soyons chauvins!), est de Québec, mais personne n’est en mesure de dire à Québec. Il couvre tout comme si c’était « ailleurs ». Qui n’a pas eu un sentiment d’étrangeté quand « son » quartier fait la manchette? Sous l’œil des médias, on ne reconnaît plus les lieux du quotidien, on se croirait presque ailleurs. Et on y est : ça pourrait être n’importe où.

    À contrario, les médias alternatifs sont presque toujours inscrits dans une « communauté naturelle », qu’elle soit géographique, sociale ou politique. L’ancrage des médias alternatifs permet de rassembler et de tracer une ligne : il y a « nous » et « eux ». Voilà comment ils peuvent favoriser un passage du je au nous.

    Partir des préoccupations des gens

    Pour que ça marche, encore faut-il que les gens aient de bonnes raisons de lire, écouter ou regarder les médias alternatifs. Malheureusement, l’information, la matière première des médias tout court, est trop souvent absente ou peu présente dans les médias alternatifs. L’opinion, l’éditorial, l’analyse, le «moi-je-pense-que», c’est bien, mais c’est nettement insuffisant, un média ne peut pas être que ça. Ça prend de la chair autour de l’os : des nouvelles, des reportages, des portraits, des entrevues, de la vie quoi.

    Les mass-médias sont bourrés d’information, mais ce n’est pas une information qui touche la majorité de la population dans son quotidien. C’est cliché mais nous ne sommes pas tous des petits-bourgeois du Plateau Mont-Royal (et nous n’avons pas tous de l’argent placé en bourse…). L’information médiatique est spectaculaire et n’est que rarement mise en contexte. Finalement, c’est une information qui parle de tout sauf du «monde ordinaire» (à part dans les faits divers), de nos luttes et de nos préoccupations autres que triviales.

    Il y a un aspect «service public», presque pédagogique, dans le travail d’information qui doit être repris par les médias alternatifs. Tout un pan de la réalité, à commencer par l’information locale, échappe aux mass-médias. À nous de nous y engouffrer. Il faut couvrir ce qui n’est pas couvert. Dans le même ordre d’idée, les mouvements sociaux et la gauche sont peu et mal couverts dans les mass-médias, à nous de faire le travail. Qu’est-ce qu’on attend pour s’y mettre? Il est plus que temps que les médiactivistes se prennent au sérieux…


    *Ce texte reprend l’essentiel d’une intervention faite au Rendez-vous d’automne : des médias communautaires résistent et signent.

    Dossier - À quoi servent les mass medias ?

    Texte publié à l'origine dans le journal l'Infobourg.
    À lire également : Résistances et médias alternatifs


    par Nicolas Lefebvre Legault

    Cet automne se tiendra à Québec un important colloque organisé par Radio Basse-ville (CKIA) et le journal Droit de parole. « Des médias communautaires résistent et signent! » se veut un espace de réflexion et de débats sur les pratiques des médias communautaires, alternatifs et indépendants... Une réflexion sur les parents pauvres du monde médiatique ne peut faire l’économie d’une critique des mass medias.

    Le discours libéral veut que les médias soient l’un des piliers de la démocratie. La Fédération professionnelle des journalistes du Québec déclare : « Une information complète, exacte et pluraliste est une des garanties les plus importantes de la liberté et de la démocratie. » Elle ajoute que « le rôle essentiel des journalistes est de rapporter fidèlement, d’analyser et de commenter les faits qui permettent à leurs concitoyens de mieux connaître et de mieux comprendre le monde dans lequel ils vivent ». Dans les années 1920, de nombreux intellectuels libéraux voyaient la chose différemment. L’époque était caractérisée par la montée des « rouges » et l’extension des droits démocratiques. Walter Lippmann, un journaliste démocrate américain très influent, a alors résumé le rôle des médias par une formule lapidaire : la fabrication du consentement qui devait permettre aux élites de contrôler l’opinion publique.

