mardi 18 septembre 2007

Pause syndicale sur Cyberpresse...

Certains, Tetoine entre autre, en ont déjà parlé: certains blogueurs de Cyberpresse sont en cybergrève (c'est moi qui utilise cette expression, pas le syndicat). Les principaux intéressés s'expliquent d'ailleurs sur leurs blogues (ici, ici et ici).

Qu'est-ce qui se passe exactement? Les syndiqués de La Presse sont actuellement en négociation avec Gesca. Or, il se trouve que Cyberpresse n'est pas conventionné. C'est un «à côté» par rapport à la «vraie job» qui consiste à écrire des papiers pour la version arbres morts du quotidien de la rue St-Jacques. Certains blogueurs ont un contrat, d'autres pas (Patrick Lagacé explique ainsi pourquoi lui il va continuer de bloguer même s'il respecte la consigne de l'union). Ce dernier point, les contrats individuels concernant Cyberpresse, achale ben gros le syndicat (rappelons que, théoriquement, le syndicat est le seul apte à négocier les conditions de travail et qu'il est illégal, pour un employeur dont les employés sont syndiqués, de négocier directement un contrat avec un employé...).

Depuis quelques années, le ouaibe est le cheval de troie des patrons pour précariser toujours davantage leurs salariés et en tirer le maximum de jus. À l'occasion de la Journée internationale pour la liberté de la presse, la présidente de la Fédération nationale des communications (CSN) expliquait cela très simplement: «dans la presse écrite, un journaliste doit produire à la fois un texte pour un quotidien et une autre version pour le web, mais dans le même temps, avec les mêmes ressources. (...) On leur demande d’en faire plus, en moins de temps, ce qui limite grandement leur capacité à analyser les situations et ce qui augmente le risque d’erreurs.»

Alors voilà, le Syndicat des travailleurs de l'information de La Presse (CSN) veut conventionner Cyberpresse et ça ne va comme sur des roulettes... Concrètement, toutes les conditions de la collaboration des journalistes à Cyberpresse sont toujours à négocier après neuf séances de négociation: primes, formation, révision, ligne d’autorité, etc. De plus, le rattrapage salarial des employés de Cyberpresse n’est toujours pas garanti (ben oui, le ouaibe c'est moins prestigieux, donc moins payé, que les arbres morts).

Les moyens de pression --la cybergrève-- sont loin de se limiter au silence des blogueurs. En fait, toute collaboration spéciale à Cyberpresse, sauf la nouvelle brève, est suspendue jusqu'à la signature d'une convention collective. Ce qui signifie arrêt de la plupart des blogues mais aussi de toute production de contenu (textes photos et production graphiques) exclusif au web et de tous les projets multimédia. Mieux, le syndicat demande carrément à ses membres de ne plus accepter d’instructions venant des cadres de Cyberpresse!

Certains, encore!, se sont amusés à rigoler de cette «lutte» puisque les syndiqués de La Presse sont grassement payés. C'est oublier un peu vite que s'ils veulent continuer de l'être, ils n'ont pas le choix de défendre bec et ongle leur statut. Rappelons que le salaire des journalistes syndiqués de La Presse et des autres vieux quotidiens «payants» est souvent le double de celui de leurs collègues non-syndiqués des nouveaux quotidiens gratuits... et incomparablement plus élevé que celui des pigistes. Il y a une raison à ça: les luttes syndicales du passé.

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