    Le modèle propagandiste

    Le modèle de « fabrication du consentement » est redevenu célèbre quand Noam Chomsky et Edward S. Herman l’ont repris comme titre d’une étude sur le rôle des médias dans les sociétés industrielles avancées : Manufacturing consent. Les auteurs ont voulu « étudier les médias comme un scientifique étudierait, par exemple, une molécule ou quelque autre objet complexe ». Leur hypothèse, vérifiée et contre-vérifiée à maintes reprises et dans de nombreux pays, est que les médias « servent à mobiliser des appuis en faveur des intérêts particuliers qui dominent les activités de l’État et celles du secteur privé ». Autrement dit, les médias servent à faire de la propagande. Selon eux, certaines caractéristiques structurelles conditionnent la façon dont les médias comprennent et représentent le monde. Chomsky et Herman ont identifié cinq filtres pour expliquer en quoi et comment la production médiatique est biaisée. Pris isolément, ces filtres ne changent pas grand-chose; c’est globalement qu’ils en viennent à façonner un modèle propagandiste. Ces cinq filtres sont :


    La concentration de la presse au Québec


    Quotidiens - Il y a 10 quotidiens francophones au Québec. Deux groupes dominent le marché. Avec 2 journaux, Quebecor diffuse, en 2004, 45,6 % du tirage francophone, tandis que Gesca en imprime 51,5 %. Il ne reste qu’un indépendant : Le Devoir (2,9% du tirage).


    Hebdos - Il y a 174 hebdos régionaux au Québec. Deux groupes dominent le marché. Avec 55 journaux, Transcontinental imprime, en 2005, 39% du tirage total et Quebecor, avec 45 journaux, en imprime 21 %. Restent quelques autres groupes de moindre importance, se partageant 27 % du tirage, et 31 journaux indépendants (13 %).


    Radio - Le Québec compte 100 stations de radio AM et FM privées. Il y a deux grandes entreprises de radio bien établies et deux en émergence. La plus importante est Astral Media qui possède 25 stations au Québec, ainsi que les réseaux Énergie et Rock Détente. Son principal concurrent est Corus, qui possède une douzaine de stations. À eux deux, ces groupes accaparent, en 2004, 73 % des revenus publicitaires de la radio francophone au Québec. Les deux groupes en émergence sont Radio-Nord
    (6 stations) et Cogeco (5 stations plus le réseau Rythme FM).


    Les médias communautaires au Québec


    Ne sont comptabilisés que les médias communautaires soutenus financièrement par le ministère de la Culture et des Communications du Québec (ce qui exclut donc un journal comme l’Infobourg).


    Médias écrits - 56 journaux dans la province, 3 dans la région de Québec.


    Télévisions - 38 dans la province, 4 dans la région de Québec.


    Radios - 33 dans la province, 4 dans la région de Québec.


    Source : ministère de la Culture et des Communications, 2005 et 2006.
    1) La propriété, la taille et la nature à but lucratif des médias. Les entreprises de presse contemporaines sont d’immenses empires dont la portion « communication » n’est qu’une des facettes. Non seulement ces empires n’ont pas d’intérêt dans la contestation du statu quo mais ils défendent souvent des intérêts très spécifiques. (Power Corporation, par exemple, possède Gesca – Le Soleil, La Presse et 5 autres quotidiens –, mais également des compagnies d’assurance intéressées à une ouverture de la santé au privé.) Selon la Fédération nationale des communications (CSN), « si les propriétaires des groupes de presse ne s’immiscent pas directement dans le contenu quotidien de l’information, ils savent généralement s’entourer des personnes qui veillent sur leurs intérêts. Ils peuvent ainsi contrôler, à distance, le traitement de l’information et les choix de leurs publications » (1).

    2) La dépendance envers la publicité. La publicité représente l’essentiel des revenus des médias. (Au Québec, elle compte pour 80 % des revenus des quotidiens, pour 70 % des revenus des périodiques et pour plus de 90 % de ceux des autres médias.) Dans ce contexte, les médias ne vendent pas tant un produit d’information à un public qu’un public à des annonceurs. Patrick Le Lay, PDG de la chaîne de télévision française TF1, a bien résumé la situation quand il a affirmé que son métier était « d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit », en précisant que « ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible » (2). La pression des annonceurs peut être énorme et pousse parfois les médias à censurer leurs journalistes. Ce fut le cas de Jean-Simon Gagné qui s’est vu retirer un temps sa chronique dans Le Soleil parce qu’il avait osé écrire un papier critiquant l’un des gros annonceurs du journal.

    3) La dépendance envers les sources. La volonté d’économiser, pour faire plus d’argent, a poussé la plupart des médias à réduire leurs salles de nouvelles à leur plus simple expression. Or l’information ne pousse pas dans les arbres. Les médias sont de plus en plus dépendants de leurs sources d’information qui comprennent notamment la haute fonction publique, le personnel politique, les entreprises via leurs firmes de relations publiques, les groupes de pression et les agences de presse. Comme le rappelle la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, déjà citée, « il suffit de réduire les ressources pour altérer considérablement la capacité des journalistes d’enquêter, de se documenter et d’analyser. Ceci donne lieu, trop souvent, à une couverture systématique des mêmes événements, à la reprise des communiqués officiels et au martèlement de la pensée unique. Un choix en apparence purement économique peut s’avérer un moyen très efficace de limiter les débats publics et les remises en question sur des enjeux que ne partagent pas les propriétaires d’entreprises de presse, ou sur des enjeux qui menacent leurs intérêts ».

    4) La critique perpétuelle des médias. Elle peut venir soit de la droite populiste qui prétend que tou-te-s les journalistes, sauf les sien-ne-s, sont d’incorrigibles gauchistes en faveur du statu quo, soit d’une certaine élite économique qui déplore que les médias accordent trop de place à la « contestation » et qui les tient responsables de l’échec de leurs projets.

    5) L’anticommunisme. A priori, ce filtre peut sembler essentiellement américain. Pourtant, dans la région de Québec, on constate qu’il suffit souvent à certains commentateurs de décréter que quelque chose est d’inspiration communiste ou socialiste pour le discréditer immédiatement. J-Jacques Samson, par exemple, nous explique candidement, dans le Journal de Québec, que les CPE sont d’inspiration socialiste. La façon la plus simple de discréditer un projet, un groupe ou une critique est de les qualifier de « gô-gôche », même si c’est faux.

    Et maintenant?

    Ce ne sont évidemment pas les seuls facteurs expliquant le fonctionnement des médias mais ça permet de comprendre bien des choses. La première : une majorité d’artisan-es sont des gens de bonne volonté, ce n’est pas l’action des individus qui est en cause. Le biais systématique des médias en faveur des élites n’est pas le fruit d’une volonté délibérée de contrôler l’opinion publique même si ça arrive. Nul besoin de contrôler le travail des journalistes au jour le jour, les limites du cadre dans lequel s’exerce leur travail tendent déjà à produire un tel résultat. D’ailleurs, les bon-nes journalistes savent où sont les limites et certain-es sont passé maître dans l’art de jouer avec les contraintes. Les journalistes de gauche sont malheureusement « l’exception qui confirme la règle » et leurs efforts ont surtout pour résultat de donner une caution au modèle médiatique en semblant prouver que plusieurs voix arrivent à se faire entendre.

    Comprendre le rôle propagandiste des médias n’implique pas nécessairement de les déserter. Une fréquentation assidue est même recommandée, ne serait-ce que pour comprendre nos contemporain-es et leur environnement mental. (74 % des adultes de Québec lisent un quotidien et presque tou-tes regardent la télé.) Il faut juste savoir qu’on le fait à nos risques et périls... Et cela n’exclut pas de consulter les médias alternatifs, au contraire!

    Pour en savoir plus

    Un film
    Manufacturing Consent - Noam Chomsky and the Media, un film de Mark Achbar et Peter Wintonick (ONF, 1992) – Version française : Noam Chomsky : les médias et les illusions nécessaires.

    Un livre
    Propagande, médias, démocratie, Noam Chomsky et Robert W. McChesney, Écosociété, 2000.

    Notes :
    (1) Source : Mémoire présenté à la Commission de la culture sur les impacts des mouvements de propriété dans l’industrie des médias (février 2001). La Fédération nationale des communications n’est pas exactement un repaire de gauchistes. Elle regroupe plus de 7 000 professionnel-les de l’information dont, entre autre, les syndicats de journalistes du Soleil, de La Presse, du Devoir et de Radio-Canada.
    (2) Source : AFP, 9 juillet 2004.